Carnets sur sol

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Le défilé d'Avril


Tradition de toujours. Bilan du mois écoulé. Et quelques recommandations pour ne pas manquer tous ces beaux concerts cachés d'avril.
Cette fois encore, pour des raisons de praticité, je me limite à une petite expansion de ce que j'ai déjà collecté pour mon usage personnel, donc en région Île-de-France essentiellement. La sélection ne se limite pas à Paris ou, du moins, est faite après la lecture des programmes de la plupart des théâtres de la région – en musique en tout cas, puisque l'offre de théâtre est tellement incommensurable que je me limite à indiquer quelques-unes de mes marottes.



mars 2017
Diagonale de putti dans les loges de l'Oratoire du Louvre, sous les tribunes.



1. Les combats de mars

Quelques aventures sont encore prévues pour la dernière semaine du mois, mais il faut bien effectuer un bilan avant le 1er avril pour annoncer les concerts dignes d'intérêt…

Les renoncements sont toujours inévitables, et j'ai dû abandonner, pour raisons tantôt personnelles, tantôt professionnelles (tantôt envie de faire autre chose que des concerts, aussi…) :
Le jeune Sage et le vieux Fou de Méhul (certes un de ses opéras comiques un peu légers) à la BNF (tellement bien annoncé que je l'ai découvert une heure avant le concert), étant déjà accompagné pour la Tragédie de Salomé intégrale de Florent Schmitt (ce qui est au demeurant un choix très défendable) ;
– le Retour d'Ulysse de Monteverdi dans une fulgurante distribution ;
– le Boccanegra luxueux en diable de Monte-Carlo (Radvanovsky, Vargas, Tézier, Kowaljow…) ;
– le concert Copland-Barber-Bernstein de l'ONDIF, que j'irai plutôt voir à Montereau (qu'il est beau de voyager, dit-on dans cet opéra) ;
– enfin et surtout, la grande rétrospective de la création contemporaine officielle depuis 50 ans, à la Cité de la Musique (avec de très beaux choix de programme par l'EIC) ; mais le même soir que la Jehanne de Tchaïkovski, je n'avais guère de choix en réalité.

Ne croyez donc pas que je les aie boudés par mépris.

Par ailleurs, il y avait déjà de quoi s'occuper, avec 11 soirées rien qu'entre le 2 et le 25 mars.



♣ Pas toujours des inédits mondiaux, mais des choses qui ne passent que très exceptionnellement en France (voire dans le monde…) :

♣♣ La Pucelle d'Orléans de Tchaïkovski. Par le Bolchoï de surcroît : orchestre, chœur et troupe de solistes !  L'opéra n'est à peu près jamais donné hors de Russie (où il n'est pas exactement un standard non plus), et le disque n'en documente que deux versions, assez anciennes (la plus récente date des années 70). C'est une étrangeté, puisque composée juste après Onéguine, elle marque, comme Mazeppa écrit juste après (et contrairement à l'Enchanteresse, à la Dame de Pique et à Iolanta qui achèvent sa carrière lyrique), une sorte de retour vers un genre plus formel du grand opéra historique, même musicalement. Les récitatifs y sont en effet assez rigides, les airs et numéros assez longs, pas du tout effleurés comme dans Onéguine (où Tchaïkovski a vraiment épousé au plus près son sujet !). Néanmoins, plusieurs grands moments de grâce, en particulier les grands ensembles et les scènes de foule, et surtout les préludes de chaque tableau, où l'on retrouve toute la virtuosité purement musicale (harmonie, orchestrtion) de Tchaïkovski.
♣♣♣♣ L'opéra s'écarte évidemment des sources historiques, puisque Jehanne y vit une histoire d'amour qui, dans une lecture assez mystique (façon Samson) et décadente, consume ses forces et lui fait perdre sa légitimité. C'est à Chinon, lors de la présentation de Jeanne, qu'on annonce le siège compromis d'Orléans, et c'est son propre père qui la maudit ;  marchant ensuite à peu près seule (avec son semi-amant) dans le forêt, elle se fait capturer par les Anglais. Chaque acte développe un lieu différent de façon assez habile : Domrémy, Chinon, Reims, Rouen.
♣♣♣♣ L'Orchestre du Bolchoï n'est plus très typé (hors les remarquables cors translucides assez caractéristiques), la différence passe, à tout prendre, plutôt par le style du portamento (ports de voix) des violons dans les phrasés lyriques. Le Chœur, lui, est à couper le souffle : n'importe quel choriste pourrait chanter à Bastille demain – les volumes et la perfection des voix, sans jamais sembler désagréablement écrasants comme d'autres chœurs de quasi-solistes (Chœur de Radio-France, la plupart des chœurs d'opéra de France et d'Italie…). Côté troupe, Anna Smirnova révèle à quel point la tessiture très centrale du rôle-titre, recouverte par l'orchestre, doit être un problème insurmontable pour le distribuer à tout autre qu'elle ; Bogdan Volkov (Raymond, son soupirant de Domrémy) comme toujours très élégant, Oleg Dolgov (Charles VII), autre ténor limpide et élancé à la russe (toujours ces dégradés de couleurs), superbe Anna Nechaeva (Agnès Sorel), très charismatique dans un rôle très court… et par-dessus tout Stanislav Trofimov (l'Archevêque), une voix quelque part entre Kurt Moll et Martti Talvela, à la fois noire et lumineuse, profonde et pure, grave et très aisée dans l'aigu. Mon chouchou personnel, l'Ange de Marta Danusevich : une voix de soprano dont le timbre très fruité paraît celui d'un mezzo lyrique, avec une richesse de coloris rare chez les voix hautes. Et qui surmonte le chœur sans la moindre peine.

