Carnets sur solbac à sable de David Le Marrectag:operacritiques.online.fr,2024:/css/index.php2024-03-17T13:06:38+01:00DotCleardaily12024-03-17T13:06:38+01:00Rousseau – Le Devin du village, un opéra bien français2024-03-17T13:06:38+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-17:/css/3384DavidLeMarrecEn écoutant Le Devin du village dans une version au style enfin adéquat (Les Nouveaux Caractères), je suis assez amusé de constater que toute la grammaire musicale – à commencer par les récitatifs – sont, en dépit de toutes les protestations théoriques de Rousseau… typiquement... En écoutant <i>Le Devin du village</i> dans une version au style enfin adéquat (Les Nouveaux Caractères), je suis assez amusé de constater que toute la grammaire musicale – à commencer par les récitatifs – sont, en dépit de toutes les protestations théoriques de Rousseau… typiquement françaises. Les enchaînements harmoniques, le galbe de la parole, tout montre d'où provient son savoir-faire. Et cela m'amuse beaucoup, quand on lit toutes ses protestations sur la médiocrité intrinsèque de la langue et de la musique françaises. <br><br>
<center><iframe style="border-radius:12px" src="https://open.spotify.com/embed/track/4xRuPEYD2p5w4DwIz8IKqs?utm_source=generator" width="75%" height="152" frameBorder="0" allowfullscreen="" allow="autoplay; clipboard-write; encrypted-media; fullscreen; picture-in-picture" loading="lazy"></iframe></center><br><br>
Pour autant, l'italianisme perçu au XVIIIe siècle ne correspond pas nécessairement à l'imagine que nous nous faisons aujourd'hui du pôle Vivaldi-Verdi (la virtuosité sans profondeur, disons), j'en avais touché <a href="http://carnetsol.fr/css/index.php?2011/05/24/1726-paradoxes-italiens-l-italianisme-dans-la-france-baroque" target="_blank">un mot ici</a>. La forme de l'intermède avec petite intrigue, mélodies très simples, souplesse harmonique accrue, est aussi typique du style italien tel que voulaient l'imiter les Français (dans les faits, je trouve le résultat assez éloigné), comme dans <i>Les Troqueurs</i> de Dauvergne (qui nous paraît aujourd'hui un parangon de l'opéra comique à la française, mais qui avait réussi à mystifier ses contemporains sur l'air de « c'est un opéra italien tout fraîchement composé, importé et traduit »). <br><br>Bernstein – Wonderful Town – Orchestre Elektra2024-03-16T22:40:29+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-16:/css/3383DavidLeMarrecNon seulement Wonderful Town se révèle, à mon sens, le meilleur opéra de Bernstein – très généreux, belle complexité du tissu musical, des relances harmoniques très réussies, quantités de tubes… –, d'une inspiration encore plus régulière que ses chefs-d'œuvre les plus... <p><br />
Non seulement <em>Wonderful Town</em> se révèle, à mon sens, <strong>le meilleur opéra de Bernstein</strong> – très généreux, belle complexité du tissu musical, des relances harmoniques très réussies, quantités de tubes… –, d'une inspiration encore plus régulière que ses chefs-d'œuvre les plus célèbres ; non seulement <strong>le livret</strong> de la comédie musicale <strong>n'est pas sans originalité</strong> – une mise en valeur inattendue de profils <em>alternatifs</em> aux jeunes premières habituelles – ; mais pour couronner le tout l'<ins>Orchestre Elektra</ins> se montre remarquablement à la hauteur d'une partition exigeante, où leur enthousiasme adjoint un surcroît de tension, d'élan, d'abandon !</p>
<p>Les solistes (Margaux Poguet, Axelle Saint-Cirel, Lysandre Châlon) ne sont pas en reste – les effets <em>belt</em> et saturation que va chercher Mlle Saint-Cirel causent un vif émoi (très mérité) dans le public ! –, et plus encore les solistes du Jeune Chœur de Paris, émission claire et adaptée du style du <em>musical</em>, anglais impeccable, expression au cordeau (tendresse toute particulière pour le naturel du Guide Touristique, non explicitement crédité).</p>
<p>(Enfin, j'ai dit <em>le meilleur opéra de Bernstein</em>, mais je ne connais pas encore <em>1600 Pennsylvania Avenue</em>, le seul qui me reste !)
<br /> <br /></p>Roy HARRIS – Symphonie n°32024-03-16T22:03:06+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-16:/css/3382DavidLeMarrecJe n'aurai pas le temps d'en parler, mais j'ai été ravi de l'intelligence de cette symphonie enfin entendue en salle grâce au LSO et Rattle !
