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Philharmonie 2017, premières impressions


Bonne jauge de la mode culturelle en France, le programme de la Philharmonie, par sa masse critique (nombre hallucinant de concerts, jusqu'à quatre le même soir, sans compter les ateliers !), permet d'évaluer un peu ce qui plaît au public et aux programmateurs.


filles fragonard
Fragonard, Deux jeunes filles après la période des abonnements
(Anciennement collection époux Resnick.)



A. Normalisation

Globalement, la programmation est moins aventureuse que 2015-2016 (mais le premier semestre, lors de l'ouverture en janvier 2015, n'était pas d'une audace folle non plus) :
peu de grands dispositifs (cette saison, Prometeo de Nono, l'hommage à Boulez, Gruppen de Stockhausen ; la saison passée, Jeanne d'Arc au Bûcher, par exemple) qui justifient le côté modulable de la salle, son rôle pour des grand'messes tout public ;
– les concerts symphoniques contiennent moins de pièces rares en leur sein, me semble-t-il ; moins de programmes thématiques originaux et très bigarrés (Amérique du Sud cette année).

Clairement, la Philharmonie devient de plus en plus le lieu du concert symphonique à Paris, même s'il demeure des week-ends jazz et un ou deux week-ends musiques du monde : on y retrouve les concerts des grandes pièces du répertoire par de grands chefs et de grands orchestres, comme un peu partout ailleurs – la différence étant qu'en province il faut se contenter du seul orchestre résident.

Bien sûr, les activités afférentes, les concerts avec participation d'amateurs (beaucoup d'enfants pour cette prochaine saison), les concerts sing-along (Christmas Carols de Britten, airs d'opéras français légers avec Les Siècles, L'Enlèvement au Sérail en français…), les cycles thématiques (assez accrocheurs cette fois, du genre 1001 nuits), les grandes soirées contemporaines (dont une riche tentative de panorama de la création officielle en France depuis les années 70 !) demeurent, mais globalement, on entendra surtout les grands standards dans de multiples versions.

Le Cinquième Concerto de Beethoven doit bien être donné 4 fois, et je n'ai regardé que par les gens qui m'intéressaient !  Pareil pour les dernières Sonates pour piano, au moins deux concerts (Pires et Leonskaja, mais on peut supposer que Pollini, une fois le programme annoncé, fera de même), alors qu'il n'y a que quatre ou cinq concerts de piano solo dans la saison…

Ce sont d'ailleurs, contrairement aux deux premières saisons (où le Sacre du Printemps et la Mer étaient partout), essentiellement les œuvres du répertoire germanique romantique qu'on peut entendre. Haydn et Mozart, peu en cour dans le Paris symphonique ces dix dernières années, reviennent en force (sans parler des concertos), et s'ajoutent à un répertoire qui se limite essentiellement à Beethoven, Schubert (la Cinquième Symphonique uniquement, et un peu partout), Mendelssohn, Schumann, Brahms, Bruckner, Mahler, R. Strauss… auxquels s'ajoute Bartók. Les Russes conservent leur portion habituelle avec les standards de Tchaïkovski, Rachmaninov, Chostakovitch et Prokofiev (une quantité raisonnable de Stravinski cette année, que se passe-t-il ?).
Le baroque a quasiment disparu
, même de la Cité (les baroqueux Christie, Gardiner, Minkowski, Jacobs, viennent pour jouer d'autres répertoires !). Très peu de musique française hors deux récitals de sopranos légers, et ne parlons pas des autres aires (même Dvořák est difficile à trouver), à part la musique américaine (états-unienne) qui a son week-end et même une jolie part au delà.

Davantage de musique vocale, j'ai l'impression, et à chaque fois dans des environnements très prestigieux, avec les spécialistes de leur discipline (Armide de Gluck par Minkowski, Elias par Pichon, Schumann avec Gerhaher puis Goerne, La Pucelle d'Orléans par le Bolchoï, El Niño avec le LSO dirigé par le compositeur, les Sept dernières Paroles de MacMillan par les Cris de Paris, 2 semi-créations dans la grande salle et 2 ou 3 autres à la Cité pour la jeunesse…) ; là encore, mis à part la niche contemporaine assurée par l'institution, essentiellement du répertoire du XIXe siècle…


B. L'Orchestre de Paris

L'Orchestre de Paris, principal résident, peut servir d'emblème à cette évolution, même s'il ne s'agit que d'une coïncidence : avec le départ de Paavo Järvi, c'est tout un répertoire original (nordique notamment, et l'invitation de chefs qui jouaient de la musique « locale » d'autres horizons, espagnole, sud-américaine…) qui s'évanouit.

