[question-piège] Pourquoi la Philharmonie de Paris ? – concepts et programmes
Par DavidLeMarrec, samedi 17 mai 2014 à :: Saison 2014-2015 - Discourir :: #2464 :: rss
Le programme vient d'arriver. Aussitôt lu. Le monde mélomane tempête beaucoup (comme toujours) dans certaines régions de son orbe. Moi, je voudrais comprendre.
Aussi me suis-lancé ce glorieux défi : expliquer, à moi-même, ce qui se passe. Bienvenue dans mon cerveau perplexe.
1. Pourquoi la Philharmonie ?
C'est peut-être la seule question à laquelle il soit simple de répondre : les politiques voulaient leur danseuse, manifestement. Désir de laisser une marque bâtisseuse, prestige de l'art, utilisation d'espaces restés « libres », paquetage idéologique facile à rassembler autour de la démocratisation de la musique, de la réhabilitation des quartiers populaires, etc.
L'offre déjà présente était extrêmement riche (il suffit de lire les suggestions de CSS : on couvre vraiment tous les genres, et en abondance), et elle n'était pas saturée en nombre de spectacles comme de spectateurs (sauf à l'Opéra, surtout à Garnier – là, une extension aurait peut-être été utile) : il reste de la place pour la plupart des spectacles.
Les places peu chères sont un peu plus difficiles à trouver – donc généralement monopolisées par des passionnés aguerris –, et en ce sens une politique plus avenante serait profitable pour le remplissage. En effet, lorsque des néophytes osent (ce qui est, de loin, l'obstacle le plus insurmontable) ouvrir les pages des réservations, et que ne s'affichent que des places entre 70 et 160€, forcément, on finit par accréditer le mythe du classique inaccessible. Au théâtre, les places les plus chères dans les théâtres les plus chers (pas très nombreux) coûtent plutôt entre 40 et 60€, et l'on voit et entend généralement bien des places les moins chères (très rarement complètes). Même s'il y a plus de monde sur scène pour les concerts symphoniques, la comparaison se fait forcément implicitement.
Pour terminer, la nouvelle salle de Nouvel – la conception sonore étant confiée à la firme Nagata Acoustics – doit remplacer Pleyel. Certes, on y entend mal les formations les plus pléthoriques et les partitions les plus contrapuntiques – la qualité d'orchestration du compositeur et la qualité du fondu des orchestres peuvent se révéler déterminants pour éviter la bouillie –, mais dans l'ensemble, on entend correctement. Ce n'est pas une salle merveilleuse pour l'acoustique, néanmoins elle est suffisante, et les gens continuent tout de même à venir, et à parler de leur grandes soirées vécues à Pleyel.
De ce point de vue, si l'acoustique est égale ou supérieure, ce qui est légèrement plus probable qu'improbable, on sera plutôt content.
Après, pourquoi créer une nouvelle salle, alors qu'on vient d'ouvrir le 104 et l'Auditorium de Radio-France, qu'on n'utilise pas pleinement Gaveau, Mogador ou le Cirque d'Hiver...
2. Le pitch idéologique
Il s'agirait de valoriser un quartier et d'ouvrir le classique à d'autres publics. Je ne demande qu'à le croire, mais je suis très dubitatif.
¶ Il y avait déjà le CNSM et la Cité de la Musique à cet emplacement. L'idée de pôle est plutôt astucieuse, mais elle forme davantage un îlot qu'un soleil... l'ambiance à Jaurès et Stalingrad n'a pas particulièrement évolué à cause du Musée de la Musique.
¶ Ouvrir le classique à d'autres publics est un vieux serpent de mer. La programmation (voir §4) en tient compte, et prend ce pari. Je me demande comment cette multiplication d'activités et de personnel (espaces ouverts toute la journée, avec des intervenants plus prestigieux que nécessaire) ne va pas doubler les coûts de fonctionnement, mais sur le principe, c'est intéressant, un véritable projet différent.
