Rosserie
Par DavidLeMarrec, mercredi 26 septembre 2007 à :: Vaste monde et gentils :: #727 :: rss
Comme il est de tradition sur CSS, en cas de manque de temps, un brin d'émerveillement à peu de frais.
Hier sur France Culture, un florilège à l'occasion de l'invitation de Lionel Jospin dans la matinale. CSS ne s'arrêtera pas sur l'exégèse des actes manqués ou supposés qui font le miel du journalisme, encore que cette hésitation malheureuse qui crée un étrange pluriel fasse volontiers sourire, comme une incitation à la division - qui change le malheureux en un décalque de l'Evêque Nicolas[1], rêvant de régner par-delà la mort au moyen du désordre et de la guerre, maintenus sans fin en un glorieux perpetuum mobile connu de lui seul.
Un rêve mesquin qu'on se plaît alors à lui prêter, se plaçant, par l'impossibilité des hommes à succéder à son propre chaos, dans une position démiurgique - et Nicolas se fait précisément dans ces pages l'égal de Dieu, tout en redoutant la faiblesse de son propre pouvoir.
Non, CSS s'est plutôt réjoui de cette magnifique justification normande, frôlant l'oxymoron, typique de la rhétorique jospinienne, qui fait l'erreur du consensus à tout prix avec l'interlocuteur.
Ce faisant, en plus de la palinodie qui en résulte, on obtient tout à la fois le reniement de ses engagements passés (rappelés, donc peu convaincants pour l'interlocuteur) et la disqualification de ses motivations... Aucune des deux positions n'est donc crédible, et le discours lui-même est discrédité. Un splendide retour perdant.
Ce serait relativement banal, si, de surcroît, l'énoncé obtenu n'était dépourvu de sens... Autant vous laisser juge du caractère délicieusement croustillant de cette apologie implicite de l'individualisme par la satisfaction des revendications catégorielles.
Enfin, se passe de commentaire le titre de la chronique et son commentaire, en présence de l'infortuné, mais qui nous a fait, il faut bien le reconnaître, pousser un franc rire - car, nous aussi, nous avions mal compris le titre réel.
Et le cruel Ali Baddou quelques minutes plus tard, au terme d'une explication conceptuelle de son invité, merveilleusement embrouillée, typique de la caricature usuelle de Lionel Jospin plus que de son discours réel, d'oublier une virgule décisive qui, décidément, aura achevé le pauvre homme.
CSS présente - dans la mesure du raisonnable, poujadisme oblige[2] - sa compassion à Lionel Jospin pour cette difficile matinée où tout lui faisait sentir combien il était has been.
Etre invité sur France Culture, particulièrement pour un homme politique, étant généralement très mauvais signe.
N.B. : Il était précédé, la veille, par Dominique de Villepin. Au musée de la radio d'Etat, juxtaposition éloquente de fossiles prestigieux.
Notes
[1] Dans les Prétendants à la Couronne d'Ibsen (en réalité un virtuose rifacimento de Håkon hin Rige d'Adam Gottlob Oehlenschläger, oeuvre sur le même sujet que notre chère Thora, car fondée sur les mêmes chapitres de l' Histoire des rois de Norvège de Snorri Sturluson, et que Hjalmar Borgstrøm a potentiellement lue), une lecture que nous ne saurions trop recommander, ne serait-ce que pour son troisième acte véritablement réjouissant, dans lequel l'Evêque Nicolas à l'agonie tient précisément la première place.
[2] Une façon polie d'évoquer les gratifications légales ou non qui, Poujade et tous pourris ou pas, empêchent les concitoyens des politiques professionnels d'exercer pleinement leurs inclinations compassionnelles envers ceux-ci.
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