Il est vrai que Daniel Harding, son successeur, a peu joué avec eux (une seule fois à ce jour, m'a-t-on dit), et désire donc sans doute acquérir des habitudes de travail à partir d'un répertoire déjà connu en commun. Mais en l'occurrence, il propose un cycle Mahler (qu'il dirige très bien, et incorporant la Dixième de Cooke III, là n'est pas la question) qui occupe l'essentiel de sa saison symphonique, le reste tournant essentiellement autour de Mendelssohn, Schumann et Brahms
Le programme le plus original est probablement celui regroupant trois « suites » d'œuvres lyriques ou semi-lyriques (Roméo de Berlioz, Pelléas de Debussy, Peter Grimes de Britten), alliage atmosphérique intéressant, mais je dois avouer que le choix de la suite de Leinsdorf pour Pelléas (peu ou prou les Interludes bout à bout), au lieu de celle de Marius Constant, plus longue, établissant de véritables ponts, et empruntant aussi aux beautés à l'intérieur des scènes, ne m'attire pas vraiment.

Le véritable point fort de la saison de l'orchestre tient dans les trois grandes productions vocales, réunissant les meilleurs spécialistes à chaque fois : Scènes de Faust de Schumann avec Karg, Gerhaher, Staples et Selig ; Le Paradis et la Péri de Schumann avec Goerne ; le Deutsches Requiem de Brahms par Dohnányi, avec Karg et Nagy.

Thomas Hengelbrock, le chef associé, n'est finalement qu'assez peu présent (deux concerts, comme cette saison, je crois), et faire jouer Bach à l'Orchestre de Paris n'est pas une bonne idée en définitive.


C. Détails

¶ Abandon de la Philharmonie 2 dans les dénominations des salles : elle redevient la Cité de la Musique dans la brochure. On suppose tous les retards et toutes les accusations de tromperie sur la marchandise… C'est plutôt une bonne chose : beaucoup plus clair, et par ailleurs un bien joli nom, assez proche de son projet et de sa réalité.
Au passage, quelqu'un a-t-il pu accéder à la rue musicale », qui devait relier les deux ensembles et contenir des stands et animations en permanence ?

¶ La Philharmonie n'annonçait déjà pas les changements d'œuvre ou de chef, mais tous les records sont battus : le jour même de la parution du programme, à midi, discordance entre la brochure diffusée deux heures plus tôt et le site… Ce serait bénin si ce n'était l'œuvre que l'on a le moins de probabilité de réentendre de toute la saison : Uirapuru est remplacé par une œuvre du même compositeur et d'égale longueur, Chôros n°6, mais au contenu pas exactement comparable.
Uirapuru est une sorte d'équivalent, dans la langue chatoyante de Villa-Lobos (teintée d'influences françaises, et même de Wagner par endroit), des grands ballets de Stravinski, un Sacre du Printemps un peu plus lyrique et chatoyant que violent et bigarré ; les Chôros sont des pièces ambitieuses, certes, mais d'un rhapsodisme plus folklorisant, moins radicaux. C'était une excellente nouvelle dans l'absolu, mais la déception est réelle lorsqu'on se rend compte que, tandis qu'on réservait (parce que la brochure, elle, n'a pas changé, et aucun avertissement officiel en dehors du programme discret sur la page exacte du concert), les programmateurs changeaient tranquillement le programme.
En l'occurrence, je dois être un peu le seul à être gêné (puisque Uirapuru était vraiment ma motivation, pas Argerich ni même Villa-Lobos dans l'absolu), mais cette manie irrespectueuse devient assez irritante.

urban brahms ¶ Les contempteurs du nivellement trouveront leur bonheur dans la brochure, qui culmine avec un « Urban Brahms » : intégrale de l'œuvre pour piano, avec alternance de piano-jazz, hip-hop, danse krump et grapheurs. L'attelage est tout de même exotique : la musique la plus abstraite qui soit, sans aucun référent, se limitant à l'exploration paisible de la forme (même pas la tension dramatique qui peut être évocatrice chez Beethoven ou dans les symphonies de Bruckner…), et aussi en général assez peu fortement pulsée, avec des appuis un peu incertains, volontairement rendus flous par le compositeur – mais toujours reliés au temps fort.
C'est rigolo, mais comment articuler cela avec la science du rebond, du contre-temps, de l'anticipation, du décalage expressif ?  Si ce n'est pas simultané, cela fera toujours du contraste, mais le hip-hop sur Brahms, ça me paraît vraiment compliqué.

¶ Du même esprit, mais plus ouvertement joueur, une commande de Bernard Cavanna pour l'Orchestre de Picardie et… le Chœur de Smartphones d'Abbeville. La pièce se nomme Geek Bagatelle (improprement, au demeurant, car si tous ceux qui disposent d'un téléphone-aspirateur-essoreuse étaient des geeks, le mot deviendrait vite synonyme d'humain), et je ne sais pas ce qu'est un Chœur de Smartphones, surtout adossé à une localité – les résidents chantent à distance ?  ce sont les sonneries qui jouent la musique ?  ou les bruits d'ambiance ? 
Ça ne fait pas plus envie que ça, mais ça fait toujours causer – la preuve.

¶ Dans le domaine des intégrales, le piano est considérablement honoré : en plus de Brahms, c'est un cycle Beethoven sur deux ou trois jours en semaine (je redis comme à chaque fois ma perplexité : à part à attirer l'attention, à quoi sert-il de programmer des cycles dans une période si étroite que personne ne peut les suivre à moitié ?), avec pianos du Musée de la Musique (riche idée !), et, pour les amateurs de tortures raffinées, tout Glass en 12h par le même pianiste, le temps d'une nuit. Déjà que cinq minutes en paraissent cinquante, je n'ose imaginer l'état de vague survie des malheureux qui auraient tenté la nuit complète. Notez bien que vous en aurez pour votre argent, puisqu'on ose pas faire payer pour ça. Là encore, le concept est fendard, mais je me demande :
– qui a l'endurance / le temps / l'envie d'écouter 12h de musique (a fortiori répétitive) ;
– et surtout, en admettant que le happening attire mieux l'attention qu'un concert isolé, qui ira réserver pour un petit Glass de 4h à 5h du matin ?  Les premières heures seront sans doute remplies, mais le reste, il n'est là que pour l'affichage ?

¶ Les Pasdeloup ont manifestement leur petit réservoir de compositeurs orientalisants inoffensifs (ça sonne facilement même s'il n'y a pas beaucoup de musique). Après Garayev et  Thilloy, ils montent un peu en gamme avec du Fasil Say symphonique, mais autant l'improvisateur est jbilatoire, autant le compositeur montre ses limites dans ses jolis bric-à-bracs multiculturels, flatteurs mais pas très nourrissants. (Ça me paraît au demeure un peu ambitieux pour le niveau de cohésion perfectible de l'orchestre, les Say sont des partitions exigeantes.)

¶ La programmation est si riche qu'il existe des chevauchements spectaculaires. Certes, ils ne s'adressent pas aux mêmes publics, mais si l'on se trouve par hasard à cette croisée précise, la Philharmonie perd un peu d'argent. Je n'ai évidemment remarqué que ceux qui m'intéressaient, mais il y a par exemple :
 – le Concerto pour clarinette de Copland au moment de l'opus 24 de Schumann par Gerhaher (27 janvier) ;
Stele de Kurtág et San Francisco Polyphony de Ligeti contre le récital vocal de Monteverdi à Xenakis par Nigl (28 janvier) ;
– la rétrospective des commandes officielles depuis les années 70 à la Cité de la Musique tandis que le Bolchoï donne la Pucelle d'Orléans à la Philharmonie, concomitance logique, mais il est possible d'être exalté par la perspective des deux (17 mars) ;
– et le plus dur de tous, le bouquet Marcabru / Dufay / Willaert / Gabrieli / Monteverdi / Vivaldi par Savall dans la grande salle (avec l'extraordinaire Hanna Bayodi-Hirt, pas entendue depuis longtemps dans les parages !), concurrençant en vain l'originalité du programme futuriste du petit amphi de la Cité : mélodies de Chostakovitch et Prokofiev, piano de Mossolov et Ustvolskaya, trio pour  clarinette, violon et piano d'Ustvolskaya !  Dans le même temps, l'Orchestre du Conservatoire donne une Deuxième de Sibelius gratuite dans la salle des concerts de la Cité… (28 février) Là encore, on voit bien qu'on s'adresse à des publics différents, mais il n'empêche, l'offre est tellement prodigue qu'elle peut s'opposer à elle-même !

¶ J'ai donc au passage cité un assez grand nombre des bonnes choses inattendues présentes dans la saison à venir : musique de chambre du futurisme russe, rétrospective de la création en France dans le second XXe siècle, bouquet franco-vénitien de Savall, musique symphonique de Villa-Lobos…
Et puis les titres pour la plupart assez rares en musique vocale, une Brockes-Passion de Telemann, Elias, La Péri, Scènes de Faust, La Pucelle d'Orléans, El Niño, les Sept dernières Paroles de MacMillan, plusieurs créations ou reprises de créations récentes. Pas forcément des titres inédits en soi (on entend régulièrement ces œuvres dans leur aire linguistique), mais on ne les voit quasiment jamais passer en France, même à Paris.
À cela s'ajoutent tous les standards qui seront joués de multiples fois et qu'on a envie d'entendre, selon les goûts de chacun, par tel ou tel interprète de premier plan – en ce qui me concerne, il y aura la 38 de Mozart par Zacharias, la Cinquième de Tchaïkovski par l'ONDIF, la Quatrième de Bruckner par Inbal et la Deuxième de Mahler par le Chœur de l'Orchestre de Paris, par exemple, toujours des petits plaisirs renouvelés.

Moins de musique baroque, peu de musique de chambre de la musique symphonique conservatrice : les découvertes (du moins en salle) seront plutôt du côté de la musique vocale cette saison.


D. Réservations

¶ À l'exception de quelques bizarreries (Pollini qui vient comme d'habitude, chez ces pianistes-stars, sans annoncer son programme ; un soir où l'Orchestre de Paris a prévu un concerto de Brahms, mais pas le « complément » !), glass intégralele travail de documentation de la brochure est exemplaire : à chaque fois, on mentionne le nom des œuvres, la section jouée si elle n'est pas donnée en entier, voire la version de la partition utilisée (Suite de Pelléas version Leinsdorf, Dixième de Mahler version Cooke comme-sur-le-CD, etc.).
Les résumés eux aussi ont l'avantage de ne pas se limiter à une liste dithyrambique (« l'un des meilleurs violonistes de sa génération », qu'on peut aussi bien voir apposé à Hilary Hahn qu'au professeur de violon du coin, tout dépend du nombre des meilleurs évidemment…), et présenter assez précisément les dispositifs de salle ou les projets du programme.
C'est loin d'être la norme sur les sites des autres salles – les récitals du Théâtre des Champs-Élysées se limitent trop souvent à une liste de noms de compositeurs, aux détails et aux proportions parfaitement flous.

¶ Lors de l'ouverture des abonnements, je suis surpris de constater que c'est la première catégorie qui est prise d'assaut et affiche très vite complet dans certaines portions de la salle (en tout cas sur les concerts où elle ne monte pas trop haut) ; autant c'est très logique pour les concerts où les différences de prix entre catégories sont faibles (ONDIF, ONLille, etc.), autant pour l'Orchestre de Paris, hausse des tarifs aidant, ce commence à faire une somme.
Par ailleurs, un concert était déjà marqué complet dans toutes les catégories au bout de quelques heures d'ouverture (erreur ?)… il faut dire qu'il comporte à la fois du Mozart, du Beethoven et des valses viennoises ! 

