Carnets sur sol

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[Avant-concert] Otello de Rossini - (Osborn, Kortchak, Antonacci, Pidò)


Juste un petit signalement posté à l'instant dans un lieu voisin :

Je signale juste à ceux qui n'aiment pas le Rossini sérieux (hors Guillaume Tell, un fleuron du Grand Opéra à la française qui n'a pas grand rapport avec le reste de sa production) et qui seraient tentés par Otello au TCE (ou tout simplement par une découverte au disque) que c'est vraiment l'opéra tout indiqué pour s'y convertir.

Contrairement aux daubes infâmes qu'il a pu produire (Elisabetta Regina d'Inghilterra est au moins aussi mauvais que les opéras de Glass), ou aux usines à vocalises plus (Maometto II) ou moins (Semiramide) sympathiques qu'il a pu produire, Otello a véritablement une place à part.

A plusieurs titres :

  • la qualité mélodique en est grande, plus inspirée que dans les autres oeuvres de son répertoire serio, et les lignes ne se contentent pas de coloratures prévisibles ;
  • l'orchestration est réellement soignée ; rien de révolutionnaire, mais un véritable effort d'apporter des couleurs de bois ou de cors, de trouver des figures expressives d'accompagnement, loin des ponctuations sèches qui sont souvent la norme du belcanto romantique de cette époque ;
  • dramatiquement, l'oeuvre dispose d'un rythme et d'une densité d'intrigue assez supérieurs, on est tiré vers l'avant là où en général ces livrets se traînent épouvantablement en affadissant les plus grands chefs-d'oeuvre (ou pas) de la littérature ;
  • enfin, il faut noter la plus-value d'un véritable sens de la danse, beaucoup d'épisodes 'rebondissent' bien, s'éloignant ici aussi de la tradition de ploum-ploums assez rectilignes.


Enfin, la distribution (Osborn, Kortchak, Antonacci, et surtout Pidò qui est capable d'animer les partitions les plus pauvres comme s'il s'agissait de chefs-d'oeuvre orchestraux) a tout pour mettre en valeur l'oeuvre.

Il n'est pas prévu que les lutins s'y rendent, mais c'est assez tentant en réalité, même lorsqu'on n'est pas spontanément admiratif des recettes du genre.

Donc pour ceux qui n'aiment pas, jeudi ou jamais, en quelque sorte. (Si vous aimez avant tout les couleurs vives, les harmonies violentes et les lignes mélodies torturées, l'essai demeure tout à fait dispensable, précisons-le.)

Pour ceux qui ne veulent pas dépenser cher dans un disque, la version Fogliani avec le Philharmonique de Cluj, chez Naxos, est très tendue et réussie, remarquablement chantée, et vaut bien la version von Stade / Carreras / López-Cobos (aussi bien chantée et mieux dirigée).


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Commentaires

1. Le mercredi 10 novembre 2010 à , par Gilles :: site

Non mais qu'est-ce que vous avez contre les opéras de Philip Glass ???

2. Le mercredi 10 novembre 2010 à , par DavidLeMarrec

Il y aurait beaucoup à dire sur Philip Glass... En l'occurrence, c'était juste pour donner une idée du peu de variété de contenu d'Elisabetta (presque uniquement des rapports de V-I dans les récitatifs, sous formes d'accords pesamment assenés !).

Sur Glass lui-même, le problème est multiple :
- d'abord, je trouve la plupart du temps ses couleurs orchestrales et harmoniques pauvres et moches ;
- ensuite, j'ai horreur à titre personnel de la répétition, surtout quand elle se veut vaguement transielle ;
- enfin, je crois que ça ne doit surtout pas s'écouter comme du classique, en repérant le détail : c'est plus à rapprocher des musiques de transe électronique, et dans ce cadre ça fonctionne bien mieux (d'où son large succès vraisemblablement). Mais si on l'évalue comme de la musique classique, c'est sans doute, du moins parmi les compositeurs disposant d'un minimum de notoriété, ce que l'histoire de la musique a commis de pire depuis que nous disposons de partitions.

Donc je n'ai pas envie de porter un jugement sévère sur Glass : je considère simplement que ce n'est pas à écouter de la façon dont on écoute du classique, et ça appartient à un genre (les musiques de transe) pour lequel je n'ai strictement aucune inclination. Dans le cadre de ce genre, c'est peut-être merveilleux - écouté "normalement", en revanche, c'est une authentique punition.

Cela dit, comme pour tout, il existe des exceptions : j'ai détesté les symphonies, les quatuors, les oeuvres pour orgue (le pire !), Einstein on the Beach, Akhnaten, Les enfants terribles... mais j'ai trouvé le concerto pour clavecin, qui n'a pourtant pas la réputation d'un chef-d'oeuvre, très agréablement rafraîchissant.

J'espère avoir éclairé un peu mon allusion. Philip Glass est peut-être le seul compositeur de l'histoire de la musique "savante" dont je puisse dire, globalement, que je ne l'aime pas.

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David Le Marrec

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