Pourquoi l'on aime la musique – Adophe ADAM, recréation du Farfadet
Par DavidLeMarrec, lundi 25 avril 2016 à :: Saison 2015-2016 :: #2797 :: rss
Adolphe ADAM – Le Farfadet – Académie des Frivolités Parisiennes
Découverte du petit Théâtre Trévise, où les Frivolités Parisiennes, admirées pour Bazan, donnaient l'un des meilleurs Adam, Le Farfadet, courte variation comique en un acte (et deux tableaux) sur la mode des demeures hantées et des créatures fantastiques.
Il s'agit bien évidemment, genre oblige, d'un mariage contre le gré des amants, qui se résout heureusement, comme dans La Dame blanche ou Dinorah, par l'intervention de faux événements merveilleux.
La partition culmine dans deux grands ensembles du niveau des grandes œuvres sérieuses : le quatuor de l'orage à la fin du premier tableau, et le quatuor du moulin, où celui-ci s'anime mystérieusement durant la nuit qui précède les noces.
On en trouve une version (avec Lina Dachary, et le formidable Joseph Peyron en bailli) captée par la RTF en 1970 – direction Robert Benedetti. Sans dialogues, mais cela permet de se faire une idée assez précise de l'œuvre, d'autant que les rôles sont bien dits.
Avec des moyens réduits (très peu de décor), les Frivolités parviennent à donner une représentation très complète : alors qu'il s'agit de jeunes chanteurs promus par l'association, leur fine préparation leur permet de tenir sur leurs épaules le spectacle en permanence, jusque dans les dialogues, très habités. Par ailleurs, ils chantent très bien, dans un style tout à fait adéquat.
Et, à nouveau, très impressionné par l'Orchestre des Frivolités Parisiennes : techniquement immaculé (de véritables professionnels très aguerris et convaincus, pas du tout un orchestre de cacheton !), et parcouru d'un enthousiasme très audible, un excellent orchestre, vraiment – ça change des grandes salles où le Concertgebouw ou Saint-Pétersbourg roupillent en jouant le Sacre du Printemps.
Dans le tout petit Théâtre Trévise (un seul balcon, très bas), je me fais, exactement comme pour Don César de Bazan (Théâtre de la Porte Saint-Martin, avec le même orchestre) la réflexion suivante : c'est ça, l'émotion musicale, percevoir le grain des instruments, le détail des inflexions des chanteurs. Ce n'est pas chercher la vaine perfection dans des hangars où l'on ne perçoit que la moitié des choses, en courant toujours vers la mise en place parfaite des mêmes œuvres les plus difficiles… Bien sûr, le lendemain dans la salle égyptienne de l'ancien Conservatoire, et le surlendemain à l'arrière-scène de la Philharmonie, je me suis également régalé, mais il y a dans cette proximité sèche une forme de vérité, d'immédiateté de la musique, sans cérémonies, sans initiation, qui accède comme à un niveau supérieur.

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