¶ Pour finir, une astuce, si vous avez cherché en vain la Deuxième de Mahler dans les abonnements, il faut, une fois abonné, aller chercher dans les « avantages » et trouver le bon concert, là on peut réserver, dans toutes les catégories d'ailleurs (non valable pour les autres concerts). [Au passage, si vous prenez les places supplémentaires au moment de l'abonnement, vous payez plein tarif.]
Pour vous faciliter l'existence dans ce maquis touffu, je vous livre directement le lien. Je vous en prie.
En revanche, aucune trace de la 38e de Mozart le mardi 7 février, sans Zacharias.


E. Bilan


Tout est réuni pour un énorme remplissage : des œuvres très courues, un agencement avenant de thématiques accrocheuses, de grands noms partout – le Théâtre des Champs-Élysées continue de perdre des orchestres habitués au profit de la Philharmonie, la Radio Bavaroise ayant fini par adopter la Cathédrale de la Porte de Pantin ; ne restent plus guère, Avenue Montaigne, que Vienne, Dresde et l'Opéra de Munich.

Je suis assez déçu devant le rétrécissement du répertoire : beaucoup moins de choses originales par rapport à Pleyel ou à la saison qui s'achève. Et en dehors du contemporain, toujours très fourni et varié (explorant plutôt les extrêmes d'ailleurs, les « atonals officiels » et minimalistes, pas les néo-tonals ou atonals polarisés), il reste peu d'éléments des anciens points forts de la Cité de la Musique (baroque, lied, pots-pourris thématiques). La déroute du lied, concentré sur trois concerts en deux jours, reste spectaculaire, alors qu'il y avait cette tradition de concerts à plusieurs voix, qui remplissait plutôt bien d'ailleurs, se limitant à un soir par an (les Liederspiele de Schumann, le Lapin de fiançailles de Schubert…).

Néanmoins, considérant la masse immense de concerts proposés, et l'existence de nombreuses autres salles (réouverture de Favart, peut-être de l'Athénée…), il y a amplement de quoi passer sa vie au concert, sans être condamné à se gaver de Beethoven et de Brahms.

Bonne chasse !


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Commentaires

1. Le lundi 4 avril 2016 à , par Xavier

Pour ce qui est de la précision des programmes, ça dépend des fois quand même...
Le 20 mai, l'Oiseau de feu, sans aucune précision. (même si le pompon c'était pour cette saison avec le Rossignol de Stravinsky annoncé... sans voix!)
Sinon d'accord avec le principal de ton analyse, cette saison semble plus plan-plan que la précédente, laquelle semblait déjà moins originale que celle d'avant... la tendance semble quand même s'accentuer.
Et je me demande si le 2è concerto de Brahms n'est pas encore plus donné que le 5è de Beethoven!

2. Le mardi 5 avril 2016 à , par DavidLeMarrec

Oui, ce n'est pas parfait, mais comparé aux autres salles qui ne mettent pas toujours le détail (les œuvres ne sont pas nommées, ou alors pas les sections des œuvres, et encore moins les états de la partition) ; justement pour l'Oiseau, la Philharmonie indique systématiquement lorsque c'est une des Suites, jusqu'ici.

La première (demi-)saison n'était pas très originale non plus ; je crois qu'on perçoit surtout le contraste avec 2015-2016, vraiment variée, et que l'effet du changement de répertoire de l'Orchestre de Paris se fait sentir : les programmes les plus originaux (Rott, Nielsen, Sibelius, Copland, Tubin, Márquez…), c'est avec lui que je les ai entendus. Le reste étant surtout constitué de programmes plus grand public (ONDIF, Colonne – je ne les ai pas vus dans cette nouvelle saison –, Pasdeloup) ou des tubes joués par les orchestres mondiaux en tournée, c'était un peu ce qui faisait la différence… Il faut encore attendre un peu (deux saisons complètes seulement) pour en tirer des tendances ; mais oui, par rapport à Pleyel, les intégrales Szymanowski paraissent un assez lointain écho…

Pour ma part, vu le nombre de concerts, j'ai quand même largement de quoi écouter trop de musique, mais si on est plus versé dans une niche précise, c'est sûr que le baroque (certes joué ailleurs), le lied, l'orchestre français ou certaines écoles de musique contemporaine ne sont quasiment pas représentés du tout.

3. Le mardi 5 avril 2016 à , par Benedictus

Je me faisais justement cette réflexion en lisant l'ensemble de tes pré-échos (et pas seulement de la Philharmonie): j'aurai finalement eu de la chance d'être à Paris en 2015-2016; 2016-2017 s'annonce moins prodigue en programmes "pour moi".

(Déjà jusqu'à maintenant, rien que Prometeo, Bruckner 5 et Sibelius 5, Meistersinger, de la musique Louis XIII par le Poème Harmonique, le Miserere des Jésuites par Daucé, la création d'un quatuor à cordes de Manoury et le Quatuor avec piano de Castillon, c'était totalement inespéré. Et si je n'avais pas regagné mes contrées pour les vacances, il y aurait même eu Moses und Aron et les Lagrime di San Pietro!)

4. Le mardi 5 avril 2016 à , par Xavier

Le changement de répertoire de l'orchestre de Paris n'est-il pas surtout du fait de l'arrivée d'Harding?
Si c'est le cas, on peut être plutôt pessimiste pour les années suivantes...
Sans démériter, si c'est pour jouer la même chose que les autres grands orchestres européens en moins bien, c'est un peu dommage.

5. Le mardi 5 avril 2016 à , par DavidLeMarrec

@ Benedictus : Oui, clairement, mais dans ce que tu cites, seuls quatre titres étaient programmés par les maisons qui ont publié leur programme à ce jour (plus Moses pour l'ONP). J'ai croisé quelques trucs qui t'auraient sans doute intéressé, comme la grande rétrospective d'avant-garde institutionnelle ou la fresque Marcabru-Dufay-Willaert-Gabrieli de Savall…
Cela dit, oui, tu es vraiment tombé sur une année à ta mesure !

@ Xavier : Harding étant le directeur musical, oui, c'est lui qui lui fait les programmes. Si tout est vide ou s'il programme uniquement des machins immenses comme l'Acte Préalable, il aura des problèmes, mais sinon, c'est quand même lui qui choisit l'essentiel. C'est peut-être simplement pour travailler avec l'orchestre (puisqu'il paraît qu'il n'a collaboré qu'une seule fois avec eux, deux en comptant la prochaine Quatrième de Mahler), prendre des habitudes communes dans un répertoire familier… Harding a un répertoire large, il proposera peut-être des choses plus innovantes dans les saisons à venir.
Mais je suis bien d'accord, si c'est pour jouer la même chose que les orchestres invités ou que les orchestres de Radio-France, à quoi bon.
(D'ailleurs, d'après de premiers échos, il y aura beaucoup de Strauss à Radio-France, et assez peu de français ou de raretés…)

6. Le mardi 5 avril 2016 à , par Paulette

Pauvres jeunes filles qui y ont manifestement laissé leurs culottes, mais 1° la légende s'orthographie Deux jeunes filles après la période des abonnemens et 2° il faudra leur rappeler que les animaux (sauf chiens d'aveugles of course), sont interdits dans la salle

7. Le mercredi 6 avril 2016 à , par Pierre Guédron

... Et en français restitué, on prononce abonnemen-nnnsss.
Par ailleurs, ce petit pont manque de coil, je trouve.

8. Le jeudi 7 avril 2016 à , par DavidLeMarrec

Les charpentiers vous ont donc laissé passer, Pierre, sans vous demander votre nom ?


[Paulette :] Pauvres jeunes filles qui y ont manifestement laissé leurs culottes

On peut même dire qu'elles sont tondues.

9. Le jeudi 28 avril 2016 à , par Berwald

Bonjour David,

"D'ailleurs, d'après de premiers échos, il y aura beaucoup de Strauss à Radio-France, et assez peu de français ou de raretés…"

Heureusement, à la lecture de la nouvelle saison (en ligne sur le site des concerts de Radio-France), lesdits échos ne se matérialisent pas tout à fait : le compositeur le plus joué sera Ravel (dans 10 concerts + 3 "pédagogiques", et, performance supplémentaire, sans une seule exécution du Boléro !), il y aura autant de Debussy que de Strauss, et beaucoup de Sibelius, sans parler de Bach qui, nouvel orgue oblige, résonnera souvent à l'auditorium !

