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Par DavidLeMarrec, mercredi 30 juillet 2008 à :: Disques et représentations :: #999 :: rss
Outre les propres 'concerts commentés' de CSS, qui devraient reprendre dès le début de l'année si nos partenaires sont toujours intéressés, une activité de spectateur itinérant est à prévoir, peut-être plus nette que pour les saisons passées. (Rien du tout pendant des années, Ulysse de Rebel à la Cité de la Musique en juin 2007, et Bruckner / Herreweghe à Saintes en juillet 2008.)
Quelques spectacles ont retenu notre attention. Nos suggestions peuvent peut-être donner quelques idées aux lecteurs de CSS, qui sait.
En avant pour le prosélytisme. Tour d'horizon de quelques représentations françaises engageantes.
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En septembre / octobre,
Salammbô de Reyer
à l'Opéra de Marseille.
Un inédit. Voir l'article d'avant-concert.
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Peut-être en octobre,
Armide de Lully
au Théâtre des Champs-Elysées (Paris).
Une oeuvre-culte de CSS, à laquelle les lutins sont infiniment attachés.
Malheureusement, notre enthousiasme se trouve un peu tempéré par la distribution de ce chef-d'oeuvre, d'autant que le second studio de Herreweghe nous a vraiment séduit et nous est resté dans l'oreille, et que la consultation ou l'exécution régulière de la partition par nos soins (y compris lors de récentes et glorieuses Premières Rencontres Acamédiques Lullystes de Bordeaux) crée sans doute des attentes plus fortes.
William Christie est inapprochable stylistiquement dans la musique religieuse française, et exemplaire dramatiquement dans Rameau (si l'on passe sur le studio des Indes Galantes). Cependant, dans Lully, on peut redouter un peu plus de sècheresse et de tiédeur que ne le réclameraient les fastes d'une telle partition.
De la même façon, une mise en scène esthétisée mais transposée, avec les fulgurances visuelles et aussi tunnels de direction d'acteurs propres à Carsen, peut-elle réellement fonctionner ici ? En tout cas, ce n'est pas exactement ce que nous souhaiterions voir. (Carsen nous laisse très souvent sur notre faim, au pays des farfadets.) Une direction d'acteurs constante, et une transposition, s'il en faut une, adéquate et non arbitrairement "vingtième passe-partout", nous paraissent des atouts précieux ici, et dont Carsen ne dispose pas nécessairement.
La distribution aussi nous laisse dubitatif. Malgré le plaisir que ne manqueraient pas de nous apporter Anders Dahlin et Nathan Berg, on est un peu déçu de la présence du grand nom Agnew, toujours impeccable, mais on aurait rêvé à un héros doté de plus de panache, plus du côté d'Auvity ; et un peu effrayé des écarts de style potentiels d'Isabelle Druet.
Stéphanie D'Oustrac nous fait craindre aussi, mais peut-être à tort. Elle avait mieux que personne le panache de Médée. Mais dans les plaintes d'Armide, ne risquons-nous pas des remontées dangereuses d'une affectation qui paraîtrait hors de propos dans le personnage ? Si elle parvient à maîtriser ces penchants, ce devrait être grand.
Point d'interrogation, donc.
On peut se reporter à notre éloge de l'enregistrement Herreweghe II.
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D'octobre à décembre,
ce sera Tristan und Isolde de Wagner
à Bastille (Paris).
L'occasion d'y entendre Waltraud Meier, qui ne poursuivra peut-être pas pendant des années à ce rythme, et Ekaterina Gubanova, donc on a lu le plus grand bien dans ce rôle. Alexander Marco-Buhrmester est aussi une valeur sûre, un splendide Amfortas avec Boulez à Bayreuth en 2004. Et même Bernard Richter en berger et en jeune marin !
La mise en scène de Sellars nous intrigue, mais les extraits et les descriptions de la vidéo ne nous ont pas enchanté. Le tout risque de nous paraître un peu court.
Peut-être que la présence de Semyon Bychkov, chef assez brutal et fruste, règlera le dilemme pour nous. Tristan en serait dommageablement amoindri, même si à la scène, c'est immanquable.
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En décembre,
Zampa de Ferdinand Hérold
à l'Opéra-Comique (Paris). Et les 10 et 11 janvier à Caen.
Le brillant couple de jeunes premiers (Patricia Petibon / Bernard Richter) est remplacé par un duo moins prestigieux, vraisemblablement un brin inférieur, mais tout à fait appétissant : Jaël Azzaretti / Colin Lee. Et toujours la même équipe fabuleuse.
On peut se reporter à nos deux notules sur l'oeuvre et l'interprétation : 1 & 2.
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On a aussi repéré Fra Diavolo d'Auber en janvier-février par Jérémie Rhorer et le Cercle de l'Harmonie à l'Opéra-Comique, mais l'oeuvre reste d'un intérêt limité.
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A la même époque,
Yvonne, princesse de Bourgogne de Philippe Boesmans
à Garnier (Paris).
Le très-bergien Boesmans, déjà auteur de quelques palanquées d'opéras réussis, promet fort ici, mis en scène par Bondy, dans des décors forcément travaillés de Peduzzi. Et dans les rôles principaux, notamment Paul Gay, un bon baryton-basse que nous entendions justement en récital cette saison, l'ensorceleuse Mireille Delunsch (qui fera une Reine de premier choix !) et le très-princier Yann Beuron, toujours aussi curieux de tous les répertoires.
La présence du Klangforum Wien avec lequel Cambreling a souvent travaillé (notamment pour le Winterreise version Zender) assure par avance une précision et une qualité de timbres de haut de gamme.
