Ce chef de réprouvés, ce monstre sorti de l'Etna, ce Zampa !
Par DavidLeMarrec, samedi 21 juin 2008 à :: Opéra-comique (et opérette) :: #975 :: rss
[Code : ferdinandherold]
1. Caractéristiques
La recréation à l'Opéra-Comique de Zampa ou la fiancée de marbre en constitue la seule trace sonore complète un tant soit peu satisfaisante depuis bien longtemps. Certes, l'ouverture en est (relativement) célèbre ; certes, la partition se trouve aisément chez les bouquinistes ; certes, on l'avait joué peu auparavant en Allemagne avec des dialogues traduits. Mais le compte n'y était pas, ni en termes de connaissance de l'oeuvre, ni en rayonnement, ni surtout en style.
L'initiative de la programmation de Jérôme Deschamps est donc une bénédiction, dont CSS a pu profiter par la marge grâce à la providentielle radiodiffusion de France Musique[s].
Petite évocation, avec extraits à l'appui : une reprise est prévue la saison prochaine (avec Jaël Azzaretti et Noël Lee à la place de Patricia Petibon et Bernard Richter).
Extrait de l'ouverture. William Christie dirige les Arts Florissants.
L'ouverture est typique de ce que l'on connaît déjà d'Hérold à travers son unique drame publié au disque, Le Pré aux Clercs, un autre bijou. Une structure en pot-pourri, alternant passages vifs jubilatoires et thèmes méditatifs évoquant les romances de l'oeuvre, de même que dans la Dame Blanche, Charles VI ou même... le Vaisseau Fantôme ! On y entend des thèmes de danse qui évoquent aussi le Meyerbeer de Robert, et éventuellement Offenbach. Le crescendo final, de même que pour le Pré, partage les mêmes caractéristiques que le rossinien (notes répétées, scansion régulière, marches harmoniques, cuivres battant la mesure), on y entend même des ponctuations cuivrées dignes de Guillaume Tell.
Assez jubilatoire, surtout que Christie apparaît totalement chauffé à blanc, comme on ne l'avait jamais entendu, surtout dans ce répertoire !
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Romance d'Alice, qui résume le noeud principal des relations entre personnages (la fidélité). Ici, Patricia Petibon et Bernard Richter.
L'oeuvre séduit bien sûr par sa fraîcheur, mais elle est une sorte de parangon idéal de l'opéra comique à la française tel que le XIXe l'entend. Côté thématique, on y rencontre du rocambolesque, des parents enlevés, des serments extorqués, des mariages forcés, des brigands d'humeur joyeuse, des servants comiques, du surnaturel, des bons sentiments, de la morale simple, une victoire finale de la piété et de la bonté. Côté structurel et musical, on passe de façon obligée par :
- une situation initiale avec des réjouissances chorales ;
- une romance liminaire et fondatrice qui décrit la problématique centrale de l'opéra, souvent un très grand moment mélodique ;
- une réminiscence comique du servus currens de la nouvelle comédie grecque et des comédies romaines, qui sert ici de scène-type de stupéfaction ou de frayeur (à rapprocher des refus de Corentin à l'acte II de Dinorah) ;
- un ensemble de pétrification, avec entrées décalées et (voir La Juive, Nabucco ou Les Vêpres Siciliennes) ;
- des scènes de beuverie, culminant dans un air à boire du personnage principal (ici, voir Hamlet d'Ambroise Thomas, auquel CSS a consacré une longue série) ;
- des personnages secondaires savoureux, et des personnages principaux perçus avec un certain recul ;
- des ensembles pittoresques ;
- de nombreux coups de théâtre et quiproquos tragiques, mais sans esprit de sérieux ; pour aboutir à une fin heureuse légère ;
- et bien sûr une alternance dialogues parlés / numéros musicaux, qui caractérise le genre opéra comique.
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Manière de publier quelque chose aujourd'hui et de ne pas assommer à terme les lecteurs sous une page longue comme un jour sans pain, on s'arrêtera ici pour l'instant. La suite est prévue.
Commentaires
1. Le samedi 21 juin 2008 à , par Bra :: site
2. Le samedi 21 juin 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
3. Le dimanche 22 juin 2008 à , par WoO
4. Le dimanche 22 juin 2008 à , par Zip
5. Le lundi 23 juin 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
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