La façon dont l'œuvre semble écrite (maladroitement, pourrait-on penser) par blocs instrumentaux (cordes, bois, cuivres) mais progresse en... <p><br />
Je n'aurai pas le temps d'en parler, mais j'ai été ravi de l'intelligence de cette symphonie enfin entendue en salle grâce au LSO et Rattle !</p>
<p>La façon dont l'œuvre semble écrite (maladroitement, pourrait-on penser) <strong>par blocs instrumentaux</strong> (cordes, bois, cuivres) mais progresse en réalité d'une façon remarquablement organique, claire, logique même, me stupéfie à chaque fois. Au sein de cette atmosphère pourtant plutôt <strong>pastorale</strong>, la tension et l'avancée ne se démentent jamais, et toujours avec une grande beauté – et une certaine simplicité apparente.</p>
<p>Je n'aurai pas le temps non plus d'évoquer les solistes incroyables, le trompettiste solo bien sûr (brillant dans le <em>Concerto en fa</em> de Gershwin) mais surtout le flûtiste solo, <ins>Gareth Davies</ins> – j'ignorais qu'il était possible pour un même flûtiste de disposer d'autant de timbres différents, et de les disposer au sein d'un même phrasé (sans épate, tout ça au service de la musique) ! Son qui naît voilé, qui devient coloré, qui vibre par endroit puis se resserre… incroyable, je ne savais pas qu'une flûte pouvait faire ça.</p>
<p>Je me suis en conséquence prévu un cycle Harris après mon cycle Coleridge-Taylor et la fin de l'écoute intégrale du catalogue Château de Versailles Spectacles (enfin disponible en flux, j'ai quasiment tout écouté en deux semaines !), les neuf symphonies ont été enregistrées, mais seule la n°3 dispose d'une petite réputation propre à l'inclure dans des disques hors des monographies Harris.
<br /> <br /></p>[Favart] Pulcinella & L'Heure espagnole – Gallienne, OCÉ, Langrée2024-03-16T21:56:17+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-16:/css/3381DavidLeMarrecAstucieux décor simple en escalier (adéquat pour L'Heure espagnole) aux lignes de fuites et teintes alla Chirico, très beau. Plaisir de voir un ballet nouveau au répertoire – ainsi couplée à une animation scénique, la partition de Pulcinella paraît bien plus légitime et intéressante –... <p><br />
Astucieux décor simple en escalier (adéquat pour L'Heure espagnole) aux lignes de fuites et teintes <em>alla Chirico</em>, très beau. Plaisir de voir un ballet nouveau au répertoire – ainsi couplée à une animation scénique, la partition de <em>Pulcinella</em> paraît bien plus légitime et intéressante – il faut la jouer comme il est prévu. Et une très belle <em>Heure espagnole</em>, sur instruments d'époque (Orchestre des Champs-Élysées) où la gestique fait astucieusement affleurer les allusions lestes du livret, et où d'Oustrac s'en donne à cœur joie, totalement pénétrée de son rôle de sympathique épouse nymphomane environnée d'hommes peu capables, débordant d'intentions dans tous les silences.</p>
<p>Contrairement aux représentations vues jusqu'ici (en concert à Pleyel, en scène à Bastille, notamment), le public repère vraiment les <em>innuendos</em> et rit de bon cœur tout du long.</p>
<p>Était-ce l'interprétation, j'en suis sorti avec l'impression que la richesse de la partition (peut-être ce que je préfère de tout Ravel) tient <strong>davantage aux modes de jeu</strong> (et à l'harmonie bien sûr, mais elle ne produit pas de façon aussi nette cette <em>impression</em>) <strong>qu'à la polyphonie</strong>, qui m'a paru rare. Pour vérifier tout cela, curieux de réentendre ça par Roth dans quelques semaines au TCE, lui qui exalte remarquablement les parties intermédiaires même dans du Delibes ou du Saint-Saëns romantique !</p>
<p>Je n'avais jamais remarqué que les petites <strong>fanfares discrètes</strong> qui accompagnent les entrées du Muletier ont quelque chose du motif de <strong>Hunding</strong> à l'acte I de <em>Die Walküre</em> ! <br />
Et je n'avais pas repéré, non plus, la <strong>musique suggestive</strong> de balancier au moment de sortir Gómez de l'horloge… (à part les <em>glissandi</em> descendants de trombones amollis, la musique de cette pochade reste d'une dignité assez parfaite)
