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Le lied en français - XVII - Der Lindenbaum (Winterreise n°5)


La suite du grand projet.

Bien sûr, comme d'habitude, le mètre se calque sur la prosodie musicale, et non sur un nombre fixe - l'unité étant assurée, contrairement à la tradition, par la rime.

Les rimes croisées du poème ont été respectés, le sens aussi, contrairement aux traductions qui étaient publiées dans le temps où l'on chantait le lied en français. Toutefois, j'ai ici pris quelques libertés de détail, en proposant des éléments alternatifs (qui n'altèrent absolument pas, c'est du moins mon souhait, la couleur du poème, même dans le détail), de façon à pouvoir ménager de meilleures consonances qu'en suivant de trop près l'original. Voyez par exemple les vers 9 et 18. Mais cela reste de l'ordre de l'exception.

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1. Poème

Le Tilleul

Am Brunnen vor dem Tore / Au puits, sous l'auvent sombre,
Da steht ein Lindenbaum ; / Était un vieux tilleul.
Ich träumt in seinem Schatten / J'ai fait, près de son ombre,
So manchen süßen Traum. / Grand nombre de rêves, seul.

Ich schnitt in seine Rinde / Je gravai dans l'écorce,
So manches liebe Wort ; / Bien de doux mots d'amour.
Es zog in Freud' und Leide / Jovial, vif ou sans force,
Zu ihm mich immer fort. / Vers lui menaient mes détours. [1]

Ich mußt' auch heute wandern / Hier, pâle mais sans gloire,
Vorbei in tiefer Nacht, / J'ai dû au loin me tourner ;
Da hab' ich noch im Dunkel / Là j'ai, dans la nuit noire,
Die Augen zugemacht. / Mes yeux bientôt fermés ;

Und seine Zweige rauschten, / Et ses doux rameaux qui murmurent
Als riefen sie mir zu : / Semblaient me rappeler :
Komm her zu mir, Geselle, / « Compagnon, viens sous ma ramure
Hier find'st du deine Ruh' ! / Où ton repos est scellé! »

Die kalten Winde bliesen / Les vents glacés soufflèrent,
Mir grad ins Angesicht ; / Cinglant ma face claire,
Der Hut flog mir vom Kopfe, / Emportant mon chapeau ras,
Ich wendete mich nicht. / Je ne retournai pas...

Nun bin ich manche Stunde / Distant de maintes heures,
Entfernt von jenem Ort, / De l'arbre je m'éloignai ;
Und immer hör' ich's rauschen : / Et je l'entends qui pleure :
Du fändest Ruhe dort ! / Ton repos était scellé !

[1] J'ai ici proposé dans la partition un autre vers, poétiquement plus banal, mais qui était prosodiquement bien plus efficace (le verbe sur un temps fort, et la conservation du port de voix voulu par Schubert) : "Jovial, vif ou sans force, / Vers lui j'allais toujours."


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2. Partition

Elle peut se charger directement sur cette page. L'accompagnement reste identique à l'original, présent dans une édition libre de droits à l'Université d'Indiana.

Je peux facilement produire une version adaptée à la tonalité de votre choix, sur demande.

Librement exploitable sous réserve d'en indiquer la provenance (auteur et site). Courriel apprécié en cas d'exécution publique.


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Commentaires

1. Le dimanche 20 décembre 2015 à , par forêt noire

Bonsoir,
ceci n'est pas un commentaire, mais une question.
Je ne sais si vous aurez une réponse.

Quand j'étais enfant je chantais le Tilleul sur une traduction que j'ai cherché en vain …
Tilleul toi qui vis naître, les pères de nos aïeux, je vois en toi l'ancêtre au front majestueux

2. Le lundi 21 décembre 2015 à , par David Le Marrec

Bonsoir !

Ce n'est pas une traduction mais une adaptation, manifestement (peu de rapport, si ce n'est l'adresse au tilleul, avec le poème d'origine, comme c'était souvent le cas, cela dit, dans les « traductions » anciennes de cycles de lieder – Jules Barbier a fait la même chose aux mélodies de Chopin, par exemple…).

Ce n'est peut-être pas tiré d'une publication consacrée à Schubert, mais la réexploitation pour en faire un chant patriotique qui pourrait se trouver dans une anthologie appropriée… Désolé, je n'ai pas de réponse.

3. Le samedi 11 juin 2016 à , par nicky

enfant je chantais les vers suivants
un puits devant la porte, tout près un tilleul ombreux, là-bas souvent me porte un rêve délicieux, gravés dedans l'écorce demeurent mes serments .... et là s'arrêtent mes souvenirs des cours de musique de mon collège aixois en 1948. Jamais oublié la musique mais j'aimerais savoir si quelqu'un connait la suite. Nicky

4. Le dimanche 12 juin 2016 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Nicky,

Avez-vous vérifié dans la traduction des Boutarel ? Elle se trouve assez facilement en bibliothèque ou d'occasion, et elle était chantée quelquefois au milieu du XXe siècle. Il y a peut-être d'autres traductions moins fréquentes et antérieures, qui auraient pu être utilisées. Je n'ai pas moi-même la solution, mais c'est sans doute dans ces vieilles partitions que vous la trouverez. On en trouve beaucoup chez les bouquinistes, sur Ebay (et sans doute désormais le Bon Coin). Vérifiez peut-être même sur Gallica…

Bonne chasse !

