samedi 9 avril 2011
Le lied en français - IX - L'Auberge du Voyage d'hiver (Das Wirtshaus, Winterreise)
(Partition française ci-après.)
N'ayant pas encore réalisé l'intégralité des partitions (pour coupler le chant avec l'accompagnement), il m'est pour une fois plus commode de profiter des services d'accompagnateurs. Je remercie donc chaleureusement Niko pour sa musicalité et sa précision, qui m'ont permis de réaliser cette prise en confort et à distance !
La qualité sonore n'est pas bonne (par ma faute), et je ne suis d'ailleurs pas en place, mais il s'agit juste de donner une idée de la couleur de cette traduction, en action, ça fera donc l'affaire...
La pièce a déjà été commentée (et enregistrée en VO) il y a longtemps.
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1. Nouvel enjeu
J'ai ici opéré le choix, en raison de la longueur du vers allemand de six accents, équivalent de l'alexandrin et potentiellement plus long, de créer deux vers (et les rimes attenantes) pour un dans le texte original.
Je crois que le parcours y gagne en évidence, et que la façon très césurée de Schubert, ménageant des silences en milieu de vers, s'y prête idéalement.
Je songe à reprendre Ungeduld, sur lequel je travaille parallèlement, avec ce même patron.
Je ne présenterai donc pas en juxtalinéaire, mais successivement les deux poèmes.
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2. Le texte
... de Müller :
Auf einen Totenacker hat mich mein Weg gebracht;
Allhier will ich einkehren, hab' ich bei mir gedacht.
Ihr grünen Totenkränze könnt wohl die Zeichen sein,
Die müde Wand'rer laden ins kühle Wirtshaus ein.Sind denn in diesem Hause die Kammern all' besetzt?
Bin matt zum Niedersinken, bin[1] tödlich schwer verletzt.
O unbarmherz'ge Schenke, doch weisest du mich ab?
Nun weiter denn, nur weiter, mein treuer Wanderstab!
... de DLM :
Dans le vieux cimetière
M'a mené mon chemin ;
J'y veux rester la nuit entière
Sans penser au lendemain.Ô vertes couronnes,
Vous ouvrirez vos bras
Au voyageur qui tâtonne
Dans l'auberge aux croix.Les chambres de la demeure
Sont-elles réservées ?
Je fus jouet d'un leurre,
Mortellement blessé.Auberge impitoyable,
Alors tu m'éconduis ?
Sur les chemin qui m'accablent,
Vers le même but je fuis.
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3. Deux mots
On constate que mon découpage suit au plus près la progression de Schubert qui réalise lui-même, dans sa mise en musique, ce partage sur le texte de Müller.
Par ailleurs, je me suis efforcé de conserver les mêmes équivoques dans mon texte que dans l'original (sur le degré de sommeil et de métaphore dont il est question) ; et il me semble que même en observant dans le détail le texte d'arrivée (sans comparaison, bien sûr, puisque la traduction n'est pas littérale), la spécificité de l'original est respectée.
En revanche, il va de soi que le poème français sans la musique pour laquelle il a été conçu est assez moche... Car son objet n'est pas de proposer une traduction valable de la poésie de Müller, mais une traduction de l'oeuvre 'collaborative' obtenue par la mise en musique de Schubert. Et le résultat n'est vraiment (oui, vraiment) pas le même.
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4. Partitions
Notes
[1] Texte original de Müller : "und".
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Projet lied français a suscité :
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