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Premier Festival de Quatuor à Bordeaux - Annonce d'activités de CSS & DSS

Comme annoncé, CSS assistera pour large partie aux concerts de la semaine de quatuor qui s'ouve ce soir même avec le concert de la formation lauréate en juillet dernier (les Atrium). Avec un programme original qui promet un beau grand régal..

Voir, ci-dessous, le rappel de ce que nous disions dès mars dernier, avec le détail complet des manifestations (présentation des lieux, des oeuvres, des interprètes, horaires).

N.B. : Les master classes auront bien lieu, cette année ; à la Halle des Chartrons, comme prévu (entrée libre), du mardi au vendredi de la semaine prochaine à 9h15, 11h et 14h30.

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Notre propos de mars :

<< Désormais programmé tous les trois ans (au lieu de deux), pour des raisons réputées financières, le Concours International de Quatuor à cordes de Bordeaux (ex-Evian), dont CSS vous a déjà entretenu en juillet dernier, a beau être sorti par la porte l'an passé, il rentre inopinément par la fenêtre, dès cette année !

Le festival Musiques d'été (qui proposait autrefois du lied et de la musique de chambre, mais avait fini par égrener en grande partie des tubes du répertoire classique XVIIIe en compagnie de l'Orchestre National Bordeaux Aquitaine - ONBA - ou de l'Orchestre du Conservatoire...).

Du 2 au 11 mai, une semaine et deux week-ends de quatuor au meilleur niveau, avec le retour de certains des meilleurs lauréats (Psophos, Quiroga, Atrium, Ardeo...). Parmi ceux qui ont le plus fasciné au cours des années, et notamment les meilleures formations de l'an passé. Un concert chaque soir, dans divers lieux forts de la ville, à des tarifs battant toute concurrence (25€ maximum au Grand-Théâtre, 10€ partout ailleurs...). Et beaucoup de raretés dans ces soirées !

Programme complet ci-dessous. On en profite pour présenter quelques monuments architecturaux locaux (et bien sûr les oeuvres jouées et les formations). De façon à ce que les non bordelais puissent tout de même disposer d'un peu de lecture, les pauvrets.

