Samuel Barber : Vanessa & son expérience scénique
Par DavidLeMarrec, dimanche 3 juin 2012 à :: Opéras des écoles du vingtième siècle - Les plus beaux décadents - Discographies - Saison 2011-2012 :: #1982 :: rss
A ce jour, peut-être la plus belle soirée de la saison. L'occasion de présenter l'oeuvre.
Tiré de l'acte II de la partition de 1958, dans le studio de Mitropoulos la même année. Successivement : Regina Resnik, Rosalind Elias, Eleanor Steber, Nicolaï Gedda, Giorgio Tozzi.
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1. L'espérance d'une entrée durable au répertoire
Je tiens Vanessa pour l'un des plus beaux opéras du répertoire, et singulièrement dans le second vingtième (1958). Dans une esthétique similaire (avec un langage essentiellement tonal, un orchestre "atmosphérique" assez rond, une prosodie un peu vaporeuse, un livret "psychologique" soigné), il mériterait une place très régulière au répertoire, et même davantage que les opéras de Britten.
Car la réussite de Vanessa ne peut se comparer qu'à très peu de pairs : ils sont rares, ces opéras qui séduisent simultanément pour la qualité de leur musique, la prégnance de leur atmosphère, les vertus littéraires de leur livret et, concernant les amateurs de voix, l'exaltation glossolalique. C'est cette rencontre singulière entre une couleur musicale et une couleur dramatique qui a bâti le succès d'opéras comme Don Giovanni ou Tosca. Malgré un sujet un peu moins grand public, il n'y aurait pourtant pas grande raison, vu la sociologie des salles d'Opéra (plus portées vers la littérature contemplative que la moyenne des consommateurs culturels), pour que l'oeuvre ne trouve pas sa place durablement sur les scènes.
Comme, néanmoins, on ne l'entend pas très souvent, et que la seule version couramment disponible chez les disquaires vient d'être rééditée par RCA sans livret, un mot sur son intrigue.

Eleanor Steber en 1937, créatrice du rôle-titre en 1958.
Pour information, le studio de Mitropoulos se trouve en libre écoute sur MusicMe.com (flux légal), et le livret se existe en ligne sur le site de la RAI (donc en principe avec des droits acquittés) ou sinon, de façon moins assurément en règle, avec ce bilingue français chez livretpartition.com.
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2. Synopsis
Il est recommandé de ne pas lire cette section si l'on souhaite découvrir l'oeuvre prochainement, certains coups de théâtre méritent d'être découverts au fil de l'écoute.
Trois personnages féminins, de trois générations différentes, vivent dans un château servi par de nombreux domestiques : la vieille baronne, sa fille Vanessa, et la nièce de celle-ci, Erika. Il est question de vingt ans d'attente pour le retour d'Anatol, mais le livret indique que Vanessa n'est que in her late thirties.
Cinq sections, chacune de longueur assez équivalente, mais réparties en trois actes dans la version de 1964 jouée à Herblay - à l'origine, c'était quatre actes. Notre librettiste Gian Carlo Menotti, dans cette création originale assez aboutie, a tout de même, en accord avec le compositeur, revendiqué l'inspiration des atmosphères des Sept Contes Gothiques d'Isak Dinesen (Karen Blixen).
I,1 : Vanessa attend fiévreusement le retour d'Anatol, qu'elle a aimé mais qui s'est marié au loin, et qu'elle a attendu vingt ans. Anatol arrive, mais il se révèle le fils du premier. Vanessa quitte la pièce et Erika fait la conversation à Anatol qui fait très vite sentir ses prétentions.
I,2 : Un mois plus tard. Erika raconte à sa grand-mère comment elle s'est donnée à Anatol, mais quelle lucidité elle a sur son absence de désintéressement. Elle le voit rire avec Vanessa qui s'éprend de toute évidence de lui, et repousse l'offre de mariage qu'il lui fait discrètement mais froidement.
