Carnets sur sol

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Paris stigmatisé

Etat des lieux de l'offre musicale lyrique et fuites (enthousiasmantes) sur les saisons de Nicolas Joel à l'Opéra de Paris. (De la folie pure, pour être plus précis.)

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Situation

Quoi qu'on en dise - et Dieu sait que les esthètes adorent ratiociner sur le passé - on vit réellement un âge d'or en matière musicale, y compris en matière d'opéra. Peut-être pas pour la création en elle-même, mais pour la diversité, la qualité et l'accessibilité de l'offre.

La qualité, on l'a déjà évoquée : le niveau orchestral a considérablement augmenté (les spécificités locales s'étant partiellement effacées, mais pas nécessairement pour le pire !), il reste toujours de grandes voix en petit nombre (comme à chaque époque, les médiocres et les affreux étant toujours présents eux aussi), peut-être moins de voix parfaitement saines et haut placées (la manière de parler a évolué, et surtout l'usage de plusieurs langues étrangères rend considérablement plus difficile l'apprentissage et l'exécution), mais en tout cas des interprètes infiniment plus subtils théâtralement.

L'accessibilité, elle, est très nette : tarifs réduits pour les jeunes et les demandeurs d'emploi, bons plans de dernière minute, absence d'exigence dans la plupart des théâtres du monde d'une tenue particulière, et surtout le disque ! Le disque qui couvre un répertoire toujours plus vaste, devenu extrêmement facilement disponible avec les médiathèques et l'Internet, pour toujours moins cher.

Justement, la diversité de l'offre est elle aussi croissante - du moins dans l'Eldorado de l'Opéra, à savoir une poignée de pays d'Europe occidentale et nordique, les seuls lieux où l'Opéra ne se limite pas à la resucée d'un fonds de répertoire Mozart-Rossini-Verdi-Puccini-etparfoisWagner en boucle. (Les programmations américaines sont généralement terrifiantes, sans parler des pays fortement isolés comme les slaves orientaux, concentrés sur leur répertoire joué de façon tout à fait provinciale, ou des pays sans tradition opératique - cf. la programmation effrayante de l'Opéra d'Istanbul, pourtant si proche...) Les théâtres de jadis jouaient largement leur répertoire national propre, plus quelques grands titres internationaux importés. L'apparition de la radio a favorisé l'exploration très exhaustive du répertoire national négligé, mais toujours dans les mêmes limites géographiques (et parfois temporelles, ne serait-ce qu'eu égard aux contraintes de style et de date du premier opéra composé dans la langue...).
Aujourd'hui, dans ces pays privilégiés, on s'efforce dans chaque théâtre de produire aussi des choses originales, peu jouées, des recréations de diverses époques en langues diverses.

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Saison prochaine

Et il semblerait qu'à Paris, après une ère Mortier riche en découvertes, certes limitées aux goûts de son directeur, s'ouvre comme nous l'espérions une autre période faste. [Parce que même en province, on reçoit la radio, et que cela peut remettre à l'honneur des compositeurs, créer un climat favorable à de nouveaux enregistrements ou ouvrages, fluidifier la circulation de témoignages anciens, etc.]

Nicolas Joel serait plus consensuel, on le savait, et indubitablement un grand défenseur du répertoire français négligé du XIXe siècle. Il avait, semble-t-il, pensé depuis longtemps à remonter les Huguenots de Meyerbeer, oeuvre mythique s'il en est du répertoire national, dès qu'il en aurait les moyens.

Cela se confirme dans les informations qui sont parvenues jusqu'à nous, et cela s'étend même de façon très appétissante à des oeuvres majeures du XXe siècle qu'on ne savait pas dans ses bonnes grâces, et qu'on doit à ses nouveaux moyens, à son bon goût ou à sa lucidité d'être, manifestement, bientôt programmées.

La saison à venir n'est plus un secret pour personne. Parmi les choses un peu rares, on peut relever côté français Mireille de Gounod (un manifeste en ouverture de saison !), la reprise de Platée vraiment devenue une production culte et totalement entrée au répertoire, du moins tant que l'équipe Minkowski-Pelly la porte ; côté italien, Andrea Chénier de Giordano, type d'oeuvre classée vériste (et qui ne l'est que musicalement) qu'on ne voit en effet guère en France, et la Donna del Lago de Rossini, festival glottique manifestement distribué à des spécialistes de premier ordre (DiDonato, Barcellona, Flórez et Meli, dirigés par Roberto Abbado) ; et une belle nouvelle un peu inattendue du côté allemand, puisqu'on disposera, outre de l'ébauche d'un Ring, ce qui ravira sans doute beaucoup de monde, d'une Tote Stadt de Korngold (où l'on nous promet Riccarda Merbeth, Robert Dean Smith et Stéphane Degout dirigés par Pinchas Steinberg !), oeuvre désormais au répertoire des maisons germaniques et parfois jouée en France, mais pas à Paris, et d'une reprise du récent Faust de Philippe Fénelon, une belle réussite bien dans l'héritage germanique XXe. Billy Budd est également prévu.

Par ailleurs, Joel semble distribuer de façon plus luxueuse et plus régulière que Mortier (qui faisait selon l'intérêt qu'il portait à l'oeuvre), et l'on verra notamment sur place, parmi d'autres exemples, Waltraud Meier, Matthias Goerne (ou Vincent Le Texier selon les sources) et Hartmut Haenchen pour la reprise de Wozzeck ; Werther avec en alternance Álvarez et Kaufmann (plus Koch, Plasson et Jacquot) ; une Sonnambula dirigée par Pidò et mise en scène par Marelli (accessoirement, on y entendra Dessay et Pertusi, ce qui n'est pas plus mal), etc.

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Promesses enivrantes

Mais le plus fort reste à venir. On nous promet de monter pour la première fois à Paris quelques-uns des plus grands opéras jamais composés. (A côté, faire Cardillac et Louise avec des reprises, c'était presque mesquin, pour donner une idée !)

A présent, reste à voir ce qui sera tenu et ce qui ne pourra se réaliser.

Quelques reprises de Toulouse :

  • Mignon d'Ambroise Thomas, une jolie oeuvre fraîche, mais à classer dans les faibles de Thomas.
  • Oedipe d'Enescu. Pas non plus le chef-d'oeuvre du vingtième siècle, une oeuvre agréable à la prosodie bizarre, dotée d'un relief relativement modeste.


Quelques oeuvres françaises et italiennes très prisées du public de catégorie 2, et d'ailleurs pour beaucoup d'un véritable intérêt pour les publics de type 1, 3, 5 et 6.

