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Daphnis & Chloé chorégraphié – Millepied, Bastille, Ph. Jordan


Si Daphnis & Chloé est devenue l'une des œuvres les plus jouées et enregistrées du patrimoine (au moins sous forme de suites ou fragments), ce n'est que fort rarement qu'il a l'occasion d'être donné conformément à sa conception, comme musique de ballet. L'occasion de se déplacer, et d'observer l'œuvre à l'épreuve de la scène.

1. Un ballet qui ne raconte rien

Auparavant, la soirée de l'Opéra Bastille proposait un couplage avec la Symphonie en ut de Bizet, délicat bijou qui parcourt énormément de styles, du développement à l'allemande (on entend Beethoven, Schubert et Schumann à de nombreuses reprises dans les structures générales, alliages instrumentaux et harmonies) aux modes françaises les plus récentes (en particulier l'orientalisme du grand solo de hautbois dans l'adagio).

Philippe Jordan en propose une lecture plutôt large (six contrebasses, déjà...), mais sans épaisseur poisseuse ; pas la référence ultime de l'histoire pléthorique de l'exécution de l'œuvre, mais une belle lecture, honnête et investie, qui donnait bien du plaisir.

Sur cela, George Balanchine a bâti un ballet purement décoratif, Palais de Cristal, qui m'a paru à peu près sans intérêt, ne racontant rien et passant à côté des spécificités de la musique – rien de palpable en écho aux développements classiques du I, ni à la succession d'atmosphères très différentes du II (de l'orientalisme du hautbois au lyrisme discret ou intense des cordes, très occidental)... Certes, le scherzo est traité avec vivacité (encore heureux), et le rondeau final est davantage réussi, avec une nouvelle couleur à chaque reprise, qui finit dans une jolie alliance des entrée en guise de final. Mais qu'est-ce que cela raconte, qu'est-ce que cela apporte à la musique, ou bien qu'est-ce que la musique met en valeur ? Un exercice très formel avec de grands pas, j'avoue passer tout à fait à côté de cela, et ne pas y voir beaucoup plus d'exaltation que dans une Étude de Czerny ou une vocalise de Vaccai (deux grands compositeurs chouchous de CSS, par ailleurs).

Si j'en crois ce que j'ai vu et ce que j'ai lu, l'intérêt tient avant tout dans la succession de costumes (rubis, diamant noir, émeraude et perles) évoquant les pierres précieuses ; il semblerait que les tutus de Christian Lacroix aient réussi à marier rouges, verts et bleus sans trop heurter l'œil (en effet, en dehors des perles rose-bonbon-déjà-sucé, l'ensemble, quoique clinquant, était plutôt agréable), contrairement à d'autres productions antérieures. Dont acte.

Le plaisir musical étant très réel (première fois que j'entendais cette symphonie en concert, alors que je l'écoute très souvent au disque), et constituant ma motivation pour cette partie (salut tout particulièrement au hautbois solo, dont l'aigu étroit, plein et flexible distillait un charme tout français), je n'ai pas lieu de me plaindre – à part de mon insensibilité éventuelle.

Disponible gratuitement en vidéo chez Culturebox jusqu'en décembre.

Au passage, si cela intéresse quelqu'un, je recommande sans réserve cette version, qui fait affleurer toutes les influences avec goût et simplicité : James Judd et l'Orchestre Symphonique de Nouvelle-Zélande (Naxos, existe dans deux couplages différents).


2. Un ballet qui raconte bien...

Daphnis était clairement beaucoup plus intéressant visuellement.

La musique, à la fois séquentielle et étale au disque, prend du sens et de la force en nourrissant une action scénique, même sommaire. La puissance poétique se révèle d'autant mieux, notamment dans les épisodes naturels de coucher et lever du soleil. De même pour le désordre de la liesse générale, assez jubilatoire dans la chorégraphie de Benjamin Millepied. Les costumes de Holly Hynes sont remarquablement réussis, d'une grande simplicité, avec ces jupes-toges qui semblent toujours agitées par le vent (sans paraître jamais froissées, je n'ose imaginer l'ingénierie nécessaire pour la création du tissu et la réalisation de la coupe), dans un univers tout blanc (noirs pirates exceptés) qui ne se colore que lors de la réjouissance finale très bigarrée, offrant une rupture de ton qui fait opportunément écho à la soudaine quasi-sauvagerie de la musique.