¶ Concourt à cela la baisse des prix, significative : 40€ en première catégorie pour l'Orchestre du Capitole ou de Paris, il y a quand même possibilité de trouver de très bonnes places à 20 ou 30 euros... ce qui devient vraiment accessible. [Mais considérant que les concerts de ces orchestres étaient assez pleins à Pleyel, on se prépare peut-être un manque à gagner sans raison.]
En revanche, les tarifs de la Philharmonie 2 ressemblent à ceux de la Cité de la Musique : ça ne monte pas haut, mais il n'y a pas de catégories basses, et pour les bourses modestes, difficile de dépenser souvent 32€ pour une place de dernière catégorie. Cette salle est donc destinée à rester le réceptable de geeks musicaux.
¶ Pourtant, je crois que cela reste une pure fiction : le classique ne peut pas devenir une musique populaire ou majoritaire. Ou alors, oui, il ne faut jouer que de la musique légère, très mélodique et figurative.
Mais précisément, le classique, et singulièrement sous l'influence germanique dominante, a la particularité de valoriser la construction longue, et même l'abstraction: pour apprécier un développement ou une variation un peu ambitieuse, il faut déjà être musicien, ou informé, ou vouloir l'être. La musique classique ne peut pas prétendre avoir le même pouvoir d'immédiateté, de déhanchement, de fédération instantanée que des musiques où les rythmes sont récurrents, simples, et soulignés par les percussions ; où les mélodies sont toutes conjointes (et donc chantables) ; où l'on ne propose qu'un thème à la fois ; où la musique s'accompagne de paroles intelligibles ; où la durée d'une pièce d'excède pas cinq minutes.
Comment comparer cela à un opéra de Wagner, où même les musiciens professionnels découvrent sans cesse des choses, comprennent des enchaînements au fil des années, voire se disputent sur la fonction d'un accord ? Le tout pendant cinq heures, avec des pulsations bizarres (dans Tristan, le Ring et Parsifal, beaucoup de lignes chantées ne tombent pas sur les temps, et de façon non régulière, rien à voir avec un groove), des mélodies totalement disjointes, et sans avoir le droit de bouger dans son fauteuil ! Si quelqu'un croit qu'il peut convertir à cela l'honnête travailleur qui, rentrant rompu du travail, a cinq enfants à élever, une femme à tromper, et éventuellement d'autres passions comme le vol à voile ou le point-de-croix... Oui, si c'est une passion exclusive. Mais ça ne s'écoute pas comme un disque de Brel ou de Basshunter, qu'on met distraitement dans la voiture pour adoucir le trajet.
En conséquence, aussi séduisant que soit le projet, et même s'il fonctionne (c'est-à-dire si les activités pédagogiques sont appréciées des parents mélomanes : ne soyons pas trop ambitieux), je reste dubitatif sur l'effet d'ouverture que procurera cette nouvelle salle, même avec ses activités gratuites et ses baisses de prix. Viendront les gens déjà expérimentés, qui seront peut-être ravis, mais pas vraiment des perdreaux de l'année.
3. Nécessité du projet
On a beau être mélomane, à l'heure où l'on supprime des hôpitaux, où la pérennité du fonctionnement judiciaire tient à un fil, où d'une manière générale, on rabote partout pour compenser une économie conjoncturellement morose et une gestion étatique structurellement gabeugique, on s'interroge un peu sur l'urgence de créer une nouvelle salle pour bichonner le public du classique... qui n'en avait pas besoin, et qui râlera de toute façon. On note d'ailleurs encore davantage de récriminations qu'à l'accoutumée : pensez donc, du nouveau, pour un public qui ne révère rien au delà de 1960, et pour la majorité, rien au delà de 1900 ! Il est de bon ton de montrer, aussi, qu'on n'est pas dupe ; en France, la rouspèterie est un mode de socialisation majeur, et on ne peut jamais mal faire en râlant un peu, juste ce qu'il faut.