  1. Vendredi 2 mai 2008 (20h) : Quatuor Atrium (Russie), Grand-Théâtre
    • Sachant que cette formation dévaste tout par son enthousiasme communicatif, son feu et sa sûreté instrumentale invraisemblable, on ne saurait trop recommander ce concert. On peut ne pas apprécier le style très legato, les phrasés très soutenus, le son vraiment vibré, le caractère homogène de la couleur - néanmoins, rien à faire, à chaque fois, chacun est cueilli, même malgré lui...
    • Lalo : Quatuor Op.45
      • Au programme du concours l'an passé. Une oeuvre bien faite.
    • Nurymov : Quatuor n°2
      • Une vraie, vraie rareté !
    • Chostakovitch : Quatuor n°5
      • La transition entre les premiers quatuors badins et grinçants et les suivants, beaucoup plus défragmentés, audacieux - et pour tout dire déjà plus kurtágiens. Encore une certaine continuité mélodique, mais déjà beaucoup de noirceur et de recherche retorse. [Plus décadent tu meurs.]
  2. Samedi 3 mai 2008 (20h) : Quatuor Orfeo (France), Château Lafite Rothschild
    • Beethoven : Quatuor Op.18 n°4
      • Beethoven versant "classicisme finissant".
    • Beethoven : Quatuor Op.74 (le dizième du total, surnommé "Les Harpes" en raison des pizzicati de son premier mouvement)
      • Le Beethoven intermédiaire, sans doute celui qui réalise le moins de concession à l'idée du "charmant".
    • Beethoven : Quatuor Op.131 (quatorzième au total)
      • Le dernier Beethoven. Multiplication des mouvements, profondeur du propos. Considéré (avec quelque raison) comme un monument.
  3. Dimanche 4 mai 2008 (17h) : Ensemble de solistes Les Dissonances, Espace Saint-Rémi
    • Une église du XIVe siècle longtemps désaffectée, avec vue sur prostitution diurne (place absolument calme et charmante au demeurant). Aujourd'hui un centre culturel où se déroulent expositions et parfois concerts. Etrange comme une église réaffectée perd de son cachet : même simplement vidée de son matériel, quelque chose demeurait. Il faut dire que la moquette limite la réverbération magique des pierres...
    • Dohnányi : Sérénade pour trio à cordes
      • Un petit régal plein de charme, l'une des oeuvres les plus jouées d'Ernő Dohnányi (parfois germanisé en Ernst von). De la musique parfaitement tonale bien sûr, mais avec un petit goût de contemplation du folklore depuis la « fin de siècle ».
    • Escaich : Quatuor à cordes
      • Thierry Escaich avait reçu commande d'un Quatuor à cordes par le concours, il y a quelques années. A entendre, même si le compositeur demeure souvent dans une certaine grisaille un peu neutre, en musique de chambre. Rien qui effarouche des oreilles sensibles, cela dit.
    • Tchaïkovsky : Sextuor à cordes : “Souvenir de Florence”
      • Splendide pièce, pleine d'élan (très slave, on songe beaucoup à la Sérénade pour cordes du même compositeur), souvent donnée, et largement méritante. Sans doute plus accessible que ses quatuors.
  4. Lundi 5 mai 2008 (20h30) : Ensemble orchestral 'Les Dissonances'', Chambre de Commerce et d'Industrie de Bordeaux (Place de la Bourse !)
    • Direction et violon : David Grimal ; Violoncelle : François Salque
    • Haydn : Concerto en ut pour violon et orchestre
    • Mozart : Symphonie n°29 K.201
    • Haydn : Concerto en ré majeur pour violoncelle et orchestre
      • On peut présumer qu'il s'agit du second, Hob.VIIb.2 (très proche du premier), et non du troisième Hob.VIIb.4, également en ré majeur mais apocryphe.
  5. Mardi 6 mai 2008 (20h30) : Quatuor Brodowsky (Grande-Bretagne), Eglise Saint-Paul (tout près du Palais des Sports)
    • L'église en elle-même dipose d'une acoustique manifestement agréable, avec de hautes voûtes : une grande coupole sur pendantifs, qui sert tout à la fois de mini-transept (les deux bas-côtés s'élargissent un peu vers des stalles) et d'abside. Eglise dominicaine, dont la décoration est d'un baroque assez jésuitique. Tout à la fois chamarré et un peu gris. Le tout assure une réverbération généreuse, sans doute un peu trop pour ce genre de répertoire. Mais l'église n'est guère le théâtre de concerts prestigieux, on s'en réjouit donc.
