L'Illusion comique de Corneille par Galin Stoev, salle Richelieu (Comédie-Française)
Par DavidLeMarrec, dimanche 25 avril 2010 à :: Intendance :: #1525 :: rss
Ici aussi, je fournis le petit résumé publié dans le fil de la saison pour ceux qui seraient intéressés, considérant tout de même qu'il reste peu de représentations.
Soirée 39 : L'Illusion comique de Corneille par Galin Stoev, salle Richelieu
Une version actualisée, qui tranche avec l'image communiquée par les spectacles vidéodiffusés par la Comédie-Française. Sans transposition trop nette, on prouve ainsi que les costumes de ville ont leur place dans le vénérable musée du répertoire théâtral.
Pas de réelle transposition, juste un décor gris qui s'ouvre en profondeur à chaque acte, au fil des dévoilements successifs. Ce n'est pas très festif, mais le fait de tout jouer sans entracte permet de s'y plonger vraiment.
La direction d'acteurs fait le choix d'une déclamation qui joue beaucoup des énumérations hyperboliques, qui accentue certains traits comiques avec certain bonheur. C'est au prix d'une dislocation du vers, certes très intelligente (avec des comédiens de ce niveau technique, il ne peut en aller autrement !), mais souvent au prix d'une perte de vue de la beauté de la langue, de la musicalité rimique et rythmique. Il est un peu frustrant, d'une certaine façon, de sortir du théâtre sans avoir entendu la petite musique de Corneille. [Ce serait du Racine, je crierais au génie, d'avoir pu nous extraire de la prison de six pieds de long. [size=9]Oui, ce sont des syllabes, mais la plaisanterie tombe à terre sinon.]
C'est en tout cas une recréation rythmique qui a son intérêt, quoique assez prosaïque, de pair d'ailleurs avec l'esthétique générale (une pelisse permet de faire changer de grade les personnages).
Ce choix s'illustre très bien dans le Pridamant d'Alain Lenglet, père mesuré, presque neutre, et dont la présence n'est d'ailleurs guère patente ; ou bien dans l'Alcandre d'Hervé Pierre, ni grandiose, ni truculent (comme il peut l'être, avec une variété de moyens proprement confondante), une sorte de spectre à la voix un peu grasse ; ou encore dans le Matamore de Denis Podalydès, ni hurleur sublime, ni fou tempêtueux, ni froussard déguisé - plutôt un rêveur patenté, un égaré qui trouve un sens à l'existence dans son imagination.
Des personnages plus modestes, plus concrets, et même trois rôles confiés chacun à un acteur tenant également un autre personnage : une sorte de Corneille de proximité, plus familier, plus limité aussi.
Une bonne soirée quoi qu'il en soit, entendre ce degré de technique (plasticité vocale, soin des phrasés, maîtrise du vers...) chez des comédiens est de toute façon à chaque fois un émerveillement - et les vers de Corneille, une grâce.
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