♣♣ La Deuxième Symphonie de Nielsen (voir présentation) par l'ONF et le spécialiste (parmi la poignée des tout meilleurs) John Storgårds. L'une des plus belles symphonies de tout les temps, aussi considérable que la Quatrième à mon sens (quoique moins complexe). En tout cas dans mon TOP 5 du premier vingtième (il y aurait aussi van Gilse 2, Schmidt 2, Sibelius 7, Walton 1 – pour le top 10, Atterberg 1, Alfvén 4 et Madetoja 2, assurément). Chaque mouvement est à la fois fascinant et exaltant, culminant dans la reprise en climax du thème du mouvement lent…
♣♣♣♣ Ce soir-là, le grain naturel et tranchant des cordes de l'ONF des grands jours en faisait le meilleur orchestre du monde. Et pour ne rien gâcher, nous eûmes le plaisir d'entendre en vrai Fanny Clamagirand que j'admire depuis longtemps – pas un gros son, mais une beauté de timbre et un goût parfaits. La création d'Édith Canat de Chizy n'était pas pénible que son ordinaire, à défaut d'imprimer le moindre début de sentiment de nécessité – la suite d'effets traditionnels, sans propos thématique / structurel / climatique identifiable. En n'essayant pas trop de s'intéresser au propos fuyant, le temps passe sans douleur. En bis, une splendide sarabande de Bach (comme après chaque concerto pour violon, certes).
♣♣♣♣ Accueil toujours aussi catastrophique à Radio-France : sécurité peu respectueuse (tout le contenu du sac retourné sans ménagement et sans demander l'autorisation – en principe, on enseigne l'inverse aux agents), replacement de force du public, même si les places d'arrivée sont moins bonnes (alors qu'en principe, on propose ce genre de chose). Toujours l'impression, donc, d'être à peine toléré alors qu'on a payé sa place et qu'on voudrait juste ne pas être traité comme un délinquant pour vouloir entrer dans la salle puis s'asseoir à sa place.
♣♣♣♣ Salle remplie au quart (uniquement les parties de face, et pas en entier, sur deux étages des trois) : entre les artistes formidables mais peu célèbres, Nielsen 2 qui n'est pas encore dans les habitudes du public symphonique, et la création de Canat de Chizy, trop bien connue, il est vrai qu'on avait cumulé les paramètres de désaffection (il aurait fallu un concerto de Tchaïkovski avec Jansen en première partie, et mettre Clamagirand-Chizy dans un concert avec Mahler 4 ou Beethoven 5 en seconde partie…).

♣♣ La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt, dans sa version originelle et intégrale pour petit orchestre (bois par 1). Un superbe cadeau d'Alain Altinoglu pour sa classe de direction d'orchestre au CNSM… Présentation de l'œuvre (et éloge des musiciens) faite tout récemment.



♪ D'autres raretés, peut-être pas majeures, mais très intéressantes.

Il Matrimonio segreto de Domenico Cimarosa, un opéra bouffe sur sujet domestique, succès immense et emblématique à son époque – dès la création, bien avant la vénération bruyante de Stendhal. Il m'est difficile, je l'avoue, de m'immerger totalement dans une œuvre théâtrale aussi fragmentée (discontinuité maximale entre de jolis airs très mélodiques qui évoluent peu, et les récitatifs secs), et les coupures réalisées par Patrick Davin, pour une fois, se défendent – sans quoi le spectacle aurait été très long, et pas forcément plus riche (ce n'est pas comme couper du Richard Strauss d'une heure et demie). Surtout, Cécile Roussat et Julien Lubek, une fois encore (témoin leur Dido and Æneas de Rouen) montrent qu'ils sont les metteurs en scène actuels les plus capables d'animer une scène, même conçue comme immobile. Quoi qu'on pense de la musique et du livret (de Giovanni Bertati, celui qui invente la mort liminaire du Commandeur dans les multiples refontes de Don Juan), le résultat était un grand moment de théâtre. La principale réserve tient au style de l'Orchestre du CNSM, que Patrick Davin fait sonner comme le studio Sanzogno… donc peu sensible aux « nouveaux » apports musicologiques des soixante dernières années, disons.
♫♫ Les jeunes chanteurs, bien connus de nos services, sont remarquables, en particulier Harmonie Deschamps, Marie Perbost (mainte fois louées en ces lieux), et par-dessus tout Jean-Christophe Lanièce qui révèle, en plus de ses talents connus de chanteur et diseur, un charisme d'acteur phénoménal. Par ailleurs, la voix paraît différente en italien, moins centrée sur la couleur et davantage sur l'éclat, s'adaptant ainsi idéalement au répertoire.

Les Saisons de Haydn dans la version (en français) de leur création française (selon le vœu d'adaptation vernaculaire de Haydn). Musiciens du Palais-Royal dirigés par Jean-Philippe Sarcos dans la salle néo-égyptienne de l'antique Conservatoire de Paris. Il y a quelque chose de particulier à entendre cette musique dans la salle où l'on joua pour la première fois les Symphonies parisiennes de Haydn, la Fantastique de Berlioz, et où l'on donna pour la première fois Beethoven en France… de quoi méditer sur le son des origines (acoustique assez sèche, lieu d'où l'on entend bien partout, atmosphère assez intime, et même une certaine promiscuité dans les loges).
♫♫ Pour le reste, je ne suis pas un inconditionnel des oratorios de Haydn : de très belles choses, mais l'ensemble me touche peu. La plus-value du français n'était pas aussi bien mise en valeur que pour la Création, si bien que mon intérêt s'est un peu émoussé, je dois l'avouer, sans que l'œuvre soit en cause.
♫♫ J'ai trouvé le français des interprètes (même Clémence Barrabé !) et du chœur très correct, mais assez peu généreux vu le projet (Sébastien Obrecht, ayant travaillé la partition en 48h, étant plus expansif que ses compères). Alors que pour la Création, la limpidité du chœur (mais il n'était pas constitué des mêmes personnes, quoique portant le même nom…) et les couleurs de l'orchestre m'avaient ravi, j'ai trouvé cette fois l'orchestre plus limité (par rapport à la concurrence superlative en tout cas) et le chœur plus indifférent au paramètre linguistique. Pour finir, Aimery Lefèvre devrait vraiment s'interroger : en chantant aussi engorgé, il est inintelligible, la voix ne porte pas du tout, et ses aigus sont difficiles (ce qui, pour un baryton aussi jeune, est quand même peu rassurant). C'était déjà une tendance dans David et Jonathas il y a trois ou quatre ans, mais la voix commence vraiment à en souffrir désormais.




