Le vrai baryton-Verdi
Par DavidLeMarrec, dimanche 21 août 2011 à :: Pédagogique - Opéra romantique et vériste italien - Glottologie :: #1811 :: rss
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En réponse à Sandrine à propos de la présence de "la 3" écrits chez Verdi, que j'excluais en dehors possiblement de Iago :
Je suis allé vérifier dans la partition, il y a bien un la 3 là où il m'avait semblé le voir, lors du toast de l'acte I. Au passage, les chanteurs intervertissent généralement tutoiement et vouvoiement (bevi => beva) pour pouvoir arriver à sortir la note.
Ce n'est pas un baryton-Verdi pour tout un tas de raisons : extension trop aiguë (le sol écrit pour un vrai baryton-Verdi, je ne suis même pas sûr d'en avoir vu, alors un ton de plus !), noirceur de timbre non requise, beaucoup de cantabile... Il faut que la voix claque, mais pas forcément qu'elle ait la large assise (un peu rauque) de Macbetto ou Rigoletto.
Ce peut être chanté, au choix, par un baryton dramatique (s'il a l'extension aiguë), au sens italien du terme : voix éclatante, mais moins centrale et dense qu'un baryton-Verdi. Un spinto, en somme.
Ou alors par un baryton de caractère : au moyen de sonorités pas toujours jolies, souvent un peu nasales, l'impact est suffisant dans les moments d'éclat, et la voix plus légère s'adapte mieux au rôle - beaucoup de moments à nu dans Iago.Le vrai baryton-Verdi, c'est un peu comme le vrai Heldentenor ou le vrai contralto, si on se met à utiliser la définition stricte, le périmètre devient très limité : Macbetto, Miller, Rigoletto, Boccanegra, Carlo di Vargas et Amonasro, c'est tout.
Les autres sont des barytons belcantistes, des barytons à la française, des basses bouffe ou des barytons de caractère...Cela dit, on peut quand même étendre la catégorie à Nabucco, Carlo (d'Ernani), Francesco Foscari, Stankar, Montfort et quelques autres dont les profils vocaux qui ne sont pas à l'origine des barytons-Verdi, mais qu'il a quand même modifiés (on pourrait dire "affermis" ou "durcis") en ce sens. Mais Iago n'en est pas, rien à voir avec le type du baryton-Verdi.
Et on rencontrera la même difficulté de frontière pour ceux qui l'ont chanté : combien faut-il en avoir chanté, lesquels, et avec quelle adéquation pour qualifier un chanteur de baryton-Verdi. Sera-ce l'agenda scénique verdien d'un chanteur ou la nature de sa voix (même s'il ne chante pas Verdi) qui devra prévaloir ?
Pour ce qui est des notes ajoutées, oui, elles sont trop attendues par le public pour être supprimées, mais elles ne doivent pas être prises en compte au départ si on veut classer la typologie que définit la partition.
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Après toutes ces précisions, je dois peut-être dire que je ne suis pas du tout un maniaque des typologies : la question est très féconde, parce qu'elle fait s'en poser beaucoup d'autres, mais j'aime beaucoup entendre les rôles interprétés par des voix qui ne sont pas prévues pour, c'est très amusant - et finalement assez souvent plus intéressant...
J'essaie donc juste de donner des jalons pour vous indiquer ce que l'on place dans telle ou telle catégorie, mais ça reste purement de l'ordre de la convention, n'importe quel baryton pourrait par exemple, dans l'absolu, chanter Rigoletto. Ca paraîtrait étrange avec un timbre d'opérette ou avec une voix de baryton-basse wagnérien, mais ce serait tout à possible.
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Pour prolonger, on peut se reporter au volet de notre histoire sommaire du baryton consacré à l'âge d'or de cette tessiture, à partir du XIXe siècle.
Commentaires
1. Le dimanche 2 septembre 2012 à , par Sandrine
2. Le dimanche 2 septembre 2012 à , par DavidLeMarrec
3. Le lundi 3 septembre 2012 à , par Sandrine
4. Le lundi 3 septembre 2012 à , par DavidLeMarrec
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