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Enregistrements, domaine public - XIV - Dálibor (Bedřich SMETANA) - Krombholc 1950 (Podvalová, Blachut, Petrová)

On en avait brièvement causé de cet opéra, un peu par ses marges.

Il s'agit ici du premier enregistrement réalisé de l'oeuvre.

Le livret bilingue tchèque/espagnol figure ici.




On ajoutera un mot

  • sur l'oeuvre ;
  • sur le disque en question ;
  • sur l'état de l'interprétation à travers sa discographie et aujourd'hui ;
  • sur les théâtres pragois enfin (jolies images fournies).


1. Chargement

Afin de soulager nos serveurs, voici l'enregistrement sous forme de liens. Il suffit de fusionner ensuite le fichier zip avec HJSplit, gratuitement disponible sur la Toile. En cas de problème, vous pouvez demander l'assistance technique des lutins de CSS.

Musique de Bedřich Smetana, livret de Josef Wenzig et Ervin Spindler.

Jitka, jeune fille du territoire de Dálibor - Štefa Petrová (soprano lyrique léger)
Milada, soeur du burgrave de Ploskovice - Marie Podvalová (soprano lyrico-dramatique)
Vítek, mercenaire de Dálibor et fiancé de Jitka - Antonín Votava (ténor de caractère)
Dálibor - Beno Blachut (ténor lyrique)
Vladislav, roi de Bohème - Václav Bednář (baryton)
Budivoj, chef de la garde - Teodor Šrubař (baryton)
Benes, geôlier - Karel Kalaš (basse)
L'un des juges - Karel Kalaš (basse)

Orchestre et choeurs du Théâtre National de Prague dirigés par Jaroslav KROMBHOLC. 1950.




2. Le Théâtre National de Prague

. . . . . . . . .

. . . . .



Il s'agit du théâtre spécialisé dans le répertoire tchèque par opposition à l'Opéra d'Etat, l'ancien Neuer Deutscher Theater ( « Nouveau Théâtre Allemand » ) qui accueillait jadis la troupe allemande - qui se dissout en 1938.
Voici l'Opéra d'Etat, beaucoup plus standard et germanique en effet :

.

Auparavant, les deux troupes se produisaient au Théâtre des Etats, ce théâtre baroque qui a vu la création du Don Giovanni de Mozart :

. . . . . .

Le Théâtre National est le plus prestigieux, et la splendide Libuše du même Smetana a été composée pour sa réouverture.

Aujourd'hui, côté orchestre, ce son corsé des cordes, ce rubato dansant sont véritablement sans équivalents, si l'on excepte certains quatuors d'Europe centrale – les Parkányi (hongrois, ex-Orlando), par exemple.




3. Deux mots sur l'oeuvre.

Outre ce que nous en avions déjà dit (attention au spoiler à la fin du paragraphe sur la page citée), on peut signaler, simplement, que cette oeuvre est la plus célèbre du genre sérieux pour Smetana.[1]

L'histoire, qui met en scène un guerrier tchèque rebelle en ces temps d'éclosion des sentiments nationaux, est tout à fait similaire à celle de Fidelio - mais mieux traitée, bienheureusement - : une jeune femme va par amour devenir geôlier dans la prison de son bien-aimé afin de trouver le moyen de le sauver.
Cependant, ici, avec des complexités supplémentaires. Milada, venue réclamer vengeance pour son frère, est bouleversée par l'ode extatique au souvenir de l'ami perdu lancé par Dálibor. Et Dálibor, lui, semble, jusque dans le duo d'amour de l'acte II (plus pudique que celui de Tristan, rassurons nos lecteurs), épris de cette amitié virile passée. Une situation très étrange, donc, avec ces revirements à peine compréhensibles des personnages.
La veine comique est plus heureuse et moins convenue que celle de Fidelio, avec le personnage de soudard sympathique mais inconséquent du fiancé de la petite Jitka - que nous évoquions dans la note précédemment citée. De même, la construction dramatique culmine à l'acte III avec l'attaque de la forteresse, et l'attente pendant plus d'une demie-heure de la connaissance du sort de Dálibor.

Musicalement, l'évidence mélodique presque folklorique et le lyrisme constant peuvent difficilement ne pas séduire, il s'agit véritablement de ce qu'on pourrait appeler une oeuvre irrésistible. Et la prosodie tchèque est admirablement magnifiée par les scansions musicales de Smetana. Un délice.




4. Krombholc 1950

Il s'agit de la seule interprétation de l'oeuvre dans le domaine public, ce qui, il faut bien le reconnaître, facilite grandement le choix.