<br /> <br /></p>La Maestra 2024 : quarts de finale2024-03-16T21:11:37+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-16:/css/3380DavidLeMarrecPour cause de saturation – le mauvais temps permanent, ainsi que l'offre vertigineuse de cet hiver, m'ont conduit à aller voir 50 concerts de début janvier à mi-mars ! –, il est probable que je doive m'abstenir d'aller écouter davantage de ce concours, malgré le très beau choix... <p><br />
Pour cause de saturation – le mauvais temps permanent, ainsi que l'offre vertigineuse de cet hiver, m'ont conduit à aller voir <strong>50 concerts</strong> de début janvier à mi-mars ! –, il est probable que je doive m'abstenir d'aller écouter davantage de ce concours, malgré le très beau choix d'œuvres de la demi-finale (Parto de La Clemenza di Tito, Sérénade pour ténor et cor de Britten, concertos de Tomasi & Tailleferre) et de la finale (final de Brahms 4, Fêtes des Nocturnes de Debussy, ouverture du Freischütz… !).</p>
<p>Donc un mot simplement sur certaines candidates des quarts de finale.</p>
<p>J'ai été amusé d'entendre <strong>Olha Dondyk</strong> (Ukraine, 19 ans !) demander à l'orchestre d'allonger ses croches (et donc de les faire mordre sur les silences !) dans le début de la 38e Symphonie de Mozart – c'est tellement typique de la manière slave dans Mozart, assez réussie dans le genre « grandiose », mais vite épaisse et monochrome. Pour autant, un véritable charisme qui ne pourra que produire de belles choses avec davantage de technique au fil des ans. Elle est sortie de scène avec un grand sourire, alors même que le manque de clarté sur les endroits où l'orchestre devait reprendre, les changements d'avis sur les mesures de départ ont été fréquents – et j'imagine que ce doit être assez rédhibitoire en répétition, même si c'est, à la vérité, le plus facile à apprendre ! Elle était manifestement grisée de l'expérience, pouvoir travailler avec un bon orchestre et essayer des choses ! Ce faisait plaisir à voir – d'autant plus en songeant ce dont la carrière lui permet de s'éloigner…</p>
<p><strong>Tatiana Pérez-Hernández</strong> (Colombie, 33 ans) était assez intéressante dans son genre aussi : son premier filage intégral ne m'a pas paru très efficace dans l'Ouverture de l<em>'Italienne à Alger</em> (même si un certain nombre d'orchestres aiment bien, à ce que j'ai compris, cette méthode, le chef laisse jouer et reprend ensuite des détails représentatifs) ; sceptique aussi sur sa façon de leur expliquer le solfège, ou de leur faire remarquer qu'ils sont décalés (n'est-ce pas avant tout sa responsabilité ?). À ce moment, j'ai perçu le souvenir fugace de la Radio de Francfort pour le concours Solti, dont le premier violon avait pris à part Aziz Shokhakimov pour lui expliquer que l'orchestre savait très bien jouer, merci, que s'ils n'étaient pas ensemble c'était peut-être à lui de se réformer. Les musiciens d'orchestre n'acceptent plus trop les approches dures, surtout de la part de chefs qui ne sont pas déjà précédés de leur notoriété et aimés par la phalange en question. <br />
Pour autant, son énergie a réellement produit des effets au bout des trente minutes, moins par la qualité du travail de détail que par les intuitions qu'elle transmet par la gestique… avec de l'expérience, ce pourrait être un profil de cheffe invitée très intéressant !</p>
<p>Celle qui m'a vraiment impression, c'est <strong>Zofia Kiniorska</strong> (Pologne, 27 ans) : son travail très minutieux sur les équilibres et l'articulation lui permettent de changer totalement les couleurs (parties intermédiaires et bois en gloire, ce n'est pas pour me déplaire !) de la première interprétation de l'orchestre pour les deux derniers mouvements de la Symphonie n°1 de Prokofiev. Ses remarques sont toujours très précises, et suivies d'un effet immédiat dans le spectre orchestral. Je suis déçu qu'elle n'ait pas été retenue pour la finale, mais les autres candidates sont peut-être <em>encore meilleures</em>.</p>
<p>Et puis – rappelez-vous – <a href="http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2023/06/17/3313--podcast-qu-est-ce-qu-un-chef-d-orchestre-episodes-910111213-chef-invite-chef-symphonique-chef-de-fosse-chef-de-ballet">comment peut-on juger d'un chef, au fait</a> ?