Dans la version originale, ce tableau constitue l'acte II.
II : Le bal de fiançailles de Vanessa. Erika refuse de descendre pour entendre l'annonce. Lorsqu'elle arrive enfin, elle s'évanouit dans l'escalier, puis prend la fuite dans la neige.
III,1 : La chambre d'Erika, à l'aube. Vanessa se tourmente de la disparition de sa nièce, finalement rapportée. Elle est sauve, mais elle révèle à sa grand-mère que son enfant ne naîtra pas.
III,2 : Départ de Vanessa, qui part avec Anatol s'installer à Paris. Quintette moralisateur sur l'impermanence et les jeux de rôles de la destinée. Erika prend désormais la place de Vanessa, seule en charge de la vieille baronne qui ne lui parle plus non plus.
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3. Structure
La construction de l'oeuvre, aussi bien dramaturgiquement que musicalement, s'appuie sur des visions subtiles et mouvantes. Le sujet, déjà, est en décalage avec son titre : Vanessa n'est pas la jeune première, mais une quasi-quadragénaire qui conserve l'idéal des jeunes filles. En réalité, le personnage central et le plus touchant du drame est sa nièce Erika, qui est au contraire d'une grande lucidité, empreinte de dureté quelquefois comme lorsque de son refus de la demande en mariage d'Anatol, sur des motifs trop exacts pour une femme amoureuse.
Toute l'oeuvre laisse planer diverses interrogations sur la nature du sentiment amoureux et de sa construction, de la projection illusoire faite par Vanessa (Anatol Jr serait la même âme que son père à son âge) à l'évidence violente mais solennelle ressentie par Erika (se livrant sans résistance mais sans illusions au séducteur), deux postures distinctes de la légèreté (voire à l'intérêt) d'Anatol ou de la grivoiserie du Docteur. Cela se mêle à la question de l'impermanence de l'identité, et évidemment de l'âge, de la (pré)destination.
Une qualités majeures du livret réside dans son amoralité, alors que tout y est question de morale : impossible de décider qui a raison. A chaque relecture, à chaque réécoute, d'autres considérations semblent se glisser dans les interstices du texte. Anatol, l'usurpateur, le chercheur, par certains aspects, semble plus franc que ses amantes éprises d'absolu, si bien qu'on peut s'interroger sur l'égoïsme, en miroir, des deux femmes. Puis on en revient au sens plus immédiat du livret, et les responsabilités tournent à l'infini, un peu comme dans un Così fan tutte non archétypal.
La musique elle aussi communique ce trouble : assez peu mélodique, aux angles arrondis, aussi bien les lignes vocales que les atmosphères orchestrales ont quelque chose de vaporeux, alors même que leur langage reste assez concrètement tonal - les fréquentes ponctuations de vents évoquent avec insistance Britten, mais un Britten plus ferme, plus éloquent. Malgré son intrigue très réaliste, l'oeuvre semble fonctionner sur la poétique de l'évocation, et ses personnages, pourtant aptes à s'épancher en théorisation, ne produisent jamais un métadiscours clair. Pas d'archétypes, pas de propos auctorial lisible, même dans le quintette assez largement démenti par ce qui le précède et le suit.
Et cependant, le galbe prosodique demeure ferme, et la parole d'Erika en particulier possède une réelle force déclamatoire, « à l'ancienne » pourrait-on dire.

Rosalind Elias (ici en Olga d'Eugène Onéguine), créatrice du rôle d'Erika en 1958.
Dans le même ordre d'idée, la chanson Under the Willow Tree, pensée comme une sorte de tube, parcourt malicieusement l'oeuvre sous toutes formes de couleurs et d'émotions.
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4. Représentation
Dans une telle soirée, on attendait trois choses :
1) entendre l'oeuvre en action, condition forcément accomplie ;
2) une mise en scène opérante, pas trop naïve (éviter les ors inutiles), pas trop statique, ce qui était très bien réussi par Bérénice Collet dans la scénographie de Christophe Ouvrard ;
3) une Erika capable de ne pas paraître immédiatement fade face à l'ombre de Rosalind Elias.