  • La Favorite de Donizetti dans sa version française - qui fait tout à coup très bien tenir l'ouvrage, avec beaucoup plus d'équilibre et d'ironie que sa version glottique italienne. Tout simplement à cause des traditions d'interprétation attachées à ces deux langues... et aux qualités contrastées des deux versions du livret - le Grand Opéra à la française ménage toujours une délicieuse distance, parfois même un peu d'ironie, vis-à-vis de ses héros.
  • Gioconda d'Amilcare Ponchielli, sa seule oeuvre (et avec elle son ballet des Heures) qui soit restée, de façon intermittente, à l'affiche. Mais plutôt au Met qu'en Europe. Dans un langage verdien assoupli (plus proche du Ballo que de Traviata), absolument pas vériste, une construction dramatique très efficace, à la mode du Grand-Guignol, tirée du drame drame en vers de Hugo, Angelo, tyran de Padoue. De grandes voix, en particulier pour le rôle-titre, y sont nécessaire et font la joie des publics de catégorie 2 pour son impact physique et 5 pour son impact psychologique. Ce n'est peut-être pas une oeuvre qui ravit autant que d'autres au disque, mais la force de son action la rend sans doute très impressionnante sur scène - et la musique pure en est fort belle.
  • Hérodiade de Massenet, une de ses oeuvres assez vocales, très appréciée des chanteurs 'internationaux'.
  • Le Cid de Massenet, qui pourrait être un symbole de l'art français sur le papier, mais malheureusement une oeuvre bâclée par son auteur, vraiment faible, même sans avoir lu Corneille. Qu'on est loin du soin porté à Panurge ! Dominent des fanfares de cuivres en guise de ponctuation de récitatifs, et quelques élans lyriques joliment téléphonés. Il faut dire que la version Queler souffre, comme toujours avec cette cheffe, d'un vrai prosaïsme dans la direction... et d'une distribution assez loin d'être francophone. La révélation est peut-être possible, qui sait. Mais nous ne sommes pas en présence, clairement, d'une oeuvre majeure, pour litotiser gentiment.
  • La Fanciulla del West de Puccini. Une oeuvre qui passe pour être le comble de la modernité chez les publics italiens traditionnels - c'est-à-dire ceux qui n'écoutent pas Dallapiccola... Moderne, elle ne l'est pas vraiment (et bien moins que la Francesca di Rimini de Zandonai ou la stupéfiante Cassandra de Gnecchi), mais le climat hors du monde, ahuri, des mineurs à la recherche de l'or, leur solitude, la spécificité de cette sous-société d'hommes perdus, qui recréent un milieu social bancal à partir de débris sans valeur, est très touchant. Le livret tombe très juste, et l'orchestre, qui ne fait certes qu'accompagner à l'italienne, soigne extrêmement bien ses atmosphères. Une des très belles réussites de Puccini, très séduisante et malgré son sujet assez poétique. Voilà qui remplacera avantageusement les vulgarités (certes très entraînantes) de Manon Lescaut.


Et de très belles choses fin de siècle pour plaire aux esthètes.

  • Pénélope de Fauré, un opéra ici encore bien écrit musicalement, mais d'une très grande mollesse prosodique... et surtout librettistique. Il ne se passe absolument rien, et rien ne bouge, ce qui est un peu pesant. Bien interprété, cela peut en revanche convaincre amplement. (Autrement dit : n'achetez pas l'intégrale Dutoit qui est indigérable malheureusement, attendez plutôt la réédition de la version très coupée Crespin / Jobin...)
  • Daphné de Strauss, belle oeuvre sans livret, mais très bien écrite musicalement. Mieux aurait valu l'Amour de Danaé, mais la durée, le nombre de personnages... La pièce a de toute façon déjà amorcé un retour en grâce avec des représentations récentes en Europe et une nouvelle intégrale (Fleming / Bychkov, oui, on sait).


En plus de cette programmation tout à fait intéressante, Nicolas Joel (en passe de récolter un surnom plus positif que Gégé, peut-être plus Nico qu'Affreux-Jojo) a pensé aux lutins avec un répertoire taillé sur mesure pour nous. Avec quatre opéras qui sont pour nous parmi la poignée des plus grands jamais écrits.

  • Mathis der Mahler de Hindemith ne semble pas confirmé, mais ce serait évidemment une belle nouvelle que Hindemith, à défaut malheureusement de concurrencer Janáček, devienne de plus en plus un incontournable du répertoire. (Il y aurait pourtant encore plus à faire du côté du symphonique et de la musique de chambre...)
  • Die Gezeichneten de Schreker, un visiteur nous en avait déjà obligeamment informé.
  • Le Roi Arthus de Chausson, qui n'est pas vraiment une surprise venant d'un défenseur du répertoire français épris de Wagner, mais ce pastiche de Tristan, l'une des premières notules de CSS qu'on se promet d'enrichir depuis longtemps déjà, est une merveille absolue du répertoire, d'une grande richesse de musique et de sens, un monde comme le sont les opéras de Wagner, mais avec quelque chose de plus souple, de plus raffiné, de moins dogmatique.
  • Toujours plus haut, toujours plus fort, Die Vögel de Walter Braunfels, grand chef-d'oeuvre d'esprit de dérision, sorte de pastiche décadent où s'entremêlent réminiscences classiques (sans néoclassicisme), postromantisme et recherche harmonique, toujours au service de la réflexion et de l'humour. Un hapax absolument jubilatoire, dont il n'existe qu'une version au disque (Zagrosek - très largement épuisée, sautez dessus si vous le trouvez en ligne), redonné en 2005 à Genève avec un grand succès, et à Cagliari en avril 2007.
  • Et pour finir, la cerise sur le gâteau, un projet pour le Wozzeck de Manfred Gurlitt, oeuvre composée simultanément avec la version de Berg du drame de Büchner, et sur le même concept, sans que l'un ait connaissance du travail de l'autre ! Chacun exploite un nombre choisi de scènes de Büchner, en les paraphrasant d'assez près, dans une langue très similaire à l'original ; et à chacune de ces scènes correspond une forme musicale, aussi bien chez Berg que chez Gurlitt. Le plus étonnant est la rectification du patronyme de Franz Woyzeck, identique chez les deux compositeurs.
    • Gurlitt, qui a malheureusement fait les mauvais choix toute sa vie, émigrant trop tard d'Allemagne pour ne pas être discrédité aux yeux du régime nazi, s'installant au Japon, où l'influence de la propagande allemande a permis de le laisser longtemps sur la touche, retournant trop tard en Europe pour ne pas paraître comme un rétrograde. On n'a redécouvert sa musique qu'assez récemment, avec les parutions de ses opéras Wozzeck et Die Soldaten, tous deux éclipsés par leurs homonymes respectifs (d'Alban Berg et de Bernd-Alois Zimmermann), sous la baguette du toujours providentiel Gerd Albrecht, et avec la parution de la Goya-Symphonie dirigée par Antony Beaumont. Surtout, ce dernier disque contient un couplage avec les Quatre Chants Dramatiques (d'après Hardt, Goethe et Hauptmann), des lieder avec orchestre au moins du niveau des Quatre derniers lieder de Strauss et de Vom ewigen Leben de Schreker, d'une vérité littéraire assez hors du commun.
    • Il semblerait que Gurlitt opère un rapide retour en grâce, puisque le Festival de Montpellier lui laissera une place, le 19 juillet, dans son concert réunissant Dörte Lyssewski, Fanny Ardant et Gérard Depardieu... Mais reprogrammer si promptement un opéra entier d'un compositeur encore assez inconnu, quelle surprise !
    • On doit à l'honnêteté de préciser que Wozzeck est un chef-d'oeuvre absolu, sinon musicalement, du moins pour les amateurs de drame en musique, une des oeuvres majeures du premier vingtième, dont nous avions d'ailleurs projet de parler prochainement. La surprise est donc aussi réjouissance !


