Rigueur
Par DavidLeMarrec, samedi 20 décembre 2008 à :: Vaste monde et gentils :: #1095 :: rss
On lit beaucoup depuis hier ce résumé :
Le Zimbabwe m'appartient. [...] Jamais, jamais, je ne me rendrai jamais.
Très choquant propos, certes. Toutefois, si on le remet en contexte, on comprend que bien que teinté d'un cynisme assez peu sympathique, le discours pourrait être prononcé par n'importe quel chef d'Etat démocratique.
Si l'on prend la phrase dans son entièreté :
Le Zimbabwe est à moi ; je suis un zimbabwéen ; seul le peuple du Zimbabwe a le pouvoir de destituer Robert Gabriel Mugabe.
Il est peut-être plus honnête d'y comprendre :
J'ai gagné les élections, le Zimbabwe est donc 'à moi' (sous ma responsabilité), et les Etrangers n'ont pas à changer le résultat des urnes.
--
Le raccourci n'est pas faux en soi, mais montre une tentative de faire parler la pensée de Mugabe, alors que le travail des observateurs est de rapporter fidèlement ce qui est dit, de l'expliquer puis éventuellement le critiquer. Par ce choix de citations (pourquoi pas plutôt "Seul le peuple du Zimbabwe a le droit de me destituer [...] vous pouvez menacer de me décapiter, je crois ceci, et rien ne m'en fera démordre : le Zimbabwe nous appartient, il n'appartient pas aux Britanniques." ?), on mélange le fait et la prise de position, en orientant le fait et en escamotant complètement le commentaire intermédiaire.
Le discours en lui-même est dérangeant (avec ces pointes d'appropriation), plus que choquant ('le pays ne se laissera pas dicter' etc.). C'est ensuite qu'il faut expliquer que les élections ont été truquées, qu'il refuse toute négociation et que l'épidémie de choléra est niée.
Ici, ce n'est pas très grave, puisqu'à peu près tout le monde semble d'accord sur ce qu'il faut penser sur Mugabe, mais la suspicion sur les pourvoyeurs d'information ne pourra que se renforcer lorsqu'il s'agira d'un sujet moins consensuel.
--
Non, ce n'est pas de la duplicité, simplement de la maladresse, mais elle est dangereuse ici.
--
On aurait voulu prendre un exemple précis récent, mais comme il est précisément moins consensuel et que ses implications sont complexes, on s'en abstiendra pour ne pas ajouter de confusion à l'approximation.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire