Un mot
Comme pour les précédents épisodes : petit tour des nouveautés que j'ai
écoutées – et j'en profite pour partager les autres disques entendus
durant cette période, parce qu'il n'y a pas que le neuf qui vaille la
peine.
Un mois et demi (de calme été, en plus) s'est seulement écoulé, mais la
somme accumulée est à nouveau assez considérable – alors même que j'ai
passé beaucoup plus de temps
au concert, et pas encore écouté bon nombre de
nouveautés… que de disques à parcourir ! Je vous fais la visite ?
Parmi les trouvailles de la période, vous rencontrerez des versions
extraordinaires d'œuvres déjà connues : Alcione de
Marais, le Quintette à cordes de
Schubert, (tous) les lieder de
Schumann, La Princesse jaune de
Saint-Saëns, ses Quatuors, son
Second Trio, Roméo & Juliette de
Tchaïkovski,
Le Sacre du Printemps,
Mahler
relu de façon grisante par le Collectif9… mais aussi des portions mal
connues du répertoire (quoique de très haute volée !), comme la musique
sacrée (pragoise) de
Brixi,
les concertos pour piano de
Wölfl,
les pastiches et arrangements de
Karg-Elert,
les symphonies de
Florence Price,
les mélodies de
Miaskovski ou
celles de
Dinu Lipatti !
Tout ceci se trouve aisément en
flux (type Deezer, gratuit sur PC ; ou
sur YouTube) et en général en disque. Il faut simplement pousser la
porte.
(Pardon, mes présentations de titres ne sont pas toutes normalisées, il
faut déjà pas mal d'heures pour mettre au propre, classer et mettre un
minimum en forme toutes ces notes d'écoutes. Il s'agit vraiment de
données brutes, qui prennent déjà quelques heures à vérifier,
réorganiser et remettre en forme, je n'ai pas le temps de tout
peaufiner si je veux aussi écrire d'autres notules un peu plus denses
côté fond.)
La légende
Les vignettes sont au maximum tirées des nouveautés. Beaucoup de
merveilles réécoutées ou déjà parues n'ont ainsi pas été immédiatement
mises en avant dans la notule : référez-vous aux disques avec deux ou
trois cœurs pour remonter la trace.
(Un effort a été fait pour classer par genre et époque, en principe
vous devriez pouvoir trouver votre compte dans vos genres de
prédilection.)
Cette fois-ci, j'ai regroupé et encadré les nouveautés au début de
chaque section, pour faciliter le repérage sans briser la disposition
par genre.
♥ : réussi !
♥♥ : jalon considérable.
♥♥♥ : écoute capitale.
¤ : pas convaincu du tout.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons
disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la
profusion de l'offre.)
Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très
approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la
composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de
chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.
A. Opéra
nouveautés
|
♥
Monteverdi – L'Orfeo –
Ensemble Lundabarock, Höör Barock, Ensemble
Altapunta, F. Malmberg (BIS 2021)
→ Belle version, douce, bien dite, pas très typée.
♥♥ Monteverdi – L'Orfeo –
Contaldo, Flores, Bridelli, Quintans, Salvo
Vitale ; ChbCh de Namur, Cappella Mediterranea, García Alarcón (Alpha
2021)
→ Des choix originaux, beaucoup de vie, mais un certain manque de voix
marquantes. J'aime beaucoup les chanteurs, mais ils manquent un peu de
charisme dans une discographie saturée de propositions très fortes
(seule Quintans s'élève nettement au-dessus de ses standards
habituels).
→ Orchestralement en revanche, de très belles trouvailles d'alliages,
de tempo, de phrasé... quoique le tout soit un peu lissé par une prise
de son avec assez peu de relief et de couleurs.
→ Aurait pu être très grand, et mériterait en tout cas grandement
d'être entendu en salle !
♥♥♥ Marais – Alcione –
Desandre, Auvity, Mauillon ; Le Concert des Nations, Savall (Alia Vox 2021)
→ Issu des représentations à l'Opéra-Comique, enregistrement qui porte
une marque stylistique française très forte : dans la fosse, sous
l'étiquette Concert des Nations propre à Savall, en réa:lité énormément
de musiciens français issus des meilleures institutions baroques,
spécialistes de ce style), et un aboutissement déclamatoire très grand
– en particulier chez Auvity et Mauillon (qui est proprement miraculeux
de clarté et d'éloquence).
→ Le résultat est donc sans rapport avec l'équipe catalane du fameux
enregistrement des suites de danses tirés de cet opéra (1993), non sans
qualités mais pas du tout du même naturel et de la même qualité de
finition (instrumentale comme stylistique).
♥
Paer – Leonora – De Marchi
(2021)
→ Musique d'opéra bouffe encore très marquée par les tournures de
Cimarosa et Mozart. Pas nécessairement de coups de génie, mais
l'ensemble est constamment bien écrit, bien chanté et exécuté avec
chaleur : il mérite le détour.
♥
Bellini – I Puritani – Coburn, Brownlee, Zheltyrguzov,
Kaunas State Choir, Kaunas City Symphony, Orbelian (Delos 2021)
→ Brownlee toujours impressionnant, mais moins d'éclat en vieillissant
évidemment. Coburn très virtuose, voix bien ronde et dense, un peu
lisse et égale pour moi (où sont les consonnes ?), mais objectivement
très bien chantée. Le reste m'impressionne moins, même mon chouchou
Orbelian, assez littéral et au rubato pas toujours adroit.
♥ Wagner – Tristan und Isolde
– Flagstad, Suthaus, Covent Garden, Furtwängler
(Erato, resmatering 2021)
→ Bonne version, très studio (donc comme toujours vraiment pas le
meilleur de Furtwängler, d'une toute autre farine sur le vif avec
Schlüter, et Suthaus en feu), où l'on peut surtout se régaler du
Tristan de Suthaus, remarquablement ample et solide, mais aussi beau
diseur.
♥♥♥ Saint-Saëns – La Princesse jaune
– Wanroij, Vidal ; Toulouse, Hussain (Bru Zane 2021)
+ Mélodies persanes (Constans,
Fanyo, Pancrazi, Sargsyan, Boutillier…)
→ Ivresses. Des œuvres, des voix.
→ Révélation pour ce qui est de la Princesse,
pas aussi bien servie jusqu'ici, et délices infinies de ces Mélodies
dans une luxueuse version orchestrale, avec des chanteurs très
différents, et chacun tellement pénétré de son rôle singulier !
Debussy – Pelléas & Mélisande
– Skerath, Barbeyrac, Duhamel ; Querré, Baechle, Varnier ;
ONBA, Dumoussaud (Alpha 2021).
→ Lecture très traditionnelle, plutôt « épaisse » de tous les
côtés :
orchestre un peu ample et tranquille, interludes en version courte,
voix très lyriques (Skerath comme toujours ronde, en-dedans,
opaque ;
Barbeyrac chante à pleine voix ; Duhamel expressif mais un peu
monochrome), j'ai surtout aimé Querré en Yniold, l'illusion de l'enfant
est assez réussite avec cette petite voix droite.
→ Belle version dans l'ensemble, mais très opératique, peu de finesses
textuelles ou de coloris nouveau à se mettre sous la dent.
♥ Holst – The Perfect Fool –
R. Golding, P. Bowden, M.
Neville, Mitchinson, Hagan, BBC Northern Singers and Symphony, Ch.
Groves (réédition Lyrita 2021)
|
Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
♥
Landi – La morte d’Orfeo –
Elwes, Chance, van der Meel, van der Kamp ; Tragicomedia,
Stubbs (Accent, réédition 2007)
→ Dans la veine des premiers opéras, assez statiques harmoniquement,
mais beaucoup d’ensembles (chœurs homorythmiques, duos ou trios plus
contrapuntiques…) viennent rompre la monotonie.
→ Plateau vraiment délicieux de voix claires, délicates, mélancoliques.
♥
Marais – Alcione – Minkowski (Erato)
♥
Campra – Tancrède – Schneebeli (Alpha)
→ Déçu à la réécoute, vraiment sage et même un peu terne. (Malgoire
c'était bien mieux, malgré le vieillissement du style !)