La chorégraphie elle-même est marquée par l'épure de mouvements simples, sans virtuosité ostentatoire (un petit manège tout de même, sinon on serait tous déçus, moi le premier), avant tout fondée sur une fluidité douce qui campe l'harmonie de la vie pastorale rêvée, et gomme les frontières entre les sections musicales. La chose est d'autant plus étonnante que les plus érudits pourront y repérer maint emprunt du chorégraphe à lui-même et à d'autres – le résultat, néanmoins, frappe plutôt par sa cohérence et son homogénéité.
J'ai particulièrement apprécié le Daphnis de Marc Moreau (le danseur parisien qui m'ait le plus touché jusqu'à présent, alors qu'il n'est que « sujet » dans la nomenclature aristocratique de l'Opéra), d'une aisance tranquille très congruente avec le propos scénique. Dans des rôles plus payants, Allister Madin (Dorcon, le rival) et surtout Fabien Revillion (Bryaxis, le chef des pirates) convainquent par leur énergie contenue, sans recherche d'extraversion superflue, en harmonie avec la nature musicale de l'œuvre. Belle trouvaille aussi de la Lyceion telle que confiée à Léonore Baulac, plus agile et anguleuse, d'une espièglerie directive qui se lit en toutes lettres dans le programme originel du ballet. Les ensembles étaient fort réussis aussi, en particulier les impalpables nymphes des airs qui consolent Daphnis.

Pour ne rien gâcher, le Chœur de l'Opéra était élégant comme jamais, beaucoup plus doux, souple et nuancé qu'à l'accoutumée ; certes, aidé par la coulisse qui atténue toujours les défauts et les grains épais, mais il n'y avait pas que cela. Une évolution paraît tout de même en cours depuis la nomination de Patrick Marie Aubert (arrivé dans les bagages de Nicolas Joel) qui, sans changer la nature des voix déjà embauchées, bien sûr, les conduit très progressivement, à ce qu'il semble, vers davantage de nuance et de ductilité.

Une belle réussite, lisible, élégante, sur une musique considérable... qui méritera beaucoup de reprises. En attendant, vidéo gratuitement disponible sur Culturebox jusqu'en décembre.

Bonne surprise, même si le public applaudit les danseurs entre les mouvements de la symphonie (et çà et là sur la musique de Ravel), une qualité d'écoute remarquable, que je n'attendais pas du public de ballet dans une œuvre aussi « difficile ». Et comme souvent, réception très chaleureuse aux saluts, qui fait aussi le charme de ce type d'auditoire.

Et cependant, je suis (légèrement) partagé.


3. ... mais qui ne raconte pas tout

Ce serait parfait, si l'on ne se plongeait pas dans l'argument du ballet.

Or, celui rédigé par Fokine et Ravel montre beaucoup plus de détails et même d'événements que ce que nous avons pu voir à Bastille. Bien sûr, le chorégraphe ayant lui-même préparé un argument sur mesure, il n'est pas absurde que son successeur en retouche le contenu... mais nous n'avons pas seulement été dans le sens de la suppression des détails pittoresques (qui sont effectivement un choix esthétique, et qu'on pourrait trouver littéral, inutile ou pesant), nous avons aussi vu disparaître des éléments importants de la narration.

Ainsi, la présence de Pan est absolument implicite : pas de supplication de Daphnis à la fin de la première partie, pas de Deus ex machina à la fin de la deuxième – la libération des pirates s'explique très mal dans la vision de Millepied, il est recommandé d'avoir Longus pour suivre...

En ce sens, la scénographie très épurée (et pas très signifiante) de Daniel Buren, pour agréable qu'elle soit, nous prive d'une partie de l'œuvre.

4. Ce qui manque dans le Daphnis de Millepied

On peut très bien accepter une simplification d'éléments pour éviter le kitsch, comme dans la description du début de la deuxième partie :

Derrière la scène, on entend des voix, très lointaines d'abord. des appels de trompes au loin. Les voix se rapprochent. Une lueur sourde. On est au camp des pirates. Côté très accidentée. Au fond, la mer. À droite et à gauche, perspective de rochers. Une trirème se découvre, près de la côté. Par endroits, des cyprès. On perçoit les pirates, courant çà et là, chargés de butin. Des torches sont apportées, qui finissent par éclairer violemment la scène.