<br /> <br /></p>[indiscrétion] Théâtre des Champs-Élysées 2024-2025 – l'intégrale2024-03-16T11:00:39+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-16:/css/3379DavidLeMarrecComme les grandes salles parisiennes publient toutes quatre leur saison la semaine prochaine – ce que je n'ai jamais connu, et qui est très pratique pour ceux qui veulent s'abonner, ou tout simplement comme moi équilibrer leurs relevés de concerts, cela permettra de disposer, d'emblée,... <br>
<center><img src="http://carnetsol.fr/css/images/tce_2024-2025.png" width="80%"></center>
<br><br>
Comme les grandes salles parisiennes publient toutes quatre leur saison la semaine prochaine – ce que je n'ai jamais connu, et qui est très pratique pour ceux qui veulent s'abonner, ou tout simplement comme moi équilibrer leurs <a href="https://docs.google.com/document/d/1kOtsjhqjfrrxzMSmqp-_VFN6tVC2X03K_A2Isv30Ae0/edit?usp=sharing" target="_blank">relevés de concerts</a>, cela permettra de disposer, d'emblée, d'une vision d'ensemble ! –, vous serez peut-être contents de pouvoir prendre une semaine d'avance sur la publication de la saison du Théâtre des Champs-Élysées ! <br><br>
Sans avoir de relations privilégiées en interne, ni sollicité personne, ni commis aucun acte illégal, je me retrouve en possession de la brochure de la saison prochaine. <br><br>
Belle découverte à vous ! <br><br>
<a href="http://carnetsol.fr/css/images/tce_2024-2025.pdf" target="_blank"><u>Brochure TCE 2024-2025</u></a><br><br>
Merci encore une fois à l'omniscient <b><a href="https://classik.forumactif.com/u5611" target="_blank">Mickt</a></b> qui est, une fois de plus, ma source privilégiée. <br><br>
--<br><br>
En première lecture, je relève quelques menues choses. <br>
<br>
→ Les extraordinaires <span style="font-style: italic;">Variations sur
la Follia</span> de <span style="font-weight: bold;">Salieri</span>,
premier exemple de ma connaissance de variations orchestrales
présentées comme pièce de concert autonome, mais aussi la première
occurrence d'une véritable pensée d'orchestration (qui ne se limite
plus à des choix d'instrumentation ponctuels). C'est même <a
href="http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2019/09/17/3121-une-decennie-un-disque-1810-salieri-l-inventeur-de-l-orchestration"
target="_blank">l'une des étapes</a> de la glorieuse série « <a
href="http://operacritiques.free.fr/css/index.php?Une-decennie-un-disque"
target="_blank">Une décennie, un disque</a> ». <br>
<br>
→ Une première saison de l'Orchestre de Chambre de Paris avec
Hengelbrock qui a l'intérêt de ménager des soirées <span
style="font-style: italic;">tubes</span> et des soirées découvertes : <span
style="font-weight: bold;">Salieri </span>avec les <span
style="font-style: italic;">Variations sur la Follia</span> et le <span
style="font-style: italic;">Concerto pour piano</span> en ut, certes
encadré par les concertos Mozart 20 et Beethoven 2, il faut bien
remplir la salle… Et une autre soirée encore plus insolite avec <span
style="font-weight: bold;">Stamitz</span>, <span
style="font-weight: bold;">Berlin</span>, <span
style="font-weight: bold;">Kraus </span>(et Mozart) ! Par
ailleurs leur Sixième de Bruckner fait très envie. <br>
<br>
→ Énormément de <span style="font-weight: bold;">Haendel</span> et de <span
style="font-weight: bold;">Mozart</span>, on ne prend pas trop de
risque côté compositeurs. Un anniversaire <span
style="font-weight: bold;">Bruckner</span>, mais où l'on ne joue pas
pour autant ses œuvres rares (symphonies 3,6,7,9 uniquement).<br>
<br>
→ <span style="font-style: italic; font-weight: bold;">Werther</span>
(avec une distribution affolante : <span
style="text-decoration: underline;">Viotti</span>, <span
style="text-decoration: underline;">Bernheim</span>, <span
style="text-decoration: underline;">Bou</span>) et <span
style="font-style: italic; font-weight: bold;">Dialogues des Carmélites</span>
(avec <span style="text-decoration: underline;">Vannina Santoni</span>
en Blanche et <span style="text-decoration: underline;">Sahy
Ratianarinaivo</span> en Chevalier !) sur crincrins et pouêt-pouêt par
Les Siècles ! <span style="font-style: italic;">Werther </span>avec
Roth de surcroît – le Prince de la polyphonie organique dans les
accompagnements d'opéras français…<br>
<br>
→ Peu d'orchestres invités prestigieux (hors instruments d'époque) :
les philharmoniques de <span style="text-decoration: underline;">Rotterdam</span>
et <span style="text-decoration: underline;">Vienne</span>, l'<span
style="text-decoration: underline;">Opéra de Lyon</span>. Tous ont été
aspirés par la Philharmonie – ou ruinés par l'évolution de la
fréquentation des salles et du mécénat. Certes, il
y a le <span style="text-decoration: underline;">Philharmonique de
Sofia</span> qui est très bien aussi, mais qui fera
moins déplacer sur son seul nom, surtout pour accompagner un récital de
glottes ! <br>
<br>
→ La venue du légendaire <span style="text-decoration: underline;">Amsterdam
Baroque Orchestra</span> de Koopman (je ne savais même pas que
l'ensemble était toujours actif !) dans un Haendel rare (<span
style="font-style: italic;">Deborah</span>) et de la
<span style="text-decoration: underline;">Kammerakadie Potsdam</span>
de Manacorda (qui fait très forte impression
au disque dans ses relectures des corpus canoniques du XIXe siècle, et
qui n'était pas venue jusque là, je crois bien, en France).<br>
<br>
→ Et puis tout de même, si vous l'aviez manqué, <span
style="font-style: italic;">Les (trois) Grandes Voix</span> : <br>
<br>
<div style="text-align: center;"><img
style="width: 269px; height: 112px;"
alt="les_grandes_voix_olivier_py.png"
src="http://operacritiques.free.fr/css/images/les_grandes_voix_olivier_py.png"><br><br>
</div>Yvain et les livrets2024-03-13T21:53:48+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-13:/css/3378DavidLeMarrecEn revenant de l'opérette Gosse de
riche (production Neyron / Frivolités Parisiennes / Athénée), je
suis une fois de plus frappé de l'équilibre propres aux œuvres de
Maurice Yvain. Contrairement à bien d'autres opérettes où la musique
fait une grande part de l'intérêt, voire sauve... <br>En revenant de l'opérette <span style="font-style: italic;">Gosse de
riche</span> (production Neyron / Frivolités Parisiennes / Athénée), je
suis une fois de plus frappé de l'équilibre propres aux œuvres de
Maurice Yvain. Contrairement à bien d'autres opérettes où la musique
fait une grande part de l'intérêt, voire sauve une intrigue assez
médiore, chez Yvain c'est au contraire souvent la qualité de la
collaboration littéraire qui fait le sel – ou l'échec des œuvres. Dans <span
style="font-style: italic;">Gosse de riche</span>, je n'ai pas
vraiment relevé de musique qui soit mieux qu'agréablement fonctionnelle
– une petite bifurcation harmonique imprévue pour soutenir la
description du Vidame de Kermadec (sur les paroles « rance, pas de
dents, chauve depuis l'enfance »), avec une nuance de tendresse assez
savoureuse – c'est à peu près tout ce que j'ai senti hors de
l'ordinaire. <br>
<br>
En revanche, encore mieux que Willemetz avait fait une proposition
franchement originale pour <span style="font-style: italic;">Là-Haut</span>
(un retour de trépassé pour surveiller sa femme, rencontrant des anges
gardiens assez fantasques), ici Jacques Bousquet & Henri Falk
proposent un livret d'une qualité rare – intrigue touffue dans le goût
des comédies bourgeoises de boulevard, assez lisible cependant pour se
satisfaire du moindre nombre de mots disponibles dans une version
chantées, airs égrenant des listes loufoques, mais aussi soin du beau
langage (« il eût sonné »), richesse du vocabulaire (sur toute
l'étendue du précieux à l'argot à la mode – « c'est bath »), et
références particulièrement amusantes.<br>
<br>
Wagner est régulièrement convoqué (murmures de la forêt, appels de
Brangäne) – sans que rien n'en transparaisse dans la musique, ces clins
d'œil adviennent pendant les dialogues –, et toute la littérature
française défile dans la bouche des personnages, en un <span
style="font-style: italic;">name-dropping </span>incessant : Hugo,
Baudelaire, Verlaine, Morand, Bazin… et jusqu'à des pastiches dans le
texte même (au moins deux Verlaine, dont « voici des fruits, des fleurs
» et un Guitry « que les hommes sont bêtes »).<br>
<br>
Mais à rebours, lorsque la situation n'est pas aussi savoureuse, comme
dans <span style="font-style: italic;">Chanson gitane</span> avec le
texte de Louis Poterat (qui m'avait paru, dans mon souvenir, d'un goût
plus univoque, davantage « Francis Lopez »), il est plus difficile de
se passionner pour l'œuvre que chez Lecocq (<span
style="font-style: italic;">Le Petit-Duc</span>), Messager (<span
style="font-style: italic;">La Basoche</span>, <span
style="font-style: italic;">Coups de roulis</span>, <span
style="font-style: italic;">Véronique</span>…), Roussel (<span
style="font-style: italic;">Le Testament de la tante Caroline</span>)
ou Misraki (<span style="font-style: italic;">Normandie</span>). <br>
<br>
--<br>
<br>
<u>Production</u><br>
<br>
Il faut bien sûr redire tous les éloges sur le niveau et
l'entrain des Frivolités Parisiennes (en <span
