Tchaïkovsky - Eugène Onéguine - Vassily Petrenko, Willy Decker - (Olga Guryakova, Ludovic Tézier...)
Par DavidLeMarrec, samedi 9 octobre 2010 à :: Saison 2010-2011 :: #1603 :: rss
En attendant de très prochaines considérations un peu plus profondes.
Il faudra revenir sur l'oeuvre, et en particulier sur son lien avec son modèle romanescopoétique, mais l'acte II est tellement intense que la traditionnelle coupure entre ses deux tableaux se justifie pleinement : on n'est plus prêt à écouter encore de la musique après le bal d'anniversaire apocalyptique.
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(Opéra Bastille. Mardi 5 octobre 2011.)
Un bonheur d'entendre Onéguine sur scène (ce qui n'est pas si fréquent en province). On salue tout particulièrement le grand naturel de Joseph Kaiser (Lensky) et le russe fantastiquement articulé et expressive de Gleb Nikolski en Grémine - voix très sonore mais pas idéalement belle, d'où les critiques acerbes et largement injustes qu'on pouvait lire ici ou là.
Alisa Kolosova (Olga) fait valoir une superbe voix de mezzo douce et dense, typiquement russe mais pas du tout tubée ni engorgée ; Nadine Denize (Madame Larina) est toujours aussi spectaculairement en forme.
Ludovic Tézier (Eugène Onéguine) souffre un peu de fatigue (le sol3 final a vacillé, à la limite du couac, pas par sa faute, juste à cause de la lassitude de l'instrument), la voix est un peu plus grise et on entend comme du souffle (sans doute lié à la distance, elle n'est pas comme cela dans une petite salle ou devant un micro, et la technique est irréprochable). On retrouve une technique très à la mode chez les barytons français d'aujourd'hui, très tassée sur son médium, peu rayonnante, cherchant avant tout à timbrer de façon sombre et intense, ce qui produit d'excellents résultats devant les micros, mais se montre moins physique en salle ; cela dit, dans une salle aux dimensions moins absurdes, il dispose d'une véritable présence physique avec sa voix.
Personnage un peu neutre comme on peut le lire partout, vraiment de la peine à se livrer sur scène.
Et une déception du côté d'Olga Guryakova (Tatiana) : le grave est toujours mince et aussi élégant, en revanche l'aigu (préservé du vilain vibrato qui sévissait ces dernières années) est assez hululé, un peu intervertébré, et très mal articulé. On ne saisit d'une façon générale rien de ce qu'elle dit. A cause d'un manque de lisibilité dans les postures et les costumes au début de la pièce, je me suis dit que Nadine Denize avait très mal vieilli en peu d'années... il s'agissait en réalité de notre jeune première !
On est frappé aussi par la qualité des seconds rôles (parmi lesquels notamment Ugo Rabek), très bien chantés et pourvus d'une belle présence vocale.
Lecture pas spécialement originale de Vassilly Petrenko, très opérante, mais avec quelques tutti agressifs dans les cuivres et surtout des césures bizarres qui gâchaient quelques enchaînements entre numéros musicaux.
La mise en scène de Willy Decker soigne les transitions et ne ménage pas toujours une très grande profondeur de champ à ses psychologies (le duel est par exemple assez énigmatique parce que très peu détaillé, là où tant de metteurs en scène parfois très traditionnels ont révélé de belles choses), mais son travail reste fonctionnel, avec une direction d'acteurs tout à fait honnête.
Et merci au parrain de cette bien belle soirée !
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