dimanche 2 mars 2008
Debussy et la poésie
Etrange comme Debussy, sur des bijoux de poèmes, fragmente, voire dissout la structure poétique. Ses Verlaine, en particulier Clair de lune, Le son du cor s'afflige ou en encore Colloque sentimental, semblent changés en prose.
Son côté cursif, qui refuse le refrain et la structure d'ensemble, la lenteur de l'énonciation, la ligne très parlée et volontairement applatie (c'est l'impression que procurent ces intervalles par tons entiers), tout cela contribue à faire de ces poèmes un flux un peu neutralisé, presque un prétexte. Les rimes, et plus encore le mètre, n'ont plus guère de signification.
Autant le traitement trop mélodique (voire strophique [1]) peut se révéler un péché chez certains compositeurs, en banalisant le texte, autant ici, ces compositions fascinantes musicalement, suspendues, oniriques, semblent bien loin de l'esprit des poèmes.
Il ne s'agit plus guère de l'appropriation intime d'un texte par un compositeur, bien plutôt d'une expression purement musicale inspirée par un contexte poétique, mais traduite en des termes absolument propres à Debussy - qui ne cherchent en rien à exalter ou même respecter l'esprit initial des textes employés.
Notes
[1] En répétant, donc, la même thématique musicale pour des strophes distinctes.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Mélodie française a suscité :
3 roulades :: sans ricochet :: 6839 indiscrets