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Ring de poche à Saint-Quentin-en-Yvelines (Dove / Vick)


Le théâtre de Saint-Quentin proposait, en avant-première de son cycle la saison prochaine, une série de trois "scènes ouvertes" dont la dernière vient de s'achever samedi dernier. On l'avait annoncé en septembre, mais les informations étaient difficiles à réunir.

Comme le théâtre donne la saison prochaine le cycle complet de la version Jonathan Dove / Graham Vick (une refonte de trois à quatre heures plus courte, pour économiser une soirée et pouvoir le jouer sur un week-end, je suppose...), il peut être utile d'en toucher un mot.

Tout d'abord, contrairement à ce qui était annoncé

  • ce n'étaient pas des extraits de Siegfried, mais des extraits des trois autres opéras (!) ;
  • les instrumentistes n'étaient pas présents, seulement le pianiste chef de chant ;
  • le chef Peter Rundel était remplacé par son assistant - qui battait la mesure tandis que personne ne le regardait ni n'avait besoin de lui. On voit à quoi servent ces années d'entraînement, parce qu'anticiper sur un pianiste qui ne vous regarde pas... !


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Trois scènes, trois interprètes

Sur une heure :

  1. Le réveil de Wotan par Fricka dans Rheingold.
  2. Le début de l'acte II de Walküre jusqu'à la première partie du grand monologue (entrée de Brünnhilde, duo Fricka / Wotan, début du monologue de Wotan).
  3. Deux tiers de l'Immolation (du début de l' "air" jusqu'à "Ruhe, du Gott").

Ivan Ludlow se révèle un Wotan idéal pour une petite salle : grave chaleureux et généreux, verbe délicat, doté d'une présence scénique très agréable. L'aigu n'est pas toujours libéré, mais il est beau (pas très sonore en revanche, ce qui l'empêcherait de tenir le rôle dans une grande salle). Grande belle satisfaction de la soirée, un chanteur qu'on entend pour la première fois dans un rôle à sa mesure, et qui devrait faire merveille dans le lied, par exemple. Excellent dans le répertoire français également, un artiste très complet.

Nora Petročenko propose une très belle Fricka, pas très large non plus, mais dotée d'un joli vibrato serré (et d'aigus pas laids mais difficiles à sortir, apparemment pas un bon jour, elle semble terrifiée par la résistance de l'instrument). On pense beaucoup à une Dunja Vejzović petit format, aussi bien pour le vibrato que pour la couleur d'un beau violet (moins agressif cependant que son prédécesseur grand format) - ce qui est un compliment par ici.

On s'est posé plus de questions sur Cécile De Boever, une voix typée dramatique côté technique, un peu hululante, mais sur laquelle on s'est posée deux questions.
=> Considérant le projet global, rien dans l'écriture du rôle de Brünnhilde n'impose le soprano dramatique si l'on diminue la taille de l'orchestre. Et dans Walküre, le rôle pourrait très bien être chanté par un soprano de n'importe quelle catégorie, pourvu en graves - même dans l'orchestration originale.
=> La voix elle-même accuse très vite forçages et fatigue, avec un gros mécanisme pour peu de rendement sonore. Un timbre qui devait à l'origine être beau et aisé, et des graves inexistants. Vu le physique même (légèrement large d'épaules, mais pas très grande), on peut s'interroger sur la nature vocale véritable de cette interprète, qui aurait peut-être eu plus d'intérêt à travailler sa voix comme un grand lyrique qu'à la façon d'un dramatique qui ne correspond pas tout à fait à son profil et qui abîme précocément son instrument par la lourdeur de la sollicitation que la technique et le répertoire supposent.
Evidemment, pures suppositions dans la mesure où les lutins ne disposent nullement de son historique et non pas opéré une étude approfondie de sa voix. Le résultat reste séduisant dans les récitatifs, mais un peu éprouvant pour elle (et pas passionnant pour nous) dans le format Immolation.

Le pianiste accompagnateur dont je n'ai plus le nom sous la main était peu à l'aise (cela arrive dans les petites maisons où ils n'ont pas l'habitude de se produire sur scène), avec quelques pains et un peu de rigidité, mais sans abîmer non plus la poésie de l'oeuvre qui fonctionne très bien, on l'a déjà souligné, avec le seul piano. Mais faisant moi-même l'exercice régulièrement, j'étais moins intéressé par cette découverte-là que par celle d'une réinstrumentation.

Dans la proximité de la mise en scène d'Antoine Gindt, l'alchimie entre ces interprètes avait quelque chose de très familier et prenant, bien plus que dans une grande salle, à mon sens. Un vrai plaisir de ce point de vue, cette large portion du II de Walküre était véritablement magnétisante.

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Un bilan

Une frustration, donc, de ne pas avoir entendu la réduction. En revanche, la mise en scène minimaliste mais toujours en action et sympathique, et surtout le choix de scènes pas trop tubesques et parmi les plus belles permettaient de passer une excellente bribe de soirée, surtout avec de bons chanteurs !


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