Encore une fois, sélection
personnelle dont le ressort est souvent la
rareté ou la bizarrerie. Pour une sélection plus transversale et moins
triée, l'Offi et Cadences sont assez complets (tout en ratant certaines
de mes propositions, considérant les recoins où je râcle des pépites et
ma veille généralisée des clubs interlopes). Et bien sûr France Orgue
pour les concerts de pouêt-pouêts à tuyaux, ce n'est pas exhaustif,
mais de très loin ce qu'on trouve de plus complet !
1. Rétroviseur &
remise de prix
Faute de temps, repoussé à une prochaine notule qui les rassemblera dès
que possible, peut-être simultanément avec les concerts de décembre. La
publication de cette notule ayant pris une semaine de retard par
rapport aux prévisions, voici venu le temps des ris, des chants, de la…
:
2. Sélection officielle
Cette fois, j'ai tout mis, plus commode pour vous je suppose,
sur un PDF avec des pastilles de couleur.
En violet : immanquable.
En bleu : très rare et/ou prévisiblement exaltant.
En vert : tentant (distribution ou rareté).
Et comme je n'ai relevé que ce qui m'intéressait personnellement (et
pas tout ce qui m'intéressait, d'ailleurs), le reste aussi est
conseillé / conseillable. Comme d'habitude : issu de mon agenda
personnel, n'hésitez pas à demander le
sens des abréviations ou les programmes complets.
26 (novembre)
→
Bacilly : second XVIIe,
auteur d'un traité de chant. Le seul auteur
dont nous soient parvenues, je crois, les diminutions écrites pour les
reprises des airs. Et
elles sont très abondantes et rapides, à un point
qu'on n'imagine pas – il faut se figurer Bartoli qui aurait un peu trop
forcé sur le Romanée Conti. Une notule lui avait été consacrée à
l'occasion d'un précédent concert, en 2010 (un disque a paru depuis).
28 (novembre)
→
Tarare. Multiples notules,
donc celle de mercredi. N'y revenons pas, mais allez-y.
29 (novembre)
→
Bernstein, Songfest. Recueil
de mélodies orchestrales assez lyriques
(un brin sirupeuses sans doute, très sympathiques). Couplage avec le
Concerto pour violon n°1 de Martinů (pas
aussi fondamental que son
Premier Concerto pour violoncelle dans ses deux états, mais toujours du
bel orchestre à entendre) et un peu de Barber.
→
Lotti, Giove in Argo.
Mieux
connu (si l'on peut dire) pour sa musique sacrée (un Requiem en
majeur…), plus archaïsante et sophistiquée, c'est ici un opéra
seria
tendance pastorale. Cela ressemble à du Haendel pastoral ( donc pas le
plus grand Haendel). Mais dirigé par García-Alarcón avec les chanteurs
du CNSM, ce peut être très bien dans le cadre original du Grand-Palais.
C'est gratuit mais ce doit être complet. (Sinon il vous reste la
possibilité de solliciter mon intercession. Mandats cash international
acceptés, offres en nature envisageables.)
30 (novembre)
→
Les Leçons de Couperin par
Lombard, Champion et Correas. Très rarement donné pour ténors,
et par
quels ténors, deux spécialistes, dont Jean-François Lombard, qui n'a
pas d'égal dans la musique sacrée française – un vrai ténor, mais qui
monte avec souplesse dans des registres habituellement tenus par des
contre-ténors (comme s'il bâtissait sa voix pleine à partir du
mécanisme léger et non l'inverse).
Déjà entendus dans un programme similaire (avec Poulenard à la place de
Champion). C'est un peu loin, mais c'est l'occasion de visiter l'une
des extraordinaires églises d'Étampes (même c'est c'est en priorité
Notre-Dame et Saint-Basile qu'il faut voir, et qu'aucune église n'est
ouverte à la visite le même jour !!).
1er
→
Musique baroque mexicaine :
beaucoup de compositeurs espagnols, tels qu'ils ont pu être joués pour
les festivités de l'inauguration de la cathédrale de Mexico en 1667.
→ Inspiré de la pièce d'origine, une version pour un seul acteur du
Procès de Monsieur
Banquet, dans le château d'Écouen. Gratuit sur
réservation (ce doit être complet à présent, j'aurais dû prévenir le
mois précédent).
