Die schöne Müllerin par Fritz Wunderlich : déchéance et révisions d'écoutes
Par DavidLeMarrec, mardi 4 septembre 2012 à :: Poésie, lied & lieder - Disques et représentations - Discourir - Carnet d'écoutes :: #2066 :: rss
Au cours d'une profonde actualisation (nombre de versions doublé) prévue de la discographie de la Belle Meunière, j'ai réécouté le studio Wunderlich / Giesen, auquel j'ai finalement peu touché (et j'aime davantage ses versions sur le vif). J'en avais un souvenir agréable, d'une version peut-être un peu sage, mais très bien chantée et très correctement expressive.
Et je suis interdit, pour ne pas dire horrifié.
Tout est chanté d'une manière lyrique et assez insensible au texte, de longs déroulés mélodiques au timbre homogène, sans contraste, sans relief sur les mots. En outre, le timbre, un peu nasal et crispé au niveau du point de "démultiplication", ne sonne pas particulièrement séduisant à mes oreilles. Pour tout dire, je trouve alors le disque assez désagréable, et ayant écouté peu avant plusieurs versions exceptionnelles de l'oeuvre, presque insupportable - chose que je ressens assez rarement pour des questions d'interprétation.
Oh, je n'entends pas déboulonner une "fausse valeur" ou me targuer d'être l'esthète clairvoyant qui dénonce l'imposture, cet enregistrement a des vertus et n'est pas chéri pour rien. Mais après avoir beaucoup pratiqué le texte de la Belle Meunière (et entendu beaucoup d'enregistrement superlatifs depuis ma dernière écoute de cette version, aussi !), je suis frappé avec une rare force par l'indigence inattendue de cette version mythique - d'une grande absence expressive quant aux mots. Alors que je l'avais trouvée par le passé certes un peu "vocale" pour moi, mais tout à fait agréable, convaincante et réussie. Récemment encore, je disais plutôt du bien de son Dichterliebe, qui ne me paraît pas tout à fait de la même farine.
Ce type de réévaluation fait partie des mystères et des émerveillements du mélomane. Les oeuvres restent, mais la façon dont on aime les entendre peut évoluer de façon profonde, avec des allers et retours sur des enregistrements qu'on va tour à tour aimer et détester. Rien que le passage d'un même disque avec une écoute globale, une écoute avec texte en main ou une écoute avec partition change tout - les attentes et les satisfactions changent du tout au tout. Et évidemment les expériences d'auditeur entre chaque écoute influent considérablement.
Les oeuvres ne subissent généralement pas ces mutations à même fréquence et même force, tout simplement parce que l'évaluation d'une interprétation se fait, le plus souvent, par rapport à ce qu'on a envie d'entendre dans cette oeuvre.
Ces confessions ruineront sans doute le peu de crédit qui pouvait rester à ma réputation d'homme de goût,
mais je trouve, au delà de mon opinion ou de mon ressenti (qui n'ont pas vocation à universalité), l'expérience assez intéressante, elle fera vraisemblablement écho chez quelques lecteurs.
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J'aurai peut-être l'occasion de parler prochainement, à l'occasion d'une discographie du Fliegende Holländer, d'évoquer le chemin inverse - avec la révélation, au terme d'un long voyage à travers la partition, la scène, la pratique, la discographie d'une oeuvre, pour une version jadis réprouvée.
Commentaires
1. Le mercredi 5 septembre 2012 à , par rhadamisthe :: site
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3. Le jeudi 6 septembre 2012 à , par Sandrine
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