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La seule question reste celle de l'argent, pour monter des spectacles parfois assez longs, réclamant beaucoup de répétitions, de vastes orchestres, de nombreux rôles, des voix résistantes... et remplissant peu. Nous verrons ce qui se concrétisera bien sûr, car une partie de ce que nous avons cité ne doit être qu'en l'état de liste, et ce sera peut-être bien fromage ou dessert. Il n'empêche qu'y penser et que programmer quelques-uns de ces titres méritera de toute façon les lauriers farfadesques.

[On aurait pu tenir le même propos, au demeurant, sur le symphonique, qui même en province avec des orchestres pas tous exceptionnels est assez varié. Certes, les couplages sont souvent fait avec des oeuvres rebattues, qu'on fuit parfois lorsqu'elles sont interprétées de façon routinières et dans de mauvaises conditions acoustiques, comme au Palais des Sports de Bordeaux ; mais cette saison en Aquitaine, on pouvait tout de même entendre du Szymanowski ou du Koechlin, rien de moins. L'âge d'or est valable aussi pour ce pan du répertoire, d'autant que le niveau des orchestres, comme on le soulignait, a sensiblement augmenté.]

En tout cas, il n'y a que des raisons de se réjouir... et d'en profiter, avant que la crise du disque n'engloutisse les meilleurs labels et que la crise tout court ne coupe les ailes aux théâtres aventureux.


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Commentaires

1. Le lundi 16 février 2009 à , par Morloch :: site

Je suis joie, volupté et sidération à ces annonces ! Pourvu que le maximum de ce qui est envisagé puisse être monté :)

Il n'y a pas Renée ?

2. Le lundi 16 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Tiens, je viens justement d'écouter du chant semi-lyrique japonais, et ça ressemble beaucoup à ce qu'elle fait, ces voyelles très rondes sans consonnes.

J'ai ouï dire qu'elle ne serait pas tenue à l'écart comme c'était le cas avec Mortier (ah bon ?), et manifestement ça ne s'est pas concrétisé pour l'instant dans les titres connus à ce jour.

J'espère aussi en Joël, inutile de le préciser...

3. Le mardi 17 février 2009 à , par Laurent :: site

Je suis conscient de faire considérablement progresser la science avec cette remarque, mais il me semble bien qu’il n’y a pas plus de tréma sur “Joel” qu’il n’y avait d’accent aigu sur le prénom de son prédécesseur.

4. Le mardi 17 février 2009 à , par lou :: site

Paris stigmatisé mais Paris libéré !
Ai-je bien résumé ton article en cinq mots ?
Evidemment, il faut le ton.

Heureusement, il y a le disque et le dvd, quand on n'est pas à Paris ni même "en province" mais seulement "au désert" comme on disait au XVIIè siècle, dans mon enfance.

Ce qui est très agréable dans cette chronique (et bien d'autres), c'est que même s'il n'y avait pas d'opéras à Paris, même s'il n'y avait plus de saisons, il resterait des invitations. Par exemple, j'ai bien aimé Andrea Chénier, il faut que je le retrouve - je viens de revoir dans un Gaston Lagaffe quelques vignettes illustrant mes méthodes de rangement, et il y a longtemps que j'ai écouté Wozzeck.

Question : qu'est-ce que la "catégorie 2" ? et les autres catégories ?
J'ai suivi le lien, j'ai relu l'article - je me suis aperçu que j'avais apporté un commentaire, le premier sous ma nouvelle signature, et je n'ai pas trouvé. Or j'adore les catégories, j'ai déjà été catégorisé par des qui n'avaient pas conçu que j'étais un élitiste rural de quartier périphérique - qu'iens don, de c'te coup, j'vas en r'mette un biau dans les pains.
Des catégories ! des catégories ! ad lib.

5. Le mardi 17 février 2009 à , par Ouf1er

Pourquoi "attendre" la réédition de la Pénélope de Crespin, alors qu'elle est déjà disponible ? ;-)

http://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/-/art/Gabriel%20Faure%3A%20Penelope/hnum/8182717?rk=classic&rsk=hitlist

6. Le mardi 17 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Laurent :
Je suis conscient de faire considérablement progresser la science avec cette remarque, mais il me semble bien qu’il n’y a pas plus de tréma sur “Joel” qu’il n’y avait d’accent aigu sur le prénom de son prédécesseur.

Oui, c'est tout à fait exact, pas la peine de prendre des précautions. :-) Pour Mortier, je le savais (mais je ne suis pas sûr de l'appliquer) ; pour Joel, effectivement tu réveilles un vieux souvenir que je me suis empressé d'oublier.
Tu as raison de me reprendre, c'est bien beau de frimer avec des háček et des o percés, encore faudrait-il soigner les francophones... (A ma décharge, c'est moins rigolo d'enlever des accents. -<]:o) )

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Lou :
Paris stigmatisé mais Paris libéré !

Je n'ai pas osé, j'ai bien pensé que quelqu'un s'en chargerait - toi par exemple. :-)
Cela dit, je ne me sentais absolument pas en de mauvaises mains avec Mortier. J'aurais parfois bien échangé une place contre un bâillon, mais à part ça (et ses manières horriblement dépensières malheureusement soutenues en haut lieu), il a fait du très bon job artistiquement, inégal et idéologique, mais excellent tout de même.

Ce qui est très agréable dans cette chronique (et bien d'autres), c'est que même s'il n'y avait pas d'opéras à Paris, même s'il n'y avait plus de saisons, il resterait des invitations. Par exemple, j'ai bien aimé Andrea Chénier, il faut que je le retrouve - je viens de revoir dans un Gaston Lagaffe quelques vignettes illustrant mes méthodes de rangement, et il y a longtemps que j'ai écouté Wozzeck.

Je suis content si le but est atteint. :-) Moi-même, je n'en verrai peut-être pas beaucoup, mais c'est l'occasion de se féliciter qu'on en parle - et pour moi d'en parler un peu.
[C'est aussi bassement stratégique : en appuyant la rumeur comme quoi le nouveau directeur, à peine arrivé, souhaite monter Gurlitt ou Braunfels, ça devrait titiller et légitimer tout à la fois.]

Question : qu'est-ce que la "catégorie 2" ? et les autres catégories ?

Le lien est vers un commentaire, en principe. Et ledit commentaire détaille les catégories (une vieille blague, mais qui fonctionne au bout du compte). La catégorie 2, c'est le public glottophile (ou 'instrumental'), celui qui se déplace pour la performance technique - pour entendre Maria Callas dans sa prise de rôle en Elektra ou Monique Zanetti dans sa dernière Isolde. Parce que ça les met en valeur, d'une certaine manière plus que pour l'intérêt propre de l'oeuvre. Celui qui veut réentendre pour la centième fois en concert la Deuxième Sonate de Chopin, parce que cette fois c'est Liszt qui l'interprète.
Bref, un public d'abord attaché aux interprètes.


Sa Majesté Ouf1er :
Pourquoi "attendre" la réédition de la Pénélope de Crespin, alors qu'elle est déjà disponible ? ;-)
http://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/-/art/Gabriel%20Faure%3A%20Penelope/hnum/8182717?rk=classic&rsk=hitlist

Ah, merci du tuyau ! :-) Moi, j'ai déjà bien sûr, mais les lecteurs sont sommés de se procurer cette chose plutôt que l'objet Dutoit. [Et je précise que je trouve Dutoit, contrairement à sa réputation mitigée, la plupart du temps largement très bon, et parfois excellent. Pour Debussy ou Roussel, il a finalement une concurrence sérieuse très limitée.]