style="font-style: italic;">joué-dirigé</span> du premier violon pour
cette série !), le savoir-faire de Pascal Neyron avec peu de décors et
d'accessoires, et la qualité des chanteurs. Tout particulièrement
Philippe Brocard, Charles Mesrine (un excellent ténor très sous-employé
dans le circuit) et Lara Neumann – son talent vocal et scénique,
explosif, et remarqué par tous production après production, rend
inexplicable sa notoriété relative. <br><br>Rhapsodisme à la suédoise – et le plus bel orchestre du monde ? (Alfvén / Radio Suédoise)2024-03-12T15:03:09+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-12:/css/3377DavidLeMarrecCe lundi, concert d'Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise, pour une rare tournée passant par la France. L'occasion de dire un mot sur Alfvén et sur l'orchestre, à même d'intéresser au delà du public de la soirée et des amateurs de concerts.
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Symphonique de la Radio Suédoise... <p><br />
Ce lundi, concert d'Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise, pour une rare tournée passant par la France. L'occasion de dire un mot sur Alfvén et sur l'orchestre, à même d'intéresser au delà du public de la soirée et des amateurs de concerts.</p>
<p>--</p>
<h5>Symphonique de la Radio Suédoise</h5>
<p>Bien que le cadet (1927) du Philharmonique de Stockholm (1902) et de l'Orchestre Royal Académique (cité dès 1627 dans des sources, mais aujourd'hui bien moins prestigieux), j'ai l'impression qu'il s'agit de l'orchestre vitrine, sinon de la Suède – Malmö et Göteborg pourraient tout aussi bien y prétendre, considérant leur legs discographique gigantesque et leur réputation ! –, de la capitale. (Pour autant, le Philharmonique a le son le plus typé des deux et peut s'enorgueillir de collaborations particulièrement marquantes au disque avec Stig Westerberg ou Sakari Oramo, et ce serait probablement mon chouchou au disque.)</p>
<p>Je dois dire que je suis totalement ébahi par ce que j'entends – au disque et en retransmission, j'avais l'image d'un orchestre mordant et très capable, mais pas particulièrement chaleureux – il faut dire qu'au disque, on dispose largement de témoignages d'Esa-Pekka Salonen (directeur musical de 1984 à 1995), déjà pas le prince du coloris, dans des prises de son Sony qui sont de surcroît, pour tous les chefs de la période, assez grises.</p>
<p>En tout cas, après 17 ans de collaboration avec Harding, où je ne l'ai entendu qu'épisodiquement (et c'était, il est vrai, plus coloré), je suis frappé par la typicité et la beauté de ce que j'entends : son très brillant, clair, mais avec un creusé exceptionnel des cordes, et une densité, une profondeur des vents qui lui procurent une clarté parfaite dans la polyphonique, mais aussi une réserve de textures infinie, une projection sonore très prégnante alors même que le volume n'est pas aussi puissant que chez les orchestres internationaux les plus célèbres. Je crois n'avoir jamais – orchestres sur instruments anciens exceptés, peut-être – entendu un son d'orchestre aussi <em>beau</em>, à la fois franc et profond, moiré et uni.</p>
<p>Et les solistes, même deux jours après avoir entendu le London Symphony Orchestra, sont à couper le souffle : deux hautbois solos très typés (<ins>Emmanuelle Laville</ins>, <ins>Bengt Rosengren</ins>), clarinettes flûtées à la transparence typique des orchestres suédois (<ins>Niklas Andersson</ins>, <ins>Andreas Taube Sundén</ins>), trompette solo insolente au son très scandinave (<ins>Alexandre Baty</ins> s'est bien acclimaté !), violon solo (<ins>Malin Broman</ins>), alto solo (<ins>Albin Uusijärvi</ins>) et violoncelle solo (<ins>Ulrika Edström</ins>) qui pourraient prétendre à jouer tous les concertos du répertoire mieux que quiconque (ou à former le plus beau quatuor à cordes de tous les temps), contrebasse solo d'un engagement furieux (<ins>Rick Stotijn</ins> n'a pas eu de solo contrairement aux autres, mais je n'ai jamais vu un contrebassiste se ruer de la sorte sur son instrument, à chaque attaque !).</p>
<p>--</p>
<h5>Répertoire</h5>
<p>L'attraction principale était <em>En Skärgårdssägen</em> (« Une Légende de l'archipel ») de Hugo Alfvén, une rare occasion d'entendre deux œuvres symphoniques d'Alfvén avec la <em>Première Rhapsodie</em> (« Nuit de la Saint-Jean ») donnée par le Rainbow Symphony Orchestra samedi et dimanche (toujours surveiller <a href="https://docs.google.com/document/d/1kOtsjhqjfrrxzMSmqp-_VFN6tVC2X03K_A2Isv30Ae0/edit?usp=sharing">l'agenda de Carnets sur sol</a>).</p>
