Cadences décadentes (et Diapason)
Par DavidLeMarrec, mercredi 16 janvier 2013 à :: En passant - brèves et jeux :: #2177 :: rss
Juste un mot pour signaler dans Cadences (cela concerne essentiellement les franciliens, sauf à commander un abonnement payant à un magazine gratuit) un excellent article sur Zemlinsky par Michel Fleury. Le processus esthétique qui conduit aux post-postromantiques et décadents est expliqué assez finement en parallèle avec la découverte de l'atonalité, les parcours de Schönberg et Zemlinsky sont mis en regard, les spécificités du compositeur assez exactement mises en lumière (ses origines brahmsiennes, sa sophistication, ses couleurs sombres, moins exubérantes que les autres novateurs). Du fait du format, l'explication est très dense, c'est une excellente introduction à la question des écoles musicales (en tout cas germaniques) du début du vingtième siècle.
Autre modèle
Voilà le genre de chose que je n'ai jamais lu chez Diapason, mais je n'ai peut-être pas eu la main heureuse.
A sa décharge, Diapason s'adresse à un public plus large que le mélomane qui va au concert à Paris - il existe des populations « spécialistes » de tel ou tel style, au delà d'un seuil critique, ce qui permet de remplir des spectacles consacrés au décadentisme allemand ou au lied. Par ailleurs, il s'agit de l'actualité des concerts parisiens - il est difficile d'entendre dans beaucoup d'autres endroits trois concerts Zemlinsky en trois semaines. Diapason, s'adressant à un public qui ne va pas forcément au concert, qui a globalement des goûts un peu plus larges, pourrait difficilement vendre en plaçant ce genre de dossier en début de magazine.
C'est bien pourquoi, soit dit en passant, à l'heure où la Toile regorge de webzines et de sites persos très bien fournis et écrits (certains par des amateurs, d'autres par des professionnels), l'intérêt de ce type de revue devient de plus en plus ténu. Vu le nombre de dossiers et de critiques proposés, on peut de surcroît plus facilement trouver le sujet qui nous intéresse en propre, et ne pas subir chaque année le marronnier de la meilleure intégrale de Beethoven ou de Mahler, de l'interview exclusive de Jaroussky ou Capuçon.
A tout cela, il faut ajouter la question des conflits d'intérêts et autres effets de l'entregent - les échanges de bons procédés sont assez fréquents dans les revues institutionnelles. La "corruption" existe aussi en ligne, mais sous une forme un peu moins délibérée : les salles essaient d'offrir des places, les artistes viennent déposer un petit mot - cela peut modérer les envies de critique de violente, mais il ne s'agit pas d'un accord à proprement parler sur la teneur du papier.
(De toute façon, le format de la critique n'ayant généralement qu'un intérêt limité en termes musicaux, son contenu n'est pas à proprement parler un sujet grave.)
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