Carnet d'écoutes - John ANTILL : Savage tea time Australia
Par DavidLeMarrec, mercredi 29 octobre 2008 à :: Domaine symphonique - Musicontempo - Carnet d'écoutes :: #1062 :: rss
Contrairement à Peter Sculthorpe, son compatriote le plus célèbre, qui inclut le didgeridoo dans le cadre du rituel occidental du Requiem, qui intègre l'héritage rythmique des danses aborigènes de façon pacifiée dans ses quatuors, John Antill utilise le fonds musical traditionnel de l'Autralie en en exaltant la sauvagerie. Avec cependant une politesse qui sied à merveille à des sujets de sa Très-Gracieuse Majesté.
Sur des rythmes et des motifs aborigènes, Antill produit avant tout un décalque assez heureux du Sacre du Printemps de Stravinsky, dont il copie largement l'orchestration (l'usage des bois en particulier) - de Petrouchka également. Le titre lui-même désigne le cérémonial aborigène, de façon tout à fait parallèle à l'Adoration de la Terre stravinskienne.
On assiste là à une grande orgie orchestrale très convaincante, qui peut faire songer à l'Apprenti Sorcier de Dukas également, portée par des rythmes obstinés et déhanchés. A ceci près que malgré la rondeur de l'ensemble, l'athématisme mélodique domine très largement.
Ce sera évidemment beaucoup plus aimable que les originaux dont s'inspire Antill, avec par ailleurs un certain aspect naïf, comme si, dans une marmite bouillonnante de Stravinsky sauvage, on avait versé plusieurs petites louchées de Ketèlbey. (En réalité, il existe pas mal de points communs avec la Pagan Symphony de Bantock, mais ici beaucoup plus débridé dans l'orchestration, et avec des séquences beaucoup plus décousues.)
Le résultat, sans constituer un chef-d'oeuvre ultime (on y entend en effet beaucoup de maladresses assez sucrées), est vraiment entraînant et roboratif ; ce pourrait être une pièce de bravoure pour les orchestres, qui vaudrait tout à fait les choses un peu démonstratives dans le goût du Concerto pour orchestre de Bartók.
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Extrait sonore :
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James Judd dirige l'Orchestre Symphonique de Nouvelle-Zélande dans le troisième mouvement de ''Corroboree'' de John Antill : « Une dance de la pluie ». Vous aurez noté la fin en majeur, de l'ordre du clin d'oeil presque comique. Volontaire ou pas, le mystère Ketèlbey-like demeure.
Sur le disque proposé par le toujours salutaire label Naxos, l'oeuvre est couplée avec An outback Ouverture, dans un goût similaire, mais plus subtil, surtout comparé à l'ultime section de Corroboree, dont le tapage obstiné finit par ressembler furieusement à de l'ostentation (avant une fin plus acceptablement démesurée).
Une curiosité.
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