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En février-mars,
Werther de Massenet
à Bastille (Paris)
sera proposé avec rien moins que Marcus Haddock, Ludovic Tézier et Alain Vernhes, ce qui met fortement en appétit.
De même que pour Ballo, pas de quoi justifier un déplacement, mais si nous sommes dans les parages...
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En mars / avril,
Die Feen (« Les Fées ») de Wagner
au Châtelet à Paris.
Une oeuvre dans la veine du meilleur Weber, mais avec le savoir-faire pour les ensembles déjà inégalable de Wagner. Merveilleux, c'est le cas de dire.
De surcroît, la direction sera assurée par Marc Minkowski (à la tête des Musiciens de Louvre...), qui avait déjà brillé comme personne dans Oberon dudit Weber, et qu'on attend impatiemment ici. Du nerf, de l'imagination, de la poésie, il faut tout en attendre. Et pour la dimension plus évoluée de la partition, songez à ceci.
Belle distribution de surcroît.
Metteur en scène : Emilio Sagi
Décors : Daniel Bianco
Ada : Christiane Libor / Deborah Mayer
Lora : Ekaterina Lekhina
Gernot : Laurent Naouri
Morald : Laurent Alvaro
Farzana : Salomé Haller
Drolla : Judith Gauthier
Le Roi des Fées, Groma : Pas encore communiqué
Gunther : Brad Cooper
Pour une présentation de l'oeuvre et de sa discographie, on se reportera à un article de 2005 de CSS.
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En avril-mai,
la reprise du Ballo in maschera de Verdi
à Bastille (Paris)
tente pour la présence de Ramón Vargas - qui d'autre pouvait succéder à peu près dignement à Álvarez ? Et accessoirement pour la direction de Palumbo, qui devrait être de valeur.
Cela dit, l'oeuvre est trop rebattue pour justifier un déplacement, d'autant que la mise en scène de Deflo est paraît-il totalement vide.
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Autre friandise à laquelle il sera difficile de résister, en mai,
Le roi malgré lui de Chabrier
à l'Opéra-Comique (Paris).
Dans une distribution très prometteuse qui vaut assez, n'était l'absence de Pidò à la direction, celle de Lyon. Evidemment, nous resterons inconsolables des manières de Nicolas Rivenq, tant aimées de nos services, mais en salle, l'impact physique de Jean-Sébastien Bou est sans nul doute un atout. Distribution féminine bien plus engageante aussi. Et toujours dans la mise en scène de Pelly, qui avait fait forte impression, et on veut bien le croire !
Extrêmement tentant, et assez certain comme résultat.
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En juin,
même la Carmen de Bizet
à l'Opéra-Comique (Paris)
nous est appétissante, c'est dire ! Gardiner, son orchestre et son choeur devraient être tout à fait dans leur élément ici, et surtout la distribution de feu : Anna-Caterina Antonacci dans un de ses grands rôles, et Anne-Catherine Gillet - grosse tâche : même Mireille Delunsch a échoué à nous faire passionner pour cette figure, seulement écoutée pour elle...
Adrian Noble nous avait déplu dans son Retour d'Ulysse littéral et factice, mais qui sait ?
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Eventuellement en juin / juillet,
Król Roger (« Le roi Roger ») de Karol Szymanowski
à Bastille (Paris).
L'oeuvre, explorant mille coloris orchestraux et harmoniques, est exceptionnelle, mais sa trame dramatique lâche et son climat très gris (et dépressif) ne la rendent pas très agréable à fréquenter à notre goût. A cela s'ajoute la présence de Krzysztof Warlikowski à la mise en scène, dont les goûts plastiques semblent assez opposés aux nôtres, si l'on en juge par les compte-rendus et quelques photos de son Iphigénie. Le militantisme idéologique sur une scène n'est que modérément notre tasse de thé. Il est exact que Parsifal a semblé bien plus convaincant aux spectateurs, et qu'il ne faut juger une mise en scène qu'une fois constatée la direction d'acteurs, pas sur des avis ou des photographies. Nous lui donnerons peut-être sa chance.
En tout cas, on bénéficiera de Kazushi Ono, immense chef, grand analyste capable de tout diriger (avec une petite réserve pour Mozart), aussi bien Verdi que Henze. La partition resplendira donc comme il se doit.
Autre excellent point, la distribution polonaise, au moins le texte ne sera pas débité à la louche. Même si le public ne comprend pas la langue, des chanteurs rompus à la parler apportent immanquablement une évidence et un élan qui font défaut à tous les autres.
Pour la petite histoire, on y croisera des chanteurs connus de nos services, notamment Olga Pasichnyk (Roxane) et Wojtek Smilek.
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Il sera bien évidemment impossible de tout faire, et les providentielles radiodiffusions de France Musique[s] devraient faire la différence, mais voilà toujours un catalogue, à répartir selon les opportunités de notre emploi du temps. Et des suggestions pour les lecteurs.
En l'état, Zampa, Le roi malgré lui et Die Feen nous tentent très fortement, nous serions même fâché de les manquer. Mais assister à Salammbô, Yvonne, Armide, Carmen ou Le roi Roger ne serait pas non plus pour nous déplaire - CSS accepte les dons par Paypal (100€ minimum) ou en nature (pas en-dessous de deux conteneurs).
Commentaires
1. Le lundi 4 août 2008 à , par licida :: site
2. Le lundi 4 août 2008 à , par DavidLeMarrec
3. Le lundi 4 août 2008 à , par Morloch
4. Le lundi 4 août 2008 à , par DavidLeMarrec
5. Le lundi 4 août 2008 à , par DavidLeMarrec
6. Le lundi 18 août 2008 à , par DavidLeMarrec
7. Le lundi 18 août 2008 à , par DavidLeMarrec
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