7. Le mardi 17 février 2009 à , par lou :: site

David :
Je n'ai pas osé, j'ai bien pensé que quelqu'un s'en chargerait - toi par exemple. :-)

Et voilà ! après la tribune libre, surnommée placaralou, les basses besognes !

Merci de ta réponse, le lien se cale effectivement sur un commentaire, le tien, je n'y avais pas fait attention et j'étais revenu aussitôt à l'article. Bel exercice qui illustre bien ton propos ---
--- en ce moment, je suis fan, ligue 2, de H. H.
;)

8. Le mardi 17 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Elle a tout pour séduire de ce côté-là... et largement - accessoirement - la fibre de catégorie 3. La réserve, pour moi, c'est que ça ne flatte pas assez mes penchants de type 5. :)

9. Le mardi 17 février 2009 à , par licida

Bon moi je vais jouer les grincheux :o)

Tout à fait d'accord pour dire que l'on vit un age d'or, particulièrement à Paris qui a l'offre lyrique à la fois la plus prestigieuse et la plus variée au monde. Mais contrairement à Lou, je n'opposerai pas non plus Mortier et Joel. Je me réjouis de voir toutes ces raretés (surtout celles du XXème) en projet, mais ce que fera Joel en matière de programmation me semble dans la droite continuité de Mortier (les raretés 19ème français en plus), à savoir que comme d'hab, c'est le baroque que l'on va sacrifier. Vous me direz, l'opéra comique et le TCE s'en chargent, certes mais avec des moyens moindres et ils ne présentent pas que du baroque non plus. Quoiqu'il en soit et quelques soient les reproches que l'on puisse faire à Mortier en matière de dépense, c'est grace à sa programmation que Wozzeck ou Lady Macbeth ont rempli les 3000 places de Bastille tous les soirs. Et donc que Joel peut proposer de telles oeuvres.

Là où j'attends Joel c'est sur le choix des metteurs-en-scène; Mortier savait prendre des risques, ce qui nous a valu autant de gros ratages que de chefs d'oeuvres. De ce que j'ai vu des mise-en-scène de Joel, c'est presque toujours sans aucun intérêt, mais peut être est-il meilleur juge que metteur-en-scène.

Pour le choix des chanteurs par contre, ce qui est annoncé ne me semble pas plus réjouissant que ce que nous avons eu sous Mortier qui était déjà en grande amélioration par rapport à Gall: tous les chanteurs que tu cites David ont été invités sous Mortier. Si certains, comme Fleming, ne sont pas venus c'est pour une raison simple: Mortier a toujours voulu garder la prérogative pour le choix des oeuvres, il voit ensuite qui veut la chanter; tandis que certains artistes comme Fleming, Dessay ou Bartoli (et ce n'est pas du tout un reproche) choisissent une oeuvre et la proposent aux directeurs.
Et je m'étonne par exemple qu'il n'ait proposé (c'est que j'ai entendu dire) que La Veuve joyeuse à Antonacci (!!) qui a évidemment refusé, alors qu'elle a clairement dit qu'elle rêvait de reprendre Armide de Gluck ou Ermione de Rossini, voire Norma mais avec des réticences croissantes.

Et dire que Mortier distribuait selon l'intérêt qu'il porte à l'oeuvre me semble totalement injustifié: d'une parce que ce n'était presque jamais lui qui choisissait les chanteurs mais son directeur de casting, et de deux parce qu'il suffit de regarder les programmes pour s'apercevoir que c'est faux: à l'exception de cette dernière saison rafistolée pour cause de prolongement de mandat où Tosca et Butterfly ont clairement été sous-distribués, Les Contes d'Hoffmman, Un Ballo in Maschera, Luisa Miller, L'amour des 3 oranges, La fiancée, Lucia, I Capuletti ou même L'Elixir d'amour montés sous Mortier ont pu connaitre des faiblesses des distribution mais la pluspart des chanteurs en étaient mondialement renommés, voir parfois touchaient le top fee (Netrebko, Dessay, Villazon...)

10. Le mardi 17 février 2009 à , par licida :: site

Ah oui sinon en projets intéressants j'ai aussi entendu parler de ça:

Benvenuto Cellini dir. Gergiev, Maïa Kovalevska (Teresa)
Le Vaisseau Fantôme avec Adrianne Pieczonka et Klaus Florian Vogt
Les Fiançailles au couvent avec Larissa Diadkova
Le Triptyque Il Tabarro ; Berti / Suor Angelica avec Tamar Iveri / Gianni Schicchi ; Siurina
Otello ; Berti, Fleming, Vratigna/Ferrari

11. Le mardi 17 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Ave Licidetta ! :-)

Tout à fait d'accord pour dire que l'on vit un age d'or, particulièrement à Paris qui a l'offre lyrique à la fois la plus prestigieuse et la plus variée au monde.

Là, tu t'avances peut-être un peu ? [strike]Regarde New York, Milan et Moscou.[/strike] Je ne sais pas si la variété et le prestige sont vraiment du côté de Paris par rapport à Londres, Amsterdam et dans une moindre mesure Vienne. Mais il faudrait regarder dans le détail, il y a sans doute des nuances selon les répertoires. Pour le symphonique, Amsterdam l'emporte sans doute, pour le baroque, Paris est peu en danger, j'imagine.


Mais contrairement à Lou, je n'opposerai pas non plus Mortier et Joel.

Lou, surtout, ne résiste jamais au sourire avenant d'un bon mot. :)


Je me réjouis de voir toutes ces raretés (surtout celles du XXème) en projet, mais ce que fera Joel en matière de programmation me semble dans la droite continuité de Mortier (les raretés 19ème français en plus), à savoir que comme d'hab, c'est le baroque que l'on va sacrifier. Vous me direz, l'opéra comique et le TCE s'en chargent, certes mais avec des moyens moindres et ils ne présentent pas que du baroque non plus.

C'est la même chose pour l'opéra-comique... il n'y en a pas, parce que d'autres le font bien dans des salles plus adaptées. Après avoir testé Bastille, effectivement le baroque n'y est pas possible. Reste donc Garnier, qui est occupé par tout ce que le sympathique hangar du XIIe ne peut pas accueillir...

Pour le coup, l'offre en baroque (et même, à présent, en tragédie lyrique) est tellement bien assurée sur Paris que je ne vois pas l'intérêt de s'acharner à faire des doublons. Vous avez eu deux Poppée la même année, mais vous attendez toujours un Ulysse depuis fort longtemps, il me semble...


Quoiqu'il en soit et quelques soient les reproches que l'on puisse faire à Mortier en matière de dépense, c'est grace à sa programmation que Wozzeck ou Lady Macbeth ont rempli les 3000 places de Bastille tous les soirs.