♥ Des tubes personnels :

♥♥ In Taverna avec l'ensemble Il Festino – et Dagmar Šašková, la meilleure chanteuse du monde. Programme entendu en septembre 2009, et que je cherchais absolument à entendre : des airs à boire de Moulinié et LULLY, entrecoupés de déclamation en prononciation restituée (par le virtuose Julien Cigana) d'extraits d'éloges du jus de la treille par La Fontaine, Rabelais, Saint-Amant ou Scarron !
De quoi se mettre en train le dimanche à 10h du matin. L'heure a sans doute un peu brouillé les cordes de la chanteuse, moins à son faîte que de coutume, mais ce programme est simplement grisant, à tout point de vue, l'une de mes grandes expériences de spectateur. (Il fallait pour cela se déplacer au Conservatoire de Puteaux un dimanche matin assez tôt, mais qui peut mettre un prix sur le bonheur ?)

♥♥ Le Concerto pour la Nuit de Noël de Corelli (par Karajan ou par les meilleurs baroqueux, toujours bouleversant, là où tout le reste de Corelli paraît tellement plus décoratif…), une Suite tirée d'Atys de LULLY. Et puis des extraits des Vêpres de la Vierge de Monteverdi et la musique pour les Soupers du comte d'Artois de Francœur. C'était le concert d'inauguration de la section musique ancienne du tout récent OJIF (Orchestre des Jeunes d'Île-de-France), censé être une formation de haut niveau auto-professionnalisante, créée au printemps dernier. Très bien exécuté (plein d'éloges et de petites réserves à émettre, bien sûr), mais les conditions climatiques extrêmes laissaient peu le loisir d'être ému : la porte largement ouverte sur la rue a vidé l'Oratoire du Louvre de toute sa chaleur… un concert assis immobile à 10°C, c'est plus pénible qu'exaltant, clairement. Un peu comme écouter Mozart pendant qu'on vous arrache les ongles. Ou comme écouter du Glass dans un jacuzzi avec une authentique glace italienne à la main sous le soleil toscan. Difficile de se départir de la douleur.



♠ Oserai-je le confesser ?  J'ai aussi assisté à des concerts d'un conformisme vertigineux – et passé un excellent moment.

♠♠ Symphonie n°38 de Mozart par l'Orchestre de Paris à la Philharmonie. (Certes, parce que je n'ai pas réussi à revendre ma place, je croyais que c'était la seule œuvre au programme, et que Zacharias dirigeait…) Inséré au sein d'un bizarre spectacle racontant vaguement la relation de W.A. avec Leopold.
♠♠♠♠ Outre que la (magnifique) symphonie était assez bien jouée (je l'aime avec plus de tranchant, mais ce n'était nullement mou) et que le tarif était ridiculement attractif (20€ pour toutes les places), expérience très intéressante pour observer un public vraiment différent. Les gens ont systématiquement applaudi entre les mouvements, et personne ne leur a dit chut ! – voilà une excellente preuve qu'il ne s'agit pas d'initiés. Et ils ont hésité en réclamant le bis, je crois qu'ils attendaient une conclusion (moi aussi, à vrai dire), puisque Mozart et son père s'asseoient pour regarder la symphonie (et le tout durait à peine plus d'une heure), on pourrait attendre une petite fin théâtrale… Le violon solo Philippe Aïche, dans son élégance habituelle, se lève alors et entraîne l'orchestre avec un geste qui semble dire vous avez pas assez applaudi, tant pis pour vous – on dit toujours qu'on veut s'ouvrir, mais on préfère quand même traiter avec ses semblables, pas avec les bouseux qui découvrent le concert.
♠♠♠♠ J'essaierai de produire une notule pour explorer cette question des codes du concert et plus largement de la compréhension de la musique classique – y a-t-il des limites à ce qu'on peut faire aimer à un auditeur occasionnel ?  Perçoit-on réellement l'essence des œuvres quand on n'est pas musicien / mélomane aguerri ?  Sujet passionnant (et inconfortable).

♠♠ Symphonies 1, 4 et 7 de Beethoven par l'Orchestre des Champs-Élysées et Herreweghe. Enfin pu entendre la Première en vrai… du niveau des plus grandes. Et la dernière notule traite justement de la Quatrième. Herreweghe ne cherche pas l'effet, tout est joué avec simplicité, une sorte d'exécution-type sur instruments anciens, et cette musique est déjà si forte que c'est assez parfait – en tout cas ce que je cherchais ce soir-là. Étrangement, la 7 (pourtant à peine plus entendue que la 1 sur ma platine…) m'a moins fortement touché – peut-être parce que j'entendais la 1 pour la première fois (la 7 que pour la seconde, cela dit, et à 15 ans d'intervalle…), et que je me convertissais enfin résolument à la 4.