Desmarest – Vénus & Adonis –
Rousset (Ambroisie)
♥♥
Francœur & Rebel – Pirame
& Thisbé – Stradivaria, D. Cuiller (Mirare)
Berlioz – Les Troyens (en italien),
entrée d'Énée –
Del Monaco, La Scala,
Kubelik (Walhall)
→ Oh, « marque » l'aigu de « le dévorent ». Et
essentiellement métallique, pas très impressionnant / insolent /
expressif. Orchestre pas ensemble, solistes non plus, prosodie
italienne qui oblige à quelques irrégularités de ligne.
Berlioz – Les Troyens, entrée
d'Énée –
Giraudeau, RPO, Beecham (Somm)
→ Chant léger et impavide, très étonnant (comme un personnage
secondaire de Cocteau…), et le RPO à la rue (bouché, la peine).
¤
Berlioz – Les Troyens (actes
I, II, V) –
Davis I (Philips)
♥♥♥ Verdi –
Stiffelio (acte
II) – Regio Parma, Battistoni (C Major)
→ La version sans faute de ce bijou trop peu joué. Comme Traviata, un
drame de mœurs contemporain (l'adultère de la femme d'un pasteur).
♥♥♥ VERDI,
Rigoletto (en
allemand) (Coertse, Malaniuk, De Luca, Metternich, Frick, Vohla,
Cologne Radio Chorus and Symphony Orchestra, Rossi) (1956) (Walhall
édition 2007)
♥♥♥ Verdi – Il
Trovatore
(I,II) – Bonynge
♥♥♥ Verdi – Il
Trovatore
(I,II,III) – Muti 2000
Verdi – Le
Trouvère (en
français) – Martina Franca
♥♥ Verdi – Un
Ballo in
maschera (en allemand) – Schlemm, Walburga Wegner, Mödl, Fehenberger,
DFD (libre de droits)
→ Günther Wilhelms en Silvano, remarquable. Voix franches et bien
bâties, orchestre très investi et aux inflexions très wagnériennes.
♥♥ VERDI, G.:
Otello (Sung in
German) [Opera] (Watson, Hopf,
Metternich, Cologne Radio Chorus and Orchestra, Solti) (1958)
→ Hopf en méforme, Solti pas aidé par l'orchestre non plus.
♥♥
Foroni – Elisabetta, regina
di Svezia – Göteborg (Sterling)
→ Démarre doucement, mais des élans conspirateurs remarquables !
♥
Gounod – Romeo et Juliette
(en
suédois) – Björling,
Allard, d'Ailly ; Opéra de Stockholm, Grevillius (Bluebell)
♥♥♥
Nielsen – Saul og David
(acte IV) – Jensen (Danacord)
♥♥♥
Nielsen – Saul og David –
N. Järvi (Chandos)
♥
Peterson-Berger – Arnljot –
Brita Ewert, Bjorck, Einar Andersson, Ingebretsen, Gösta Lindberg, Leon
Björker, Sigurd Björling, Sven Herdenberg, Sven d'Ailly ; Royal
Swedish Opera, Nils Grevillius
→ Un peu sec-discursif pour de l'opéra essentiellement romantique. Pas
bouleversé. Mais quelle équipe de chanteurs !
B. Récital d'opéra
Une très belle livraison de nouveautés sur le mois écoulé, avec des
propositions de répertoire très originales et construites !
nouveautés
|
♥♥♥ Lully, Charpentier, Desmarest –
extraits d'Armide, Médée, Circé… – Gens,
Les Surprises, Camboulas (Alpha 2021)
→ Formidables lectures, de très grandes pièces (cet air-chaconne de
Circé de Desmarest, dans l'esprit de l'entrée de Callirhoé, mais en
plus long !), Les Surprises à leur meilleur, un chœur de démons nasal à
souhait (les individualités de ce chœur de 8 personnes sont fabuleuses,
de grands chanteurs baroques y figurent !), le tout agencé de façon
très variée et vivante, et servi par la hauteur de verbe et geste de
Gens… un récital-merveille !
♥ « Jéliote » – Mechelen, A Nocte Temporis, Mechelen
(Alpha 2021)
→ Encore une belle réussite de Mechelen et son ensemble, autour d'une
autre haute-contre historique – programme et exécution peut-être un peu
moins originaux et marquants que pour le premier, mais vraiment
recommandé.
→ Approche musicologique intéressante de se fonder sur un interprète
précis, comme tant de récitals d'opéra seria l'ont fait, et
renouvellement (même si moindre cette fois) des airs habituellement
enregistrés.
♥ Destouches (Marthésie), Philidor
(Les Amazones), Cavalli, Viviani, Vivaldi, Schurmann… –
« Amazone » – Léa Desandre
(+ Gens, Bartoli), Ensemble Jupiter, Thomas Dunford (Erato 2021)
→ Beau récital vivant, d'où se détachent surtout pour moi, sans
surprise, les pièces françaises (notamment les généreux extraits de
Marthésie, qu'on est très heureux d'entendre pour la première fois !).
→ J'ai mainte fois dit que je trouve le timbre très fondu pour une voix
aussi peu fortement projetée, et que j'aime davantage de franchise dans
le verbe, mais la maîtrise du coloris et l'agilité sont irréprochables
et l'interprète très engagée.
♥♥ Mozart, Méhul, Spontini, Rossini, Adam, Verdi, Offenbach, Wagner,
Leoncavallo, Lehár, Ravel, Orff, Korngold… – « Baritenor » – Michael Spyres, Philharmonique de
Strasbourg, Marko Letonja (Erato 2021)
→ Déception partagée par les copains geeks-de-musique : ce n'est
pas un récital de répertoire spécifique à cette catégorie vocale –
selon les époques et les lieux, peut désigner aussi bien des ténors
sans aigus (Licinius de La Vestale), que des barytons à aigus (Figaro
du Barbier de Séville) ou des ténors aigus et agiles disposant d'une
inhabituelle extension grave (Zampa d'Hérold, absent de ce disque).
Dans cet album, on entend donc énormément de tubes des répertoires pour
ténor aussi bien que pour baryton, pas nécessairement écrits pour
baryténor.
→ Cette réserve formulée (on a tout de même Ariodant de Méhul et
Lohengrin dans la traduction de Nuitter), le tour de force demeure très
impressionnant (le véritable timbre de baryton saturé d'harmoniques
pour la cantilène du Comte de Luna !) et ménage quelques très
heureuses surprises, comme les diminutions aiguës dans l'air du Comte
Almaviva de Mozart (tirant vraiment parti de la tessiture longue pour
proposer quelque chose de différent mais tout à fait cohérent avec le
style) ou pour le Figaro du Barbier (l'imitation des différentes voix
qui appellent Figaro, de la femme à la basse, quelle amusante jonglerie
!). Et tout de même beaucoup de rôles de barytons aigus (Danilo,
Carmina Burana), ainsi que de ténors graves (Lohengrin), mais aussi,
pour bien prouver que la voix n'est pas ternie, de ténors aigus (Le
Postillon de Longjumeau).
→ Autre atout, le parcours (certes arbitraire puisque mélangeant ténors
et barytons…) est construit de façon chronologique, on fait une petite
balade temporelle au spectre très large, ce qui est très rare dans les
récitals.
→ À écouter, donc, pour les amateurs de voix (qui seront très
impressionnés) plutôt que pour les défricheurs de répertoire.
→ Partiellement bissé.
|
Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
Gabrielli – extrait de S. Sigismondo, re di Borgogna
– Bartoli, Andrés Gabetta, Sol Gabetta, Cappella Gabetta (Decca)
→ Quadrissé.
→ Avec instruments solistes. Pas très marquant, mais tout ce qu'on a au
disque de ses opéras…
♥♥♥
Schlusnus dans Don
Pasquale, Onéguine, Prince Igor (tout en allemand)
→ Chante Onéguine avec des nuances de lied… délectable ! Igor pas
très épique.
→ Bissé
♥♥♥ Josef
Metternich, « Rare
and Unreleased Recordings (1948-1957) » (Andromeda)
→ Tout en allemand : Onéguine, Trovatore, Otello, Lortzing, Traviata,
Arabella, Parsifal…
+
https://www.youtube.com/watch?v=v-WmSm50Nd8
(la perfection vocale…)
C. Ballet &
musiques de scène
nouveautés
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♥♥ Arenski (Arensky) – Nuits égyptiennes (Ėgipetskiye
nochi, Egyptian Nights), Op. 50 – Moscou SO, Yablonsky (Naxos réédition
2021)
♥ Lord Berners – Ballet de Neptune, L'uomo dai baffi –
English Northen Philharmonia, Lloyd-Jones (Naxos 2021)
+ arrangements pour orchestre de Philip Lane : 3 Valses
bourgeoises, Polka (avec le Royal Ballet Sinfonia)
→ Toujours cette belle musique excentrique de Berners, quelque part
entre la musique légère et la sophistication, comme une rencontre
improbable entre Minkus et Schulhoff, le tout dans un esprit très
proche de la musique légère anglaise.
