Le disque du jour - LI - Shéhérazade de Ravel par Kožená / Rattle
Par DavidLeMarrec, vendredi 6 juillet 2012 à :: Le disque du jour - Poésie, lied & lieder - Mélodie française :: #2005 :: rss
[On peut écouter le disque en ligne, gratuitement, intégralement et légalement, sur Musicme par exemple.]
Aujourd'hui est un petit événement. Car Carnets sur sol, temple officieux de l'interlope, du confidentiel et du bizarre, va commenter (et recommander !) une nouveauté de Deutsche Grammophon.
Il faut dire qu'il s'agit d'une artiste à qui l'on a déjà consacré un rapide portrait, où figuraient en exemple des extraits de ses Shéhérazade de Ravel, peut-être sa plus belle réalisation.
Aujourd'hui Magdalena Kožená, après avoir consacré des programmes aux italiens du premier XVIIe, à Bach, à Vivaldi, à Mozart, à l'opéra romantique français (Boïeldieu, Auber, Verdi, Berlioz, Gounod, Thomas, Offenbach, Bizet, Massenet, Ravel), à la mélodie tchèque (Dvořák, Janáček, Martinů), à la mélodie décadente internationale (Ravel, Schulhoff, Respighi, Chostakovitch, Britten)... propose trois cycles de lieder orchestraux propices à la rêverie, en trois langues : Chansons bibliques de Dvořák dans sa langue maternelle, Rückert-Lieder de Mahler et, tant attendue depuis toutes ces années, Shéhérazade de Ravel.
Le reste l'album est très beau : même les Rückert, qui manquent un peu d'ampleur et doivent sonner malingres en concert, surtout accompagnés par l'opulence du Philharmonique de Berlin, montrent une remarquable gestion musicale d'un souffle plutôt court et de nuances essentiellement douces. On y retrouve cette voix presque droite qui se pare d'un vibrato rapide et de faible amplitude, d'une belle couleur orangée à la fois froide et incandescente.
Tout le disque est donc réussi, mais ce qui justifie l'achat est assurément la parution de cette meilleure version des poèmes Tristan Klingsor mis en musique par Ravel. Evidemment, le studio n'est pas aussi frémissant que les versions de concert qu'elle a données au milieu des années 2000, mais il conserve les mêmes qualités de clarté d'élocution, de pouvoir évocateur des mots et de très grande musicalité. On avait, dans la notule consacrée au portrait, décrit plus précisément les procédés de fascination - en particulier pour la section lente « Je voudrais voir des calumets ».
La surprise n'est pas là : que ce soit fantastique, on l'attendait ; que ce soit un peu moins frémissant que le concert, on s'en doutait.
En revanche, dans une discographie finalement peu superlative (étrangères aux dictions trop déformées ou grandes chanteuses francophones inhabituellement inhibées), on peut être surpris que Kožená l'emporte sans réserve, de mon point de vue, sur la noblesse de Véronique Gens, qui manque un peu de souplesse et d'abandon. J'espérais beaucoup de ce disque (avec John Axelrod, un des rares chefs à avoir enregistré du Schreker, et l'Orchestre des Pays de Loire, chez Ondine), et Shéhérazade, quoique peut-être la seconde meilleure lecture discographique de ce cycle, n'est pas aux sommets auxquels parvient souvent, et que nous as montrés Kožená. (Au demeurant, très belle version remarquablement intelligible d'Herminie.)
Commentaires
1. Le mercredi 25 juillet 2012 à , par rhadamisthe :: site
2. Le mercredi 25 juillet 2012 à , par DavidLeMarrec
3. Le mercredi 25 juillet 2012 à , par rhadamisthe :: site
4. Le jeudi 26 juillet 2012 à , par DavidLeMarrec
5. Le jeudi 2 août 2012 à , par rhadamisthe :: site
6. Le jeudi 2 août 2012 à , par DavidLeMarrec
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