Le problème étant qu'un directeur d'Opéra est aussi un gestionnaire, et qu'en explosant les budgets, on laisse les caisses vides pour le suivant - donc qu'on triche... C'est en tout cas ce qui s'est passé avec Mortier pour la Monnaie (grand rayonnement et fonds de tiroirs raclés) et pour Salzbourg (qui est indubitablement passé du lieu de ringardise karajanesque au haut lieu d'audace et de découverte qu'on a connu).
Mais je suis tout à fait d'accord sur le résultat artistique, il a réussi à remplir les salles avec des titres improbables, à changer véritablement l'image de l'Opéra. Communicant pénible mais très efficace. Quasiment salutaire, même.


Là où j'attends Joel c'est sur le choix des metteurs-en-scène; Mortier savait prendre des risques, ce qui nous a valu autant de gros ratages que de chefs d'oeuvres. De ce que j'ai vu des mise-en-scène de Joel, c'est presque toujours sans aucun intérêt, mais peut être est-il meilleur juge que metteur-en-scène.

Pas sans intérêt, cela dépend vraiment. (Son Faust d'Orange est quand même un accident de parcours par rapport à ce qu'il fait habituellement...)
D'après ce que j'ai vu, c'est plutôt les mêmes noms qui reviennent que sous Mortier, c'est-à-dire les célébrités internationales, plus au moins Marelli pour la Somnambule, ce qui est une grande nouvelle. Ce n'est pas du Regietheater, mais qu'est-ce que c'est riche !
C'est apparemment plutôt la part innovante et provocatrice des Fura del Baus, Hartmann ou Warlikowski qui passera à la trappe.

Cela dit, tout cela reste à l'état de rumeurs captées ici et là, les dieux conservent leurs secrets.


Pour le choix des chanteurs par contre, ce qui est annoncé ne me semble pas plus réjouissant que ce que nous avons eu sous Mortier qui était déjà en grande amélioration par rapport à Gall: tous les chanteurs que tu cites David ont été invités sous Mortier.

Tout à fait, mais ce que je disais est que la distribution 'sûre' est plus régulière. Pas de fantaisies comme Schäfer en Traviata (peut-être hélas), mais pas non plus de fantaisies moins plaisantes comme Heidi Grant-Murphy en Sophie de Rosenkavalier...
Ca semble plus 'raisonnable' comme façon de concevoir les distributions, même si on trouve ici aussi les habitués de son écurie personnelle - et c'est logique, un directeur s'appuie sur ce qu'il connaît.


Si certains, comme Fleming, ne sont pas venus c'est pour une raison simple: Mortier a toujours voulu garder la prérogative pour le choix des oeuvres, il voit ensuite qui veut la chanter; tandis que certains artistes comme Fleming, Dessay ou Bartoli (et ce n'est pas du tout un reproche) choisissent une oeuvre et la proposent aux directeurs.

Oui, tu as sans doute raison. Mais de toute façon, il ne faut pas compter sur moi pour pleurer la disparition de tel ou tel nom (et de Fleming en particulier :-) ), c'est effectivement l'intérêt des titres et leur réussite sur scène qui compte, pas qui on aura ou pas vu, à mon avis. Ce n'est bon que pour le public non plus glottophile (pour lequel j'ai quelque tendresse), mais glottopathe, cela.


Et je m'étonne par exemple qu'il n'ait proposé (c'est que j'ai entendu dire) que La Veuve joyeuse à Antonacci (!!) qui a évidemment refusé, alors qu'elle a clairement dit qu'elle rêvait de reprendre Armide de Gluck ou Ermione de Rossini, voire Norma mais avec des réticences croissantes.

On ne peut pas tout faire faire à tout le monde. Il y aura forcément des choses qui ne plairont pas chez Joël (en particulier s'il oublie Les Huguenots ou s'il rogne dans ma liste d'indispensables !).


Et dire que Mortier distribuait selon l'intérêt qu'il porte à l'oeuvre me semble totalement injustifié: d'une parce que ce n'était presque jamais lui qui choisissait les chanteurs mais son directeur de casting, et de deux parce qu'il suffit de regarder les programmes pour s'apercevoir que c'est faux:

C'est moins vrai pour les dernières années, peut-être, mais si, quand tu regardes le nombre réduit de nouvelles productions pour le répertoire qui l'ennuie et la qualité (voire l'adéquation...) des distributions pour les oeuvres qui ne l'intéressent pas, et que tu compares au feu d'artifice pour les oeuvres qu'il juge de premier intérêt, on voit bien où va l'argent.
Et tant mieux, parce qu'il faut sans doute plus d'efforts pour faire remplir un Hindemith qu'un Verdi, même distribué avec les pieds.
Le problème étant tout de même que pour le même prix, on pouvait souvent avoir bien mieux, et que c'était visible à la lecture même de la distribution, avant d'être confirmé à l'audition...

Quand tu dis que ce n'est pas lui qui fait les distributions, il a tout de même ses exigences, se mêlant de tout, et surtout on parle bien du mandat Mortier. Même s'il n'avait rien fait, on parle du résultat de son mandat, et donc de son équipe (ce n'est pas lui qui chante le soir sur scène ou qui tient les lampions, on est bien d'accord).

Benvenuto Cellini dir. Gergiev, Maïa Kovalevska (Teresa)
Le Vaisseau Fantôme avec Adrianne Pieczonka et Klaus Florian Vogt
Les Fiançailles au couvent avec Larissa Diadkova
Le Triptyque Il Tabarro ; Berti / Suor Angelica avec Tamar Iveri / Gianni Schicchi ; Siurina
Otello ; Berti, Fleming, Vratigna/Ferrari

Le dernier titre est-il vraiment une nouvelle extraordinaire ? :-)
Si Cellini est intégral, même si Gergiev n'est pas ce que je préfère dans cette oeuvre, c'est une très bonne nouvelle. Et puis surtout les Fiançailles, qu'on n'entend pas tous les jours, et apparemment bien distribuées, au moins pour ce qui est connu...


Merci pour tes rebonds. ;)

12. Le mardi 17 février 2009 à , par Morloch

Non, pas grand chose à reprocher à cette nouvelle programmation, j'espère qu'il y aura tout de même un peu de XXème et XXIèmes siècles.

De nouveaux chanteurs, c'est bien. Je regrette quand même qu'on perde quelques chanteuses : Eva-Maria Westbroek, Catherine Naglestad, Annick Assis, Anna Caterina Antonacci, Angela Denoke...

Je trouve que les franciliens sont mal placés pour se plaindre de l'absence de baroque : il y a une belle offre avec l'opéra comique, la cité de la musique, le TCE, les quelques spectacles potentiels au Châtelet, sans compter le centre de Versailles (mais le RER la nuit c'est crevant) et même quelques spectacles à l'opéra de Paris (il y a au moins Platée si j'ai bien suivi).

Et puis le baroque, en réalité, c'est fait pour les festivals d'été dans les chapelles pour faire une sieste agréable après la plage.

13. Le mardi 17 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

J'adore quand tu fais ton provocateur... sur CSS, tu dois quand même être celui, Licida excepté, qui a vu le plus de spectacles baroques depuis un an. :-)

Pour le vingtième, apparemment, ça sera fort bien fourni. Peut-être un peu moins déséquilibré en sa faveur que Mortier, puisqu'il y a du nouveau répertoire XIXe qui arrive aussi, mais contrairement à ce qui était craint (pas vraiment par moi, vu le bougre), ce n'est pas le retour triomphal des verderies et autres italianetés glottophiliques. [Enfin, si, tout le monde a l'air d'exulter parce qu'on a enfin une Aida. Pauvres parisiens méchamment privés de raretés absolues. :-) ]


Eh bien, voilà, il suffit de parler de Paris et il y a tout le monde qu'on veut. Mais vous ne perdez rien pour attendre, la série Arnould n'est pas close... Et cela, Joel ne l'a pas programmé !