Il me semble, à moi, qu'investir dans une programmation plus coûteuse (œuvres longues ou difficiles qu'on n'ose pas monter par peur du remplissage), ou dans les initiatives pédagogiques, pouvait se faire d'autant plus facilement qu'on n'avait pas mis tout l'argent dans des murs dispensables. Mais il est vrai qu'une programmation plus coûteuse n'a pas du tout le même impact public qu'une nouvelle salle, et il est certain que l'État n'aura pas versé d'obole simplement pour rendre la salle Pleyel encore plus attirante.
Une fois accepté, donc, que la Philharmonie n'était pas nécessaire, puisque les salles existantes disposent de soirs libres pour ajouter toutes les nouveautés, qu'il reste des places les soirs de concert... on peut se demander ce que nous proposera la Philharmonie. Rien ne sert plus de discuter, elle est là, elle est payée, et elle est payée par tous les français, du soudeur de Besançon à la crémière de Villefranche-de-Rouergue, rien que pour nous, les amateurs franciliens de musique classique.
C'est injuste, un peu absurde aussi, miais puisqu'on ne nous a pas demandé notre avis, regardons ce que seront cette nouvelle salle et cette nouvelle programmation.
4. Programmation 2015
L'ouverture en janvier de la Philharmonie permet de comparer les programmes de Pleyel / Cité de la Musique avec ceux de la Philharmonie 1 et 2. Et il y a bien des différences.
¶ Je commence avec le principal point commun : le programme conserve contient beaucoup de panachages thématiques, à la façon de la Cité de la Musique. Je trouve difficile de remplir ce genre de concert – en tout cas, j'y renonce souvent quand je dois entendre une symphonie de Beethoven couplée avec un poème symphonique de Schmitt (non, ne cherchez pas, il n'y en a pas). Je suis susceptible d'aller aux deux, mais cela ne s'adresse pas à la même humeur, et il est donc improbable que j'aille à celui-ci.
La cohérence musicale se limite aux programmes de baroque, où il faut inviter des ensembles spécialistes – qui imposent en général leur programme, de surcroît.
¶ Je me demande toujours pourquoi on fait des programmations thématiques groupées. Tout le lied est balancé dans un week-end spécialisé. Or, à Paris, contrairement à à peu près partout ailleurs en France, il existe un public, susceptible de remplir sur les grands cycles et les grands noms – qui sont là : Gerhaher dans les Kindertotenlieder, Fink dans Frauenliebe und Leben, Güra dans le Winterreise. Mais les amateurs qui seraient susceptibles de se déplacer trois fois dans l'année ne le feront pas trois fois dans le week-end, sauf à n'avoir que ça à faire. On vise vraiment la catégorie « fonctionnaire retraité célibataire de milieu social supérieur » ? J'avais cru comprendre qu'on avait précisément construit la Philharmonie pour remplacer ce profil par son opposé.
C'était pareil à la Cité de la Musique : certes, on remarque plus facilement qu'il se passe quelque chose, mais quand on a le même type de musique groupé sur deux jours... Moi, en tout cas, j'en fais un et puis je vais voir autre chose (ou mieux, je ne vais ailleurs que dans une salle de concert).
¶ J'ai l'impression qu'on a réduit le nombre de concerts à la Cité de la Musique, et on se retrouve donc, dans la grande salle, avec peu de concerts en dehors du répertoire symphonique : un peu de piano (uniquement des archi-stars comme Pollini, Yundi Li ou Kovacevich), quasiment pas de musique de chambre, un peu de baroque (presque uniquement les Arts Florissants, qui sont effet assez présents, mais rejouent aussi certaines pièces d'un concert sur l'autre). La musique vocale est moins représentée aussi (on la trouve dans des pièces incluses aux concerts symphoniques) : peu d'opéras en concert, je ne crois pas avoir vu de récitals vocaux, ni beaucoup d'oratorio. Il est vrai que dans une salle circulaire, c'est moins commode, mais on le fait bien dans les autres salles avec scène en ronde-bosse. Reste la portion habituelle de musique contemporaine, puisque l'Intercontemporain est en résidence.