♠♠ Les Nuits d'Été de Berlioz dans sa version (originale) pour baryton, par Christian Gerhaher… la franchise du texte (il ose de ces sons ouverts !) est exceptionnelle, et le caractère plus « parlé » d'un timbre de baryton tire l'œuvre hors des évocations vaporeuses habituelles vers du texte brut – Théophile Gautier en paraît presque sauvage et échevelé !  Par ailleurs les Pièces opus 16 de Schönberg, que j'aime beaucoup, mais qui en concert manquent justement de direction, de propos continu. D'éphémères belles associations de timbre. Et pour finir, la Deuxième Symphonie de Schumann dirigée par Daniel Harding : le public a trouvé le Mahler Jugendesorchester formidable, et il l'est d'ordinaire… pourtant, je lui ai (i.e. nous lui avons, un contributeur de CSS y était aussi…) trouvé un petit manque de tranchant, une superposition des timbres pas toujours parfaite, quelques flottements (et même un trait de violons vilainement raté) : les moments les plus rapides leur imposaient la performance, et ils étaient alors remarquables, mais le reste du temps, il manquait un rien d'abandon ou d'intensité, difficile à définir. Considérant leur âge visiblement très tendre, c'est probablement le début d'une session, et on entendait surtout la différence avec les orchestres permanents qui jouent ensemble depuis des décennies.
♠♠♠♠ En tout cas, contrairement à ce qu'on peut supposer (le Jugendesorchester, parrainé par Abbado, à sélection internationale, multi-enregistré), les élèves du CNSM, entendus en janvier dans la même œuvre, était deux coudées au-dessus (au niveau des plus grands), aussi bien en matière de précision que d'enthousiasme palpable.
♠♠♠♠ Il faudra bientôt songer à imposer des quotas paritaires dans les cordes : trois hommes (dont le violoncelle solo, certes, et deux dernières chaises en violon). Tout le reste constitué de jeunes filles (toutes blanches, ouf, on peut encore travailler à diversifier le recrutement).



♦ Pour finir, du théâtre :

♦♦ Suddenly Last Summer de Tennessee Williams, à l'Odéon. Braunschweig y retrouve les lents dévoilements des pièces d'Ibsen, tout étant centré autour du récit du souvenir indicible de la mort de celui dont tout le monde parle… à la différence que le dévoilement est ici souhaité (et clôt la pièce, en sauvant peut-être les personnages), et non vu avec effroi comme inévitable et destructeur. Belle pièce néanmoins, plutôt bien dite, dans un jardin en plastique pas très élégant et une mise en scène pas très mobile mais fluide, où l'on ne retrouve pas les tropismes de Braunschweig pour les pull gris et les murs en noir et blanc.
♦♦♦♦ Les comédiens sont lourdement sonorisés, mais peut-il en aller autrement dans la salle de 1819, très vaste, et en tout cas très haute ?  Pourtant, c'était le siège du Second Théâtre-Français, là où Berlioz connut ses émois shakespeariens, là où Sarah Bernhardt jouait Racine…  Voilà qui repose grandement la question de notre acceptation du son qui n'immerge pas, ou, plus grave, de la technique vocale des comédiens d'aujourd'hui. Vastes sujets.



Il est temps à présent d'interroger avril.



avril 2017
Putti-atlantes dans la salle de 1819 de l'Odéon, sous le regard du mascaron.



2. La pelote d'Avril

Les vacances scolaires de la zone C font toujours décroître (pour une raison inconnue) l'offre francilienne. Il y a néanmoins de quoi s'occuper. Parmi tout ce qu'on peut voir, quelques soirées dont vous avez peut-être raté l'annonce.
(Organisé plus ou moins par ordre de composition à l'intérieur par catégorie.)


► Lieder et autres monodies vocales :
■ Le 29, Hôtel de Soubise, Eva Zaïcik chante Léandre et Héro de Clérambault, la Deuxième Leçon de Ténèbres de Couperin et une cantate pastorale de Montéclair. Générosité et grande expression au programme avec elle !
■ À la Cité de la Musique, Lehmkuhl et Barbeyrac chantent des lieder de Schubert orchestrés. Avec Accentus et Insula Orchestra, le 27.
■ Lieder de Clara & Robert Schumann, de Brahms aussi, le 20 midi par Adèle Charvet (Orsay ou Petit-Palais).
■ Lieder de Liszt, Wagner, Brahms, Weill, Stolz, Zeira… et Viardot, par la mezzo Hagar Sharvit, aux Abbesses le 23.
■ Pot-pourri des Lunaisiens avec Isabelle Druet, salle Turenne le 21.