Il faut préciser ici l'anecdote célèbre : Maria Callas fut d'abord approchée pour le rôle de Vanessa, mais déclina. Considérant ses goûts et son style vocal, j'y vois surtout le fait qu'elle n'avait pas d'affinités pour les musiques complexes (ses Wagner étant déjà extrêmement linéaires et "vocaux"), et n'aimait probablement pas particulièrement la musique de Barber. Mais on a surtout avancé le fait, sans doute exact aussi, que Vanessa n'était finalement pas, en dépit de quelques traits brillants, le rôle principal de l'opéra, et que la diva craignait de rester dans l'ombre lors de ses représentations (elle qui n'hésitait pas à recommander aux chefs, contrat à l'appui, de couper dans les parties de ses collègues récalcitrants...).
La création par Mitropoulos (ainsi que les représentations de Vienne qui suivirent et le studio) devait se faire avec une autre étoile de la scène européenne, Sena Jurinac, remplacée par Eleanor Steber - qui aurait été un premier choix évident, ne fût-ce que pour la qualité de langue. A ses côtés, la jeune Rosalind Elias en Erika, dont l'intensité du timbre et la profondeur de ton saisissent d'emblée, avec pour sommet les brefs extraits parlés de l'acte II. Il était donc périlleux de reprendre le flambeau sans pâlir.

Portrait officiel de Diana Axentii, Erika au théâtre Roger Barat d'Herblay.
Diana Axentii surpassait les espérances en la matière : sa voix dense et épanouie avait la fermeté de ligne et l'inspiration de verbe pour accomplir très-dignement les grandes interventions de son personnage. De surcroît, l'actrice combine très à propos une aisance scénique capitale pour soutenir le spectacle et une forme de pudeur, de gaucherie gracieuse qui sied parfaitement à ce personnage de jeune débutante confrontée à la fausseté de ses rêves.
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5. Orchestre OstinatO & Conservatoire d'Herblay
Commentaires pour la représentation du 26 mai 2012.
Pour cette dernière, Iñaki Encina Oyón dirigeait (à la place du directeur musical habituel, à la baguette les autres soirs, Jean-Luc Tingaud) l'orchestre-atelier OstinatO sur lequel on avait exprimé en amont quelques réserves.
Les entendre a conforté ma perplexité : il s'agit d'un orchestre qui se définit comme un lieu d'insertion professionnelle, or le niveau, aussi bien individuel que collectif, est très inférieur aux bons orchestres de conservatoires régionaux. La mise en place bien sûr, mais ne serait-ce que la justesse : toute la soirée, les cordes jouent à des diapasons différents. En plus de cela, pour de jeunes gens motivés, on a sans cesse le sentiment d'une absence d'intérêt et d'enjeu : au delà même de l'engagement, les articulations sont lâches et désordonnées.
Le résultat sonne bien davantage comme un orchestre de cacheton (très moyen d'ailleurs) que comme un orchestre de formation pour les titulaires de pupitres de demain dans les orchestres institutionnaels.
Les musiciens en semble au demeurant tout à fait conscient : dans les rues d'Herblay et sur les quais du Transilien, ils se charrient joyeusement "ah, tu trouvais que tu jouais faux ? mais non, c'était moi, derrière !". Cette candeur a quelque chose d'agréable dans ce milieu professionnel qui y est peu enclin, toutefois on aurait aimé, en tant que spectateur, un peu plus d'enjeu pendant la représentation... Et on ne peut même pas dire qu'ils faisaient la moue parce qu'ils devaient jouer des ploum-ploum donizettiens !
Toutefois, une source proche du dossier m'a indiqué que, sous la direction de Jean-Luc Tingaud, le son de l'orchestre était bien plus dense et le résultat beaucoup plus propre et cohérent, les autres soirs.