→ Trissé.
♥♥♥ Stravinski – Feu d'artifice,
Scherzo fantastique, Scherzo à la Russe, Chant Funèbre, Sacre du Printemps – NHK SO, Paavo Järvi (RCA 2021)
→ Splendide version très vivante, captée avec beaucoup de relief
physique, contenant quelques-uns des chefs-d'œuvre de jeunesse de
Stravinski (parmi ce qu'il a écrit de mieux dans toute sa carrière, Feu
d'artifice et le Scherzo fantastique…), ainsi qu'une version
extrêmement charismatique et immédiatement prenante du Sacre du
Printemps.
→ Järvi semble avoir tiré le meilleur de la NHK, orchestre aux couleurs
peu typées (même un brin gris, ai-je trouvé en salle), mais dont la
discipine et la solidité permettent ici une insolence et un aplomb
absolument idéaux pour ces pages.
→ Bissé le Sacre, trissé les ouvertures.
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Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
Franck – Hulda, Op. 4 : le ballet
allégorique – OP Liège, Arming (Fuga Libera 2012)
→ Du Franck plutôt décoratif, marqué par des modèles absolument pas
wagnériens (le ballet à la française, avec un côté rengaine quasiment
britannique dans le rondeau final !). Le reste de l'opéra n'est pas non
plus le plus audacieux de Franck, mais il sera bientôt donné et
enregistré dans les meilleures conditions par Bru Zane !
→ Couplé avec une très belle version tradi de la Symphonie.
♥♥
Stravinski – Petrouchka, Les Noces
– Ančerl
→ Avec Žídek et Toperczer notamment !
Stravinski – Les Noces (en français) –
Ansermet (Decca)
D. Cantates profanes
nouveautés
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♥ Purcell – Birthday Odes for
Queen Mary – Carolyn Sampson, Iestyn Davies… The King's Consort, Robert
King (Vivat 2021)
→ Excellentes versions, très bien captées, qui valent en particulier
pour les instrumentistes très vivement engagés. Joli plateau vocal
également.
→ (Pour autant, je ne suis pas trop certain de vouloir vous encourager
à financer le label autoproduit d'un abuseur d'enfants. J'ai longuement hésité avant
d'écouter moi-même ce disque, alors que j'ai toujours énormément aimé
le travail artistique de R. King. La séparation entre l'homme et
l'œuvre me paraît problématique lorsque l'homme est vivant et en
activité : on promeut le talent au-dessus d'être un humain décent, on
excuse la destruction de vies au nom de ses qualités pour nous
divertir, on remet potentiellement l'agresseur en position de prestige,
d'autorité et de récidive. Bref : c'est un bon disque, mais si vous
voulez l'écouter volez-le s'il vous plaît.)
→ [Tenez, je commettrai sans doute un jour une notule où je partagerai
mon sentiment d'homme blet sur cette affaire de séparation de l'homme
et de l'œuvre, sous un angle différent de la traditionnelle opposition
« il est méchant il faut détruire son œuvre » / « il est bon dans
son domaine c'est tout ce qui m'intéresse ». Mon opinion a grandement
évolué sur le sujet depuis ma naïve jeunesse, et je me pose quelques
questions sur nos réflexes mentaux en la matière, que je partagerai à
l'occasion.]
|

E. Sacré
nouveautés
|
♥ Zácara da Teramo – Intégrale
(Motets, Chansons édifiantes) – La Fonte Musica, Michele Pasotti (4
CDs, Alpha 2021)
→ Musique du XIVe siècle, dont la langue me paraît hardie pour son
temps (ou sont-ce les restitutions?), mais trop loin de mes habitudes
d'écoute pour que je puisse en juger – j'ai beau faire, je me retrouve
un peu comme les wagnériens devant LULLY, je n'entends que le nombre
limité de paramètres expressifs et pas assez les beautés propres de ces
musiques à l'intérieur de leur système. Pas faute d'avoir essayé.
→ Belles voix, assez originales, ni lyriques, ni folkloriques, vraiment
un monde à part très intéressant et avec des timbres très typés (mais
pas du tout clivants / étranges).
♥♥♥ Brixi – Messe en ré majeur,
Litanies – Hana Blažiková, Nosek Jaromír ; Hipocondria
Ensemble, Jan Hádek (Supraphon 2021)
→ Alterne les chœurs d'ascèse, finement tuilés, très beau contrepoint
qui fleure encore bon le contrepoint XVIIe, voire XVIe… pour déboucher
sur des airs façon Messie (vraiment le langage mélodique de Haendel !).
→ Splendides voix tranchantes et pas du tout malingres, orchestre fin
et engagé, Blažiková demeure toujours aussi radieuse, jusque dans les
aigus de soliste bien exposés !
|
Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
♥♥♥
Grégorien : Chants de
l'Église de Rome VIe-XIIe s. –
Organum,
Pérès (HM)
→ Quelle sûreté de réalisation ! (et toujours ces beaux mélismes
orientalisants)
♥♥♥
Dufay – Motets
isorythmiques – Huelgas (HM)
♥
Allegri – Miserere – A sei
voci (Naïve)
♥♥
Titelouze – Messe – Les
Meslanges, van Essen (Paraty 2019)
♥♥
CAPUANA, M.: Messa di
defonti e compieta /
RUBINO,
B.: Messa di morti (Choeur de Chambre de Namur, García Alarcón)
(Ricercar 2015)
→ bissé Capuana, trissé Rubino
→ Pas du niveau des Vêpres du Stellario, mais riche et stimulant !
♥♥♥
Du Mont – Cantica sacra –
Boterf, avec Freddy Eichelberger à l'orgue Le Picard de Beaufays (1742)
(Ricercar)
♥♥♥
Mendelssohn : Te Deum
in D Major, MWV B15 ; Stuttgart KmCh,
Bernius (Hänssler 2021)
→ Nouveau de cette année, génial (du Mendelssohn choral à
un par partie !), mais déjà présenté
la semaine de sa sortie lors d'une précédente livraison. Je n'encombre
donc pas cette notule-ci.
♥♥♥
Danjou, Kyrie &
Gloria //
Perne, Sanctus
& Agnus Dei // Boëly, pièces d'orgue – Ens. G. Binchois, F.
Ménissier (Tempéraments 2001)
→
Danjou !! J'étais persuadé que ça
n'existait pas au disque. Passionnant de découvrir ça.
♥
Saint-Saëns, Oratorio de Noël ;
Ziesak, Mahnke, James Taylor, Deutsche Radio Philharmonie, Poppen (YT
2008)
→ Très épuré, sulpicien, contemplatif. Joli, et dans une interprétation
de tout premier choix (quels solistes !).
♥♥
Braunfels : Große Messe –
Jörg-Peter Weigle (Capriccio 2016)
→ D'ample ambition, une œuvre qui ne tire pas Braunfels vers du
Bruckner complexifié comme son Te Deum, mais vers une véritable pensée
généreuse et organique, dotée en outre de fort belles mélodies.
♥♥
Milhaud – Psaume 121 – RenMen
F. A cappella profane
nouveautés
|
Hutchings, Meadow, Hopkins, Sigurdbjörnsson, Jóhannsson, Owens,
Arnalds, Lovett, Rimmer, Gjeilo,
Barton, Desai, Guðnadóttir, O'Halloran, L.Howard – « Infinity » – Voces8 (Decca 2021)
→ Bascule toujours plus profonde dans la musique atmosphérique, avec
ces pièces (elles-mêmes des arrangements) qui pour beaucoup ressemblent
à du Whitacre en plus gentil. Mais réussi dans son genre, et
particulièrement concernant les quelques pièces qui excèdent un peu ce
cadre avec des harmonies plus recherchées (Sigurdbjörnsson).
|
G. Symphonies
nouveautés
|
♥ Saint-George – Symphonie en sol, Symphonies
concertantes – CzChbO Pardubice, Halász (Naxos 2021)
→ Plutôt mieux que d'habitude, assez charmant même, mais toujours aussi
aimable et peu marquant, vraiment de la musique décorative, réutilisant
exactement les tournures de son temps. Ni plus ni moins.