5. Le dimanche 5 mars 2017 à , par Bernard Meylan

J'arrive après la bataille... mais je suis en plein dans le sujet: je reconstitue avec un logiciel visiblement bien connu dans ce cénacle l'ensemble du volume paru chez Costallat «Édition française complète des MÉLODIES de SCHUBERT», avec la traduction de Amédée et Frieda Boutarel. La préface date de 1921, donc l'édition devrait se situer dans cette zone de temps. J'ai en ma possession le volume qui regroupe les 3 cycles: La Belle Meunière, Le Voyage d'Hiver & Le Chant du Cygne. Voici la traduction du Tilleul:

Auprès de la fontaine,
À l'ombre d'un tilleul,
Heureux, ou l'âme en peine,
J'ai fait maints rêves seul,
Gravé sur son écorce
Combien de mots d'amour;
Meurtri ou plein de force
Vers lui j'allais toujours.

Ce soir, perdu dans l'ombre,
J'ai dû passer devant;
La nuit était bien sombre,
J'ai pu le voir pourtant.
Des branches, voix lointaine,
Semblaient tomber ces mots:
«Ah viens à la fontaine,
C'est là ton doux repos!»

En vain, sur mon visage,
Soufflait un vent glacé,
Sous l'arbre, dans l'orage,
Sans hâte, j'ai passé.

Depuis, la voix lointaine,
Sans cesse dit ces mots:
Ah, viens à la fontaine,
C'est là ton doux repos!

6. Le lundi 6 mars 2017 à , par David Le Marrec

Bienvenue Bernard !

Merci pour cette information précieuse à plusieurs titres :

1) je suis très intéressé par votre version une fois achevée… elle se trouve d'occasion, mais je n'ai pas encore pu mettre la main dessus. Elle m'a l'air très honnête en tout cas – à la fois fidèle et rimée pour bien délimiter les vers à l'oreille ;

2) ce n'est donc pas la version chantée par Thill ! Plus libre, mais assez belle, je serais curieux d'entendre les autres poèmes si le cycle entier a été fait. La référence doit se trouver assez facilement en cherchant sérieusement, ce que je n'ai pas encore fait ;

3) voilà qui éclaire de toute façon les petits débats précédents, en effet !

Je dois dire que j'aime beaucoup la troisième strophe (celle de la partie agitée)… On perd l'image du chapeau envolé, mais « je ne me retournai pas » qui devient « sans hâte, j'ai passé », il y a la même idée de lassitude, et ça sonne superbement. J'ai plaisir à être jaloux de ces belles trouvailles, j'ai hâte de lire votre remise à l'honneur des époux Boutarel.

7. Le mercredi 8 mars 2017 à , par Bernard Meylan

Merci, David, pour votre accueil!

Je me ferai un plaisir de vous envoyer un pdf (qui sera quand même assez «costaud»...) de cet ouvrage. D'après ce que je puis voir, il s'agirait d'une reliure des 3 cycles parus séparément; la couverture est sommaire, cartonnée et sans aucune fioriture ou image, juste le titre mentionné plus haut. Par contre, les 3 cycles sont pourvus de couvertures bien dans le style du Costallat du début 1900. Il y a deux préfaces: celle de l'éditeur avec pour titre: La Nouvelle Édition complète des Mélodies de Schubert (donc Costallat a édité, ou du moins a eu le projet de le faire, l'intégrale des mélodies de Schubert connus au début du siècle passé); la deuxième préface est signée des deux traducteurs. Les préfaces sont contenues au début de chacun des trois cycles et sont identiques à chaque fois.

8. Le mercredi 8 mars 2017 à , par David Le Marrec

Ce serait avec très grand plaisir !

Merci Bernard.

9. Le mardi 19 décembre 2017 à , par Bernard Meylan

Une «version beta» du cycle devrait se trouver dans votre boîte courriel.

10. Le mardi 19 décembre 2017 à , par DavidLeMarrec

Bien reçu, merci beaucoup ! De la très belle ouvrage – et, effectivement, la traduction est vraiment réussie (même si j'ai ponctuellement des divergences sur le principe ou le résultat). Je ne me serais sûrement pas lancé dans l'aventure si j'avais pu constaté qu'il en existait une aussi satisfaisante !

Je la testerai prochainement avec grand plaisir.

11. Le samedi 8 août 2020 à , par Michel de Ronchin

J'ai toute ma vie fredonné ce lied dans une adaptation apprise en 1956 pour une fête d'école. Ci après les quelques vers qui me sont restés :
Ce soir, à travers l'ombre, j'ai dû passer par là.
La nuit était bien sombre, pourtant mon coeur saigna.
Je suis loin du village, pourtant j'entends toujours
Le bruit de son feuillage,
Ami ne nous fuis pas, ami ne nous fuis pas !

Peut être l'œuvre d'un poète local ?

12. Le mercredi 12 août 2020 à , par DavidLeMarrec

Bienvenue Michel !

Il existe depuis longtemps des versions françaises : celle des Boutarel (jamais enregistrée, mais éditée – ce n'est pas elle, j'ai vérifié), celle chantée par Georges Thill…

L'hypothèse d'une traduction faite par un poète local n'est pas à exclure non plus. Vérifiez tout de même la version de Thill, il y a longtemps que je ne l'ai pas écoutée, peut-être est-ce la même (et l'on doit alors aisément retrouver le poète).

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