lundi 1 octobre 2012
Le disque du jour - LV - Cinquième Symphonie de Bruckner par Günter Wand / DSO Berlin
Malgré ses aspects austères (et un mouvement lent moins avenant que dans la plupart des autres symphonies de Bruckner : 00,0,1,2,3,7,8,9...), la Cinquième de Bruckner est celle qui, à mon sens, bénéficie de la poussée motorique la plus impressionnante, avec une impression d'unité supérieure à la Septième ou à la Neuvième.
Mais, avec ses cuivres à découvert, ses unissons et ses jeux de tirasses, elle peut facilement paraître terriblement pompière, d'une emphase à la limite de l'insupportable. Même les interprétations partout louées, comme Eugen Jochum en 1964 à l'Abbaye Ottobeuren, ne font parfois que flatter ce travers.
C'est pourquoi la grandeur s'accommode fort bien, ici, d'un peu de tension (et d'allant). Qu'on ne trouve nulle part plus forts que dans cette collaboration entre Günter Wand et le Deutsches Symphonie-Orchester Berlin (ex-RIAS, radio de Berlin Ouest). L'ensemble des disques laissés (chez Hänssler) par ce couple voisine d'ailleurs sur les mêmes sommets : la meilleure Héroïque que j'aie pu entendre (d'assez loin), des Brahms et Schumann de premier choix, tous avec la même qualité de timbre, de tension, de progression et de lisibilité structurelle.
Les témoignages de Wand avec la NDR (parfois dans les mêmes oeuvres) ont un entrain semblable, mais ni ce grain, ni cette tension, ni cette profondeur ; et ceux avec le Philharmonique de Munich semblent presque terne en comparaison.

Dans le cas de cette Cinquième, on se trouve à un degré d'exaltation de la partition qu'on entend rarement : on peut comparer ça à la Deuxième de Mahler par Abbado ou à la Quatrième de Schumann par Furtwängler, une sorte de fureur démiurgique qui semble malgré tout planer avec sérénité au-dessus de l'oeuvre.
Même si cela n'a pas vraiment de sens, un extrait du final :
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Le disque du jour - Domaine symphonique - Musique romantique et postromantique a suscité :
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