Ce n'est pas très grave, dans la mesure où ces répertoires sont plus adaptés à d'autres salles, qui continuent de les accueillir : Champs-Élysées, Gaveau, Orsay, Louvre, Billettes, Cortot, Versailles... Il n'est pas idiot d'utiliser une salle symphonique pour du symphonique, plutôt que d'y jouer du quatuor ou du lied qui se perdront dans les limbes.
¶ Les concerts prestigieux sont réservés à la semaine, tandis que le week-end est plutôt lié à des concerts grand public (musiques du monde, programmes accessibles d'orchestres moins prestigieux) et à des activités, toute la journée, pour s'initier à certains pans du répertoire, certains instruments, et surtout des ateliers de découverte destinés aux enfants. Je trouve le concept séduisant, puisqu'il incite à se rendre en touriste dans ce grand complexe musical, pendant le week-end : beaucoup d'ateliers sont gratuits, les autres très peu chers.
Dans les faits néanmoins, même si le remplissage se révèle optimal, on risque surtout de voir des parents déjà informés emmener leurs enfants, ou des junkies du classique déambuler dans les coursives en quête de nouvelles sensations. Mais ce peut être une façon moins formelle d'amener des amis, au fil d'une promenade, à se frotter au classique. Avec toujours la même limite fondamentale : le classique, ça ne s'écoute pas en flânant dans un espace ou en s'asseyant quelques minutes... cette musique est conçue de telle façon que la découverte accidentelle reste l'exception. À un moment ou l'autre, il faut un investissement personnel, et on ne peut évidemment pas l'exiger de 100% de la population, seuls ceux qui y trouvent leur compte le feront.
Le détail des activités sera diffusé en juin (nous n'avons que les titres pour l'instant).
¶ Ce principe, clair et sympathique, pose néanmoins un problème : il exclut les provinciaux (qui ont payé pour la salle !), qui ne peuvent pas se déplacer en semaine... et ne pourront donc voir les grands concerts qui y sont programmés. Pour une salle qui disait se justifier par le concept d'inclusion, c'est regrettable.
¶ Sur le contenu lui-même des concerts, j'avoue une petite déception. Bien sûr, il y a suffisamment de choix pour se faire plaisir, et ajouté à toutes les autres programmations, il y a beaucoup, beaucoup plus de beaux concerts qu'on ne peut en consommer. Mais comme à Radio-France, on voit du Brahms partout... et pas beaucoup d'audaces. Peut-être temporairement, pour assurer un vaste public dès le début, car la programmation va s'ajuster selon les retours du public et les remplissages par soirée.
La comparaison avec la programmation d'automne à Pleyel et à la Cité est éloquente : les œuvres ambitieuses autrefois programmées par l'Orchestre de Paris se limitent essentiellement à de la musique sud-américaine (ce qui peut être exaltant au demeurant) ; les bizarreries de la Cité (dont je me demande bien comment elles pouvaient remplir) ont purement et simplement disparu.
On voyait par exemple s'affirmer progressivement Sibelius à Pleyel, on avait régulièrement d'autres noms nordiques, Tubin ou Rautavaara par exemple... on pouvait même espérer une intégrale Nielsen un jour. Et là, seulement une Deuxième de Sibelius. L'essentiel du répertoire proposé suit cette logique.
Ce changement fait sens, considérant les ambitions différentes de la nouvelle salle. Mais, égoïstement, clairement, je suis moins bien servi qu'auparavant. [Je ne vais pas pleurer, j'ai déjà trop de concerts au programme, et beaucoup de mes plus belles soirées se passent dans de petites salles, puisque c'est là où l'on trouve le baroque, le lied, la musique de chambre chorale ou instrumentale.]
5. Prospective
Au passage, une remarque récurrente qui irrite mon courroux : la Philharmonie serait loin et mal desservie. Laurent Bayle a même expliqué qu'il avait déplacé l'heure des concerts à 20h30 pour permettre au public d'arriver (d'où ?). Vu l'heure, il faudra donc repartir en voiture plutôt qu'en train – donc contrairement à ce qu'on annonce, la salle s'adresse d'abord aux motorisés de l'Ouest qu'aux piétons de l'Est...