→ Un peu cher pour une œuvre pas si rare (45€ en dernière catégorie, où
l'on voit cependant fort bien), mais
Pygmalion
de
Rameau est une merveille absolue, l'Atelier de Toronto de très
bonne
tenue, le metteur en scène Pynkoski fait de très belles choses avec peu
de moyens. Si vous ne connaissez pas, ça se tente.
2
→
Symphonie n°1 de Zeegant «
Chemin des Dames », également une
Messe co-écrite
avec Karol Kurpiński (dont on donne aussi un poème symphonique «
varsovien »), diverses œuvres polonaises et françaises des XIXe &
XXe très rares. Pas de la musique très saillante en revanche, de jolies
choses très traditionnelles, malgré les sous-titres. Dans l'acoustique
infâme de la cathédrale des Invalides, pas persuadé du caractère
indispensable de l'expérience.
→
Marin Marais au théorbe seul.
Buraglia a des difficultés de
projection, mais c'est un fin musicien, et il n'y aura aucun enjeu de
ce genre dans cette petite cave. Réservation indispensable en revanche,
microscopique jauge (une trentaine de personnes musiciens compris).
4
→
Hofstetter fait des miracles
hors des répertoires habituels de ce
spécialiste du baroque : ses Verdi sont passionnants (très peu de
rubato, droit au but, très fins),
je suis très curieux de ses Haydn, en plus une symphonie peu donnée.
5
→
Bernstein & Copland.
Très original, avec en particulier la
Missa
brevis de l'un, le
Lincoln
Portrait de l'autre (avec Lambert Wilson,
qui excelle dans ces exercices de récitant, contrairement à la plupart
des autres vedettes qui s'y frottent). Radio-France n'a vraiment pas
proposé grand'chose d'original cette saison, mais pour Bernstein, les
choses ont été faites très sérieusement.
6
→
Antigone en ukrainien & russe. Je me
méfie assez du théâtre à l'Athénée, où je n'ai jamais eu de bonnes
expériences (en général assez statique et expérimental), mais il y a là
une réelle motivation à réentendre cette intrigue rebattue sous des
apprêts sonores nouveaux !
7
→
Symphonie n°1 de Méhul par Insula
Orchestra & l'Akademie für alte Musik Berlin, sans chef.
(Couplé avec la Cinquième de Beethoven). Méhul est souvent désigné
comme le Beethoven français, non sans fondement, même si le langage de
ses symphonies demeure à la fois plus français (mélodies galantes,
ruptures d'une logique plus dramatique que musicale) et plus typé
classique. Rarissime en concert, des œuvres assez abouties et qui
seront indubitablement très bien servies !
→
Extraits du Grand Macabre.
Pas forcément avenant, discutable san sdoute, mais incontestablement
original et déstabilisant.
12
→
Mélodies finlandaises (Kuula, O.
Merikanto, Melartin, Sibelius !), par Galitzine et Dubé
(excellents musiciens). Programme rodé depuis plus de six mois,
troisième ou quatrième fois qu'il est donné dans cette salle au fil des
mois.
13
→
Rilke-Lieder de Clemens Krauss, le chef
d'orchestre créateur d'opéras de Richard Strauss, co-auteur du livret
de
Capriccio… Il écrivait
donc aussi des lieder orchestraux. Certes, reste de programme plus
traditionnel, et Petra Lang n'incarne pas forcément la grâce la plus
absolue qu'on peut espérer dans ce type de page, mais comme j'ignorais
même que cela existât jusqu'à la publication du programme, je me
garderai bien de bouder (et j'irai !).
13 & 15
→ Programme de
noëls espagnols
(Guastavino, etc.) qui n'attire peut-être pas l'attention, mais
par le
Chœur Calligrammes,
putto d'incarnat du meilleur
concert deux saisons de suite (!), il faut faire confiance au goût
musical très sûr des chefs pour le choix des pièces, ainsi qu'à la
qualité de la réalisation des choristes.
13 au 16
→
Pratthana, spectacle de Toshiki Okada
(auteur-metteur en scène de
Five
Days in March),
en thaïlandais.