J'ai noté de remarquable :
- deux beaux concerts d'ouverture de saison avec raretés, la "Tragédie de Salomé" de Schmitt pour le National, et "Lapsimessu" de Rautavaara pour le Philhar
- un "Monsieur Beaucaire" de Messager par le Philhar
- deux très belles symphonies de Nielsen, la 2ème par le National et la 4ème par le Philhar
- la merveille d'orchestration qu'est "Nursery" d'Inghelbrecht, que défendra le National
- deux concertos rares : le concerto pour trompette de Robert Planel par le Philhar et le concerto pour contrebasse de Nino Rota par le National
En attendant votre propre notule consacrée à la question...

10. Le samedi 30 avril 2016 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Franz !

C'est toujours le cas lorsqu'on a un écho global, les autres ne regardent pas forcément les mêmes choses, et même les lignes de force ne sont pas forcément interprétées de la même façon (je suis enchanté du couplage Sibelius 2 / Tchaïkovski 6, qui est tout sauf une rareté).

Je ne ferai vraisemblablement pas de notule là-dessus : pas grand'chose de particulier à repérer (et plus d'avant-première), si on lit simplement la brochure, on voit tout ce qu'il faut. (Et puis j'ai des notules discographiques et « pédagogiques » en retard.)
[Bien, en fait, maintenant que vous avez amené le sujet, je crois que je vais en toucher un mot.]

J'ai effectivement repéré sensiblement les mêmes choses que vous :
– la Suite de Salomé de Schmitt ; hélas, comme pour l'Oiseau de feu et la plupart des suites du monde, il manque une grosse part du plus intéressant dans la Suite…) ;
– les 2 & 5 de Sibelius ; pas rare, mais j'aime ça, d'autant que je suis un converti plutôt récent) ;
– les 2 & 4 de Nielsen ; je désespérais de jamais voir la 2, en plus par Storgårds !
– week-end musique de chambre nordique : piano de Čiurlionis ; orgue de Kalniņš, Ešenvalds, Vasks, etc. ; Quatuors de Stenhammar, Szymanoski, Chostakovitch ;
– le couplage Lemminkainen (complet ?) de Sibelius / Symphonie de Debussy (l'orchestration de Matthews n'a pas été gravée semble-t-il, je n'ai vu que celle de Tony Finno) rend bien sûr curieux (même si, intrinsèquement, ce ne sont pas les plus grandes œuvres de leur auteur, surtout pour Debussy !).

La Cinquième de Sibelius a décidément une riche fortune ces derniers temps : en à peine plus d'un an, quatre programmations, pour un compositeur qui était quasiment absent des programmes il y a quinze ans… On a eu l'Orchestre de Paris en septembre 2015, le Philhar' en avril 2016, il y aura le Philharmonia en octobre 2016, et l'ONF en décembre 2016… Ils pourraient nous donner la version originale une fois, tant qu'à faire.

La Nursery, ça n'a jamais été publié en version orchestrale, n'est-ce pas ?  J'aime beaucoup le volume de Lise Boucher de la version pour piano. Il me semble, comme les Animaux modèles, que ce n'est proposé qu'en fragments pour un concert familial.

Monsieur Beaucaire ne me désintéresse pas, mais c'est beaucoup trop cher pour de la musique légère (surtout quand on a les Frivolités Parisiennes qui se produisent pour trois fois rien, avec un autre sens du style et surtout un tout autre enthousiasme !).

Pour le reste, quand même beaucoup de Brahms et Strauss, j'ai peine à ne pas remarquer qu'on pourrait supprimer un orchestre sans trop bouleverser la vie musicale… Certes, on voit bien que le grand répertoire et le patrimoine français échoient plutôt à l'ONF, tandis que le Philhar' fait l'opéra, le classique, le contemporain et les décadents… mais cela souffre tellement d'exceptions, et pour un répertoire tellement homogène, qu'on ne ferait pas vraiment la différence s'il n'y avait que 2/3 des dates et un seul orchestre. Du point de vue du contribuable en tout cas, ça paraît tellement une évidence ; si encore l'un des deux se déplaçait en province, mais ils restent résolument sédentaires, au service des parisiens et maintenant dans la même seule salle de concert ! 
Je ne le leur souhaite pas, et cela fait davantage d'offre pour nous, mais il se peut bien qu'un jour, ce manque de lisibilité se paie assez cher pour eux. Même les logos sont identiques (une belle réflexion à ce sujet, ) !

