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Excéder son cercle – Braindead Bartoli


Vu passer une mention de cet instant, auquel je ne pouvais croire. Je suis donc allé fouiner, et je n'ai pas regretté mon effort :



Si la vidéo ne fonctionne pas sur votre équipement, j'en ai déposé un double sur YouTube.


La sénatrice démocrate (dont le brain est dead et dont les positions deviennent donc des caricatures de son camp) convainc un militant particulièrement liberal d'accomplir un acte extrême. Pour ce faire, elle recourt aux grands moyens :
— Just wanted to remind you that if it weren't for the Republicans, we could have Kaufmann, Bartoli and Terfel here all the time.
(— Je voulais simplement vous rappeler que, n'était l'obstruction des Républicains, nous pourrions voir Kaufmann, Bartoli et Terfel tout le temps à Washington.)
Voilà comment, dans un objet qui n'a pas du tout la même cible – et dont les contenus musicaux sont plutôt des ballades folk –, un certain nombre de chanteurs d'opéra, vivants, et qu'on pourrait se figurer insuffisamment emblématiques pour servir de symboles intelligibles au très grand public, se trouvent propulsés au rang de référence culturelle universelle. Gaines podales recommandées par les professionnels de santé de Cavaillon.

Au demeurant, Braindead est une série musicalement réjouissante, avec ses récapitulations chantées assez loufoques. (Propos tout à fait actuel de surcroît, la contamination de ces politiciens fictionnels les rend extrêmes, et cela se passe alors que la télévision, à l'intérieur de la série, diffuse les réunions publiques de Clinton et Trump…)

Dans le registre apocalyptique-métaphorique-comique, c'est assez finement poussé.


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Commentaires

1. Le dimanche 25 septembre 2016 à , par Jérémie

C'est effectivement un super feuilleton ! Et c'est vrai que quand j'ai regardé (en live à chaque fois, grand fan que je suis), ce passage m'a particulièrement interpellé !

Mais il faut savoir que le compositeur de la bande son, David Buckley, est très porté sur le baroque : déjà dans l'excellente série précédente des Kings (The Good Wife), beaucoup de ses morceaux sont des hommages au baroque Bach/Haendel/Vivaldi, autant dans l'usage de fugues, des harmonies et résolutions baroques, usage du clavecin, etc. Ce n'est pas toujours le cas (en particulier dans beaucoup des morceaux qu'ils ont mis sur le CD d'extraits de la bande son), mais suffisamment pour montrer que ce type a la musique classique, et baroque dans la tête.

2. Le samedi 1 octobre 2016 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Jérémie !

Ça ne pose pas les mêmes difficultés de vocabulaire que The West Wing (ni les mêmes défis de débit et de finesse), mais ce n'est pas un peu éprouvant, avec les coupures de pube qui doivent occuper la moitié ou le tiers du temps de diffusion ?

Merci pour ces précisions sur Buckley ; sa formation a de toute façon été très traditionnelle (il a même enseigné la musique à Cambridge…). Mais je doute qu'il ait contribué, surtout vu les modes de production actuels, au screenwriting. Il doit donc y avoir quelqu'un d'autre dans l'équipe qui avait envie de faire ce clin d'œil, en tout cas très divertissant pour les gens qui savent.

En plus, parfaitement d'actualité : j'ai l'impression, ces jours-ci, que l'activité musicale du monde se résume à spéculer sur la présence de Jonas Kaufmann (seul bon ténor en activité, manifestement) sur les scènes européennes dans les prochaines semaines. [Que ça occupe les directeurs parce que ça remplit les salles, très légitime, mais sinon, qu'est-ce que ça peut faire, franchement !  –  et je révère Kaufmann, pourtant.]  Ce genre de détail est déterminant, semble-t-il, dans le rayonnement des maisons et des capitales : celui qui chante sur ces grandes scènes est toujours aguerri, célèbre (et en général excellent), mais le degré de notoriété a ses hiérachies internes, assez artificielles et arbitraires, qui changent aux yeux du public et de la presse une représentation en événement.

Ça me paraît un peu pauvre, mais ce type d'argument (utilisé par des extrémistes au cerveau amputé, donc, dans le cadre de Braindead) est récurrent quand il s'agit de juger du prestige d'une maison ou d'une ville – le pôle culturel respectable est celui où l'on a Kaufmann, Bartoli et Terfel all the time

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David Le Marrec

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