lundi 17 février 2014
Le Lied en français – XXVI – Erstarrung (Winterreise n°4)
Enjeux
Dans Erstarrung, on ressent particulièrement l'écart prosodique entre le français et l'allemand, plus concis, et surtout doté de syllabes faibles plus fortes, qui peuvent être affirmées musicalement (alors qu'il faut les dissimuler en français). Dans cette perspective, je n'ai pas dédoublé les notes pour certains « -e » de fin de mot, laissant au chanteur le soin de le faire plus discrètement que s'il était noté comme une moitié ou un quart de la valeur ; il est évident que pour un cycle du premier romantisme, il est cependant indispensable de les prononcer.
Et comme d'ordinaire, essayer d'éviter les temps accentués pour les nombreuses prépositions françaises (au sens souvent moins fort que les prépositions-adverbes qui précisent les verbes allemands) est une part importante de la gageure.
Peu d'adaptations rythmiques ont été nécessaires, à l'exception de quelques groupes écrits pour une seule syllabe, utilisés comme plusieurs syllabes pour pallier la longueur supplémentaire du français. Néanmoins, les moments importants (comme la ligne aiguë qui donne bonne part de son caractère à la pice) ont été préservés tel qu'écrits.
Comme toujours : le poème n'est pas fait pour être lu comme une traduction de Müller (ce ne sont pas des vers métriques, pour commencer !), mais pour être entendu comme une version française d'un lied de Schubert-Müller. Par ailleurs, les images et la relative niaiserie de celui-ci sont particulièrement cruels lorsqu'on veut le traduire – de façon inférieure à l'original, et en rendant ses naïvetés encore plus audibles pour le francophone.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Projet lied français a suscité :
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