Évocation de l'histoire de la Thaïlande au XXe siècle à travers des
scènes sensuelles entre couples devisant. Assez intriguant, mais après
avoir trouvé
Five Days assez
décevant sur l'arrière-plan censé transcender les détails du quotidien
(certes, ça parlait de la guerre en Irak, mais juste parce qu'ils
traversaient une manifestation pour aller jusqu'au train, sans s'y
mêler). Par ailleurs, je trouve que le thaïlandais n'a pas l'empire
immédiatement physique du japonais sur des corps d'acteurs, et les
extraits disponibles laissent percevoir que ce n'est pas très
impérieusement déclamé non plus. Pas sûr que ce soit bien, donc, mais
avouer que c'est terriblement tentant.
14
→
Quintettes de Koechlin et de Caplet
aux Invalides… mais à 12h15, donc réservé à ceux qui travaillent à
proximité et ont des horaires flexibles, ou aux retraités, ou aux
étudiants qui sèchent. Je me demande aussi si le programme copieux
annoncé sous-entend l'exécution d'une partie seulement du Quintette du
grand Charles.
→
Le Nozze di Figaro à Massy,
par une équipe de jeunes chanteurs de qualité. Rien d'immanquable (pas
de chouchous absolus hors Matthieu Lecroart, mais en Bartolo
seulement), mais un beau spectacle en perspective. Il y a trois dates.
Je n'ai pas vérifié, mais il me semble qu'il s'agit de la production de
Saint-Céré, où les récitatifs sont remplacés par des dialogues issus de
la pièce de Beaumarchais.
14 & 15
→ Sibelius 2 et Nuit sur le Mont Chauve par l'excellent orchestre
Ut Cinquième.
14,15,16
→ « Carnaval baroque » à Versailles, par le duo de géniaux metteurs en
scène
Cécile Roussat et Julien Lubeck.
Pot-pourri de musiques du XVIIe
(italiennes surtout, je crois – au moment où cette notule a été
préparée, il y a plus d'une semaine, je ne disposais pas d'informations
précises sur le programme) par le
Poème
Harmonique.
15
→
Quatuor n°1 de Jadin (je
n'ai pas noté lequel des deux, mais du classicisme sophistiqué, plutôt
hardin, mérite le détour). L'Orchestre de Chambre de Paris est l'un des
rares orchestres permanents (probablement le seul en France, en tout
cas) à avoir une réelle culture de la musique de chambre, et à tenir
son rang dans l'exercice extraordinairement exigeant du quatuor à
cordes, très différent de la culture d'orchestre (j'ai toujours été
très déçu, comparé à des formations considérées moyennes de quatuor,
par le résultat vraiment
global
des quatuors issus d'orchestres, que ce soit l'Opéra, le National de
France, l'Orchestre de Paris…).
16 à 27
→
Hamlet de Thomas. Chef-d'œuvre qui réussit
la conversation d'un matériau spécifique (le drame emblématique de
Shakespeare) en un opéra à la française très cohérent et réussi. Il
existe une série autour de l'œuvre sur CSS, réunie dans ce chapitre.
Distribution au cordeau, comme toujours à l'Opéra-Comique.
19
→
Cendrillon d'Isouard, suite de la série des
contes lyriques explorés par la Compagnie de l'Oiseleur (
Le petit Chaperon rouge de
Boïeldieu,
La Colombe de Bouddha
de R. Hahn,
Brocéliande
de Bloch,
La Belle au bois dormant de
Lioncourt). Des découvertes fulgurantes (André Bloch !) et à chaque
fois des surprises devant des œuvres qui changent notre perception de
ce qui était réellement joué à une époque, et qui se limitent, même en
sollicitant abondamment le disque, à quelques titres épars, pas
forcément représentatifs – car on garde, évidemment, ceux qui sont
parmi les meilleurs et/ou ont une certaine personnalité. En exhumant
d'autres bijoux qui, pour diverses raisons (conditions de création
défavorables, évolution du goût…) n'ont pas pu se maintenir à l'affiche
jusqu'à nous, la Compagnie de L'Oiseleur effectue un travail salutaire,
d'intérêt public.
[Ils sont par ailleurs à la recherche de
partenariats avec des collectivités, prêts à explorer le répertoire
propre à une ville, à une région, à un auteur, à une thématiques… Ils
ne bénéficient d'aucune subvention, donc tout contact, tout donateur
permettrait, vu les miracles qu'ils font sans aucun financement, outre
de vivre un peu plus décemment de leur art, de décupler leur potentiel
de défrichage.
