Perplexité
Par DavidLeMarrec, lundi 13 mars 2006 à :: Vaste monde et gentils :: #170 :: rss
Le CPE et ce qui s'ensuit.
Je regarde les mouvements anti-CPE d'un oeil dubitatif. Je passe sur les sots blocages des universités (sans aucun rapport avec le débat) et les dégradations inadmissibles qui sont, je l'espère, le fait de groupes militants en manque de publicité.
Ce que je comprends mal, c'est le débordement d'enthousiasme revendicatif, la générosité en grandiloquence pour ça.
"C'est la fin de l'humanité." "Nous sommes moins que des objets." "Le retour de l'esclavagisme en France." "Un monde sans solidarité." "L'intérim à l'infini." "Un monde que je ne veux pas léguer à mes enfants."
De quoi s'agit-il, pourtant ?
Constatant que les jeunes, en manque d'expérience, mal formés par l'Université (ni compétents ni résistants au travail), ne trouvent pas d'emplois aisément, le gouvernement choisit de leur faciliter la tâche. Ce fameux CPE est un moyen de faire une pression psychologique sur l'employeur pour être sûr qu'il changera un CDD en CDI, en somme.
- L'avantage ? Un employeur qui se sera investi dans la formation d'un jeune aura peu d'intérêt à s'en séparer s'il lui convient. Et le jeune sera mieux suivi et indemnisé, si j'ai bien compris, en cas de limogeage (inspiration danoise, apparemment). Un CDD avec option de titularisation.
- Le problème ? Le fait d'être aisément révocable pendant deux ans, position inconfortable psychologiquement. Problème mineur si le CPE règle réellement le problème de l'intérim.
En gros, on compte faire un pression morale sur l'employeur qui a donné une option à l'employé, qui normalement devrait être titularisé. Ouais. Je ne suis pas convaincu de l'utilité de la mesure, globalement plutôt bonne, mais sans nul doute très insuffisante tant que les jeunes ne seront pas mieux formés et ne correspondront pas aux besoins des entreprises.
Sans compter l'histoire
de l'entreprise qui doit avoir des marchés, donc que c'est mieux s'il y a du pouvoir-d'achat-dont-on-ne-sait-pas-d'où-il-peut-bien-venir. Je ne suis pas économiste, je ne m'avance pas plus, mais le blocage sur le CPE, c'est vraiment le petit bout de la lorgnette. [1]
C'est bien cela qui me laisse perplexe. Une telle vague de protestation pour ça, comme si le sort du pays en dépendait. Que les gens protestent contre une mesurette, ce serait légitime, le gouvernement manque singulièrement d'ambition.
Mais non, le "pays" ne se soulève pas excédé par la situation, mais pour empêcher surtout qu'elle change ! Les revendications s'arrêtent en effet à la suppression du CPE, si l'on excepte quelques slogans farfelus.
Se battre contre une mesure à la petite semaine, clamant que tout va mal pour réclamer que rien ne change, je suis largué.
Que fera-t-on lorsqu'il y aura un vrai sujet d'indignation ? La vacuité des programmes politiques, par exemple. Ou encore le comportement lamentable de nos députés en récréation à l'Assemblée. La surdité des représentants à ceux dont ils sont censés transmettre la volonté souveraine. Rien, apparemment. Puisqu'il faut que rien ne bouge, de peur de déranger quelqu'un.
Vraiment, je ne comprends pas.
Notes
[1] (Surtout que si le CPE est retiré, on donnera aux jeunes des CDD, ou mieux, des... CNE !)
Commentaires
1. Le mardi 14 mars 2006 à , par kfigaro :: site
2. Le mardi 14 mars 2006 à , par DavidLeMarrec
3. Le mercredi 15 mars 2006 à , par Inactuel :: site
4. Le mercredi 15 mars 2006 à , par DavidLeMarrec
5. Le lundi 27 mars 2006 à , par DavidLeMarrec
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