→ Amusant : Naxos écrit Saint-Georges à la française, alors que son nom
s'écrit Saint-George – tandis que le Wikipédia anglais écrit aussi
Saint-Georges, en référence à son probable père.
→ Bissé. (Parce que j'étais occupé pendant ma première écoute, pas
parce que c'est génial.)
♥♥ (Cipriani) Potter –
Symphonie n°1, Intro & rondo « à la militaire »,
Ouverture Cymbeline – BBCNO Wales, Howard Griffiths (CPO 2021)
→ Très belles œuvres du jeune romantisme britannique, l'ouverture pour
Cymbeline de Shakespeare en particulier !
→ Trissé.
♥♥ Bruckner – Symphonie n°4 (les
trois versions) – Bamberg SO, Hrůša (Accentus Music 2021)
→ Passionnant choix de confronter les différentes versions, dans une
lecture assez traditionnelle (contrastes limités, couleurs assez
fondues, transitions plutôt lissées) mais détaillée, lisible et
toujours vivante.
→ Parmi les belles choses à repérer : dans la première version,
1874, l'écriture est beaucoup plus continue (les grands unissons sont
ici harmonisés, avec un aspect beaucoup plus continu et brahmsien que
j'aime beaucoup, moins étrange en tout cas), en particulier dans le
premier mouvement. Et dans le final, amusante marche harmonique sur
figures violonistiques arpégées qui fleure bon sa Chevauchée des
Walkyries.
→ Dans le premier mouvement de la deuxième version, 1878, bel éclat
majeur très lumineux, plus du tout dans l'esprit
majesté-de-voûtes-romanes, très réussi. La progression vers le dernier
climax du final est aussi très réussie, implacable apothéose.
♥♥ Tchaïkovski – Symphonie
n°6, Roméo & Juliette –
Tonhalle Zürich, Paavo Järvi
(Alpha 2021)
→ Beaucoup plus proche de la rectitude de leur Cinquième que du fol
engagement de leurs 2 & 4.
→ Le développement du premier mouvement reste impressionnant (et le
timbre pincé du hautbois solo délectable), mais le reste manque un peu
de pathos à vrai dire, cette musique en a d'ordinaire suffisamment,
mais tout paraît un peu peu germanisé et distancié ici, malgré
l'investissement audible de toutes les parties.
→ La marche-scherzo n'est absolument pas terrifiante mais danse avec
sourire et délectation, culminant dans le très bel éclat (purement
musical) de son climax. Surprenant, mais assez convaincant.
→ Roméo et Juliette absolument pas russe non plus, mais la netteté au
cordeau, la différenciation des timbres y a quelque chose de tout à
fait grisant – purement musical ici encore, plutôt que passionné ou
narratif. J'aime beaucoup, bien plus proche des qualités des 2 & 4.
Saint-Saëns – Symphonie
n°1, Concerto pour violoncelle n°1, Bacchanale – Astrig Siranossian, Philharmonique de Westphalie méridionale,
Nabil Shehata (Alpha 2021)
→ Pas très emporté par ce disque : soliste pas particulièrement
charismatique (et capté un peu en arrière), orchestre peu coloré,
plutôt opaque, très tradi… la Symphonie est jouée avec vie, mais rien
qui change nos vies, je le crains.
♥ Saint-Saëns – Symphonies Urbs Roma
& n°3 – Liège RPO, Kantorow
→ À nouveauté pour cette intégrale Kantorow, pas de révolution dans la
perception des œuvres, mais une exécution de bonne tenue – un peu
épaisse pour ce que peuvent réellement produire ces symphonies,
néanmoins.
♥♥♥ Mahler – Symphonie n°8 –
Howarth, Schwanewilms, Fomina,
Selinger, Bardon, Banks, Gadd,
Rose ; LPO Choir, LSO Chorus, Clare College Choir, Tiffin Boys
Choir ; LPO, Jurowski
(LPO Live)
→ Quel bonheur d'avoir des sopranos de la qualité de timbre de
Schwanewilms et Fomina pour cette symphonie où leurs aigus sont exposés
en permanence ! Barry Banks aussi, dans la terrible partie
de ténor, étrange timbre pharyngé, mais séduisant et attaques nettes,
d'une impeccable tenue tout au long de la soirée.
→ Par ailleurs, le mordant de Jurowski canalise merveilleusement les
masses – très beaux chœurs par ailleurs.
→ Trissé.
♥♥ Florence Price – Symphonies 1
& 3 – Philadelphia O, Nézet-Séguin (DGG 2021)
→ Symphonies d'un compositeur qui cumulait les handicaps de diffusion,
et cumule à présent les motivations de programmation : femme et
afro-américaine !
→ Le langage de la Première se fonde largement sur des thèmes issus du
gospel et utilisés comme motifs qui se diffractent et évoluent à
travers l'orchestre, au sein d'une orchestration aux couleurs variées,
d'un beau lyrisme qui ne cherche jamais l'épanchement, d'une
construction qui ne suspend jamais le plaisir d'entendre de belles
mélodies, jusque dans les transitions.
→ La Troisième m'a paru moins vertigineuse : plus lisse et
continue, moins motorique et générative, davantage tournée vers les
mélodies (qui sonnent un peu plus populaires que gospel cette fois).
Très beau dans son genre postromantique, très bien écrit, mais moins
neuf et saisissant.
→ Avec la fluidité propre à Nézet-Séguin et les timbres miraculeux de
Philadelphie, c'est un régal absolu, qui rend justice à un corpus
réellement intéressant et riche musicalement, et simultanément très
accessible ! Qu'attendons-nous pour programmer ces œuvres en
concert, surtout avec la mode de la réhabilitation des minorités
culturelles ? Sûr que ça plairait d'emblée à un vaste
public.
→ Trissé.
♥ (Malcolm) Arnold – Concerto
Gastronomique, Symphonie n°9 – Anna Gorbachyova-Ogilvie, Liepaja Symphony Orchestra, John
Gibbons (Toccata Classics 2021)
→ La Symphonie n°9, véritable épure, n'est pas sans charme, et
interprétée avec charisme (quels magnifiques solistes !).
→ Le Concerto Gastronomique aurait pu être amusant, mais il reproduit
surtout des formules à la Arnold (les accords de cuivres à l'harmonique
décalée et enrichie pour le Fromage, vraiment rien de figuratif ou de
propre à son objet…).
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Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
1) Baroques &
classiques
Wilhelm Friedmann Bach – Symphonies
(fk 67 « dissonante » et fk 66 avec
ricercar) & Harpsichord Concertos – Ensemble Arcomelo, Michele
Benuzzi (La Bottega discantica 2008)
♥♥
Corrette – Symphonies de Noëls –
La Fantasia, Rien Voskuilen (Brilliant)
→ Réjouissant de bout en bout !
2) Classiques
♥♥
Richter – Symphony No. 53
in D Major, "Trumpet Symphony"
London Mozart Players - Orchestra ; Bamert, Matthias - Conductor
(Chandos 2007)
♥
Johann Stamitz – Sinfonia Pastorale
– Hogwood (Oiseau-Lyre)
+ symphonie en ré Op.3 n°2
→ Avec les thèmes plein de parentés.
→ Bissée.
♥♥♥
Gołąbek, Symphonies /
Kurpiński, Concerto pour clarinette
– Lorenzo
Coppola, Orkiestra
Historyczna (Institut Polonais)
→ Absolument décoiffant, des contrastes qui évoquent Beethoven dans une
langue classique déjà très émancipée.
3) Deuxième romantisme
♥♥♥
Tchaïkovski – Symphonies n°2,4 –
Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ La Cinquième par les mêmes ne m'avait pas du tout autant ébloui qu'en
salle (avec l'Orchestre de Paris) – un peu tranquillement germanique,
en résumé. Hé bien, ici, c'est étourdissant. D'une précision de trait,
d'une énergie démentielles !
→ On entend un petit côté « baroqueux » issu de ses
Beethoven, avec la netteté des cordes et l'éclat des explosions, mais
on retrouve toute la qualité de construction, en particulier dans les
transitions (la grande marche harmonique du final du 2, suffocante, qui
semble soulever tout l'orchestre en apesanteur !), et au surplus une
énergie, une urgence absolument phénoménales.
→ Gigantesque disque. Ce qu'on peut faire de mieux, à mon sens, dans
une optique germanique – mais qui ne néglige pas la puissance de la
thématique folklorique, au demeurant.