<p>Une œuvre que je n'avais jamais vraiment comprise au disque (beaucoup moins élancée et généreuse que la Rhapsodie), et qui en réalité doit s'écouter comme un projet totalement figuraliste : il s'agit d'une évocation de la mer et de son ressac, avec différentes atmosphères possibles de la berceuse à la tempête, des séquences assez courtes (sur une durée totale de près de 20 minutes, pourtant !) qui se fondent sur un motif simple décliné au fil de l'œuvre, mais dont la logique reste surtout rhapsodique : malgré cette unité thématique, les atmosphères se juxtaposent davantage qu'elles n'évoluent. C'est inhabituel dans les grands poèmes symphoniques du répertoire régulièrement joués par les orchestre, mais une fois que l'on a saisi le principe, on ne peut que se laisser séduire admirativement par cette déclinaison suédoise de la mer, cousine très différente de Debussy – avec pour point commun fondamental l'effort évocatoire très réussi. <br /></p>
<p>On y entend très concrètement les mouvements de l'eau, de façon très suggestive, avec une orchestration personnelle et très intelligente. La particularité d'Alfvén demeure son atmosphère élancée, souriante, mais en rien naïve, toujours intense émotionnellement – et bien sûr son lyrisme grisant qui ne peut manquer de sourdre au détour de n'importe quelle phrase.</p>
<p>Par un orchestre aux couleurs adéquates, c'est un rare bonheur. (On attend toujours les symphonies à Paris, des compositions d'un niveau d'inspiration encore nettement supérieur et qui raviraient le public si on prenait la peine d'aller le chercher.)</p>
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<h5>Interprètes</h5>
<p><ins>Daniel Harding</ins> a toujours été un très bon chef, mais ce qu'il fait désormais dans sa maturité, en particulier avec l'orchestre qu'il mène depuis plus d'une quinzaine d'années, force l'admiration : un <em>Zarathustra</em> où la tension, les couleurs, le narratif, la poussée constantes tirent vraiment le meilleur de la partition.</p>
<p>Remplacement très stimulant, <ins>Christian Gerhaher</ins> dans les <em>Rückert-Lieder</em> de Mahler (au lieu de Maria-João Pires dans le 21e Concerto de Mozart !), une des voix qui passent le mieux à la Philharmonie – et toujours cette infinité de textures, la variété des techniques utilisées, la clarté de la diction (consonnes parfaitement audibles jusque dans le grandiose choral final d' « Um Mitternacht »), jusqu'à la couverture des voyelles, flexibles à volonté au service de l'expression textuelle. Je suis frappé par son refus du <em>legato</em>-réflexe (par défaut, les sons sont détachés, même si la ligne de souffle est maintenue), qui produit un résultat un peu saccadé, idéal pour mettre en valeur les poèmes, plutôt que de tout chanter d'une belle ligne belcantiste comme c'est – absurdement – la mode dans tous les répertoires lyriques, baroque français et lied inclus. Et la voix est densément projetée, on l'entend très bien.</p>
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<h5>Anecdotes</h5>
<p>Énorme succès pour Alexandre Baty aux saluts (alors même que la salle n'était globalement pas en délire), on sentait le fan-club / les potes dans la salle, content de les retrouver. Accueil très chaleureux aussi à l'arrivée de Daniel Harding en début de concert, planait comme le frisson du souvenir d'une ère dorée.</p>
<p>Le chef est très vivement applaudi par la violon solo, rare à ce point de chaleur – j'ai frémi en pensant qu'elle allait finir par briser nette la touche de son instrument en le secouant si énergiquement. Orchestre content.</p>
<p>Comme les Allemands, les Suédois se congratulent avant la fin des applaudissements – geste que j'ai toujours trouvé un peu grossier, et qui arrive parfois très vite au moment des saluts (cette fois, le public commençait en partie à se lever, c'était moins choquant), mais qui fait manifestement partie de la culture locale.</p>
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<p>Je vais maintenant aller fouiller dans leurs disques et leurs bandes radio (sans Salonen) pour voir si le miracle peut se prolonger. Très bon souvenir du cycle de lieder orchestraux suédois des <em>Häxorna</em> (« Sorcières ») de Ture Rangström (direction Hannu Koivula) chez Musica Sveciæ (2011), œuvre tout à fait digne d'intérêt, où l'orchestre avait effectivement un aspect similaire à ce que j'ai entendu hier soir.</p>
<p>Pour d'autres découvertes concertantes ou discographiques racontées plus laconiquement, vous pouvez suivre la version courte de CSS, <em><a href="http://operacritiques.free.fr/dss/">Diaire sur sol</a></em>.