11. Le samedi 30 avril 2016 à , par Barbajuan

Bonjour !

"La Nursery, ça n'a jamais été publié en version orchestrale, n'est-ce pas ?"

Si ! De courts extraits seulement, certes, enregistrés par Inghelbrecht lui-même. C'est par ici :
http://www.deezer.com/album/11232618

12. Le samedi 30 avril 2016 à , par Berwald

En effet, Barbajuan ! Concernant la Nursery, j'ai également en discothèque une version récente de la suite n° 3 au complet par les Philharmonia Virtuosi sous la baguette de Richard Kapp, sous étiquette d'un obscur label américain, disque néanmoins très intéressant dans lequel on peut aussi entendre "La métamorphose d'Eve" du même Inghelbrecht.

Quant à la symphonie de Debussy, je n'ai pas non plus connaissance David d'un enregistrement de l'orchestration de Matthews. Celle de Finno figure en revanche dans l'intégrale orchestrale récente parue chez Naxos, par Märkl et l'ONLyon.

13. Le samedi 30 avril 2016 à , par DavidLeMarrec

Ah, formidable (tous les deux), merci ! Je vais aller entendre ça, j'ai trop hâte de découvrir picoti, picota pour viole d'amour et clarinette basse ! \o/

Quant à la Symphonie de Debussy, c'est plutôt du calibre de l'Enfant Prodigue que de Rodrigue ou de la Première Suite… Pas vraiment du grand Claude, donc je ne suis pas sûr de me déplacer, surtout qu'on dispose déjà d'une orchestration, et que je ne suis pas sûr qu'on puisse tirer, sauf à y mettre beaucoup de fantaisie, quelque chose de très passionnant de ce matériau-là.

14. Le samedi 30 avril 2016 à , par DavidLeMarrec

Après test : effectivement, jubilatoire, français au carré !

J'en profite pour faire remarquer que la version pour quatre mains est déjà beaucoup plus intéressante que celle pour deux mains enregistrée par Lise Boucher. Daniel Blumenthal en a mis de larges parts sur sa chaîne YouTube (dans une interprétation au demeurant plus vigoureuse et tranchante, qui rehausse le folklore et les astuces harmoniques).

15. Le samedi 30 avril 2016 à , par Berwald

N'est-ce pas !
En fait, la version originale étant justement celle à 4 mains, on y perd forcément en en enlevant 2... Richesse harmonique et inventivité contrapuntique sont en revanche sublimées par une orchestration fine et savante réalisée plusieurs années après par Inghelbrecht. Bonne idée donc du National de la ressortir des cartons (allez, on en veut encore et un peu plus des initiatives de cet ordre ;-)) !

16. Le dimanche 1 mai 2016 à , par DavidLeMarrec

… d'autant que les versions à quatre mains sont toujours meilleures que les versions à deux mains, deux pianos ou orchestrées. C'est en tout cas un constat empirique que je fais régulièrement – et le cataloue de Brahms en donne une illustration particulièrement exaltante.

Très chouette de ressortir la Nursery qui, si on communique dessus (les airs de notre enfance arrangés et orchestres par l'un des grands chefs de son temps en une vaste freste à la fois évocatrice et virtuose…), pourrait bien séduire une partie du public. Dommage de la limiter à des extraits commentés dans un concert familial – je ne l'ai pas vue programmée dans un concert standard, ou je me trompe ?

17. Le lundi 2 mai 2016 à , par Berwald

"Dommage de la limiter à des extraits commentés dans un concert familial – je ne l'ai pas vue programmée dans un concert standard, ou je me trompe ?"

Dommage, oui, et en "concert standard", non, pas encore programmée... Mais ne désespérons pas, peut-être pour la saison d'après si ça marche (ou si Michel Orier ou Mathieu Gallet nous lisent ;-)) ?...

18. Le jeudi 5 mai 2016 à , par DavidLeMarrec

Oui, peut-être l'entendrons-nous plus largement en 2017 ou 2018 ن شاء الله .

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