→ (bissé la n°2)
♥♥
Tchaïkovski – Symphonie n°3 –
Göteborg SO, Neeme Järvi (BIS)
→ Bissé.
4) XXe siècle
Schnittke – Symphony No. 1 –
Tatyana Grindenko, Lubimov, Russian StSO, Rozhdestvensky (Chandos)
→ Atonal libre pas très beau.
Schnittke – Symphony No. 3 –
Radio Berlin-Est, V. Jurowski (Pentatone)
→ Proche de la 4 (que j'aime énormément), en plus morne. Pas palpitant.
H. Poèmes
symphoniques
nouveautés
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♥ E. von Dohnányi – Ouverture de Tante
Simona, Suite en fa#m, American Rhapsody – ÖRF, Paternostro (Capriccio
2021)
+ Leo Weiner – Serenade pour petit orchestre en fam
→ Belles œuvres, très consonantes et confortables dans leur
postromantisme peu retors. Capriccio continue aussi bien de documenter
les grandes œuvres ambitieuses du répertoire germanique chez Rott,
Braunfels ou Schreker que d'explorer des œuvres moins mémorables, mais
très bien bâties malgré leur ambition moindre.
♥♥♥ Stravinski – Feu d'artifice,
Scherzo fantastique, Scherzo à la Russe, Chant Funèbre, Sacre du Printemps – NHK SO, Paavo Järvi (RCA 2021)
→ Splendide version très vivante, captée avec beaucoup de relief
physique, contenant quelques-uns des chefs-d'œuvre de jeunesse de
Stravinski (parmi ce qu'il a écrit de mieux dans toute sa carrière, Feu
d'artifice et le Scherzo fantastique…), ainsi qu'une version
extrêmement charismatique et immédiatement prenante du Sacre du
Printemps.
→ Järvi semble avoir tiré le meilleur de la NHK, orchestre aux couleurs
peu typées (même un brin gris, ai-je trouvé en salle), mais dont la
discipine et la solidité permettent ici une insolence et un aplomb
absolument idéaux pour ces pages.
→ Bissé le Sacre, trissé les ouvertures.
Takemitsu – A Way a Lone
II, Toward the Sea II,
Dreamtime, « 1982 historic recordings) – Sapporo SO, Iwaki Hiroyuki (1982,
DGG 2021)
→ Pour mesurer à quel point les orchestres japonais ont progressé… On
peut trouver interprétations bien plus avenantes de ces belles œuvres
(ou chef-d'œuvre, pour Toward the Sea
II).
→ Complété par une heure de discours de Takemitsu, en japonais.
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Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
Weber – Ouvertures – Hanover
Band, Roy
Goodman (Nimbus 2000)
→ Assez décevant : capté de très loin, plans peu audibles, pas
beaucoup de gain de timbres ou d'énergie avec les instruments d'époque.
Humperdinck – Rhapsodie mauresque
– Gewandhaus Leipzig,
Abendroth
(réédition numérique Naxos)
♥
Marx – Eine Frühlingsmusik,
Idylle & Feste im Herbst – Radio-Symphonieorchester Wien, Wildner
(CPO)
→ Comme la symphonie, en plus simple.
I. Lied orchestral
nouveautés
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♥♥♥ Saint-Saëns – La Princesse jaune –
Wanroij, Vidal ; Toulouse, Hussain (Bru Zane 2021)
+ Mélodies persanes (Constans,
Fanyo, Pancrazi, Sargsyan, Boutillier…)
→ Ivresses. Des œuvres, des voix.
→ Révélation pour ce qui est de la Princesse,
pas aussi bien servie jusqu'ici, et délices infinies de ces Mélodies
dans une luxueuse version orchestrale, avec des chanteurs très
différents, et chacun tellement pénétré de son rôle singulier !
♥ Vladigerov – Mélodies symphoniques
– Bulgarie NRSO, Vladigerov (Capriccio 2021)
→ Moins séduisant et singulier, pour moi, que ses concertos ou
symphonies, mais encore une fois du très beau postromantisme, très bien
écrit, qui mérite d'être enregistré, réécouté, programmé en concert…
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Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
♥♥ Mahler –
Das Lied von der Erde –
Kaufmann,Vienna Philharmonic,
Nott (Sony 2017)
→ Kaufmann chante ténor et baryton à la fois. Les deux sont très bien,
et Nott fait frémir Vienne plus que de coutume, avec des couleurs
particulièrement fines et évocatrices, que l'orchestre se donne peu
souvent la peine de produire !
J. Concertos
nouveautés
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♥♥♥ WÖLFL, J.: Piano Concertos Nos. 2 and 3 /
Concerto da camera (Veljković, South West German Chamber Orchestra
Pforzheim, Moesus) (CPO 2021)
→ Déjà beaucoup aimé, sorte de Mozart un peu plus tardif, dans ses
Sonates (disque de Bavouzet par exemple), Wölfl confirme ici une
véritable personnalité, et soutient remarquablement l'intérêt dans un
genre d'essence décoratif – à l'oreille, le n°2 en mi, on dirait
vraiment un Mozart perdu écrit pendant la série des concertos
post-n°20 !
→ Bissé.
♥ SPERGER, J.M.: Double Bass Concertos Nos. 2 and 15
/ Sinfonia No. 30 (Patkoló, Kurpfälzisches Kammerorchester, Schlaefli)
→ Chouette, mais pourquoi toujours privilégier l'aigu pour un
concerto d'instrument se distinguant au contraire par son extension
grave ?
Saint-Saëns – Pièces
rares pour violon et orchestre
– Laurenceau, Orchestre de Picardie, Benjamin Lévy (Naïve 2021)
→ Essentiellement des Romances très lyriques, pas très passionné par
leur contenu musical pour ma part, mais j'admire beaucoup le travail de
pionnière de Geneviève Laurenceau (ancienne konzertmeisterin du
Capitole de Toulouse), au service de compositeurs comme Magnard,
Durosoir, Smyth, R. Clarke… Son très robuste et plein, pas du tout typé
français, solidité et élan à toute épreuve.
♥ Rubinstein: Piano Concertos Nos. 2 & 4 –
Schaghajegh Nosrati, Radio-Symphonie-Orchester Berlin, Róbert Farkas
(CPO 2021)
→ Un peu déçu en réécoutant ces œuvres, du concerto pour piano
romantique très tourné vers le piano, qui perpétue un modèle
post-chopinien, même si l'orchestre n'est pas sans intérêt.
Saygun, Işıközlü, Erkin, Kodallı…
TURKISH PIANO MUSIC (THE BEST
OF) (Biret, Güneş, Saygun, G.E. Lessing, Şimşek, Tüzün) (Idil Biret
Archive 2021)
→ Œuvres vraiment pas fabuleuses sur la première œuvre du
coffret : des concertos pour piano très difficiles à jouer, mais
musicalement, un mélange d'orientalismes et de musique classique très
formelle (quoique complexe), pas très mélodique ni riante. Le disque de
trios piano-cordes turcs sorti cette année (chez Naxos) était autrement
stimulant sur la production locale !
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Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
1) Pour piano
Hummel: Piano Concerto No. 2 in
A Minor –
Hough, B. Thomson
(Chandos)
→ Très sympathique, là aussi vraiment un cousin chopinien ; j'en
retiens surtout le beau solo de clarinette du final et son beau thème
secondaire (le soin mélodique échappe toujours à l'automatisme, chez
Hummel, tout de même l'immortel auteur du plus beau final de concerto
pour basson de tous les temps !), mais ce reste globalement du concerto
pour piano brillant, où le contenu musical n'entre qu'en seconde ligne
par rapport à un quatuor ou une symphonie.
Thalberg – Concerto pour piano
–
Ponti
→ Assez formellement Thalberg, pas de grande surprise.
♥♥♥
Liszt – Totentanz –
Berezovsky, Philharmonia, Wolff
(Teldec)
→ Totalement fulgurant, parfait, surnaturel… le jeune Berezovsky était
incroyable, d'une insolence proprement démoniaque.
♥♥♥
Henselt – Concerto pour
piano Op.16 en fa mineur – Michael
Ponti,
Philharmonia Hungarica, Othmar Mága (VOX, réédition Brilliant Classics)
→ Très proche de Chopin dans les formules pianistiques, mais doté d'un
orchestre très généreux, très bien écrit, qui puise à une tradition
beaucoup plus luxuriante (Meyerbeer ?). Splendide et grisant, dans son
genre lyrique mais travaillé !
