Autour de Faust - une balade sonore - Chanson de la Puce (2, Anton Radziwiłł)
Par DavidLeMarrec, samedi 20 octobre 2007 à :: Faust :: #749 :: rss
Le début est ici. Le reste ci-dessous.
Le Prince Anton Radziwiłł (1775 Vilnius - 1833 Berlin), de cette famille qui donna à la Pologne des rois et à Chopin des bienfaiteurs, a rassemblé un nombre conséquent d'extraits significatifs du Faust de Goethe, et les a mis en musique avec orchestre. Contrairement à Beethoven, Schubert et Wagner, ce ne sont pas des scènes très isolées, mais un faisceau de situations, certes sans lien direct, qui finit par créer des psychologies et une logique dramatique, à la manière des Szenen aus Faust de Schumann (qui lui sont postérieures) ou, dans une moindre mesure, des Scènes de Faust de Berlioz (l'état primitif de la Damnation, sans ensembles, récitatifs ni dénouement [1]).
Le Prince était bon chanteur, excellent violoncelliste, et avait été incité par Carl Friedrich Zelter [2] à mener cette entreprise, pour laquelle il entra en relation avec Goethe, qui lui écrivit même deux pièces spécialement pour son oeuvre.
Création pour l'anniversaire de sa femme Luise le 24 mai 1820 dans le palais familial de Berlin, puis deux semaines plus tard au Monbijou. L'oeuvre est achevée, en réalité, en 1830, et donnée tous les ans par la Sing-Akademie zu Berlin, jusqu'en 1860. Un vrai petit succès qui lui valut l'estime de ses contemporains, fussent-ils poètes ou compositeurs.
Et, incontestablement, à l'écoute, si l'écriture ne dispose que de la science d'un amateur et demeure d'une grande simplicité, l'efficacité et le charme de l'ensemble sont incontestables, et fonctionnent bien plus sûrement, par exemple, que l'opéra de Spohr, malgré le caractère rhapsodique du texte.
Vous entendez, dans cette chanson de la puce, combien, si le caractère de chanson badine y est conservé, l'épaisseur des personnages se réalise au moyen de ces traits ironiques. Interruptions, violon solo qui semble se moquer du propos dépourvu de sens du chanteur (ou illusion diabolique) ; et cette pulsation qui bondit lourdement, suffisamment pesante pour être suivie des estomacs emplis de bière.
Radziwiłł se joue ici d'une rengaine aux effets tout à fait pittoresques, avec un vrai bonheur, à ce qu'il nous en semble.
Prochains sur la liste : Berlioz et Gounod.
P.S. : Inutile de chercher un enregistrement dans le commerce, il semble que ça n'existe pas. Vous êtes condamnés à recueillir les miettes obligeamment jetées par les lutins de CSS, apparemment.
Notes
[1] Une seule (et bonne) version existe au disque, celle de Yutaka Sado avec Angelika Kirchschlager (Marguerite) et Jean-Paul Fouchécourt (Méphistophélès).
[2] Concernant Zelter, on peut consulter les trois notes qui lui sont consacrées sur CSS : discographie et bibliographie, lieder et style, histoire du lied. Et aussi, plus brièvement, à propos d'Erlkönig.
Commentaires
1. Le samedi 22 août 2009 à , par Prosper
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5. Le lundi 24 août 2009 à , par Prosper
6. Le lundi 24 août 2009 à , par DavidLeMarrec
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