Pour le public-cible des premières catégories, c'est certain, c'est moins pratique que Pleyel. Et peut-être pas aussi prestigieux, donc le public d'apparat (pas très nombreux, contrairement à ce qu'on dit souvent) viendra possiblement moins. Mais dans l'absolu, nous sommes à l'intérieur de Paris, à vingt pas d'une station de métro, sur la ligne qui dessert le plus de gares, et directement sécante aux lignes qui relient l'Ouest à l'Est (lignes 1,2,3,6,8,9,10 !). Il ne faut pas pousser, Paris est une capitale particulièrement trapue, il ne faut pas longtemps pour traverser la ville.
Ce qui est déplaisant, c'est que la remarque n'a pas été faite pour la Maison de la Radio, alors qu'elle n'est desservie que par un RER (donc moins fréquent, moins agréable, disponible seulement dans de grosses stations longues à parcourir) qu'on ne peut attraper que sur le bord de la rive gauche (peu de correspondances comparé à la ligne 5) ; les stations de métro sont plus éloignées et nécessitent un peu de marche – ce qui m'est personnellement tout à fait égal, mais les nombreux commentaires selon lesquels il serait absurde d'installer une nouvelle salle de concert loin de tout (comme si le XVIe était débordant de vie !) manquent sérieusement de fondement, sauf à considérer que la salle doit s'adresser prioritairement à l'Ouest parisien et au 9-2. Ce qui se défend sociologiquement et économiquement, car ce sont eux qui paient les places chères qui permettent d'équilibrer la billetterie, et pas les étudiants et fonctionnaires crottés du Nord-Est, mais ne peut pas s'affirmer dans l'absolu : on ne peut être loin que de quelque part.
De toute façon, la remarque de l'accessibilité me paraît sans objet, dans la mesure où il est évident qu'aussi bien pour la Philharmonie que pour la Maison de la Radio, on ne peut bâtir que dans les endroits disponibles, c'est-à-dire plutôt à la périphérie qu'au milieu du Carrefour de l'Odéon.
[Et ceux qui ne sont pas contents peuvent toujours partir vivre à Marmande, où le Concours International a lieu en plein centre, petits veinards !]
Il faut maintenant attendre, et voir à l'usage. À vue de nez des différentes programmations parues (Opéra, Auditorium du Louvre, Champs-Élysées, Opéra-Comique, Maison de la Radio, Versailles, Oratoire du Louvre, Billettes, Saint-Roch, Pleyel, Cité, Philharmonie), il semblerait qu'en ce qui me concerne, les nouvelles salles et les grandes maisons ne me voient pas énormément pendant la saison à venir. Énormément de choses exaltantes sur instruments anciens (petits récitals à l'Oratoire du Louvre et aux Billettes, ou grands opéras à Versailles et à l'Opéra-Comique) ; pour le reste, effectivement, je ne serai pas trop surchargé (deux spectacles par grande salle environ).
Ce n'est cela dit pas si étonnant : cette saison, sur 50 concerts à ce jour, 25 salles différentes, dont 9 que je n'avais jamais testées...
Commentaires
1. Le samedi 17 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
2. Le samedi 17 mai 2014 à , par Faust
3. Le dimanche 18 mai 2014 à , par Ugolino le profond
4. Le dimanche 18 mai 2014 à , par Ugolino le profond
5. Le dimanche 18 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
6. Le dimanche 18 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
7. Le dimanche 18 mai 2014 à , par Faust
8. Le dimanche 18 mai 2014 à , par Ugolino le profond
9. Le dimanche 18 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
10. Le dimanche 18 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
11. Le dimanche 18 mai 2014 à , par Ugolino le profond
12. Le dimanche 18 mai 2014 à , par Faust
13. Le dimanche 18 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
14. Le dimanche 18 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
15. Le mardi 20 mai 2014 à , par Faust
16. Le mercredi 21 mai 2014 à , par DavidLeMarrec
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