♥
Pierné – Concerto pour piano
–
Ponti
→ Très virtuose évidemment, de la musique très sérieuse qui contraste
avec son final fondé sur la répétition inlassable de « Mets tes
deux pieds en canard » de La Chenille qui redémarre.
♥♥♥
d'Albert – Concerto pour
piano
n°2 –
Ponti
→ Quel beau lyrisme décidément !
♥
Roussel – Concerto pour
piano –
Ponti
♥
Sinding – Concerto pour
piano –
Ponti
♥
BORTKIEWICZ, S.: Piano
Concertos Nos. 2 and 3, "Per aspera ad astra" (
Doniga, Janáček Philharmonic,
Porcelijn) (Piano Classics 2018)
♥
SCHNITTKE, A.: Piano
Concerto / Concerto for Piano and String Orchestra / Concerto for Piano
4-hands and Chamber Orchestra (
Kupiec,
Strobel) (Phoenix 2008)
→ Version dotée d'un équilibre singuier du piano, plus intégré /
symphonique. Pas celle que j'aime le plus, mais très belle, dans cette
sélection de concertos considérables du XXe siècle !
2) Pour violon
♥♥
Tchaikovsky – Violin
Concerto in D Major –
Gitlis,
Vienne SO,
Hollreiser (VOX)
→ Impressionnant et ébouriffé, et l'orchestre est vraiment très bien,
dynamique, présent, précis (contre toute attente vu la date, le chef et
les conditions de non-répétition).
→ En revanche Gitlis, ce son très appuyé, ces effets qui bifurquent
dans tous les sens, le rubato qui déborde en avant en arrière,
j'entends trop que c'est du violon, ça me distrait de la musique.
→ Mais impressionnant d'insolence (la qualité parfaite du timbre avec
un suraigu pas du tout tiré, surnaturelle), à connaître !
→ Orchestre splendide, ça ne ressemble pas du tout à un son viennois
d'ailleurs, de l'excellente charpente à l'allemande, pas très coloré
mais limpide sur tout le spectre, et avec vie et précision.
♥ Tchaïkovski – Concerto pour violon –
Dumay,
LSO,
Tchakarov (EMI)
→ Beau, simple, un peu lent.
♥♥
Tchaïkovski – Concerto pour
violon –
Julia Fischer, Russie
NO,
Kreizberg (PentaTone 2006)
→ Sobre, doux, net, voilà qui tire davantage vers la poésie de la page.
Et la culture russe de l'orchestre (quoique l'un des moins typés du
pays) facilite les bonnes couleurs environnantes.
♥
Tchaïkovski – Concerto pour
violon –
Hahn, Liverpool PO,
V.Petrenko (DGG 2011)
→ Assez affirmatif, mais sobre, réussi ! Tempo très retenu.
Tchaïkovski – Concerto pour
violon –
Hudeček, S. de
Prague,
Bělohlávek (Supraphon)
→ Un peu gras pour ce que j'espérais d'un son tchèque au violon, pas
mal de rubato quand même, et Bělohlávek toujours plutôt mou…
→ Est très bien, mais ne répond pas à mon espérance de netteté un peu
acide en allant me tourner vers Supraphon !
¤
Tchaïkovski – Concerto pour
violon –
Radulović, Borusan
Istanbul PO, Sascha Goetzel (DGG 2017)
→ Puisqu'on m'en a dit le plus grand mal, j'écoute. Je l'avais adoré
avant la notoriété, dans une vidéo de rue où il était pris en train de
livrer une insolente et hautement pensée Chaconne de la Partita n°2 de
Bach… Peu écouté depuis ses grands succès, vu son positionnement
cross-over sur des tubes un peu retravaillés, ce qui m'intéresse moins.
→ Je découvre qu'il est carrément passé chez DGG, chez certains ça va
la vie !
→ L'orchestre n'est pas le meilleur du monde (je trouve d'ailleurs
qu'il sonne très oriental, comme s'il jouait du Saygun ou plutôt du…
Say, ça n'aide pas ;
→ Côté goût, ce n'est pas affreux, mais en effet ça s'alanguit dans
tous les sens, le tempo et le phrasé bougent sans cesse, c'est
sur-interprété en permanence, je ne suis pas fan.
→ Et côté son, un peu tiré, oui, comme une voix qu'on voudrait pousser
trop fort, il y a plus précis et plus timbré sur le marché – j'entends
chaque année les plus aguerris jouer ça à la Philharmonie, je suis un
peu blasé côté virtuosité extrême.
→ En somme pas horrible du tout, mais clairement je ne vois pas trop
l'intérêt d'écouter ça vu l'offre délirante sur ce concerto.
Tchaïkovski – Concerto pour
violon –
Ehnes, Sydney SO,
Ashkenazy (Onyx)
→ Très policé et propre, pas très palpitant, et pas assez effacé pour
être seulement poétique.
→ Impression persistante que le violon sonne fort tout le temps.
♥♥
Tchaïkovski – Concerto pour
violon –
Sarah Christian,
Bremen KmPh,
Rhorer
→ Accompagnement très net, interprétation très réussie (quoique, comme
souvent, beaucoup de rubato superflu pour moi).
+
Borgstrøm – Concerto pour violon
– Eldbjørg Hemsing, Wiener Symphoniker, Olari Elts (BIS 2018)
3) Pour autre chose
Telemann – Concertos pour vents
(TWV 44:43, 51:D2, 51:D7, 52:d1, 52:e1, 53:D5) –
Hoeprich & friends, Musica
Antiqua Köln,
Goebel
→ Joli son d'orchestre, de la première (deuxième) génération
d'ensembles baroques, pour des compositions peu trépidantes.
♥♥♥
P. Vranický, Haydn – Concertos
pour violoncelle en ut – Enrico Bronzi, Orchestra di Padova e
del Veneto, Enrico Bronzi (Concerto Classics)
→ Meilleure version du Haydn ! Cet orchestre, qui s'est imprégné
de modes de jeu musicologiques au moins depuis Maag, propose des
sonorités capiteuses tout en conservant le moelleux des instruments
traditionnels. L'insolence, les trépidations de joie, la rêverie y sont
portées au plus beau degré.
♥♥♥
Gołąbek, Symphonies /
Kurpiński, Concerto pour clarinette
– Lorenzo
Coppola, Orkiestra
Historyczna (Institut Polonais)
→ Absolument décoiffant, des contrastes qui évoquent Beethoven dans une
langue classique déjà très émancipée.
Bacewicz – Concerto pour alto –
Kamasa, Varsovie PO, Wisłocki (LP sur YT)
→ Un peu trop soliste pour mon goût. Atmosphère tourmentée.
K. Musique de chambre
nouveautés
|
♥♥ Beethoven – Quatuors 12 & 14 – Ehnes SQ
(Onyx 2021)
→ Version très aboutie, aux timbres superbes, issue d'un cycle en cours
autour des derniers quatuors de Beethoven.
→ Bissé.
♥♥♥ Schubert – Quintette à cordes –
Tetzlaff, Donderer... (Alpha 2021)
→ Couplé avec le Schwanengesang de Julian Prégardien que je n'ai pas
encore écouté.
→ Lecture d'une épure assez fabuleuse : absolument pas de pathos,
cordes très peu vibrées, des murmures permanents (quel trio du
scherzo ! ), et bien sûr une très grande musicalité.
→ Très atypique et pudique, aux antipodes de la grandiloquence
mélodique qu'on y met assez naturellement.
♥ Hummel & Schubert: Piano Quintets – Libertalia Ensemble
(CPO 2021)
→ Très beau quintette (avec piano et contrebasse) de Hummel, énormément
de très belles choses là-dedans.
→ La version de la Truite n'est pas du tout le plus exaltante du
marché, un peu grise par rapport aux versions très engagées et typées
qu'on peut trouver par ailleurs (Kodály-Jandó, Immerseel, etc.).
PAGANINI, N.: String Quartet No. 3 / Duetti Nos.
1, 2, 3 (Pieranunzi, Falasca, Fiore, Leardini, Carlini) (CPO 2021)
→ Jolies œuvres aimables, bien jouées.
♥♥ Saint-Saëns, Rameau, Liszt
– Trio piano-cordes n°2,
Pièces de clavecin en concert (Suites 1 & 5), Orpheus (arrangement)
– Trio Zadig (Fuga Libera 2021)
→ Un des tout meilleurs trios en activité (probablement le meilleur que
je connaisse moi), avec en particulier des cordes d'un charisme
extraordinaire.