Lors de sa découverte, sur la radio tchèque, nous avions été très enthousiaste. A la réécoute, on est peut-être plus nuancé à cause de nos souvenirs - d'autres fréquentations.

Il faut tout d'abord dire que les chanteurs sont de premier choix.

Marie Podvalová a triomphé dans les rôles du grand répertoire romantique tchèque dans ces années, et si nous disposons de peu d'enregistrements, cette Milada nous permet de nous faire une idée de son grand mérite. Le rôle est impeccablement chanté et dit, avec engagement ; la tessiture difficile est assumée de bout en bout. Un petit côté parlando aussi, comme c'était alors l'usage.
Le rôle assez court mais valorisant de Vladislav est pour une fois bien distribué (Václav Bednář) et l'autre baryton est fort bien connu de nos services, puisqu'il opérait déjà dans le Trouvère de Dyk (radio tchèque 1955), où il nous avait ébloui : Teodor Šrubař (Budivoj).
Beno Blachut (Dálibor) figurait aussi dans cet enregistrement, comme dans tant d'autres (dont des traductions de Fidelio, Boris Godounov, etc.). Malgré la douceur de son timbre, qui le contraignait quelque peu en Manrico, il trouve ici les accents d'une véhémence remarquable - et réussit bien entendu la dimension poétique du personnage. Un tchèque d'une très belle clarté, surtout. Vraiment délectable.
En Jitka, on nous propose une petite voix un peu dure, comme on en trouvait alors en abondance pour les petits rôles, mais rien qui démérite : Štefa Petrová.

Peut-être pas de personnalités ravageuses, mais d'excellents chanteurs, à la fois intelligibles, bien chantants et engagés. Des objections ?

Concernant les faiblesses ? Côté prise de son et côté orchestre.

La prise de son a tout d'une prise radio des années 50 : son plat, sec, saturation au contact des voix riches. Pour une oeuvre aussi prégnante et lyrique, on y perd un peu.

Quant à l'Orchestre du Théâtre National de Prague, il n'a hélas pas les couleurs que nous lui connaissons aujourd'hui - celles de la radio tchèque sont alors beaucoup plus proches de ce que nous connaissons, en réalité (dans les années 70, ce ne sera plus vrai, d'ailleurs). Et, surtout, il est dirigé par Jaroslav Krombholc, un chef qu'on pourrait assez rapprocher de l'Erede italien, sans vouloir non plus exagérer : efficace, certes, mais maintien raide et un peu de tapage au rendez-vous. Dans cette version de 1950, même si on reste un peu prosaïque par rapport au potentiel de la partition, tout se passe bien - mais en 1977, les fanfares s'apparentent tristement au cirque, et l'effet envahit toute pensée musicale.
La fanfare du lointain au début du I, par exemple, est donnée à toute force, sans travailler les plans qui s'ajoutent puis se défont, remarquablement écrits pour lire successivement ce qui d'ordinaire se superpose.

Mais, au total, l'oeuvre reste très bien servie, et l'émerveillement est au rendez-vous, CSS en atteste. Régalez-vous donc.

En cas de besoin pour le livret ou pour le téléchargement, faites-moi signe.




5. Alternatives discographiques pour Dálibor

A venir.

Notes

[1] Versant comique, on connaît bien sûr Prodaná Nevesta, "La Fiancée Vendue", avec de superbes récitatifs.


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Commentaires

1. Le dimanche 24 novembre 2013 à , par Mélomaniac

Cher Monsieur,
vous évoquez un enregistrement de 1977. Si vous désignez la version stéréo par Krombholc (avec Vilém Pribyl dans le rôle-titre, chez Supraphon également), la date n'est-elle pas plutôt 1967 ?

Très cordialement.

2. Le dimanche 24 novembre 2013 à , par Mélomaniac

A moins que par l'enregistrement de 1977 vous n'évoquiez la captation parue chez Praga avec l'Orchestre et Choeur de la Radio ?

3. Le dimanche 24 novembre 2013 à , par DavidLeMarrec

Je ſuis très honoré de la viſite de l'illuſtre Mélomaniac, qui par tant de haults faicts a porté ſi vaillantement les couleurs de la mégamélomanie.

Je crois néanmoins que nous avons été présentés.

Il existe trois versions Krombholc chez Supraphon : 1950 avec Podvalová, Blachut et le Théâtre National ; 1967-8 avec Kniplová, Přibyl et le Théâtre National (elle dont vous disposez, sauf erreur) ; 1977 avec Abrahamová, encore Přibyl et la Radio de Prague. Rien que du très fréquentable, même si 1977 n'est pas extrêmement raffiné orchestralement.

J'ai l'honneur, Monsieur, de demeurer votre humble admirateur.

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David Le Marrec

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