En effet, on peut trouver les accessoires contre-productifs. En revanche n'identifiait les pirates comme pirates (satyres, buveurs, étrangers, démons ?), et le jeu avec les torches, les évolutions d'éclairages offraient une animation intéressante.

On a perdu également des détails, lissés par la fluidité de la danse chez Millepied. Témoin le début de la troisième partie :

Aucun bruit. Que le murmure des ruisselets amassés par la rosée qui coule des roches. Daphnis est toujours étendu devant la grotte des Nymphes.
Peu à peu le jour se lève. On perçoit des chants d'oiseaux. >Au loin, un berger passe avec son troupeau.
Un autre berger traverse le fond de la scène.
Entre un groupe de pâtres à la recherche de Daphnis et Chloé. Ils découvrent Daphnis et réveillent. Angoissé, il cherche Chloé du regard.
Elle apparaît enfin, entourée de bergères. Ils se jettent dans les bras l'un de l'autre.
Daphnis aperçoit la couronne de Chloé. Son rêve était une vision prophétique. L'intervention de Pan est manifeste.

Le vieux berger Lammon explique que, si Pan a sauvé Chloé, c'est en souvenir de la nymphe Syrinx, dont le dieu fut épris autrefois.
Daphnis et Chloé miment l'aventure de Pan et de Syrinx.

Il manque tout de même beaucoup de détails, et même des personnages : pas de bergers à troupeaux, pas de Lammon, pas de mime de Pan & Syrinx... Les grands traits sont là, ils se cherchent, se trouvent, croisent les autres bergers, mais tout le détail qui fait l'épaisseur et la singularité du mythe a disparu. L'histoire est agréable à voir, mais elle pourrait être celle de n'importe qui.

Mais le plus grand problème est celui de la causalité, voire de la lisibilité de l'action. Témoin la grande résolution de la fin de la deuxième partie :

Soudain l'atmosphère semble chargée d'éléments insolistes.
Par endroits, allumés par des mains invisibles, de petits feux s'allument.
Çà et là, des êtres fantastiques rampent ou sautillent. La terreur gagne peu à peu le camp entier.
Les chèvre-pieds surgissent de toutes parts et entourent les brigands.
La terre s'entr'ouvre. Formidable, l'ombre de Pan se profil sur les montagnes du fond, dans un geste menaçant. Tous fuient éperdus. Sur la scène désertée, Chloé se tient immobile. Une couronne lumineuse est posée sur sa tête.
Le décor semble se fondre. Il est remplacé par le paysage de la première partie à la fin de la nuit.

Moi, tout ce que j'ai vu à ce moment-là, c'est le coucher ardent du soleil et tout le monde qui s'étend soudainement au sol. Très joli moment, mais c'est un peu moins dense, tout de même.

J'ai tendance à partir du principe que l'important est le résultat, et il était très convaincant, donc je suis content, excellent moment.
Néanmoins, s'il est question de donner à découvrir Daphnis au public, il faut être conscient que tout n'a pas été transmis. Je n'ai pas vraiment d'avis si c'est grave ou pas, dans la mesure où le résultat et beau et sans réelle longueur... mais le fait méritait mention.

À bientôt pour des nouvelles aventures bizarres. [Il y a justement un Maeterlinck en préparation.]


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Commentaires

1. Le lundi 9 juin 2014 à , par Xavier

Je suis en grande partie d'accord avec toi, à ceci près que je trouve ça vraiment problématique; le rapport avec l'argument de Daphnis n'était quand même pas énorme, pour ne pas dire plus...
Sinon, je ne suis pas du tout un habitué du ballet (c'est mon premier à Bastille), mais j'ai trouvé ça vraiment très "classique" comme chorégraphie pour une oeuvre contemporaine du Sacre. Je m'attendais à de la danse plus moderne, finalement le contraste avec le Bizet (là j'étais proche de m'endormir) n'était pas énorme.
Finalement on a vu de la danse, surement de la très belle danse, mais je n'ai pas tellement vu de personnages évoluer par exemple... certes un peu plus que dans le Bizet/Balanchine, mais pas de beaucoup.
Sinon, d'accord avec toi sur le choeur, très bon, mais presque pas assez audible par moments. (la 3è partie notamment)

2. Le lundi 9 juin 2014 à , par DavidLeMarrec

C'était très épuré, mais pas non plus complètement autre chose, non ?