Le Conservatoire d'Herblay participait pour la musique de scène de l'acte II : tout était complètement faux et décalé, mais bien intégré à la mise en scène, ce qui produisait un aspect comique un peu en décalage avec la magnificence suggérée par le livret, et cependant très conforme aux pitreries du médecin de famille. Le tour de passe-passe était assez réussi et sympathique.
Ce qui impressionne le plus demeure la résistance - à peine croyable - de la musique de Barber, qui fonctionne totalement malgré la déroute orchestrale. Je n'aurais vraiment pas envisagé que ce type de musique, relativement touffu et "abstrait", puisse avoir une solidité comparable à Beethoven, alors que ses fondements ne sont pas aussi facilement identifiables.
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6. Chanteurs
Nul doute cela dit que cet équilibre n'aurait pas existé si le plateau n'avait pas été d'aussi haute tenue. Avec des chanteurs un peu moyens, la soirée aurait peut-être sombré. Ici, c'est tout le contraire.
J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de Diana Axentii (Erika), qui parvient à soutenir de façon captivante le rôle le plus intéressant de l'ouvrage. Le seul moment pas tout à fait réussi est, à l'acmé de la pièce, les quelques paroles parlées de la descente de l'escalier ( « His child ! » ), un peu ternes et artificielles. Tout le reste est admirable. Pour information, née en Moldavie mais formée au Conservatoire de Lyon.
En Anatol, Thorbjørn Gulbrandsøy (dont le programme de salle a banni les diacritiques !) révèle une voix limitée en puissance, mais d'une grande douceur, d'une rondeur claire et égale, une vision d'Anatol plus attachante qu'à l'accoutumée. Manipulateur presque ingénu, et en tout cas tout à fait séducteur. L'exact opposé du portrait (passionnant au demeurant) dressé par Gedda grimaçant, qui était une sorte de handsome Loge.
A l'origine, c'était un baryton clair aux couleurs très légères, mais pas dépourvu de graves, un peu le profil de Max van Egmond. Son timbre de ténor (très beau) est moins original, mais le chanteur doit de toute évidence y être plus à l'aise, moins obligé d'alléger sans cesse. La preuve tout de même qu'il est possible de choisir sa tessiture, et que les mythes de la « vraie voix » demandent à chaque fois d'être remis en perspective avec la technique utilisée. En l'occurrence, avec la luminosité particulière des voix norvégiennes, Gulbrandsøy était très bon également comme baryton.
Yun Jung Choi (Vanessa), naguère membre de l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris, s'acquitte avec une certaine assurance d'un rôle étrange, à la fois très lyrique et assez peu mélodique, sans l'assise déclamatoire qui caractérise Erika. Techniquement, le plus exigeant de la partition. La voix est celle d'un lyrique assez léger, très différent de la tradition des voix sombres censées sonner plus mûres des premières titulaires du rôle ; voix douce, placée un peu en arrière, dont la partie la plus haute, quoique tendue, demeure gracieuse. Une Vanessa qui n'a pas une épaisseur immense, mais qui existe avec talent.
Jacques Bona (Le Docteur) a sans doute perdu de sa superbe (quoique tout à fait audible, le volume semble "éteint", comme cela arrive avec les voix déclinantes), mais le timbre demeure beau, et l'acteur extrêmement sympathique. Et puis, rien qu'à son nom, toute une époque de défrichages baroques passe avec émotion.
Seule déception du plateau, Hélène Delavault (la Vieille Baronne) n'a jamais été une grande technicienne, du moins à partir de l'époque où je peux accéder en enregistrements, avec une voix toujours terne, pas impeccablement juste, qui se déchire de façon un peu hurlante. Si bien que j'avais exprimé un peu d'appréhension. Mais l'instrument est réellement en coma dépassé à l'heure actuelle : les lignes sont méconnaissables, le texte ne peut même plus être articulé tant la voix bave - pardon pour le mot indélicat, le résultat est réellement celui-ci, les notes s'étendent successivement sur plusieurs notes, en passant éventuellement par la bonne. Je répugne toujours à dire du mal, surtout des artistes francophones, toutefois j'avoue ne pas avoir trouvé de bien à dire. Non seulement on n'est pas obligé d'employer une voix qui sonne vieille pour ce rôle court et cassant, bien au contraire ; mais surtout, une voix capable de tenir les quelques notes écrites est quand même souhaitable.
