La voix idéale (1)
Par DavidLeMarrec, vendredi 24 décembre 2010 à :: Portraits :: #1641 :: rss
Prenons-nous à imaginer une voix à l'articulation parfaite et expressive, à l'impact assez physique, dense et mordante, mais non sans clarté.
Elle ne se trouve pas forcément communément chez les noms qui fédèrent les publics les plus larges, mais elle existe.
(vidéos suivent)
Florent Leroux-Roche, manifestement lors d'un concours, 21 ans à l'époque des faits (il y a assez peu de temps).
C'est là l'une des façons (il y en a d'autres) d'incarner ce qui représente, pour les lutins qui peuplent ces lieux, la voix idéale, qui conjugue au plus haut degré tous les paramètres qui nous sont chers. On tâche en ce moment même d'obtenir plus d'informations et si possible plus de témoignages sur ce jeune homme, mais on soumet d'ores et déjà son art à l'admiration de nos lecteurs.
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Dans le même esprit, on peut signaler Marc Callahan, qui fait pour sa part déjà une carrière internationale. On l'entend ici (la taille Artémidore, c'est-à-dire le baryton face à Paul Agnew à partir de 3') :
En fouillant un petit peu, on a été très étonné de constater qu'il était en réalité américain (mais il séjourne apparemment souvent à Paris, il y donne régulièrement les deux Liederkreis de Schumann depuis plusieurs années, la dernière fois étant l'opus 24 au Théâtre Adyar, le 17 décembre dernier)... et qu'il avait étudié avec Richard Miller, l'auteur du traité de chant considéré comme la référence du genre : The Structure of Singing, 1986 - depuis quelques années édité en français sous le titre logique La Structure du Chant (évocation laconique, cf. §2).
Ses préceptes y sont difficiles à appliquer sans pratiquer les exercices qu'il propose avec un professeur, et la lecture de l'ouvrage par réellement éclairante - mais il s'agit sans doute d'un réservoir fécond pour le professeur de chant. Il s'agit d'une école de chant assez syncrétique, proche des normes du chant internation dans les années 70-90 - précisément ce qui est à l'opposé de l'esthétique de clarté et d'émission haute qu'on aime par-dessus tout sur CSS. [Même si, il va sans dire, on trouve des merveilles dans toutes les crèmeries.]
Et pourtant, le résultat en est une voix certes pas "haute" ni "claire" (encore que ni "tassée", ni "sombrée", et pas dépourvue de rayonnement), mais parfaite sur tous les autres paramètres énoncés en début de notule.
Il semble donc que le pédagogue Miller ne soit pas au-dessus de sa réputation, et que ses livres, pour qui en douterait, ne peuvent pas transmettre correctement sa science.
Il reste le dernier paramètre : sur la vidéo donnée (série de représentations où on l'a entendu), on a l'impression d'une voix "bridée", ce qui n'est pas du tout le résultat en salle où elle semble au contraire s'épanouir avec aisance et naturel, pas extrêmement puissante, sans aucun problème de projection - et même pourvue d'un petit "halo" charismatique généralement réservé aux voix plus graves.
On s'en rend bien mieux compte dans cet extrait artisanal de The Bohemian Girl de Balfe où le son n'a pas été mixé de façon artificielle.
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Bref, des pistes théoriques à suivre et des artistes à surveiller.
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