→ Lecture assez traditionnellement lyrique-germanique de Saint-Saëns,
avec un son très peu français, misant davantage sur une sorte d'audace
virtuose, où chaque motif à chaque instrument est ciselé et
immédiatement présent et mélodique. Cette attitude dynamise beaucoup
cette page, déjà très belle.
→ Étonnante association avec un Rameau version trio romantique (très
réussie) et cette transcription du poème symphonique de Liszt.
→ Trissé pour le Saint-Saëns, bissé pour le reste.
♥♥♥ Saint-Saëns – Quatuors 1 & 2 –
Tchalik SQ (Alkonost Classic)
→ Lecture très consciente stylistiquement, et ardente, de ces quatuors
magnifiant à la fois la contrainte formelle et la beauté de
l'invention… ce jeune quatuor a évolué de façon assez fulgurante ces
dernières années. (Son intégrale Hahn est fabuleuse aussi.)
(réédition)
♥♥♥ Mahler, Bertin-Maghit &
Hersant – « No Time for Chamber Music » (extraits arrangés de
Mahler) – Collectif9 (2018,
réédition Alpha 2021)
→ Réédition de cet album d'une formidable inventivité, réutilisant dans
des contextes nouveaux (et pour effectif chambriste comme l'indique le
nom de l'ensemble !) des thèmes issus de l'œuvre de Mahler. Fascinant
de contempler ces mélodies connues se mouvoir selon des chemins
imprévus, et le tout exécuté à un niveau instrumental assez
hallucinant, recréant un orchestre complet rien qu'avec leurs textures
de cordes.
→ Totalement jubilatoire.
→ Trissé.
|
Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
♥
Gabrielli –
Sonate con trombe e violini –
Cappella di San Petronio, Sergio Vartolo (Tactus)
♥♥
Schubert – Quintette piano-cordes
en la – Anima Eterna Brugge,
Immerseel
(ZZT)
♥
Hummel, Bertini – Quintette
piano-cordes, Sextuor piano-cordes (MDG)
→ Hummel bissé.
→ Très belle version très bien captée. Meilleure que celle qui vient de
sortir chez CPO (et couplage Bertini plus intéressant qu'une version
moyenne de Schubert, évidemment…).
♥
Wyschnegradsky - String
quartet №2
→ Intéressant, à défaut de réellement séduisant.
L. Violon
(solo ou accompagné)
nouveautés
|
♥ Saint-Saëns – Pièces de caractère pour
violon & piano – Fanny Clamagirand,
Vanya Cohen (Naxos 2021)
→ On y retrouve les grands standards (Danse macabre, Rondo capriccioso,
Havanaise…) et des pièces rares, où l'on peut profiter du son
extraordinairement capiteux et flûté (produire un timbre aussi
chantant, aussi peu « frotté » avec un violon relève du petit
miracle)
et de la musicalité de Clamagirand, qui impressionne beaucoup depuis
quelques années déjà.
→ Pas de révélations particulières parmi les pièces moins célèbres, à
mon sens.
♥♥ E. Andrée, Bonis, Smyth – Sonates pour violon, « First
Ladies » – Annette-Barbara Vogel, Durval Cesetti (Toccata Next
2021)
→ Décidément, quelques figures féminines commencent à solidement
émerger, au moins dans le domaine de la mélodie et de la musique de
chambre (et plus simplement du piano d'intérieur) !
→ Trois grandes compositrices… je n'ai pas été aussi impressionné par
Bonis que par sa Sonate violoncelle-piano, mais Smyth me frappe à
nouveau par sa typicité, sa façon de tisser le matériau folklorique
dans les formes savantes… Très réussi.
→ De surcroît très bien joué, par une spécialiste de ce genre de
bizarrerie – plusieurs disques Hans Gál à son actif !
Kreisler + divers
arrangements et pièces virtuoses ou de caractère – « 12 Stradivari » – Janine
Jansen, Antonio Pappano
(Decca 2021)
→ Surtout intéressant pour son projet : réunir pendant 10 jours 12
stradivarius, dont certains plus joués depuis des années, ou jamais
enregistrés, et concevoir un programme qui mette en valeur leurs
caractéristiques ou le lien avec leurs possesseurs historiques. Le tout
par une seule interprète.
→ Le projet est excitant mais le résultat, comme je pouvais m'y
attendre (considérant ma sensibilité), reste assez peu exaltant :
1) on
perçoit certes des nuances de timbre, mais le son d'un violon dépend
avant tout de la personne qui joue sur le violon ; 2) le
répertoire de
pièces pittoresques n'est franchement pas passionnant si l'on n'est pas
passionné du violon en soi, si l'on ne le regarde pas comme une épreuve
d'athéltisme à travers des haies et balses obligées ; 3) le son
adopté
par Janine Jansen est uniformément très intensément vibré et assez
dégoulinant, très loin de la sobriété légère qui fait son intérêt en
tant qu'interprète – elle refuse en général les soulignements excessifs
et les effets de manche, tandis que ce disque semble (un peu
artificiellement) renouer avec cette tradition.
|
Et les écoutes / réécoutes hors
nouveautés :
(réécoute nouveauté)
♥♥♥ Il Sud: Seicento Violin Music in Southern Italy ; œuvres de
Falconieri, Montalbano, Trabaci, Pandolfi,
Leoni, Mayone ; Ensemble Exit, Emmanuel Resche-Caserta
(Passacaille 2020)
→ Œuvres rares à la veine mélodique généreuse et aux diminutions
expansives, dans une interprétation pleine de couleurs (assise sur
orgue positif et théorbe, remarquablement captés), avec un violon solo
à la fois chaleureux et plein d'aisance. Un peu grisant.
♥
Messiaen – Thème & Variations
– Alejandro Bustamante, Enrique Bagaria (Columna Music)
→ Accords réguliers très marqués dans le style harmonique Messiaen,
soutenant un violon plus lyrique.
M. Violoncelle
(solo ou accompagné)
♥
Frescobaldi, Ortiz, Vitali,
Galli, Degli Antoni – Canzoni pour violoncelle(s) et basse continue –
Cocset, Les Basses Réunies, Cocset
(Alpha)
→ Quel son, quels phrasés !
♥♥
Gabrielli – Ricercari –
Cocset (Agogique)
+
Vitali – Passacaglia
♥
Bach – Suites pour
violoncelle 1, 3 – Bruno
Cocset
(Alpha)
→ Vraiment différent, très vif et très droit. Manque de danse et de
saveurs harmoniques pour moi, mais dans son genre fulgurant et droit au
but, convaincant !
N. Orgue
nouveautés
|
♥♥ Karg-Elert – Intégrale pour orgue,
vol.12 : 3 Impressions, Hommage à
Haendel, Partita n°1 – Steinmeyer de la Marienkirche de
Landau/Pfalz, Stefan Engels (Priory 2020)
→ Les Impressions sont d'un postromantisme très conservateur et peu
saillant, mais la Partita tire au contraire le meilleur du pouvoir des
atmosphères.
→ Quant aux variations-hommage à Haendel, elles montrent une maîtrise
ludique d'organiste pour tout ce qui est des diminutions et de la
registrations.
→ Superbe orgue riche et généreux, superbement registré et capté.
|
Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :
1) Baroque XVIIe
& louisquartorzien
♥
Arauxo – Libro de
tientos y discursos de musica practica, y theorica de organo (extraits)
– Francesco Cera (Brilliant Classics 2018)
♥♥♥ Titelouze, Buxtehude, Pachelbel,
Marchand,
Boyvin, Corrette, Dandrieu… –
Livres d'orgue sur les
orgues du Jura
franco-suisse vol.1 – Delor, Baillot, Béraza, Meylan
(Phaïa 1999)
→ Très belles orgues baroques françaises (Dole, Champagnole, Orgelet)
ou suisse (Le Sentier), très typées. Et l'archaïsme de Titelouze, le
grandiose de Marchand, le lyrisme de Boyvin, la fantaisie de Corrette
& Dandrieu… Aussi des pièces d'Allemands, dont Buxtehude et (Georg)
Böhm.
→ Un coffret totalement jubilatoire pour les amateurs d'orgue français,
à connaître absolument !
Pachelbel – Œuvres pour orgue –
Saint-Bonaventure de Rosemont à Montréal, Bernard Lagacé (Arion)
→ Captation très crue, pas très agréable.
