Bilan
de septembre-octobre
On s'était arrêté au 25 septembre.
Beaucoup de spectacles rares (ou d'aspects insolites de ces spectacles)
ont été commentés depuis :
Eliogabalo de Cavalli,
Faust I & II façon
musical par Wilson,
Amphitryon de
Kleist version ronflette,
Brahms vocal sur crincrins par l'Orchestre des
Champs-Élysées,
Norma sur
pouêtpouêts par I Barocchisti…
Outre la dominante évidente que cela traduit pour le grattage plutôt
que pour le traditionnel poussage-tirage, ce n'épuise pas tout à fait
le sujet. Car il y eut aussi des inédits absolus dans les plus beaux
apprêts :
¶ Proserpine de
Saint-Saëns,
¶ Les Horaces
de Salieri, maillon manquant dont je parlerai bientôt ;
des bizarreries fascinantes :
¶ les Sept Dernières Paroles
de Haydn pour quatuor constituté d'une clarinette d'amour et trois cors
de basset ;
des retrouvailles bouleversantes
¶
programme
Cœur du
Poème Harmonique (Guédron, A. Le Roy, D. Le Blanc, A. Nonim…), cette
fois avec Eva Zaïcik (dont je prépare un petit portrait) ;
¶ Charpentier, du Mont, Pietkin par l'
Ensemble Athénaïs dans son nouveau programme.
et une plongée rare dans le
grand
orchestre de la Renaissance finissante (pièces vénitiennes vers
1610) avec Capriccio Stravagante et Vox Luminis.
Je devrais dire que c'était trop, mais à part Cavalli et Kleist, que du
tout premier choix. Mieux encore, la plupart était réellement de
l'ordre des spectacles marquants à l'échelle d'une vie de spectateur
(Venise 1610, Cœur, Les Horaces, Faust, Norma, Proserpine !).
Et il reste encore, pour finir le mois, le Faune et le Sacre sur
instruments anciens, Strindberg et l'
ECMA (dont je toucherai un mot). Pour
Büchner, ça attendra janvier. Et j'ai dû renoncer, faute de temps, aux
extraits des
Éléments de
Lalande & Destouches, malgré l'écoute avide du très beau disque.
Que nous promet novembre ?
Programme
de novembre
Pas le même taux de raretés absolues si on parle exclusivement d'opéra,
quasiment toutes concentrées dans une seule semaine d'octobre… Mais
beaucoup, beaucoup tout de même à voir pour le mois qui vient.
J'attire tout de même votre attention sur quelques friandises hors des
grands circuits :
♦ Musique vocale de
Kapsberger,
Merula et
Strozzi, accompagnée à la guitare
baroque (avec aussi des solos de
Sanz).
Hôtel de Soubise (pas cher).
♦ La Messe de
Boutry (1661)
par
Le Vaisseau d'Or, un inédit qui témoigne de la
polyphonie rémanente du style Louis XIII. Sainte-Élisabeth du Temple
(rémunération au chapeau, il me semble).
♦ Motets d'
Henry du Mont par
l'ensemble Correspondances (Sébastien Daucé) à la Chapelle Royale de
Versailles.
♦ Sonates pour violon et piano
Hérold,
Alkan,
Godard. Concert associé à une thèse
défendue au CNSM sur les sonates françaises pour cet effectif. Gratuit.
♦ Quintette avec piano de
Pierné
salle Turenne (aux Invalides). Il ne m'en reste pas de souvenir vivace,
mais la musique de chambre de Pierné est au minimum bonne, en général
(son piano solo est meilleur).
♦ Mélodies de
Berkeley et
Lili Boulanger à l'Amphi Bastille.
Couplé avec de plus traditionnels Duparc, Fauré, Britten. 25€.
♦ Concert monographique
Koechlin
à l'Auditorium Bernanos, avec la Sonate avec violoncelle (par Cameron
Crozman, un musicien assez considérable, capable de tout jouer à vue)
et surtout un bouquet de très rares mélodies, interprétées par Sophie
Albert, une soprane absolument délicieuse, idéale pour ce répertoire.
15€.
♦ Programme consacré à
Henriette
Puig-Roger (surtout connue comme professeur et comme organiste
dans quelques disques anciens de musique symphonique avec orgue), où
l'on jouera de ses mélodies et de sa musique de chambre (avec un peu de
piano de Messiaen aussi). Salle d'orgue du CNSM. Gratuit.
♦ L'immense cycle de variations d'une heure de
Frederic Rzewski, sur le fameux
thème
El pueblo unido… l'une des œuvres les
plus injouables de tout le répertoire, et néanmoins dans un langage
tout à fait accessible, faisant appel à des changements beaucoup plus
sensoriels que théoriques. Un des moments du piano du second XXe
siècle, qui recueille en général les suffrages aussi bien des radicaux
que des rétros… Salle Turenne aux Invalides.
♦ Un nouvel opéra de
Justine Verdier
et
Carlos Llabrès (
Gradiva) par la Compagnie de
L'Oiseleur. J'avoue ne pas du tout être tenté par l'intention (« opéra
surréaliste », l'occasion d'un livret encore plus mauvais qu'à
l'ordinaire, en général…), mais je dois bien admettre la clairvoyance
(et l'accomplissement) des projets de L'Oiseleur des Longchamps,
jusqu'ici !