<br /> <br /></p>Château de Versailles Spectacles – en flux2024-03-05T23:37:54+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-05:/css/3376DavidLeMarrecJ'attendais ce moment depuis quelques années déjà… Voilà une poignée de jours que la soixantaine de disques de Château de Versailles Spectacles est intégralement disponible en flux sur toutes les plates-formes ! Des régals en perspective, dont pas mal d'inédits – les cantates de... <br>J'attendais ce moment depuis quelques années déjà… Voilà une poignée de jours que la soixantaine de disques de <b>Château de Versailles Spectacles</b> est intégralement disponible en flux sur toutes les plates-formes ! Des régals en perspective, dont pas mal d'inédits – les cantates de Dornel, des pièces pour orgue de Piroye, des motets de Fiocco, la seule version décente de <i>Richard Cœur de Lion</i> (et <a href="https://twitter.com/carnetsol/status/1460152833165123584" target="_blank">quelle version</a> !), Psyché II de LULLY par Rousset, des opéras de Desmarest, Campra et Destouches qui n'existent pas ailleurs, plein de disques avec Eugénie Lefebvre…<br><br>
Je me suis sélectionné ceux que je voulais écouter ou réécouter à travers une petite playlist que vous trouverez sur mon <a href="https://open.spotify.com/user/316qdxtasbquxtvflksr36fb7ivy?si=8d87d8842ee14c93" target="_blank">profil Spotify</a>. Si jamais cela vous est également utile.<br><br>
<center><iframe style="border-radius:12px" src="https://open.spotify.com/embed/playlist/1baV7LBIO7dxcvnzakmyr8?utm_source=generator" width="75%" height="152" frameBorder="0" allowfullscreen="" allow="autoplay; clipboard-write; encrypted-media; fullscreen; picture-in-picture" loading="lazy"></iframe></center>
<br><br>Philharmonie 2024-20252024-03-05T10:33:26+01:00tag:operacritiques.online.fr,2024-03-05:/css/3375DavidLeMarrecGrâce à l'omniscient Mickt / Pécuchet / Lonelypainter (selon où vous le lisez), l'essentiel de la saison 2024-2025 de la Philharmonie, qui devait n'être communiquée que le 22 mars, est en très large part révélée sur l'excellent Forum Classik (où vous seriez inspirés de vous inscrire) :... <br>Grâce à l'omniscient <a href="https://classik.forumactif.com/u5611" target="_blank"><b>Mickt</b></a> / <a href="https://twitter.com/lonelypainter/status/1315248607902265345" target="_blank"><b>Pécuchet / Lonelypainter</b></a> (selon où vous le lisez), l'essentiel de la saison 2024-2025 de la Philharmonie, qui devait n'être communiquée que le 22 mars, est en très large part révélée sur l'excellent Forum Classik (où vous seriez inspirés de vous inscrire) : <br><br>
<a href="https://classik.forumactif.com/t10127p36-philharmonie-24-25">https://classik.forumactif.com/t10127p36-philharmonie-24-25</a><br><br>
Et ne croyez pas qu'il ait des relations soigneusement cultivées qui lui livreraient tout sur un plateau, et dont il trahirait impudemment la confidence : il fait tout ça en OSINT. <br><br>
Je lui tire à nouveau mon chapeau. <br><br>
(Il est par ailleurs un contributeur régulier à <a href="https://docs.google.com/document/d/1kOtsjhqjfrrxzMSmqp-_VFN6tVC2X03K_A2Isv30Ae0/edit?usp=sharing" target="_blank">l'agenda des concerts franciliens</a> de CSS.)<br><br>