Effectivement, langage très classique, mais je ne crois pas que l'original de Fokine ait été tellement plus aventureux – plus riche en épisodes et plus figuratif, ça, assurément.

Pour la nuance psychologique, pour l'instant je n'en ai pas beaucoup vu au ballet, même avec des danseurs réputés subtils, même avec des partitions censées exalter des tourments complexes (Fröken Julie de Rangström). La pantomime rend les choses difficiles, surtout quand on les observe de loin. Finalement, j'ai été beaucoup plus ému par les danses baroques, plus sommaires techniquement, donc plus « directes », et qu'on voit généralement dans des salles plus étroites.

La grammaire physique de base était la même que pour le Balanchine, mais tout de même, on n'était pas du tout au même degré, il y avait une action et des sentiments exprimés chez Millepied. (D'ailleurs, tu l'aimes, cette symphonie de Bizet ?)

Le volume chœur était parfait pour moi, surtout après avoir souffert du final de la Deuxième de Mahler totalement gâché (où j'ai cru que Bastille allait exploser). Les entendre faire dans la souplesse et la nuance a été source d'un grand soulagement, d'autant que ce sont peu ou prous les plus beaux moments.

C'était sympa, quand même, non ? Ou la frustration d'un Daphnis « incomplet » était trop forte ?

3. Le lundi 9 juin 2014 à , par Xavier

Oui, épuré, tellement qu'on pouvait imaginer une autre histoire finalement... j'ai eu la mauvaise idée de relire l'argument avant la représentation, et je me suis fait la même réflexion que toi. (pas de Pan, pas de mystère à la fin de la 2è partie, pas de ridicule dans la danse de Dorcon, et on peut tout faire comme ça...)
Et les formes colorées de Buren, franchement, bof bof...
C'était surement pas plus classique que Fokine, mais justement, tant qu'à faire quelque chose de pas littéral, que ce soit un peu plus fouillé, moins "danse classique traditionnelle"... j'aurais apprécié.
Que ce soit à peu près le même genre de danse (de mon point de vue de non-connaisseur) que le Bizet est quand même étonnant, vu que la musique appelle autre chose à mon avis. (la symphonie de Bizet, je la trouve jolie, sans plus... mais plus que les compositeurs que tu as cités, j'entends un peu de Mendelssohn)

Sur le choeur: c'était bien dans l'ensemble, c'est juste dans la 3è partie que j'ai été un peu frustré, j'aime l'entendre plus, là par moments je le cherchais vraiment, c'était un peu dommage vu la qualité de leur prestation.

C'était sympa quand même, oui, mais petite déception malgré tout pour la chorégraphie.

Et découverte du public de ballet, c'est étonnant... qu'on applaudisse entre les mouvements de la symphonie ne me gêne pas du tout, mais que Jordan soit obligé de s'arrêter n'importe où dans Daphnis, c'est quand même plus embêtant.

4. Le lundi 9 juin 2014 à , par Xavier

Je regarde un bout de la vidéo (merci pour le lien), on entend très bien le choeur là...

Pour ce qui est de la chorégraphie, un exemple qui m'a frappé, c'est la toute fin, les 30-40 dernières secondes: si tu regardes ça sans le son, tu imagines que ça va avec un truc très gentil, un Delibes ou Tchaïkovsky... la musique de Ravel ici est pour moi débridée, orgiaque! Là c'est vraiment très très gentil. (ces mouvements de bras à 1'38'14 par exemple, on dirait qu'ils vont à la cueillette quoi... ça appelle plus de punch voire de violence à mon sens)

5. Le lundi 9 juin 2014 à , par DavidLeMarrec

=> Je ne suis pas en désaccord, bien sûr : quitte à s'éloigner de l'argument, autant proposer du matériau nouveau, au lieu de se contenter de le réduire. Cela dit, comme c'était beau et fluide, assez en harmonie avec la musique, je n'ai pas boudé mon plaisir non plus.
Je ne serai probablement pas venu s'il n'y avait eu que la musique seule, mais je ne venais pas en attendant que le ballet soit forcément bon, j'étais juste curieux de l'articulation. Et clairement, ça va valoriser mes écoutes à venir de Daphnis, que je trouvais justement à la fois un peu fondu et très séquentiel pour une écoute en musique pure. Donc mission accomplie pour moi, même si les choix de Millepied, sur le principe, sont effectivement discutables.