    • Quatuor recalé dès la première épreuve l'an passé, pour une technique en effet inférieure à bien d'autres candidats, mais qui faisait valoir de vraies qualités de style.
    • Haydn : Quatuor Op.33 n°3
      • Peut-on commencer un récital de quatuor autrement que par Haydn ?
    • Bartók [bravo, l'accent figure sur la documentation] : Quatuor n°4
      • Pièce âpre bien sûr, comme l'ensemble des quatuors du maître. Aucune idée des possibles de cette formation
    • Mendelssohn : Quatuor Op.80
      • Un bijou du répertoire, très supérieur à tous les autres Mendelssohn - contrairement, celui-ci 'fonctionne' tout seul, et sans temps de repos. Un délice. Leur élégance devrait bien convenir, s'ils parviennent à y mêler un peu de feu.
  6. Mercredi 7 mai 2008 (20h30) : Quatuor Psophos (France), Eglise Notre-Dame
    • Une église merveilleuse, d'un genre assez rare. Façade baroque traditionnelle, mais à l'intérieur, un pastiche d'art roman, en utilisant les fondamentaux de l'architecture profane bordelaise : tribune d'orgue avec balcons en fer forgé et courbes tout à fait caractéristique des balcons intérieurs aux cours d'hôtels particuliers, oeil-de-boeufs en enfilage dans les bas-côtés, et fin, sans transept, dans une abside pentagonale éclairée par un puits de jour et seulement ornée, outre le maître-autel, de larges tableaux édifiants. Les vitraux XIXe, qui donnent seulement sur la nef, sont d'une vivacité admirable, et éclairent de petites galeries haut perchées et étroites. Les bas-côtés sont consacrés à de petites chapelles en cul-de-four, peintes, et seulement habitée par un tableau de la figure sainte. [Tableaux très faibles et souvent niais qui rappellent fort bien l'air du temps mystique leur époque.]
    • Acoustique pas trop réverbérante, mais le son s'y perd rapidement depuis l'autel (équilibre parfait avec l'orgue, sinon...).
    • Quant aux Psophos ! Elles avaient subjugué tout le monde lors de leur victoire en 2001. Un perfection sonore et un engagement hors du commun. On peut enregistrer n'importe quoi avec cela... On pourrait rapprocher leur tempérament (sans doute plus limpide et plus sensible au style, cela dit), aux Atrium vainqueurs cette année.
    • Beethoven : « Quatuor Op.3 » (?)
      • L'opus 3 est un trio à cordes en mi bémol. Possible, mais étrange pour un quatuor, et ce n'est pas une pièce à quatre. Les six premiers quatuors sont contenus dans l'opus 18...
    • Mendelssohn : Capriccio en mi mineur Op.81
      • La dernière oeuvre pour quatuor de Mendelssohn. Leur opus 80, au disque, était une merveille ultime.
    • Janáček [Cette fois-ci, sans les accents. C'est mal.] : Quatuor n°2 "Lettres intimes"
  7. Jeudi 8 mai 2008 (17h00) : Quatuor Anima (Russie), Musée des Beaux-Arts
    • Une très belle formation, alerte, légère, incisive.
    • Haydn : Quatuor op. 33 - n°1
      • Oui, on sait.
    • Schubert : Quatuor n°8
      • On joue très rarement les quatuors de Schubert en dehors des tout derniers. Une chance, donc - mais il est exact que les premiers ne sont pas exactement passionnants...
    • Chostakovitch : Quatuor n°7
      • Un chef-d'oeuvre absolu du répertoire du quatuor, d'une richesse inextinguible.
  8. Vendredi 9 mai 2008 (20h30) : Quatuors Quiroga & Ardeo, Espace Saint-Rémi
    • Finalistes de l'an passé, nous avions notamment adoré les Quiroga (deuxième prix et prix de la critique). Et bien qu'irrité par les choix des Ardeo (des tics comme du baroquisme mal digéré, parfois, non-vibrato presque affecté, des phrasés extrêmement hachés, etc.), fasciné par leur prise de risque et leur imagination. Plus de commentaires dans ces pages.
    • Arriaga : Quatuor n°3 (Quiroga vraisemblablement)
      • Arriaga écrit de toute façon de la bonne musique, pas audacieuse mais séduisante et relativement consistante.
    • Ligeti : Quatuor n°1 (Ardeo vraisemblablement)
      • Ce Ligeti ironique de jeunesse devrait admirablement convenir à leur tempérament quelque peu histrionique. Une gourmandise à prévoir.
    • Mendelssohn : Octuor Op.20
      • Oeuvre célébrissime d'un charme vraiment indéniable, encore classique.