► Opéra :
■ Je signale en passant qu'à Rennes, le 6, l'ensemble Azur donnera des chœurs tirés des Noces de Thétis et Pélée de Collasse, l'un des ouvrages les plus repris de la tragédie en musique, et qui attend toujours d'être intégralement remonté de nos jours.
■ Bien sûr Alcyone de Marais à l'Opéra-Comique ) : à partir du 26, Jordi Savall y rejoue l'œuvre qu'on n'a guère dû entendre depuis l'ère disque Minkowski, au début des années 1990. Je ne trouve pas tout à fait mon compte dans les opéras de Marais, plus un musicien sophistiqué qu'un maître du récitatif et de l'expression verbale fine, mais il faut admettre qu'Alcyone, malgré le risible livret du redoutable Houdar de La Motte, a ses moments spectaculaires, dont la tempête dont le figuralisme et les moyens nouveaux (pour partie italiens, mais pas seulement) firent date. Même si Savall m'a plutôt effrayé lorsque je l'ai entendu (il y a près de quinze ans) en jouer la Suite de danses (que c'était sec !), l'équipe dont il s'entoure plaide pour le sérieux de l'entreprise (quelle distribution vertigineuse !).
La Fille des Neiges de Rimski-Korsakov à Bastille, évidemment, même si la relecture sexu(alis)ée de Tcherniakov ne sera pas forcément propice à la découverte candide, disons.
■ Une opérette mal connue de Maurice Yvain, Gosse de riche, au Théâtre Trévise (L'inverse par les Frivolités Parisiennes, les 12 et 19 ; de la musique légère, mais qui sera encore une fois servie au plus haut niveau, jouée avec la rigueur d'un Wagner mais l'entrain de jeunes passionnés. d'un ballet joué par l'Orchestre de l'Opéra, donc.)
■ Des extraits de Licht, le méga-opéra de Stockhausen présentés pour tous publics à 10h et 14h dans la semaine du 24, à l'Opéra-Comique. Cela reprend aussi en septembre. Très intriguant (d'autant qu'il y a vraiment de tout dans cet opéra, du récitatif de musical jusqu'aux œuvres instrumentales les plus expérimentales…).
The Lighthouse de Peter Maxwell Davies à l'Athénée à partir du 21, un opéra-thriller assez terrifiant, dans le goût du Tour d'écrou : les marins d'un bateau de ravitaillement pénètrent dans un phare dont les gardiens semblent avoir disparu. Musicalement pas toujours séduisant (mais accessible et en rien rebutant, simplement une forme de Britten atonal, quelques jolis effets instruments de type cors bouchés en sus), mais très prenant, et ce doit être encore plus fort sur scène !
Trompe-la-mort de Francesconi se joue toujours à Garnier. Je ne l'ai pas encore vu, mais de ce que je peux déduire de la musique habituelle de Francesconi, il y aura de belles couleurs et de belles textures ; leur adaptation à une structure dramatique et aux contraintes d'une claire prosodie me laissent plus réservé, il faut tester – j'ai lu tout et son contraire à ce sujet, excepté sur la mise en scène de Guy Cassiers qui semble être partout louée.


► Sacré & oratorio :
Odes de Purcell par Niquet à Massy le 22.
■ Un office musical à Paris en 1675, sur la musique de Charpentier, par Le Vaisseau d'or (Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, le 1er, libre participation).
Leçons de Ténèbres de Charpentier (plus austères que les fameuses Couperin) par les excellents Ambassadeurs de Kossenko, avec la basse Stephan MacLeod, probablement l'homme au monde a avoir le plus chanté ces œuvres… Oratoire du Louvre, le 5.
Leçons de Ténèbres de Couperin par l'Ensemble Desmarest, Maïlys de Villoutreys et Anaïs Bertrand, rien que d'excellents spécialistes (et une de nos protégées du CNSM, qui a déjà de très beaux engagements).
Une Passion de Telemann à la Cité de la Musique le 15 à 16h30… je n'ai pas vérifié laquelle, il en a écrit quelques dizaines (je n'exagère pas), et dans des styles assez divers, italianisantes ou plus ambitieuses musicalement, dont certaines valent bien les Bach – et d'autres pas grand'chose. C'est assez tentant néanmoins, on n'en entend jamais, toujours les Bach – et quelquefois Keiser, sans doute parce qu'on l'a d'abord attribué par erreur à son collègue lipsien.
■ Le Repas des Apôtres de Wagner, sorte de longue choucroute homophonique qui ressemblerait à du Bruckner sans aucune inspiration – le Wagner de Rienzi, en somme. Mais c'est très rare (et pour cause). Peut-être qu'en vrai, on en sent mieux la nécessité ?  Couplé avec le Second Concerto pour piano de Brahms et la Symphonie en ut de Bizet, joués par la Garde Républicaine… amateurs de cohérence programmatique et de belles notes d'intention s'abstenir.
■ Les Sept Dernières Paroles, un des chefs-d'œuvre du spécialiste de musique chorale sacré James MacMillan. Couplé avec celles de Haydn, d'abord écrites sans voix puis, devant le succès, réadaptées en oratorio. Par l'Orchestre de Chambre de Paris à la Cité de la Musique, le 15.


► Symphonique :
■ Un héros d'avril a dit : « ce que tu as à faire, fais-le vite ». C'est étrange, je vais lui obéir (a dit un autre héros de séans). Je me contente donc de signaler la Quatrième Symphonie de Bruckner, pas du tout rare, mais l'association Eliahu Inbal-Philharmonique de Radio-France produit toujorus de très grands moments de musique – et particulièrement concernant Bruckner, j'attends toujours de trouver l'équivalent de leurs Deuxième et Neuvième, entendues à Pleyel et à la Philharmonie.


► Chambrismes :
■ Les dimanches à 17h, au club du 38 Riv', si vous aimez la viole de gambe solo ou avec clavecin, il y aura trois concerts qui parcourront assez bien ce répertoire. Je ne garantis pas l'excellence, ça dépend des soirs pour l'Association Caix d'Hervelois qui les organise…
■ Les Sept Dernières Paroles de Haydn pour quatuor, avec texte déclamé, à l'Amphi de la Cité de la Musique, le 14.
Nos chouchous du Trio Zadig joueront Tchaïkovski et Chostakovitch n°2 à l'Hôtel de Soubise le 22.
Œuvres et arrangements pour harpe à l'Hôtel de Soubise le 8 :  Villa-Lobos (études), Fauré (impromptu), Mendelssohn (romances), Bach (fantaisie Chromatique), Schüker. Par Pauline Haas.
Piano original le midi au Musée d'Orsay le 25 : Mompou, Takemitsu, Granados, Satie, et parce qu'il faut bien vivre, Chopin, Debussy et Ravel, par Guillaume Coppola.
L'Octuor de Mendelssohn, la Seconde Symphonie de chambre de Schönberg et la Sinfonietta de Poulenc seront données au CRR de Boulogne-Billancourt et au Centre Événementiel de Courbevoie les 13 et 14. Gratuit.
■ Extraits des quatuors de Walton (final) et Bowen (mouvement lent), Phantasy pour hautbois et trio à cordes de Britten, ses Métamorphoses pour hautbois solo, Lachrimæ de Dowland, création d'un élève du CNSM… Salle Cortot, le 1er, à 15h.
Menotti pour deux violoncelles, et puis Bruch (Kol Nidrei), Tchaïkovski et Schubert (Arpeggione) à l'Auditorium du Louvre, le 28.
■ À Herblay, les Percussions clavier de Lyon, le 28.
■ Pour finir, des cours publics du Quatuor Ébène dans les salles les plus intimes du CNSM, une expérience extraordinaire de se mêler aux étudiants en plein travail, la dernière fois, nous étions seuls, la partition sur les genoux, en train de suivre l'évolution du Trio de Chausson. Magique. 10h à 19h les 26 et 27, si vous le pouvez. C'est gratuit.