=> Je ne trouve pas la parenté avec le Balanchine si forte... certes, le langage de base est le même, mais il y a à peu encore moins de rapport entre les deux qu'entre Casse-Noisette de Petipa et Roméo & Juliette de Prokofiev par Noureïev ou MacMillan. C'est comme l'harmonie tonale, ce n'est qu'une convention dont on peut faire des tas de choses, aussi bien du LULLY que du Brahms ou du Lennon.

=> Si les chœurs avaient chanté plus fort, ils auraient été durs, et ça aurait été désagréable. Justement, en les bridant, le résultat obtenu était étonnamment beau.

=> Pourtant, tu as eu un public de ballet très respectueux... souvent, ça s'agite un peu, dans les ballets célèbres ; ici, tout le monde semblait magnétisé vendredi – j'ai eu l'impression que les gens découvraient et se disaient « mon Dieu, mais qu'est-ce que c'est que cette belle musique ». :)

Normalement, pour un spectacle de ballet, ça applaudit chaque nouveau décor, chaque entrée de soliste, chaque solo, variation, manège ou pas de deux... Vendredi, ça a dû applaudir deux fois pendant la musique (très brièvement) et Jordan n'a pas eu à s'arrêter. Très raisonnable. Le public plus familial du dimanche n'a peut-être pas eu le même tact.
C'est difficile à accepter pour nous, mais au ballet, 95% du public se déplace simplement pour voir les danseurs. Qu'il y ait un accompagnement avec un véritable orchestre est un plus, mais ce n'est absolument pas l'essentiel.

D'ailleurs, dans les chroniques spécialisées, on ne trouve en général rien sur la musique ; à la rigueur sur son adéquation aux pas du chorégraphe (et pas l'inverse), mais rarement davantage. En revanche, sur les nuances expressives de chaque sujet ou étoile, oui, on a tout ce qu'il faut – comme si la musique n'exprimait rien en tant que telle. Pareil, tu ne trouveras les noms de ballet qu'assortis de leurs chorégraphes ; pour les œuvres célèbres, c'est assez logique, puisqu'il existe plusieurs versions. Mais quand ce sont des arrangements ou des pots-pourris, il faut se renseigner pour trouver...
C'est encore plus impressionnant que pour la glottophilie, je trouve, parce qu'il reste un lien avec la musique (et le texte, forcément), alors que pour les ballettomanes, les deux univers paraissent souvent hermétiques, ça m'étonne toujours – alors que précisément, ce que je trouve émouvant est la rencontre des deux...

Il faut accepter ça lorsque tu vas voir un ballet, c'est ainsi, comme les hourras après Nessun dorma ou Vittoooooooooriiiiiiiiiiiiiiiiiiaaaaaaaaaaaaa, on ne peut rien y faire.

=> Pas d'accord sur la fin, justement le désordre général m'a paru très en phase avec cette musique à la fois sauvage et très élégante, jusque dans la quasi-bacchanale.

6. Le lundi 9 juin 2014 à , par Xavier

Tout de même, si, Jordan s'est arrêté au moins deux fois, mais de son propre chef, parce qu'il savait que le public allait applaudir; mais par rapport à une interprétation réellement enchaînée, ça interrompait tout de même significativement la musique.

Pour l'adéquation de la chorégraphie, pour résumer, ça m'a paru quand même très policé par rapport à ce qu'évoque la musique... mais c'est sans doute parce que nous ne la recevons pas de la même façon.

7. Le lundi 9 juin 2014 à , par DavidLeMarrec

Ah oui, arrêté de son propre chef, une ou deux fois effectivement. Ça ne m'a pas particulièrement frustré : spectacle vivant, tout ça.
[Les retardataires qui, parce qu'ils ne pouvaient pas prendre leurs places au deuxième balcon, ont choisi d'arpenter ostensiblement la galerie pendant dix minutes avant de faire lever tout le rang au milieu du premier mouvement, là, ça gêne davantage mon appréciation de la musique.]

Très policé par rapport à ce qui est évoqué dans l'argument, oui ; mais effectivement, je n'ai pas ressenti de contradiction avec la musique, qui est hardie, mais très « bienveillante ».

Merci d'être passé causer, j'espérais bien lire ton avis !

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