Denk' es, o Seele.]
Ce que j'ai entendu d'Isouard, le grand compositeur
emblématique de Malte, ne m'a jamais paru jusqu'ici excéder l'ordinaire
de l'opéra comique tardif… Mais je n'ai pas lu cette partition, et ce
ne serait pas la première fois que je serais surpris par les
trouvailles de L'Oiseleur (témoin le récent Massé, un coup de tonnerre
dont je parlerai très prochainement, dès que j'aurai pu en enregistrer
quelques extraits).
Distribution de voix amples et sonores, assez
différentes des voix plus fines présentes dans les dernières
productions ; pas mon esthétique, mais enfin, de grandes
professionnelles (Marie Kalinine !) à qui l'ont peut faire confiance
pour la maîtrise technique… et évidemment l'engagement, toute cette
entreprise philantropique étant largement, pour les interprètes, à
fonds perdus.
→
Programme de Noël baroque français
avec l'ensemble de Reinoud van Mechelen. Ce qui est un peu rond et
homogène pour moi à l'opéra ou dans les cantates peut bien fonctionner,
surtout dans l'acoustique diffuse de la Chapelle Royale. (N'hésitez pas
à regarder les tarifs, Versailles n'est pas hors de prix – 25€ en
dernière catégorie, qui reste décente, ici, et il existe même moins
cher pour d'autres concerts.)
20
→ Aliénor Feix, voix peu ample mais très adroite dans le lied, dans un
programme original et grisant :
Donizetti,
Tchaïkovski, Cilea, Zemlinsky, Hahn, Schreker, Lili Boulanger, Séverac,
au milieu de choses plus traditionnelles, Mozart, Schubert, Duparc,
Fauré, Poulenc… Le midi.
→ Déambulation dans Orsay avec des micro-concerts des lauréats de la
Fondation Royaumont… des valeurs extrêmement sûres.
→
Les Fâcheux de Molière avec musique de scène à
la Sorbonne.
→ Un nouveau concert du duo
Gens-Manoff.
Très, très hautement recommandable pour le programme comme
l'interprétation – c'est en revanche un peu cher pour du récital de
mélodies. Enfin, pas cher si on a l'habitude des premières catégories
dans les grandes salles, mais cher si on a l'habitude de prendre de
l'entrée de gamme… 35€ tarif unique.
20 jusqu'à janvier
→
Opérettte Azor de Gabaroche. De l'opérette très
légère, avec accompagnement façon
mickeymousing,
ce devrait être parfait pour les fêtes de fin d'année.
21,22,23
→
Marivaux, Le Triomphe de l'Amour mis en scène par Podalydès. La
recommandation tient au fait que c'est
Christophe
Coin qui assure la musique, et que ses montages dans
La mort de Tintagiles étaient l'une
des choses musiques les plus bouleversantes que j'aie entendues…
Évidemment, ici, il ne pourra pas se reposer sur la beauté du
répertoire Bartók-Kurtág pour violon-violoncelle, mais on peut lui
faire confiance pour laisser beaucoup de place à la musique, et de
façon intelligente.
4-5 janvier
→
Star Wars IV & V en ciné-concert,
c'est-à-dire l'intégralité de la musique jouée, par l'ONDIF en plus
! L'occasion de s'immerger complètement dans les inspirations
prokovio-richardstraussiennes de John Williams, et d'entendre enfin
tous ces détails masqués par le bruit des dialogues et bruitages, et
pas reproduits sur disque (enfin, cela dépend des épisodes). J'aurais
bien signé pour une version avec le film en muet, craignant que la sono
ne concurrence un peu trop l'orchestre – moi je serais venu, même et
plus encore sans la projection ! Mais en attendant une
proposition conforme à
mes souhaits,
une grande symphonie sur les motifs de
Star Wars, voire
un opéra, ou
simplement des portions musicales qui excèdent les tubes et les
Suites d'orchestre existantes… je
m'en satisferai très bien.
… et toutes les autres choses qui apparaissent sur l'agenda. Remplissez
votre fin d'année, ainsi qu'on en fait sur l'Avon, comme il vous
plaira.