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Mel Brooks & Stéphane Laporte - Frankenstein Junior


(Théâtre Déjazet, représentation du vendredi 10 février 2012.)

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1. L'objet

Pour situer : le film de 1974, qui reprenait exactement le fameux film de James Whale de 1931, a été adapté (sur le modèle de l'immense succès de The Producers) en comédie musicale et créé tout récemment, en 2007. Mel Brooks en a composé lui-même la musique, et réalisé le livret avec Thomas Meehan, d'après son scénario co-écrit avec Gene Wilder.

C'est donc à l'issue de sa carrière (moins brillante que The Producers, évidemment) à Broadway qu'elle apparaît en France dans l'adaptation de Stéphane Laporte.

Le fantaisiste théâtre Déjazet était tout indiqué, malgré l'étroitesse du plateau, pour l'accueillir. Les représentations ont été prolongées et les lutins de céans ont assisté à une représentation donnée par la seconde équipe... Pourtant, la salle était très peu remplie (parterre plein aux trois quarts, le reste totalement vide). Et aussi affables qu'à l'habitude, la maison dispensait des réductions généreuses (sur ma bonne mine, en l'occurrence) ! Comment peuvent-ils équilibrer leurs frais ?

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2. L'aspect

Ce spectacle se révèle tout à fait roboratif. Il suit au plus près le découpage et les événements du film. Son rythme dramatique, sa fantaisie dans les chorégraphies et les dialogues, transportent avec énormément d'entrain pendant tout le premier acte.

L'adaptation française de Stéphane Laporte fonctionne remarquablement bien, les dialogues restent tranchants et les lyrics ne souffrent d'aucune faiblesse prosodique (dans le genre qui est le sien bien sûr).

Les allusions lestes, déjà présentes dans l'original, sont augmentées (au bas mot doublées) et constituent la majorité des ressorts comiques. C'est surtout dans la seconde partie, lorsque l'action s'alentit et se change en tableaux de caractères (modérément profonds), que la répétition des mêmes figures devient assez lassantes.

On peut en dire autant de la veine musicale : parentés évidentes avec le Broadway jazzy et la grande tradition filmique (beaucoup de récurrence des thèmes), avec quelque chose d'un peu plus pop-des-années-70 peut-être dû à l'usage d'une bande de sons synthétisés et préenregistrés. Le tout est très bien écrit (et laisse admiratif pour un relatif dilettante - a-t-il vraiment tout composé et orchestré lui-même ?).

Le résultat est une pièce immédiate, ouvertement rigolarde, d'un grand élan ; malgré son deuxième acte moins dense musicalement, dramatiquement et humoristiquement, une expérience assez délectable.

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3. L'exécution

Voici la seconde distribution :

Mise en scène : Ned Grujic
Adaptation : Stéphane Laporte
Chorégraphies : Philippe Bonhommeau et Cathy Arondel (claquettes)
Réalisation de la partie instrumentale : ?

Frederick Frankenstein : Vincent Heden
Igor : Alexandre Faitrouni (remplaçant Zacharie Saal)
Inga : Camille Glémet
Elizabeth : Cloé Horry (remplaçant Gaëlle Pinheiro)
Frau Blucher : Valérie Zaccomer
Kemp : Arnaud Delmotte
Victor Frankenstein : Arnaud Delmotte
L’Ermite : Arnaud Delmotte
Le Monstre : Patrice Latronche
Et aussi : Céline Legendre-Herda, Sandrine Mallick, Brice Trippard, Arnaud Gromard, Alexia Rey

Je dois m'avouer extrêmement impressionné par la qualité des interprètes. D'abord, même si c'est un lieu commun, par leur versatilité : comédiens incisifs, danseurs plein d'aisance, chanteurs capables d'ajuster leur émission de façon spectaculaire selon les caractères campés (Arnaud Delmotte !) - et même, dans l'absolu, tout simplement très bien chantés.

Tous ceux qui ont vu le spectacle ont tiré leur chapeau à Valérie Zaccomer, qui surpasse de très loin son modèle cinématographique avec son visage crispé et solennel, quelque part entre Mrs Denvers et le stéréotype de la vieille fille pathétique. Au demeurant, la parodie de cabaret allemand "He vaz my boyfriend" est très réussie, mais c'est avant tout l'actrice qui sidère, vraiment.

Vocalement, je suis également très admiratif de Vincent Heden, émission droite et franche typique du musical, mais sans nasalité et sans mannérismes, vraiment maîtrisé de bout en bout.

Mais malgré l'intérêt très relatif de sa partie vocale, c'est le grain très spécifique de Cloé Horry (qui fait écho au cabaret également, avec quelque chose de légèrement froissé dans un timbre pourtant dense) qui m'aura le plus séduit.

Et personne ne chante mal, même si Camille Glémet demeure clairement moins charismatique (à tous les niveaux) que ses camarades.

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Vraiment réjouissant, et la preuve qu'il est possible d'écrire du théâtre lyrique sans alanguissements dramatiques, choses auxquelles on s'accoutume, faute de mieux, à l'Opéra...

Toute ma compassion aux parents qui, manifestement abusés par le titre français, ont emmené leurs enfants... et ont dû passer une fin de soirée un peu difficile à expliquer un nombre fameux d'allusions...
C'était manifestement aussi leur opinion, ils avaient avisément disparu à l'entracte, le reste de la soirée n'aura pas été de trop pour maquiller les pots cassés...



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