TAKEMITSU Tôru, une présentation - I - Biographie et courants
Par DavidLeMarrec, jeudi 27 juillet 2006 à :: Musicontempo :: #324 :: rss
Recommandations discographiques. Catalogue chronologique. Catalogue alphabétique.
Tree Line par l'ensemble 2e2m dirigé par Paul Méfano (disque Assai). Une oeuvre à propos de laquelle nous devisions, justement, autour de Pelléas.
TAKEMITSU Tôru (1930-1996)
1. Biographie
Né à Tokyo le 8 octobre 1930, mort le 20 février 1996 au même endroit (après avoir bien voyagé !).
En 1948, il débute ses études de composition avec Yasuji Kiyose, résolu à devenir compositeur. Néanmoins, on le considère largement comme autodidacte, inspiré par Debussy, Webern et Messiaen. Premier succès public, son Requiem pour cordes (1957), une oeuvre assez sucrée et qui convenait bien à l’air traumatique du temps.
Dès 1950, il s’intéresse à la musique concrète (mais utilise beaucoup de sons « naturels »). Dans les années 60, il intègre la musique traditionnelle japonaise à son langage, et les références à la nature se font systématiques. A partir des années 70, l’influence de Schönberg et Berg s’estompe pour laisser la place à une esthétique beaucoup plus française, dominée par le souvenir de Debussy. C’est la partie de sa production que nous connaissons le mieux.
Pour bien comprendre Takemitsu, il faut avoir
conscience de
son éclectisme, passionné par les musiques populaires contemporaines
(jazz,
chanson, pop, dont il a réalisé des arrangements), par la peinture
contemporaine, le cinéma, la poésie et le théâtre. Ce dernier point
peut
étonner, mais l’art de la mise en scène de ses nombreux « poèmes
symphoniques » peut mettre sur la voie. Il avait toujours souhaité
écrire
un opéra, mais décidément, je le crois trop possédé par la poésie pour
y
parvenir.
D’où la tentative de ses héritiers d’en recréer un avec ses
pièces,
une catastrophe. Requiem for strings, November Steps, Family
Tree, Stanza 1 et My Way of life, pas forcément ses
pièces
les plus représentatives ni les plus inspirées, charcutées,
entrecoupées de
chansons populaires pour bien montrer son éclectisme, une mise en scène
très
concrète (et paraît-il nunuche) de Peter Mussbach qui ne cadre pas du
tout avec
les images paisibles qu’offre Takemitsu… naufrage, tout le monde a été
unanime
là-dessus et la retransmission radio n’était guère affriolante, je
confirme.
En 1951, il fonde donc Jikken Kobo ( « Experimental Workshop » ), qui connut quelque succès, rassemblant divers artistes d’avant-garde de diverses disciplines.
2. Courants
Une des choses précieuses chez Takemitsu est son absence totale de dogmatisme, d’une certaine façon son authenticité. De ce fait, ses différentes tendances ne se découpent pas bien en périodes. Je les préciserai dans la liste de ses œuvres.
=> Une tendance musique concrète, très peu représentée, mais existante.
=> Une tendance postromantique, comme sa Romance de jeunesse (dont il s’est détourné) ou Requiem for Strings. Largement dans des films comme Ran, aussi. Plutôt en début de carrière, mais pas seulement.
=> Une tendance « dure », postwebernienne, certes de façon très souple, mais reprenant des recettes du sérialisme qu’on n’associe guère à son nom. On peut citer quelques pièces assez arides comme Coral Island, sur le même schéma que Pli selon pli (mais antérieure à l'oeuvre de Boulez).
=> Une tendance mixte, qui mêle une tonalité sombre façon dernier Chostakovitch et séquences brèves de sons désarticulés façon Kurtág. Typiquement le cas du Son calligraphié. Ou, avec des harmonies qui sont déjà plus proches de ses pièces célèbres, Hika ( « Elégie » ).
=> Une tendance « musique traditionnelle », qu’il est décidément difficile de placer autre part, tant le langage y est différent, au delà du changement d’instruments. Je n’y inclus pas les œuvres hybrides comme Distance, qui peuvent se rattacher à une autre tendance.
=> Une tendance debussyste, sa « période » la plus célèbre, celle des harmonies ineffables et des évocations poétiques. C’est principalement celle à laquelle je vais faire allusion dans ma présentation.
Mais il ne serait pas exact de faire de Takemitsu un pur postdebussyste. Il y a aussi beaucoup de pièces d’une tonalité plus conventionnelle (et pas seulement dans les films) et de pièces d’un esprit bien plus moderniste. Et Takemitsu n’a jamais vraiment choisi, même si globalement, il ne compose plus de pièces postromantiques à partir des années 70 et plus de pièces modernistes à partir des années 80. Ce qui laisse une marge tout de même faible pour le classement par période, sachant que les autres courants s’y mêlent…
En outre, au sein de chaque tendance, il convient
d’établir
des nuances significatives. Bref, l’idée d’un Takemitsu s’étendant du Requiem
pour cordes à Tree Line
en passant par Toward the Sea
est très largement
une image tronquée. Et pourtant, ce sont ses trois oeuvres les plus
jouées.
Commentaires
1. Le vendredi 28 juillet 2006 à , par Bra :: site
2. Le vendredi 28 juillet 2006 à , par DavidLeMarrec
Ajouter un commentaire