► Théâtre, ce que j'ai prévu pour ma conso personnelle, rien que du patrimoine pas très original :
■ Marivaux – L'Épreuve – Théâtre Essaion
■ Marivaux – Le Petit-Maître corrigé – salle Richelieu
■ Kleist – La Cruche cassée – salle Richelieu
■ Odéon – Soudain l'été dernier – Odéon. Fait pour ma part (cf. commentaire supra).
■ d'après Zweig – La Peur – Théâtre Michel
■ d'après Renoir – La Règle du jeu – salle Richelieu


avril 2017
Dans la salle de l'ancien Conservatoire, au centre des médaillons des grands dramaturges et musiciens figurent, sur le même plan, Eschyle et… Orphée.



3. L'avenir de l'agenda de CSS

J'avoue éprouver une relative lassitude dans la confection de ces programmes. Ils prennent pas mal de temps à élaborer, tandis que j'aurais plutôt envie de parler de choses plus précisément étayées et plus généralement musicales, moins liées à l'offre francilienne : des bouts d'œuvre avec des extraits, des questions de structure musicale ou de technique vocale, plutôt que d'empiler les commentaires sur des concerts qui n'ont pas encore eu lieu, avant le premier du mois suivant…

Ces notules ne paraissent par ailleurs pas spécifiquement plus lues que les autres – je laisse de côté les cas, hors concours, où je parle de Callas, Carmen, des fuites dans les saisons parisiennes, ou des quelques occurrences où je suis en tête de Google (opéra contemporain, conseils aux jeunes chanteurs). Je me sens un peu le responsabilité, puisque cette base de données existe, de promouvoir les ensembles qui font l'effort et prennent le risque de proposer un répertoire renouvelé, mais ce n'est pas un office particulièrement exaltant à réaliser.

D'où cette question : y trouvez-vous un intérêt ?  Vous en servez-vous ?

Si cette notule reçoit moins d'une centaine d'éloges éloquents dans les commentaires ci-dessous, je ne suis pas sûr de poursuivre ce format-ci dans l'avenir. Du temps supplémentaire pour des notules de fond – il y a La Tempête, musique de scène de Chausson écrite pour marionnettes, un opéra d'un Prix de Rome où Georges Thill tenait le rôle d'une grenouille amoureuse, et quelques autres sujets qui sont, comme vous pouvez vous le figurer, un peu plus amusants à préparer qu'un relevé fastidieux.



Quoi qu'il en soit, les bons soirs, vous pourrez toujours effleurer la réverbération de ma voix cristalline dans les coursives étroites des salles louches cachées au fond des impasses borgnes.


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Commentaires

1. Le lundi 27 mars 2017 à , par Jérémy/Zip

Hello David !

Je lis tous les mois ce billet avec attention depuis plusieurs années, oui. Finalement je dois reconnaître que je n'ai pas aussi souvent que je l'aimerais l'occasion de suivre tes recommandations (tout simplement, tu le sais bien, parce que je ne suis pas du coin et que mes sorties culturelles en Île-de-France doivent se planifier souvent plusieurs mois à l'avance), mais c'est toujours très informatif, autant sur tes propres vices que sur l'offre culturelle incroyable dont disposent les Parisiens.
Je comprendrais que tu jettes l'éponge, cela dit, car je n'ai aucun mal à croire que ce soit une tâche lourde, le passage en revue, la sélection et la description d'un tel volume, a fortiori douze fois par an !

2. Le lundi 27 mars 2017 à , par Faust

Bonjour

Je lis vos propositions tous les mois, plus pour les raretés qui m'ont échappé que pour les spectacles du circuit (commercial) officiel ! Mais, je me doute que cela doit vous prendre beaucoup de temps et je comprends que la lassitude vous gagne ! Il est toujours difficile de repérer les concerts ou opéras intéressants qui ne se donnent pas dans les salles connues de tous. En plus, ce n'est pas toujours annoncé longtemps à l'avance.

Il y a une différence entre signaler de temps à autres quelque chose que l'on aperçu et établir un véritable programme mensuel ! Surtout qu'avec vous, ce n'est pas une simple énumération.Pour avoir, parfois, assisté à des présentations de saisons par les grandes maisons parisiennes ou encore par l'opéra de Versailles, je me dis qu'ils feraient mieux de vous demander de faire le travail à leur place : ce serait mille fois plus intéressant !

Pourquoi le CNSMDP n'a-t-il pas donné Il Matrimonio segreto sur instruments anciens avec un chef plus familier de ce répertoire ? Pour ne rien vous cacher, je me suis (un peu) ennuyé alors même que la mise en scène était vraiment remarquable ?

Au vu de vos commentaires, je ne regrette pas trop d'avoir opté pour les Fêtes d'Hébé ... (en ayant attrapé au vol une place revendue le jour même sur le site de l'ONP).

Il me semble que les premières exécutions des symphonies de Beethoven n'ont pas été données - contrairement à ce que l'on croit souvent - au Conservatoire à l'occasion des Exercices publics des élèves, donc avant la création de la Société des concerts du Conservatoire en 1828, mais à Marseille. Mais, je n'en sais pas plus. Il doit y avoir des travaux sur cette question ?