14. Le mardi 17 février 2009 à , par Morloch

Chez les hommes, moins de visibilité. J'espère qu'on va garder Jonas Kaufmann. Et peut-être un autre ténor que Stefano Secco dans tous les rôles ?

Je ne suis pas certain que Madama Butterfly était conçue pour être sous-distribuée, la chanteuse prévue à l'origine dans le rôle titre était Liping Zhang et a une réputation élogieuse, c'est la Butterfly que tous les opéras veulent avoir. Le remplacement ne me sembla pas si mauvais (j'y vais samedi avec Cheryl Barker qui est bien dans le DVD).

15. Le mardi 17 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Kaufmann est prévu pour Werther la saison prochaine. Pour la saison prochaine, côté ténors, j'ai vu Robert Dean Smith deux fois (!), Álvarez deux fois (!), Siragusa, Villazón, Flórez, Meli, Lombardo, Fouchécourt et Agnew. Et, certes, Guèze en Vincent (Mireille), ce qui ne me rassure pas trop.
Tu vois pourquoi je disais qu'on n'était pas trop mal loti en distributions.

Ca m'étonne que tu ne sois pas au courant, toi l'ami des guichetiers. Pourtant, il me semblait que cette saison prochaine était assez de notoriété publique, on la voit traîner un peu partout...
Ce sont plutôt les annonces ultérieures qu'il faut chercher un peu... Et qui font bien envie.

16. Le mardi 17 février 2009 à , par Morloch

J'ai regardé en diagonale, j'attends la saison définitive avec les créations et tout...

Tiens, comme on est parti sur un fil papotage futile, je ne sais pas si tu as entendu cet extrait de la Lucia di Lamermoor avec Rolando Villazon qui s'arrête ? (au passage, je ne suis pas bien au point avec la doctrine de la maison sur les liens youtube). Ce soir là Netrebko chante faux, mais il paraît qu'elle était impeccable dans les dernières représentations de la série.

Jusque là, je pensais qu'il y avait une part d'exagération des glottophobes sur les soucis de Villazon, mais je commence à être inquiet...

Bien, Jojo reste, c'est l'essentiel :)

17. Le mardi 17 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

J'ai regardé en diagonale, j'attends la saison définitive avec les créations et tout...

Si j'ai bien suivi, ce sera la reprise du Faust de Fénelon, une oeuvre dans la lignée esthétique de Boesmans ou Dusapin plus que du versant abscons de Fénelon.
Pas idiot de soutenir un bon ouvrage très récent. Et il l'avait déjà créé à Toulouse, il a les clefs, comme pour Oedipe d'Enescu...


Tiens, comme on est parti sur un fil papotage futile,

Je te remercie de ne pas outrager mon bac à sable publiquement ! Non mais je rêve... Et dire que c'était entré sur la pointe des pieds, "hou-là, les parois sont hautes, et tout ce marbre...", et que ça nous flétrit publiquement !

Precz z moich oczu ! (c'est du Mickiewicz, je te gourmande tout de même élégamment, tu noteras)

;-)


je ne sais pas si tu as entendu cet extrait de la Lucia di Lamermoor avec Rolando Villazon qui s'arrête ?

Non, je n'avais pas entendu, je ne fréquente pas les salons maudits, moi.

(au passage, je ne suis pas bien au point avec la doctrine de la maison sur les liens youtube).

Comme on est sur un site perso, les entorses sont moins sujettes à ennui que sur un site officiel, un forum ou quoi que ce soit destiné à être largement diffusé.
En règle générale, j'évite YouTube, qui est un réceptable de droits non payés. Mais c'est en voie de résorption : les DVDs du commerce ont tous disparu. A partir de ce moment-là, ce sont des prises sur le vif certes non autorisées, mais qui sont souvent approuvées par les artistes, des témoignages en somme. (Après, ça pose des questions sur le modèle économique.)

Donc, pour faire clair : j'utilise YouTube lorsque ça m'est vraiment utile. Je risque le faire prochainement pour m'épargner de fastidieux repiquages.


Ce soir là Netrebko chante faux, mais il paraît qu'elle était impeccable dans les dernières représentations de la série.

Attention tout de même là-dessus : c'est un peu bas, mais c'est manifestement une prise sur le vif, et il faut savoir que de deux endroits différents de la même salle, ou selon l'obstruction et l'orientation de la prise de son, on perd des partiels du son, et ça peut faire changer sa hauteur. Je ne dis pas qu'elle chantait parfaitement juste ce soir-là, mais l'enregistrement peut rendre impitoyable ce qui était tout à fait supportable sur place.

Par ailleurs, avec les prises de rôles très rapprochées et sur des scènes de cette importance, il n'est pas très étonnant qu'à ce rythme elle puisse avoir des moments de fatigue en fin d'acte, rien de bien méchant non plus.


Jusque là, je pensais qu'il y avait une part d'exagération des glottophobes sur les soucis de Villazon, mais je commence à être inquiet...

Oh, c'est certain qu'avec ses prises de rôles un peu inconsidérées et très rapprochées (le plus fou était Don Carlo, mais il n'a pas renouvelé), il doit avoir des passages à vide, plus ses cadences, sa manière de ne pas se ménager, son émission en partie calquée sur Domingo (mais sans les ressources physiques, je pense), la pression d'être de plus en plus attendu au tournant et d'annuler beaucoup...

Là, pour le coup, ce n'est pas bien méchant, il chante ça superbement (ça lui va vraiment comme un gant, et avec quel panache !), et il a manifestement un petit graillon dans la gorge. Au lieu d'aller jusqu'à se faire mal ou tout manquer, il s'interrompt (il peut, il est tout seul). Contrairement à Bonisolli, il se fait pas son cirque et il reprend sobrement. Enfin, sobrement, il se jette à corps perdu et remet instantanément le drame dans ses clous.

Certes, c'est bizarre de s'interrompre si près de la fin de l'acte, on peut toujours tricher.

J'ai vraiment beaucoup d'indulgence pour les ratages de toutes sortes (ce sont les sorties d'après-concert des quatre abrutis de l'OP que j'ai plus de mal à digérer), et concernant la voix, qui plus est, on ne peut vraiment pas la poser dans un étui entre deux soirées. Il faut savoir par exemple qu'une cigarette, un plat sucré et surtout un verre de vin peuvent obstruer totalement les voies lyriques (un irritant et deux déshydratants) pendant de longues minutes. Pareil pour la température, l'hygrométrie... Je ne sais pas comment ils font lorsque, comme dans le Capriccio de Carsen, on leur impose de consommer des pâtisseries en permanence...

