Carnets sur sol

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Discographie présentée de Dietrich Fischer-Dieskau dans Die Winterreise


On a été sollicité sur cette question qui peut tout à fait intéresser les spectateurs lutinesques.

Un point sur les enregistrements (officiels) de Dietrich Fischer-Dieskau dans le Winterreise de Schubert.

(Mis à jour depuis sa première publication, pour ceux qui auraient déjà lu.)

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Pour un mot plus général sur le cycle, on peut se reporter à différentes notules de CSS :

  1. organisation de la fin du cycle et divers enjeux ;
  2. présentation de Das Wirtshaus, l'un des plus beaux lieder du cycle (avec une vilaine métathèse dans le corps de l'article) ;
  3. introduction et versions recommandables dans notre mini-guide du lied.

On peut aussi jeter un oeil sur les commentaires d'autres versions :

  1. versions insolites du Voyage d'hiver ;
  2. version à rebours, un Winterreise souriant par Christine Schäfer et Eric Schneider ;
  3. Winterreise en russe ;
  4. une version contemplative et en DVD.

Ou bien se promener parmi les conversations de concert :

  1. concert Stutzmann / Södergren à Bordeaux (5 novembre 2005) ;
  2. le même concert, cette fois décrit par Sylvie Eusèbe ;
  3. le même concert à Paris un an plus tard, présenté par Sylvie Eusèbe ;

Ou enfin télécharger une des versions libres de droits que nous avons mises à disposition :

  1. version Hotter / Raucheisen (1943) libre de droits sur CSS ;
  2. version DFD / Klust (1953) libre de droits sur CSS.


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1. Jeunesse

1948 - Fischer-Dieskau / Billing (domaine public)
DFD tout jeune, une petite vingtaine, un an après son premier enregistrement (Winterreise déjà) lorsqu'il était encore élève. La voix ténorise énormément, pleine d'aisance et de clarté, presque de naïveté, même si l'interprète est déjà là.
Se trouve pour pas cher du tout.

1953 - Fischer-Dieskau / Reutter (domaine public)
Enregistrement peu fréquent. Cela a-t-il vraiment paru officiellement ?

1953 - Fischer-Dieskau / Klust (domaine public)
Un studio un peu tassé que nous n'aimons pas trop : piano peu inspiré, et DFD un peu contraint par le placard en carton dans lequel on le force à enregistrer. Ca reste néanmoins DFD, donc admirable.

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2. Enregistrements-phares

1955 - Fischer-Dieskau / Moore I (EMI - domaine public)
Le premier studio avec Moore. Très sombre, une méditation sans espoir, qui sent bien son errance, comme si elle se vivait au fil des moments où elle se raconte. Son un peu ancien, en particulier sur le piano.

1955 - Fischer-Dieskau / Moore au Festival de Prades (INA Mémoire vive)
La quadrature du cercle : la grande ductilité de 55 avec le souci d'interpréter à son faîte en 62. Le son n'est pas parfait, mais l'émotion, elle... Moore est très présent ce soir-là.
L'anecdote selon laquelle une panne d'électricité a fait finir DFD dans le noir son Leiermann (remplacé par sa version avec Herta Klust sur le disque) est bien connue, et cadre bien avec l'émotion intime que l'on ressent même à la seule écoute sur une méchante chaîne dans un salon illuminé. Son pas parfait, mais vivant, équilibré et avec un bon relief.

1962 - Fischer-Dieskau / Moore II (EMI)
EMI a fait réenregistrer le cycle pour la stéréophonie. La voix est déjà moins belle, mais on entend mieux le piano. Et l'interprète fouille tous les recoins, moins sombre, plus commentateur. Assez vertigineux si on se prend à regarder le détail. L'impression d'ensemble, pour partie à cause de la prise de son pas très flatteuse, n'est pas aussi prenante, justement en raison de ce détachement apparent. Pour l'approfondissement, en revanche, c'est primordial, à suivre avec le texte sous les yeux ou la partition.

1964 - Fischer-Dieskau / Demus (DGG)
Avec un véritable accompagnateur et une belle prise de son, le résultat est formidable. Ici, DFD exalte le caractère lyrique et strophique du Voyage d'hiver, ce qui n'est pas l'option qui a nos faveurs, mais elle est réalisée mieux que personne ne peut le rêveur. La prise de son rend absolument justice au changement de couleur de syllabe à syllabe, la marque expressive du meilleur Fischer-Dieskau. Vraiment un monument du chant, du lied, quoi qu'on en pense personnellement - ce n'est pas notre Winterreise.
Au passage, ce doit être l'enregistrement le plus diffusé de ses Winterreise (devant Moore I et Moore III).

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3. Le creux

1971 - Fischer-Dieskau / Moore III (DGG)
Peut-être le moins réussi de tous, parce que le moins personnel. La voix s'est durcie, nasalisée, les intentions, souvent exagérées, se font parfois grimaces. Le tout baignant dans une certaine indifférence propre au studio.
Bien sûr, cela vaut uniquement en comparant DFD à lui-même : dans l'absolu, c'est exceptionnel quand même. Mais il est bien dommage d'écouter ceci plutôt que les autres témoignages bien supérieurs.

