mardi 5 février 2008
[tango] Estefanía Holman et Emma Milán - deux versants esthétiques
Un enchantement. Découverte d'Estefanía Holman, beau bas-dessus interprète de tango.
Débuts très jeune, toujours présentée comme ayant dix-sept ans depuis pas mal d'années déjà... Peu importe, un très beau médium dense, avec un son fortement corsé, voire extrêmement mature. On songe à une Adriana Varela au timbre plus juvénile et sans aspérités. Et surtout avec un engagement très différent : moins de désillusion mélancolique, plus de fièvre 'romantique'.
Toutes choses égales par ailleurs, la couleur du timbre et le vibrato assez serré peuvent être comparés à Blandine Staskiewicz, pour les habitués de CSS.
Se produisant sous son prénom, Estefanía s'est fait une spécialité d'interpréter des oeuvres traditionnelles, Piazzola en particulier, avec grand orchestre. Par chance, le résultat ne dégouline pas complaisamment, et les tournures orchestrales sont, sinon novatrices, originales pour le genre (beaucoup d'influence de la musique de film hollywoodienne héritière de Korngold, notamment dans l'usage débridé des percussions claires).
Ce sera l'occasion d'entendre la forme mélodrame dans son versant plus populaire, car ces pièces en sont farcies. Un plaisir pour les lutins. Contrairement à certains vocalistes du milieu lyrique, on se sent ici obligé d'habiter avec précision et véhémence un texte, dont certains sont délicieux.
Un petit exemple de ce mélange entre élégie et mélodrame :
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Portraits a suscité :
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