Zanetto de MASCAGNI et Abu Hassan de WEBER - Herblay, Collet, OstinatO
Par DavidLeMarrec, dimanche 16 juin 2013 à :: Saison 2012-2013 - Opéra-comique (et opérette) - Les plus beaux décadents - Opéra romantique allemand - Opéra romantique et vériste italien - Opéras de l'ère classique :: #2270 :: rss
Brève tirée du fil de la saison complété.
Soirée 58 : Zanetto de Mascagni & Abu Hassan de Weber
(Mardi 28 mai 2013, Théâtre Roger Barat d'Herblay.)
Herblay propose, cette année encore, de beaux jalons rares de l'opéra, avec ses moyens propres.
L'Orchestre Ostinato est toujours aussi limité, ruinant les envolées lyriques de Mascagni - et même plutôt atroce lorsqu'on est confronté à la simplicité d'un petit Weber comique (ni unité d'archet, ni même justesse chez les cordes). Rien que l'accord liminaire est épouvantablement laborieux pour un orchestre de professionnels. Il donne davantage l'impression d'un réceptable de canards boîteux du système que de la rampe de lancement de jeunes musiciens prometteurs. Je n'ai pas une image précise de leur formation, mais s'ils sont bons, ils sont alors excessivement mal dirigés - et même s'ils sont moyens, ils ne devraient pas sonner sans aucune cohésion (fréquemment décalés, y compris pour de la musique de style classique sans virtuosité !), sans même la propreté requise pour passer un examen au conservatoire.
Le mystère demeure donc entier.
Je voulais surtout entendre Zanetto, un petit bijou très court, dans une jolie orchestration vériste (doublures des thèmes, effets de harpe, quatuor récurrent à deux altos). Sans atteindre les raffinements du meilleur Leoncavallo (I Medici), cette très belle miniature doucettement mélancolique se hisse vers les sommets de la production de Mascagni. Un remarquable sextuor a cappella qui ouvre l'oeuvre, assez long, d'une grande simplicité, et sans paroles ; de beaux thèmes récurrents.
Il était en outre idéalement servi, selon la coutume, par des chanteurs qui n'ont pas (encore) leur notoriété établie dans les plus grandes maisons, Maria Virginia Savastano (Sylvia, soprano - la cantatrice désillusionnée) et Mariam Sarkissian (Zanetto, mezzo - le chanteur errant) ; la première d'une belle présence et voix très égale, bien asservie aux mots ; la seconde un peu limitée en puissance, mais d'un timbre chaud et d'une expression généreuse. Deux noms peu célèbres (bien que Savastano ait déjà une fort honorable carrière), mais qui méritent d'être distingués.
Je tenais Abu Hassan pour une oeuvre sans intérêt, et en effet, avec un orchestre dans les choux, des chanteurs agréables mais encore un peu verts (Nika Guliashvili fait tout de même valoir une voix de basse d'une belle autorité), on ne peut pas sauver ce que les plus grands n'ont déjà pas pu sauver : une intrigue indigente dans une musique stéréotypée et de qualité très modeste.
La tentative de transposition vers une dénonciation de la crise et de la saisie du type postsubprimes permettait de se tirer un peu de l'orientalisme de pacotille (n'ayant de surcroît aucun lien de nécessité avec l'intrigue racontée), et la scène finissait par prendre le pas sur la musique - pas toujours très subtilement, mais malgré la facilité du propos, on peut parler de moindre mal, vu la nature de la partition et l'état de l'orchestre.
Quand même quelques moments de grâce dans les interventions polymorphes du versatile Vincent Byrd Le Sage (comédien), avec en particulier un discours de politicien fantastiquement imité et exécuté.
La soirée valait le déplacement pour entendre Zanetto, qui le mérite vraiment.
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