1979 - Fischer-Dieskau / Barenboim (DGG)
On n'est pas très convaincu non plus : voix et interprétation sèches.

1984 - Fischer-Dieskau / Brendel (DGG)
Un peu de mieux, mais pas vraiment de transfiguration. De surcroît, Brendel dans Schubert fait toujours un monceau de chichis, de petites rigueurs vaguement ostentatoires (des détachés presques surlignés, alors qu'il suffit de les faire, par exemple...) - ce qui peut agacer assez vite, sans être insupportable non plus.

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4. Derniers moments d'activité

1990 - Fischer-Dieskau / Perahia (Sony)
Tout près des adieux, DFD récupère la pleine maîtrise de son potentiel. La voix, lors de ces concerts, a beaucoup perdu sa facilité, mais a retrouvé énormément de couleurs. Et quelle imagination verbale ! Les difficultés, le voilà qui s'en sert pour se frayer un chemin vers autre chose. C'est presque un conteur qu'on entend, chantant à peine (et non pas avec peine), susurrant des histoires merveilleuses d'un temps révolu. Et avec un tel accompagnateur, c'est aux yeux des meilleurs poulpiquets vraiment l'un de ses plus beaux cycles, que ne surpassent que ses meilleures productions de 55 à 64.

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5. Un conseil ?

A notre sens, il faut donc connaître absolument 55 Prades, 64 Demus et 90 Perahia (dans l'ordre de nécessité). Moore I et Moore II aussi, mais on est dans les mêmes eaux esthétiques que Prades.

Comme on le soulignait dans notre mini-guide, la version Demus a l'avantage de disposer de la traduction de tous les textes, lorsqu'on veut débuter.

Après cela, il existe un certain nombre de pirates dont certains sont assez célèbres, comme ceux avec Pollini ou Sawallisch. Mais on trouve également Moore, Demus, Shetler, Barenboim, Holl et Brendel...


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Autres notules

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Commentaires

1. Le dimanche 4 octobre 2009 à , par Wolferl

David :
...elle est réalisée mieux que personne ne peut le rêveur.


C'est mignon. :-)

2. Le dimanche 4 octobre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Oh, ça va !

Prenez garde à vous dimanche.

3. Le vendredi 22 janvier 2010 à , par jcam

Bonjour,

Ce n'est pas « Der Leiermann », mais «Der Lindenbaum» qui manque dans l'enregistrement de Prades . Voici ce qu' écrit Renaud Machart dans sa notice de présentation :

«...Cette version de Prades, que nous jugeons exceptionnelle par ses qualités artistiques et acoustiques (la prise de son, signée Michel Philippot, musicien metteur en ondes, a de la présence et de la clarté) présente néanmoins un inconvénient : Der Lindenbaum ("Le Tilleul"), l'une des mélodies les plus connues et cinquième du cycle, manque dans la bande originale. Le rapport d' écoute ne mentionne pas ce fait et les annonces de la speakerine, à l'occasion de la première transmission radiophonique du 10 août 1955, confirment que cette section de la bande faisait défaut dès sa diffusion.
L'explication est donnée par Dietrich Fischer-Dieskau lui-même dans ses Mémoires lorsqu'il évoque son unique participation au Festival de Prades : "Je chantai /...l dans l'église Le Voyage d'hiver. Avec la complicité d'un électricien, j'avais tenté d'atténuer l'effet écrasant de l'autel baroque qui se dressait derrière moi - sans succès ! Au début du Tilleul, te courant vint à manquer. Une obscurité totale régnait. Mais Gerald Moorel continua de jouer sans s, émouvoir le moins du monde, sans hésiter même dans la transition difficile qui amène la dernière strophe. Je pus donc enfin, tout entier consacré à la musique, savourer le lied que je chantais. Malheureusement, les projecteurs reprirent du service au dernier accord. "
Malgré la disparition de ce Tilleul, par le sort d'une fée Electricité mal avisée ce soir là, nous ne voulions ni renoncer à ce Voyage d'hiver d' exception ni tronquer son architecture de vingt-quatre lieders. Aussi avons-nous prélevé ce cinquième lied dans l'enregistrement (libre de droits) effectué deux ans plus tôt par le baryton avec Hertha Klust pour la radio de Berlin et l'avons inclus à celui-ci. Les prises de son étant sensiblement différentes (surtout pour ce qui est de la voix), Jean-François Pontefract, l'ingénieur responsable de la restauration de ce document, a effectué un travail d'homogénéisation qui atténue la différence de perspective sonore sans pour autant vouloir masquer l'évidence de ce "copié-collé".
Nous tenons à remercier Dietrich Fischer-Dieskau pour la générosité avec laquelle il a accueilli ce projet. Il y a du grand seigneur en lui, chez le chanteur autant que chez l'homme. Renaud Machart Décembre 2004 »

Cordialement

4. Le vendredi 22 janvier 2010 à , par DavidLeMarrec

Oui, pardon, grossier lapsus, merci de l'avoir relevé.

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