Alors crier au loup parce que ça dérape, certes pas. D'autant qu'il était vocalement impeccable tout le reste du temps, certes pas prudent ni voilé. :-)

18. Le mercredi 18 février 2009 à , par Morloch

Sur la voix de Netrebko, je suis assez enthousiaste : sa voix à un impact fort en salle, avec un timbre très sombre, très poétique. Je trouve que ça ne passe pas clairement à l'enregistrement, je ne comprends pas ce genre de phénomènes vocaux mystérieux. Les vidéos (pirates ?) qu'on trouve sur youtube de ce Bellini parisien accentuent les défauts de Netrebko et soulignent les fabuleuses qualités de DiDonato. En salle, cela paraissait plus équilibré.

En plus, au Met, Netrebko revenait après plusieurs mois d'interruption pour maternité, on a le droit d'être indulgent.

Intéressant ton avis sur Villazon, plus rassurant que ceux des glottophages mais contrairement à ce que tu insinues, perfiiiiiiide, je n'ai pas osé aller lire la prose des maudits sur cet incident...

19. Le mercredi 18 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

C'est tout simplement qu'un micro n'est pas un corps humain : certains sons sont filtrés, le micro est souvent sur les genoux donc la scène est 'coupée' par les corps devant, et par ailleurs un corps humain résonne, ce qui produit des interactions très particulières avec les chanteurs (qui chantent forcément à des fréquences proches de notre propre voix).
C'est pour cela qu'on peut difficilement comprendre le charme d'une Mireille Delunsch, je pense, sans avoir perçu son impact physique en vrai - même si ce qu'elle fait est toujours très intelligent, il n'y a pas la séduction souveraine et immédiate qui se dégage de sa présence en salle. A telle enseigne qu'elle a même retourné comme des crêpes certains glottophiles à couteaux tirés contre elle. [C'est d'ailleurs le point de rupture entre glottophiles bénins et glottopathes avancés.]

Tu as fait comment, alors, pour connaître cette vidéo ? Ne me dis pas que tu traques les témoignages du Couplescéniquequimonte sur les sites de partage de documents vidéo ! {:-o Je pensais benoîtement que tu avais jeté un oeil sur les lieux de perdition - par pur intérêt ethnologique s'entend.

20. Le mercredi 18 février 2009 à , par Morloch

Mon souci est que j'ai mauvais goût, je ne sais pas que faire contre cela. J'étais tombé sur un compte rendu de je ne sais quel journal américain. D'ailleurs R. Villazon ne doit tout de même pas être au sommet de sa forme, il a annulé plusieurs représentations de la suite de la série. Sujet en or pour glottopathes, j'imagine que ça a du jaser dans les bacs à sable...

En ces les lieux de perdition, que je fréquente que par esprit critique désintéressé, je me suis plus intéressé sur ce qui touchait à la prise de poids d'Anna Netrebko, sujet essentiel s'il en est...

En ne déviant qu'à moitié étant donnée qu'elle est programmée dans les saisons à venir à Paris, Nina Stemme en concert, c'est génial ! - quand je pense que les infâââmes bordelais en ont eu la primeur... Mais le programme à Paris était de rève. Nous sommes donc vengés. :)

21. Le mercredi 18 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Je crois en effet que Dessay et Villazón sont enterrés depuis longtemps dans certain milieux glottopathiques autorisés. :)

En Senta, c'était très bien (étonnamment, la voix n'était pas du tout énorme, ni la présence plus électrique que ça), très sûre vocalement, et très investie. Une voix assez dramatique, loin du son très lyrique qu'on entend à la radio ou au disque.

J'ai effectivement vu le contenu du concert... un programme insensé, en effet, que du lied, et à l'exception des Wesendonck, des choses assez peu fréquentes : Grieg et Sibelius (plus Weill et Strauss en bis, si j'ai bien suivi). C'est moins fou sans doute que son récital discographique avec Nystroem et De Boeck (enregistré un an environ après que je l'ai découverte dans ce Vaisseau merveilleux...), mais tout de même !

Je me suis laissé dire que ce n'était pas complet. Evidemment, les larynxolâtres sont restés à la maison, les pendards. :-)

22. Le mercredi 18 février 2009 à , par Morloch

Non, ce n'était pas plein à craquer, mais c'était quand même bien rempli. Les mœurs des larynxolâtres sont étranges. Je crois que l'explication est assez bête, la dame est peu médiatisée, en France tout du moins, et le larynxolâtre a beau être un esthète intransigeant hors des modes et hors du temps, il va quand même dans l'ensemble voir ce qu'on lui dit d'aller voir.

Je ne sais pas si la présence est électrique (electrophorus electricus ?) mais elle est charismatique et très investie. Par contre, la voix m'a parue vraiment énorme, d'une ampleur incroyable à mes oreilles peu expertes. Il y a peut-être eu évolution ou alors je suis dans la mauvaise définition du mot ? Le timbre est sombre et chaleureux à la fois, avec plein d'harmoniques. La puissance, même redimensionnée pour un programme de lieder paraît importante.

Dans le programme, il y a quand même cette information qu'elle se Brünnhildise complètement et va chanter les trois rôles. J'ignore si c'est une bonne nouvelle ou pas.

23. Le mercredi 18 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Non, elle a déjà son petit statut, mais le mélomane apertocoperto ne se déplace que pour entendre du répertoire vocalement valorisant. Les Wesendonck, passe encore, mais accompagné de tous ces machins exotiques en norvégien et en suédois, sans envolées ni contre-notes - et jamais chantés par Callas ou Sutherland...
Sachant qu'en l'occurrence, nous versons largement dans la caricature.

Cela dit, oui, elle aurait chanté de grands airs connus et vocalement impressionnants, il y aurait eu plus de monde, et c'est assez logique. Il serait peut-être efficace de surtitrer les récitals de lied, ça ferait nettement plus sens. Parce que dans l'assistance, ceux qui connaissaient tous les textes allemands, bokmål, suédois et russes, ou maîtrisaient ces langues au point de tout suivre au débotté ne devaient pas être excessivement nombreux.
Et comme le genre ne prend son sens qu'en considérant son lien très étroit avec le texte...

Oui, timbre sombre, assez riche, mais j'avais un souvenir plus gros qu'écrasant. Cela dit, elle savait qu'elle chantait dans un tout petit théâtre avec un chef adepte des transparences (Neuhold, qui inscrit toujours Wagner et Strauss dans une continuité quasiment weberienne), ce n'était sans doute pas la même chose à Vienne avec Ozawa...

Quant à Brünnhilde, c'est elle qui connaît son instrument, c'est elle aussi qui voit les rôles qu'elle peut refuser et combien de fois. Je ne suis pas partisan de juger les chanteurs sur le caractère raisonnable de leurs prises de rôle. Si c'est bien, c'est bien et puis voilà tout. Après, leur longévité, c'est leur propre problème.

Par ailleurs, je pense qu'on peut chanter avec ses moyens pas mal de choses. Lorsqu'on entend Vanzo chanter du Verdi avec son style à la française, je crois qu'on peut comprendre ce que je veux dire. Mais ça demande de ne pas essayer de faire très sonore ou très sombre pour imiter le standard, et ce ne serait sans doute pas bien vu.

[Quoi qu'il en soit, Wagner écrit pour les voix avec les pieds, et la Brünnhilde des deux dernières journées, avec sa durée, son intensité, son ambitus, cet orchestre... est parfaitement inchantable. Surtout à 440Hz ! Quelques forces de la nature y parviennent, mais parfois en laissant des plumes.]