Et puis…
cours public de cor
(le cours reflètera-t-il l'âme noire du misérable ?) et de direction d'orchestre (Alain
Altinoglu) au CNSM,
Weyes Blood passe
dans un petit café de Paris, Malakoff fait une semaine entière avec un
opéra traditionnel chinois (voir la
série de notules sur CSS) d'un style différent
chaque soir !
Côté théâtre,
Les
Gens de Séoul, pièce japonaise autour d'une famille de colons en
Corée à l'aube (puis, pour la seconde soirée, à la fin) des guerres de
14, sera jouée à Gennevilliers et Pontoise (en japonais, bien sûr). Et
aux Abbesses, on aura l'
Iphigénie de Goethe.
Expositions
Voici le fruit de mon relevé personnel, pas très original (je ne suis
qu'un petit garçon pour les expositions, et il me reste tant de lieux
permanents à découvrir), mais s'il vous inspire jamais…
→ Woerdehoff – Vestiges de l'Empire
(photos) – 26/11
→ Louvre – Bouchardon – 05/12
→ Chantilly – Grand Condé – 02/01
→ Cartier – Orchestre des Animaux –
08/01
→ Custodia – Fragonard-David – 08/01
→ École des Beaux-Arts – Pompéi – 13/01
→ Orsay – Napoléon III – 15/01
→ Petit-Palais – Wilde – 15/01
→ Petit-Palais – La Paix – 15/01
→ Louvre – Le Tessin – 16/01
→ Guimet – Jade – 16/01
→ Rodin – L'Enfer – 22/01
→ Jacquemart-André – Rembrandt – 23/01
→ Fontainebleau – Chambre de Napoléon – 23/01
→ Delacroix – Sand – 23/01
→ Judaïsme – Schönberg – 29/01
→ Invalides – Guerres secrètes – 29/01
→ Orangerie – Peinture américaine – 30/01
→ Luxembourg – Fantin-Latour – 12/02
→ Galliera – Collections – 17/02
→ Arts Déco – Bauhaus – 26/02
→ Dapper – Afrique – 17/06
→ Histoire Naturelle – Ours – 19/06
→ Histoire Naturelle – Trésors de la
terre – jusqu'en 2018…
Pour l'instant amené une demoiselle vertueuse voir
Magritte
(elle a semblé agréablement surprise par la taille de ce qui était
exposé), où les commissaires ont astucieusement articulé les
préoccupations du peintre (assez répétitives) avec les classiques de la
question de la représentation : le Veau d'Or, la Caverne, les raisins
de Zeuxis…
Au demeurant, ce n'est non plus le peintre du siècle, je ne suis pas
sûr, malgré la publicité tapageuse, que la queue vaille Magritte.
Toujours au Centre Pompidou, l'exposition
Polyphonies, censée poser des
questions profondes autour de la voix, consiste en réalité en deux
salles : une pièce avec des pupitres sans musique (interrogeant les
aspects actuels des conflits armés) et une autre contenant la vidéo et
les objets d'une performance passée… On peut y accéder avec le billet
du musée permanent, et ça ne vaut pas vraiment le voyage – outre que ça
m'a paru convenu et faible, c'est surtout très court (seulement une
œuvre de réellement présente, en fait). En revanche, on peut voler la
partition et les gants assez facilement, si jamais vous nourrissez un
penchant expo-fétichiste.
Et puis testé l'expo sur les
représentations
primitives de l'ours à Saint-Germain-en-Laye, toute petite
présentation dans les superbes salles Renaissance du château… vu pour
des raisons biographiques, disons – auxquelles seuls les aèdes auront
un jour accès.
Il faut souligner que l'accueil au château est
absolument formidable : tout le personnel (sécurité, billetterie,
surveillance des salles) arbore un sourire plein de simplicité ; à 30
minutes de la fermeture, on peut entrer et faire tout le château (sans
payer, d'ailleurs) ; 35 minutes plus tard (!), on vient poliment voir
chaque visiteur pour lui glisser
discrètement que dans 5 minutes, on va commencer à fermer.
Être bien accueilli n'est pas extraordinaire en soi,
mais tout le monde semblait tellement décontracté (à l'heure de la
fermeture !) et affable, c'est rare (nous avons bien croisé une dizaine
de personnes, toutes sur le même ton). Quel contraste avec le ton
passif-agressif des deux tiers du personnel de Pompidou…
Programme
synoptique téléchargeable
Comme toujours :
Les codes couleurs ne vous concernent pas davantage que
d'ordinaire,
j'ai simplement autre chose à faire que de les retirer de mon relevé
personnel, en plus des entrées sur mes réunions professionnelles ou mes
complots personnels. Néanmoins, pour plus de clarté :
◊ violet : prévu d'y aller
◊ bleu : souhaite y aller
◊ vert : incertain
◊ **** : place déjà achetée
◊ § : intéressé, mais n'irai probablement pas
◊ ¤ : n'irai pas, noté à titre de documentation
◊ (( : début de série
◊ )) : fin de série
◊ jaune : événement particulier
◊ rouge : à vendre / acheter
Les bons soirs, vous pourrez toujours guetter ma silhouette gracile
agitant charismatiquement mon costume de soirée neuf dans les escaliers
surpeuplés.
Cliquez sur l'image pour faire
apparaître le calendrier (téléchargeable, d'ailleurs, il suffit
d'enregistrer la page html) dans une nouvelle fenêtre, avec tous les
détails.
Non, décidément, avec le planning de CSS, n'hésitez pas à montrer à vos
amis comment vos jours de novembre s'allongent.