A noter tout de même que, dans le quintette, ses efforts d'allègement paient, le timbre hurle moins et l'ensemble n'est pas gâché.
Et tout le monde se fondait remarquablement dans une mise en scène assez littérale, et cependant sobre et mobile, une belle réussite scénique à tout point de vue.
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7. Discographie
Pour découvrir l'oeuvre, le studio de Dimitri Mitropoulos (Steber, Elias, Gedda, Tozzi, Resnik, Met O - 1958 RCA) s'impose (en libre écoute en début de notule), aussi bien pour son atmosphère générale que pour les voix (glorieuses et expressives en diable). Et l'orchestre y est le plus naturel et le plus éloquent de tous - réellement un des grands studios de l'histoire du disque. Les représentations de Vienne (Steber, Elias, Gedda, Tozzi, Malaniuk, OP Vienne - 1958 Orfeo) sonnent plus "modernes", mais surtout moins libres et naturelles. On entend cela dit la partition sous un autre angle.
Dans ces deux versions, l'incarnation de Rosalind Elias me paraît aussi l'une des plus abouties jamais portées par un disque - malgré la magnificence vocale, le sens et l'intention suent par tous les pores de chaque phrasé.
Je n'ai pas eu l'occasion d'écouter le studio de Leonard Slatkin (Brewer, Graham, Burden, Neal Davies, Wyn-Rogers, BBC SO - 2003 Chandos), dont la distribution est extrêmement prometteuse, du moins si Graham trouve le relief nécessaire dans sa voix moelleuse. Gil Rose chez Naxos (Chickering, Andrea Matthews, Bauwens, Conrad, Dry - 2002) est assez réussie orchestralement, dans un genre plus "moderne" que lyrique, néanmoins les voix ne sont pas merveilleuses, assez contraintes.
Il n'existe pas d'autre publication officielle parvenue à ma connaissance.
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8. Bilan
Etrange soirée, donc, où la déroute voisinait avec le professionnalisme, voire l'excellence. En définitive, le plaisir d'entendre Vanessa, tout en voyant la pièce en action, l'emporte sur toute autre considération.
Et un grand merci à mon parrain de la soirée, sans la vigilance duquel j'aurais manqué l'événement !
[Au passage, j'ai lu en ligne un compte-rendu faisant des ponts avec la musique de Puccini ; rien ne me semble plus loin de l'esprit de cet opéra que du Puccini, puisque tout y refuse l'éclat (à trois ou quatre explosions orchestrales près, un peu banales), et que le drame tient tout entier dans les ombres de psychologies mal dévoilées. Rien de spectaculaire ou d'extérieur. Cette question de l'identité secrète qui se déchire me paraît beaucoup plus proche d'Ibsen que du misérabilisme vériste, des contes de Britten que des grandes fresques folkloriques.]
Commentaires
1. Le dimanche 3 juin 2012 à , par Ugolino le profond
2. Le dimanche 3 juin 2012 à , par DavidLeMarrec
3. Le dimanche 3 juin 2012 à , par Ugolino le profond
4. Le mercredi 6 juin 2012 à , par DavidLeMarrec
5. Le jeudi 7 juin 2012 à , par Ugolino le profond
6. Le samedi 9 juin 2012 à , par DavidLeMarrec :: site
7. Le mardi 12 juin 2012 à , par du78
8. Le mardi 12 juin 2012 à , par Ugolino le profond
9. Le mercredi 13 juin 2012 à , par DavidLeMarrec
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