24. Le mercredi 18 février 2009 à , par Morloch :: site

Dans la caricature ? Groumpf ! (comme on dit) Moi qui pensais être au plus près d'une sociologie scientifique du glottophile ! Quelle déception...

D'ailleurs, quand j'y repense, pour le premier rappel un des spectateurs en furie, entre deux bravos, a beuglé " En français ! " ce que la pauvre Nina a entendu et a répondu " En français ! mais oui ! Je ne t'aime pas ! " avant de commencer son bis qui était en français, par chance (Je ne t'aime pas de Weill), pour finir sur Jeg elsker dig (je t'aime) de Grieg au quatrième rappel. Attention ! Il y a avait donc une rigoureuse construction jusqu'à la dernière minute :)

J'aime bien les récitals de lieder dans la pénombre avec texte original et traduction sous la main, c'est comme à la maison. Si je me souviens bien, Ian Bostridge au Châtelet était surtitré, ça fonctionnait bien aussi.

Vivement ce Ring à venir :)

25. Le jeudi 19 février 2009 à , par Morloch :: site

Pour en revenir aux perceptions en salle par rapport aux enregistrements, il y a aussi des exemples d'enregistrements qui confirment l'impression de représentation génialissime qu'on a eu en direct.

Et puis ça fait encore un affreux lien pour encombrer ce fil :)

Et je ne suis pas hors sujet du message, comme en atteste la délicate ambiguïté du message précédent sur le Ring à venir (celui de Stemme ou bien celui de l'opéra de Paris), ici Jonas Kaufmann vient la saison prochaine, alors que Christine Schäfer, pas. Ce qui est en soi un débat sur la saison prochaine.

26. Le dimanche 22 février 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

(Excuse-moi de t'avoir fait attendre si longtemps, je t'assure que ce n'était pas volontaire.)

Flûte, je ne savais pas que ça avait été capté... Effectivement, Kaufmann est déchaîné, c'est plus un Empereur de la Femme sans Ombre qu'un Alfredo, niveau format, mais quel lyrisme extraordinaire !
Ca ne m'étonne pas, vu l'ampleur de sa voix, que les piani passent derrière lorsqu'il fait du lied (ce qui lui procure une similitude timbrale étonnante avec le second Vickers).

Et puis la musicalité, le mordant du texte, la maîtrise toujours impeccable des langues... Ce devait être véritablement électrique, j'imagine. Je n'ai pas entendu souvent, ou même tout court, un Alfredo aussi urgent à l'acte III - qui est tout de même plus faiblement écrit, texte et musique, du moins pour les deux Germont.

Quant à Schäfer, ma foi, ça ne ressemble à rien, ni à du Verdi, ni même à de l'italien... mais c'est bien sûr super, je ne sais pas, il y a une sympathie immédiate pour cette chanteuse dont je ne parviens pas à me défaire. Même hors de son meilleur répertoire.

--

Par ailleurs, inutile de te répandre en fausses excuses dont tu ne penses d'ailleurs pas un mot, tu es le bienvenu pour parler de ce qui te fait plaisir sur CSS. Et si tu es tout à fait HS, il y a toujours ce fil spécial.

27. Le dimanche 5 juillet 2009 à , par Falstaff

"die Tote Stadt de Korngold (...), oeuvre désormais au répertoire des maisons germaniques et parfois jouée en France, mais pas à Paris"

Je l'ai vu au Châtelet il y a quelques années, mais ce n'était peut-être qu'un rêve...

28. Le dimanche 5 juillet 2009 à , par DavidLeMarrec

C'est exact, sir John, en plus avec Angela Denoke et Torsten Kerl comme à Strasbourg.

Merci pour la précision.

29. Le mercredi 16 septembre 2009 à , par lou :: site

Bonsoir David,
as-tu eu la possibilité de voir une représentation, sur place ou en direct sur France 3 ?
Paris est-il libéré ou des fauteuils vont-ils se libérer ?
L'oeuvre est très belle, elle appartenait plutôt, traditionnellement, à l'Opéra comique (avec la majuscule), non ? Moi, j'ai bien aimé (d'autant que je n'ai pas d'enregistrement intégral).
Mais... avec le départ du ciment, tout le monde n'aimera pas retrouver le décor et la mise en scène à deux dimensions (qui a dit planplan ?).
Une petite critique, c'est une chance qu'Inva Mula ait été sous-titrée (en même temps que les autres pour que ça ne paraisse pas).
Oh et puis tant pis ! je ne vais pas réécrire le billet que j'ai rédigé il y a quelques heures.
L'opéra de Gounod n'a rien perdu de son éclat, c'est l'essentiel.

30. Le jeudi 17 septembre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Bonsoir Lou !

Pour la question factuelle : je n'ai pas de téléviseur, il n'y a plus de place à ce que j'ai compris et mon bistrot retransmettait en priorité la finale Riga - Durham de la Coupe des Ligues.

Comme je trouve le tiachtliball trop compliqué, je suis donc resté chez moi.

Oui, c'est originellement un opéra-comique, dont on ne connaît plus que la version avec récitatifs (vu leur qualité, il serait insensé de s'en priver, un peu comme les interludes de Pelléas), comme pour Faust. Effectivement un petit bijou, surtout l'acte III (Val d'Enfer, puis scène des Trèves sur le Rhône), qui contient les plus belles audaces d'écriture de Gounod, et surtout une atmosphère assez incomparable. Une fois qu'on a entendu ça, d'une certaine manière, on ne peut plus qu'être déçu, à de rares exceptions près, par le compositeur.

D'après ce que j'ai vu (quelques brefs extraits sur la Toile), la mise en scène cherche, et ce n'est pas une mauvaise idée, à recréer une atmosphère de santons provençaux, et visuellement, c'est très réussi. Après ça, sur la direction d'acteurs, il y a des hauts et des bas chez Joel ; comme je n'ai vu que des airs (hélas), difficile de me faire une religion sur la mobilité générale et la profondeur des sous-textes.

Mais forcément, ça va râler. Dans trois catégories : les gens sincèrement déçus par ce type d'esthétique, craignant de voir trop de METeries à Paris ; les idéologues pour qui une mise en scène est forcément littérale plan-plan ou au contraire eurotrash transposifiante ; enfin les grincheux qui trouvent que Paris est un désert culturel, que c'était bien plus vivant en 361-avant-notre-Sauveur, etc.

Enfin, concernant Inva Mula, je veux me garder d'être désagréable, parce que :
- elle est extrêmement engagée dans la défense de se répertoire, et a redonné vie brillamment à plusieurs rôles périlleux et oubliés, en particulier de Bizet ;
- elle fait des efforts depuis quelque temps sur sa diction très molle, c'était patent pour le Faust d'Orange, alors que ce n'était pas forcément le lieu où l'on en attendait autant ;
- elle est ancienne membre des choeurs de l'Opéra [strike]d'Oulan-Bator[/strike] de Paris, qui a battu quelques records en termes de massacre francophone. Et ça, c'est déjà revenir de loin.

Après ça, je regrette moi aussi que ce soit très homogène au niveau de la couleur et pas très compréhensible, mais ça reste très musical, relativement engagé... on ne se plaint pas.


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