Grâce à vous, on apprend qu'une saison n'est pas l'addition d'oeuvres archi-connues ou de célébrités et que le plaisir de la découverte existe également. Je trouve que cette saison, pour le mois de mars, la Pucelle d'Orléans en constitue une illustration remarquable !

3. Le lundi 27 mars 2017 à , par Olivier

Bonsoir,

J'avoue éprouver une relative lassitude dans la confection de ces programmes.
Et c'est tout à fait compréhensible: la recherche, la répétition mensuelle, bref la routine pesante s'est installée

D'où cette question : y trouvez-vous un intérêt ? Vous en servez-vous ?
Oui et ce pour les deux questions.
Cette revue des propositions est un excellent guide de choix: évidemment, j'assiste à nettement moins de spectacles que vous, et , en plus, plutôt conventionnels. Mais, que voulez-vous? difficile de brusquer celle qui accepte de vous accompagner.
Et surtout cette revue est une véritable incitation à rechercher chez ses fournisseurs de streaming/CD des oeuvres à écouter comme Walton, Bowen et tous les autres.

Donc, si vous en avez assez, eh bien, n'hésitez pas à réduire vos propositions à 5/6 spectacles que vous estimerez incontournables

4. Le mardi 28 mars 2017 à , par David Le Marrec

Bonsoir,

Merci d'avoir pris le temps de réagir à mon interrogation !

Je me demandais, très simplement, si ce n'était pas une perte de temps : je n'ai pas l'impression de créer une affluence supplémentaire très notable dans lesdits concerts (même si, de loin en loin, je reçois des retours), et je me disais que ça n'intéressait peut-être à peu près personne. Or, je m'y astreins pour rendre service (aux musiciens qui osent, aux spectateurs qui explorent), mais le travail fastidieux du relevé (à faible valeur ajoutée) n'est pas le plus amusant, et j'ai l'impression d'être plus utile en parlant de choses un peu moins périssables que les concerts de la semaine suivante à Paris.
Même si, fatalement, je parle beaucoup des concerts que je vais voir, je ne perçois pas du tout CSS comme un site de critiques ou d'actualité musicale, et encore moins comme l'arbitre des élégances des concerts parisiens.

Vos retours, et quelques autres sur Twitter ou en privé, laissent entrevoir un intérêt pour l'exercice. Je tâcherai donc, dans la mesure du possible, de poursuivre, peut-être sous un format allégé… Déjà, ce mois-ci, pas de calendrier synoptique, un premier gain de temps.

--

@ Jérémy :

Oui, l'excuse est acceptée. :)

C'est informatif, certes mais la base de données existe (même si je recense pas mal de choses absentes de Cadences et des autres agendas en ligne). La plus-value peut être au niveau de la présentation des concerts, mais elle reste très sommaire vu le nombre de dates à signaler.

Comme tu le soulignes, c'est la récurrence (et les dates contraintes, ça n'a pas de sens de le faire le 15 du mois concerné) qui est contraignante : j'ai l'impression que cela prend beaucoup de temps sur des notules qui toucheraient un peu plus à la musique.

Tes encouragements sont précieux, au demeurant !

--

@ Faust :

Il est vrai que vous m'avez dit quelquefois avoir repéré des dates sur CSS, et j'en suis très satisfait, je ne le cache pas. :) La difficulté étant que, pour donner envie de voir des raretés, il faut un minimum les présenter, et cela prend vite du temps lorsqu'il y a beaucoup d'entrées. Mais effectivement, je pourrais être plus sélectif – je me sens obligé d'encourager les entreprises audacieuses, mais ce serait probablement d'autant plus efficace que le nombre de distingués serait réduit, de toute façon.


Pourquoi le CNSMDP n'a-t-il pas donné Il Matrimonio segreto sur instruments anciens avec un chef plus familier de ce répertoire ?

Parce qu'il ne s'agissait pas d'une production du département de musique ancienne, mais d'une production transversale qui mobilisait l'orchestre des élèves, le but étant d'en faire participer un maximum. La question est probablement plutôt celle du chef, oui – Patrick Davin a déjà dirigé l'œuvre, mais il n'a pas du tout la même valeur de spécialiste que dans le répertoire romantique et décadent français.

La mise en scène et la qualité des chanteurs rendait l'ensemble très agréable, tout de même. (Avec cette frustration du style orchestral très sommaire, alors que tout était réuni pour l'excellence complète.)


Au vu de vos commentaires, je ne regrette pas trop d'avoir opté pour les Fêtes d'Hébé ... (en ayant attrapé au vol une place revendue le jour même sur le site de l'ONP).

Chanté par l'Atelier Lyrique / l'Académie, je crois que je m'en serais repenti, moi, en revanche. Était-ce bien ?


Il me semble que les premières exécutions des symphonies de Beethoven n'ont pas été données - contrairement à ce que l'on croit souvent - au Conservatoire à l'occasion des Exercices publics des élèves, donc avant la création de la Société des concerts du Conservatoire en 1828, mais à Marseille. Mais, je n'en sais pas plus. Il doit y avoir des travaux sur cette question ?

Sans vérifier, ce que vous dites m'évoque des choses… vous devez avoir raison, merci d'avoir rectifié !

--

@ Olivier :

Et surtout cette revue est une véritable incitation à rechercher chez ses fournisseurs de streaming/CD des oeuvres à écouter comme Walton, Bowen et tous les autres.

Précisément, je me dis que pour cet office, je pourrais plutôt sélectionner les œuvres qui, moi, me paraissent dignes d'intérêt, assorties d'une petite discographie, plutôt que de me limiter à ce que les programmateurs de concert ont choisi.

J'aurais plutôt envie de prendre des disques un peu au hasard de mes écoutes et de les mettre en lumière, plutôt que de faire la promotion de spectacles auxquels je n'irai peut-être pas, et mes lecteurs possiblement non plus (ne serait-ce que pour des raisons géographiques).

