Enregistrements, domaine public - XXV - quelques Faust libres (de droits) : Gounod et la Damnation de Berlioz
Par DavidLeMarrec, mardi 20 novembre 2007 à :: Faust :: #767 :: rss
Les lutins ont décidé que, devant l'abondance mahlérienne passée, il n'y aurait point de précipitation pour la prochaine fournée. Soit. Toutefois, pour des raisons pratiques, voici les colis de CSS de retour.
Berlioz, Gounod, quelques surprises.
[Sur divers hébergeurs pour assurer un transfert aisé.]
(Mise à jour : premier lien réparé.)
Afin de permettre plus aisément de suivre notre balade faustienne, après notre proposition de textes-source à charger, voici donc un peu de musique intégrale à se mettre sous la dent.
Peu de choses ont en réalité été enregistrées tôt. On s'est donc par la force des choses limité à Berlioz et Gounod. Néanmoins, comme CSS entend éclipser jusqu'au souvenir de l'Empire Romain d'Orient, pour chacun, nous proposons deux versions. Pour la raison que vous découvrirez aisément.
Berlioz - LA DAMNATION DE FAUST
Voici la version que nous proposons.
Charles Münch, 1954.
Harvard Glee Club, Radcliffe Choral Society.
Orchestre symphonique de Boston.
Marguerite - Suzanne Danco
Faust - David Poleri
Méphistophélès - Martial Singher
Brander - Donald Gramm
Une version véritablement enthousiasmante, où les désordres calculés de Münch concourent à cette sensation d'oeuvre fille d'une imagination bizarre. Comme il se doit avec ce chef, tout y est interprété avec enthousiasme et une belle poussée dramatique. On dispose ici d'un Faust à la mode italienne, un peu hédoniste, dans une distribution du rôle qui se conçoit fort bien - même si elle n'est pas la plus profonde. Quant à Martial Singher, clarté d'élocution, justesse du ton, il faudrait vraiment conserver trop Jules Bastin dans l'oreille pour faire la fine bouche et lui trouver de petites raideurs là où tout n'est qu'abandon évident chez l'autre.
Au « disque sous droits », on peut tout de même citer deux versions majeures qui outrepassent tout le reste. Markevitch, pour un orchestre où chaque trait d'orchestration de Berlioz fait sens, à un point qu'on peine à imaginer. Sur une aussi belle partition et à ce degré, le résultat est tout simplement l'une des plus grandes leçons (et jubilations) qu'on puisse recevoir d'un orchestre au disque, tous répertoires confondus. Colin Davis, avec un sens du spectaculaire et une ampleur incroyables, et surtout pour l'incarnation riante et mordante de Jules Bastin, d'une richesse d'invention et d'une drôlerie pour tout dire idéales. On pense sottement au qualificatif « inégalable ».
La surprise à présent.
Une version en allemand, épuisée depuis fort longtemps.
Wilhelm Furtwängler, 26 août 1950.
Orchestre et choeurs du festival de Lucerne.
Marguerite - Elisabeth Schwarzkopf
Faust - Frans Vroons
Méphistophélès - Hans Hotter
Brander - Alois Pernerstorfer
Première moitié
Seconde moitié
Autant prévenir les téméraires, la chose est difficilement écoutable, à cause en particulier des tempi franchement apathiques de Furtie - la taverne sombre chez des capucins lourdement assoupis. Quant aux Sylphes, il feraient passer le Voici des roses le plus indolent pour une gigue de Louis Couperin. De ce point de vue, la chose est comparable à ses Don Giovanni, mais sans atteindre ici toujours le même degré de poésie. La prise de son aussi, typique de Lucerne dans ces années, est difficile : brumeuse, grosse, partiellement saturée.
De surcroît, l'adaptation prosodique, pourtant commode entre le français et l'allemand, est assez médiocre, et bien des accentuations tombent à côté de la musique, déforment la phrase musicale, rognent fâcheusement les effets.
Cela dit, il faut saluer le Faust rayonnant (mais non sans mystère) de Frans Vroons, ce qu'on peut rêver de mieux ici. Hans Hotter, lui, se joue lui-même, avec un diable plus caverneux, intrigant et menaçant que gouailleur - assez peu dans l'esprit donc, mais cohérent. On s'aperçoit bien, ici, de l'amplitude absolument exceptionnelle en salle de cette voix pourtant si ronde. Alois Pernerstorfer, pour la petite histoire, fut plus tôt dans la même année l'Alberich du Ring de Furtwängler à la Scala (soirées publiées et libres de droits).
Signalons tout de même la très belle scène de Pâques, d'une ferveur surnaturelle. Les choeurs sont de la même eau que ceux de Bayreuth dans les mêmes années, pour donner la mesure de leur excellence. Et l'atmosphère s'en dégage avec une présence physique assez stupéfiante.
Malgré notre tentation de vous obliger à écouter des bizarreries, nous ne pouvions décemment vous condamner à cela pour suivre correctement notre petit cheminement faustéen [1].
Nous ne pouvons malheureusement vous communiquer la version napolitaine réjouissante de Peter Maag qui bien qu'en italien se montre tout à fait dans l'esprit : elle date du 26 démbre 1964. Margherita : Giulietta Simionato - Faust : Ruggero Bondino - Mefistofele : Ettore Bastianini - Brander / Una voce : Plinio Clabassi. Célèbres mezzo, baryton et basse noble verdiens aux programme, avec un grand respect, somme toute, de l'esthétique berliozienne, contrairement à ce qu'on aurait pu redouter. Et une mention pour l'orchestre, alors que Peter Maag n'est pas le chef le plus connu pour la profondeur de son inspiration et la beauté de ses réalisations : qualité du son et maîtrise très efficace des plans.
Voilà qui suffira peut-être pour l'instant. Gounod sera pour un peu plus tard.
Notes
[1] On a déjà annoté une fois le terme, ça suffit à la fin !
Commentaires
1. Le mercredi 21 novembre 2007 à , par vartan
2. Le mercredi 21 novembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site
3. Le jeudi 22 novembre 2007 à , par licida :: site
4. Le jeudi 22 novembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site
5. Le vendredi 23 novembre 2007 à , par licida :: site
6. Le vendredi 23 novembre 2007 à , par licida :: site
7. Le vendredi 23 novembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site
8. Le samedi 7 septembre 2019 à , par cacoton
9. Le dimanche 8 septembre 2019 à , par DavidLeMarrec
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