  9. Samedi 10 mai 2008 (20h30), Entrepôts Lainé (CAPC)
    • Vastes entrepôts de pierre, témoins du passé commercial et maritime de Bordeaux. Avec force arcs en plein ceintre - une sorte d'immense crypte, où se tient le musée d'art contemporain.
    • Soprano : Christine Whittlesey
    • Violon : Oswald Sallaberger
    • Danse : Vanessa Feuillatte
    • Violoncelle : Alain Meunier (également président du Concours)
    • Chorégraphie : Charles Jude
      • Ancienne étoile et responsable du ballet et des chorégraphies à l'Opéra - spécialiste des adaptations de Petipa avec le ballet du bord.
    • Dutilleux : Trois Strophes sur le nom de Sacher (création chorégraphique ).
      • Une oeuvre âpre pour du Dutilleux, pas nécessairement aussi facile d'accès que le reste de son oeuvre.
    • Kurtág : Kafka-Fragmente
      • Miniatures pour voix aux grands sauts d'intervalle, accompagnées au violon solo. Une collection d'aphorismes, plongée dans le souvenir des musiques transsylvaines, comme un écho lointain à une parole qui ne peut se confier qu'avec économie. Un peu difficile d'accès si l'on n'aime pas déjà Kurtág - plus approchable sur son versant chambriste (ou, pour ceux qui préfèrent, sa musique pour plus grands ensembles, mais moins irremplaçable à notre sens). Toutefois, en salle, sans doute un rapport direct un peu envoûtant.
      • Durée d'une heure environ pour cette oeuvre, et on explique ci-dessous que l'intégrale sera vraisemblablement donnée ! Le public bordelais va souffrir - et CSS se régaler. Heureusement, le compositeur, installé dans la région avec la famille depuis quelques années, commence à être connu des râleurs conservateurs qui l'éviteront. Ouf. Mais on voit d'ici le malaise palpable du public familial du samedi devant cet ascétique duo voix-violon défragmenté...
  10. Dimanche 11 mai 2008 (17h), Entrepôts Lainé (CAPC)
    • Danse : Vanessa Feuillatte
    • Violoncelle : Alain Meunier
    • Chorégraphie : Charles Jude
    • Solistes du festival
      • Vraisemblablement des membres de l'ONBA (Orchestre National Bordeaux Aquitaine)
    • Dutilleux : Trois Strophes (création chorégraphique)
      • Ben non, c'était hier ! [souriard qui sourit avec un brin de mauvaise foi]
    • Schubert : Octuor pour cordes et vents
      • Vaste oeuvre angulaire de la musique de chambre, très abondamment enregistrée, mais peu donnée en concert en raison de son effectif bien singulier (qui coûte plus cher et se prête mal à un reste de programme, à moins d'avoir les artistes sous le coude pour un festival). Longue à la façon du Schubert de la Neuvième : des idées fortes, et leur réitération plus que leur développement, dans une forme d'infini. [Certains détestent ça.]
        • On peut donc en inférer que l'heure entière des Kafka-Fragmente sera jouée. Audacieux pour le public bordelais ! Mais nécessaire pour profiter de cet univers.





Sont aussi proposées des Master Classes (annulées il y a quatre ans faute de candidats, j'avais été manifestement le seul à téléphoner pour m'en enquérir, si j'en crois l'embarras de mes interlocuteurs...), du 6 au 9, sous la direction du violoniste Erberhard Feltz, pédagogue réputé qui travaille notamment avec ProQuartet. Les trois formations finalistes qui n'avaient pas remporté le prix (Quiroga, Ardeo, Anima) l'an passé seront présente, et également une formation éliminée au premier tour pour des raisons de technique, mais qui disposaient, à ce qu'il m'en a semblé, d'un beau sens du style (les Brodowsky, quatuor britannique). A la Halle des Chartrons, entrée libre. [Un lieu chargé de souvenirs déterminants, pour CSS.]

Vu la nature des participants, de grands moments en perspective !




CSS souhaite donc à tous ceux qui le pourront de belles réjouissances !

Qui a dit, déjà, que le classique était cher et inaccessible ? Non, il faut juste donner l'idée aux gens qu'eux aussi peuvent s'y mouiller. Et ce n'est pas nécessairement évident. Les tarifs et les lieux de la manifestation poussent opportunément dans ce sens. >>


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David Le Marrec

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