Je suivrai peut-être vos conseils de concision, nous verrons, tout en tâchant de maintenir la dîme mensuelle aux concerts franciliens.

--

Merci encore pour vos éclairages sur cette question un rien autocentrée !

5. Le mercredi 29 mars 2017 à , par la souris flemmarde :: site

Flemmingite et temps non extensible à l'infini obligent, cet agenda des concerts à venir me sert surtout à prendre l'étendue de mon ignorance… Je préfère de loin les retours sur les concerts auxquels tu as assisté, particulièrement les réflexions / digressions auxquelles cela donne lieu. (Contente d'avoir partagé l'Ange de Jeanne d'Arc comme chouchou, d'ailleurs ^^)

6. Le mercredi 29 mars 2017 à , par David Le Marrec

[Le ballet te prend trop de temps, voilà tout. Or, même lorsqu'il y a de la musique et que l'orchestre fait semblant de la jouer, les gens applaudissent par-dessus, c'est l'enfer du mélomane.]

J'essaie aussi de réduire la voilure sur les retours de concert, façon de pouvoir parler de ce qui me paraît le plus intéressant, et qui ne se limite pas à l'offre de concerts parisienne.

En revanche, lorsque je le fais, j'essaie en général de trouver un angle spécifique pour parler de choses plus générales, susceptibles d'intéresser quelqu'un qui n'aurait pas vu le concert, de chatouiller des questions plus vastes que la question de la qualité des interprètes du soir – je suis content que tu y sois sensible.

Oui, l'Ange était assez stupéfiant !

7. Le jeudi 30 mars 2017 à , par Faust

Deux ou trois remarques, encore !

Vous présentez et défendez une autre vision de la programmation musicale que celle des "institutions" établies. Cela est suffisamment rare pour être relevé.

Sauf erreur de ma part, votre programme mensuel s'est, au fil du temps, étoffé ! Vous y avez ajouté un bilan du mois écoulé et vos commentaires du mois à venir sont aussi plus nourris, notamment lorsque le compositeur est peu ou pas du tout connu.

Enfin, lorsque vous faites un commentaire sur un concert ou un opéra, vous vous tenez à distance de ce que je serais tenté de qualifier de "critique de connivence". C'est rare, aussi bien pour les critiques officiels que pour les moins officiels ...

8. Le jeudi 30 mars 2017 à , par Benedictus

Sérieusement, c'est écoutable Le Mariage secret? Enfin, dans l'absolu probablement, mais ça doit quand même constituer une sorte de condensé du surtout-pas-pour-moi, non? J'avais vaguement caressé l'idée d'écouter un jour Les Horaces et les Curiaces (il existe chez Oehms une version Hofstetter en live qui doit au moins être un peu vivante et informée), mais même ça, ça me fait un peu peur... Ça doit ressembler à du Rossini seria, non?

9. Le dimanche 2 avril 2017 à , par David Le Marrec

Bonsoir !

@ Faust :

C'est vrai, au fil du temps, j'ai voulu ajouter des commentaires, puis un bilan des concerts vus (ce qui permet un retour sur ce qui a été proposé le mois précédent, tout en m'éviter d'y consacrer des notules entières), et ça enfle vite.

La question de la connivence est difficile : j'essaie de ne pas être délibérément blessant, ni léger dans le choix de mes réprobations, mais il peut devenir complexe d'être réellement sincère lorsqu'on a vu les musiciens de près, lorsqu'on leur a parlé, lorsqu'on a envie de les encourager. Je ne suis en général pas invité (je ne décline pas lorsqu'on m'invite à un concert qui m'intéresse déjà, ma bourse étant limitée, mais jamais en échange d'une promesse de notule), ce qui facilite ma position. Et je n'aime pas beaucoup les atmosphères de coulisse, déjà fréquentées et peu à mon goût. Je me contente d'encourager les entreprises vertueuses, de relever les réserves ou les points d'amélioration possibles, mais je ne cherche nullement à servir de baromètre du bien et du mal en matière d'interprétation. Ça aurait de toute façon peu de sens considérant le luxe des programmations franciliennes – j'ai vécu davantage de soirées aléatoires à Bordeaux.

D'une manière générale, je m'en tiens à la plus stricte objectivité de ma subjectivité (et j'essaie d'en expliquer les cuases), ce qui permet à chacun, je l'espère, de ne pas mélanger mes tropismes avec la valeur réelle de ce que j'entends.

--

@ Benedictus :

Les Horaces de Cimarosa, c'est du seria, mais de la génération antérieure, ça ressemble davantage aux premiers Mozart (avec une touche plus italienne façon Vivaldi-Pergolesi), ne t'inflige pas ça pour autant. Je n'avais pas vu que ça existait par Hofstetter, moi je vais tenter en revanche, puisque j'aime tout ce qu'il fait (et particulièrement ses Verdi baroqueux pervers).

Le Matrimonio, ce n'est pas mal, mais l'intrigue ne ménage pas de surprises (symétries, amants séparés, jaloux, découverts, réunis) et la séduction musicale est essentiellement mélodique, avec pas mal de répétitions. Sur scène, ça passe bien (avec des coupures) ; au disque, c'est joli mais pas ultime du tout. Pas de la trempe des Noces de Mozart ou du Turc de Rossini, évidemment, mais pas non plus de celles des Martin y Soler ou des Paisiello. Plutôt l'étage en-dessous, des bonnes œuvres qui ne méritent pas nécessairement la réécoute.
Mais quitte à tester un Cimarosa (si tu ne veux pas de la musique instrumentale ou de la réjouissante cantate Il Maestro di cappella, à mon avis plus intéressants), celui-ci s'écoutera sans douleur, je peux à peu près le garantir.

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