[Carnet d'écoutes n°103] – DIE WALKÜRE – Goerne, Hong-Kong, van Zweden
Par DavidLeMarrec, mercredi 16 novembre 2016 à :: L'horrible Richard Wagner :: #2875 :: rss
Pardon, je balance ça de façon tout à fait gratuite et pas le moins du monde détaillée ou argumentée, simplement une invitation à l'écoute.
Rheingold était très attendu, et pas particulièrement marquant, même pour Goerne, qui sonnait un peu trop absorbé dans l'orchestre et l'acoustique, et pas non plus à son aise pour dire dans ce format un peu ample. La version simultanée parue avec Rattle et la Radio Bavaroise était, elle, captivante, et ça a réglé la question des réécoutes.
En revanche, ici, la réussite est impressionnante. Certes, Jaap van Zweden reste toujours assez lumineux et parfois un peu aimable, les cuivres pas aussi nets que dans les plus grands orchestres de la planète, mais à partir de la fin de l'acte II, le chef semble s'enflammer, et la première moitié du III (après un rare cas de scène de walkyries réellement drolatique) est d'une intensité rarement entendue : tout fuse, tout s'enchaîne, les plaintes, les révoltes, le drame, et le lyrisme de Zweden trouve ici son meilleur usage. Les cordes du Philharmonique de Hong-Kong sont, elles, d'une précision et d'une finesse qu'on n'aurait pas pu rêver dans les meilleures phalanges des années 70.
Côté vocal, en plus, c'est plutôt la fête : Stuart Skelton en forme (et complètement habité à l'acte II), Heidi Melton très intense (dans le genre de Sieglinde-cousine-de-Brünnhilde, c'est assez parfait), Falk Struckmann qui poursuit son élévation vers les sommets (il irradie comme un diamant noir…) et même Petra Lang, sans être séduisante, s'exprime sans effort – timbre peu gracieux, mais pas l'impression qu'elle pousse sa voix –, avec beaucoup d'engagement. Moins convaincu par Michelle DeYoung (plutôt déclinante à présent), mais on ne peut pas se vanter d'avoir souvent ce genre de distribution. Pas tant les noms que le fait qu'ils soient tous simultanément dans leur meilleur jour !
Matthias Goerne offre enfin la palette espérée : alors que l'articulation des mots est un peu lâche (et se perd dans la salle), il réussit le même paradoxe extraordinaire que dans le lied ; la diction est certes très globale, peu acérée, mais le détail de l'expression est comme infini. La douceur de la ligne, la finesse des inflexions, la saveur des phrases sont réellement ineffables. Les graves, souvent sacrifiés si l'on veut des interprètes capables d'éclats dramatiques (et donc pourvus d'aigus stables, on ne peut pas tout avoir…) sont d'un moelleux (et d'une finesse expressive) que je ne crois pas avoir déjà entendu. Et, chose plus étonnante, s'il n'a pas les angles des habituels barytons dramatiques, les épisodes de colère demeurent spectaculaires.
Si l'on aime Goerne, et si l'on veut renouveler l'écoute de l'œuvre (l'un des plus beaux remerciements de Sieglinde, au passage), c'est clairement un des meilleurs choix parmi les parutions récentes (ou anciennes, au demeurant).
Commentaires
1. Le jeudi 17 novembre 2016 à , par antoine
2. Le dimanche 20 novembre 2016 à , par DavidLeMarrec
3. Le dimanche 20 novembre 2016 à , par Diablotin :: site
4. Le dimanche 20 novembre 2016 à , par DavidLeMarrec
5. Le dimanche 20 novembre 2016 à , par antoine
6. Le dimanche 20 novembre 2016 à , par Diablotin :: site
7. Le dimanche 20 novembre 2016 à , par DavidLeMarrec
8. Le dimanche 20 novembre 2016 à , par antoine
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