♥♥
Pachelbel – Orgue vol. 2 –
Essl & friends (CPO)
→ (Dont l'incroyable chaconne en sol, ♥♥♥.)
Pachelbel, Froberger, Muffat –
« Organ Music Before Bach » –
Kei Koito
(DHM)
♥♥♥
Boyvin – Premier and
Second livre d'orgue : Suites Nos. 1-8, « French Organ Music from the
Golden Age, Vol. 6 » –
Bolbec,
Ponsford (Nimbus)
→ Toujours aussi opératique ce Boyvin !
♥♥
André Raison – Livre
d'orgue – Ponsford à Saint-Michel en Thiérache (Nimbus)
→ Volume 3 de son anthologie française.
♥♥
Grigny, Lebègue – Orgue,
motets – Ensemble Gilles Binchois, Nicolas Bucher (Hortus)
→ Sur l'orgue de l'abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu.
♥♥
Grigny – Les Hymnes –
Lecaudey (Pavane)
→ Sur l'orgue Tribuot de Seurre.
https://www.deezer.com/fr/album/5407331
♥♥♥
Grigny – Le Livre pour
orgue, avec alternatim –
Vox
Gregoriana, Mikkelsen
¤
Muffat – Œuvres pour orgue
vol. 1 & 2 – Haselböck (Naxos)
→ Orgue blanc terrible.
2) XVIIIe siècle
♥♥♥
Dandrieu – Laissez paître
vos bêtes – Maîtrise du CMBV, Jarry (CSV 2019)
→ Tube personnel, sur l'orgue de la Chapelle Royale de Versailles avec
cet alternatim de la Maîtrise du CMBV ! (Il figure sur
plusieurs
notules de CSS.)
♥♥♥
Daquin – Nouveau Livre de
Noëls – Gellone, Falcioni (Brilliant Classics)
→ (Première écoute intégrale du Livre ? Variations en réalité.)
→ Saveur extraordinaire, très pincée, acide, colorée, de l'orgue de
Saint-Guilhem.
♥♥
Daquin – Nouveau Livre de
Noëls – Bardon & St-Maximin
♥♥
Daquin – Nouveau Livre de
Noëls – Baumont & Thiérache
♥♥
Daquin – Nouveau Livre de
Noëls – Dom Bedos & Mouyen
♥♥
Corrette –
Offertoire La St François sur
l'orgue
Dom Bedos / Quoirin de
Sainte Croix de Bordeaux (YT 2012)
09 - Dialogue sur les grands jeux - Paul Goussot (YT 2018)
→ Quel orgue !
♥♥
Balbastre – Noëls &
pièces formelles – Rabiny-Maucourt-Puget (1781-1869-1953) de
Saint-Félix-Lauragais, Pauline Koundouno-Chabert (Psalmus)
→ Pas la plus mobile des interprétations (pour cela, il y a Chapuis
& Tchebourkina à Saint-Gervais !), mais le programme est très
intelligemment conçu, avec son alternance de pièces formelles et de
Noëls, qui évite toute lassitude… et l'orgue a des couleurs à la
française réjouissantes !
→ Il existe de toute façon peu de grands recueils Balbastre, et
celui-ci est l'un des plus plaisants !
3) XIXe siècle
♥♥♥
Schumann – Esquisses,
Études, Fugues (orgue) – Rothkopf (Audite)
→ Trissé. (cf.
notule sur ce disque)
♥♥ LISZT, F. / SCHUMANN, R. / MENDELSSOHN, Felix, Blanc, Albert Alain (
Orgues du Jura Franco-Suisse, Vol. 2)
(M.-C. Alain, Camelin, Champion, Lebrun, Leurent)
→ La Procession prise sous l'orage, quelle chose étonnante (figurative
et réjouissante), à défaut d'être profonde musicalement ! Albert
Alain est en revanche particulièrement ennuyeux, appliqué, sinistre.
→ Sur ces orgues aux timbres très typés français, les
Mendelssohn-Schumann-Liszt prennent une saveur extraordinaire !
3) XXe siècle
♥
Reger : Introduction,
Passacaille et Fugue en mi mineur,
Op.
127 – Gerhard Weinberger (CPO)
→ Quelle œuvre de la pleine démesure : l'élève (fantasmatique) de Fauré
et de Wagner écrivant de la musique tonale (ce qu'il en reste) à
l'époque de Wozzeck… Quelque chose dans cet esprit : vagabondage
harmonique, certains accords très riches et dissonants, ambiance très
sombre et pesante, Passacaille qui évoque davantage Berg que Brahms… le
contrepoint, l'enharmonie et les errances tonales partout.
→ C'est monumental – quoique un peu sérieux et discipliné pour être
réellement jubilatoire, me concernant. Mais très intéressant,
effectivement au bout de la logique de Reger !
→ Très bien capté et phrasé.,
♥
KARG-ELERT, S.: Organ and
Piano Music - Poesien +
Silhouetten
+ arrangement de la
Suite de Pelléas
de Sibelius – Konttori-Gustafsson, Lehtola (Toccata Classics
2017)
→ La Suite de Pelléas fonctionne vraiment bien (l'orgue enveloppant, le
piano mordant).
→ De belles choses dans les Silhouetten, quoique vraiment tradis.
♥
REUCHSEL, E.:
Promenades en Provence, Vols. 1-3 /
Bouquet de France (extraits) – cathédrale St Louis (Missouri), Simon
Nieminski
→ Les progressions figuratives sont beaucoup plus frappantes en vrai,
mais ce disque sans éclat particulier a au moins le mérite rare de
documenter un florilège de ce catalogue tout à fait digne d'intérêt. Je
ne garantis cependant pas l'émotion à l'écoute de l'objet disque – je
n'y suis pas parvenu.
♥
Messiaen – L'Ascension –
Innig (MDG)
→ Un peu sombre pour le lyrisme et les couleurs de cet opus.
♥♥
Messiaen – Livre saint
Sacrement– Innig (MDG)
→ Très sobre et sombre, marche vraiment bien.
♥♥
Messiaen – Messe de la
Pentecôte, Livre d'orgue – Innig (MDG)
→ Lecture très accessible, le Livre d'orgue (que je n'avais pas encore
essayé dans cette intégrale) est même franchement réussi et
échappe tout à fait au formalisme moche que j'y percevais d'ordinaire… !
♥♥
Florentz – Laudes, Prélude
de l'Enfant noir, Debout sur le soleil, La Croix du Sud – Roquevaire,
Thomas Monnet (Hortus 2014)
→ Très beau dans le style Messiaen, et assez sobre.
→ Trissé.
O. Piano·s
(quatre mains)
nouveautés
|
(réédition)
SCHUMANN, R.: Arrangements for Piano Duet, Vol. 3
- Manfred (excerpts) / Symphony No. 3 / Overtures (Eckerle
Piano Duo) (Naxos 2015, réédition 2021)
→ Intéressant (Manfred en particulier !), mais exécution vraiment
molle. À retenter en d'autres mains.
Chausson, Ropartz, Massenet,
Alkan, Chaminade, Godard – Pièces françaises à quatre mains,
« Four Hands for France » – Stephanie
McCallum, Annie Helyard (Toccata Classics 2021)
→ On retrouve Stephanie McCallum, déjà sur un de mes disques de l'Île
Déserte (Dans l'ombre de la Montagne etles Préludes à danser pour
chaque jour de la semaine de Ropartz), pour un programme qui, comme
l'on pouvait s'y attendre, reste plutôt léger. Même Chausson, le
tourmenté et modulant Chausson écrit de la bluette bien consonante, qui
évoque davantage un décalque très assagi des Jeux d'enfants de Bizet
que le langage d'Arthus ou de ses Maeterlinck… Les Ropartz aussi sont
en deçà, à mon sens, du legs pianistique du compositeur. [Tout
l'inverse des Allemands, donc, qui sont souvent meilleurs dans les
configurations quatre mains / deux pianos.]
→ Très beau projet, mais je n'y ai trouvé rien d'essentiel pour ma
part, je ne me sens pas de le recommander spécifiquement dans
l'abondance de parutions…
|
♥
KARG-ELERT, S.: Organ and
Piano Music - Poesien +
Silhouetten
+ arrangement de la
Suite de Pelléas
de Sibelius – Konttori-Gustafsson, Lehtola (Toccata Classics
2017)
→ La Suite de Pelléas fonctionne vraiment bien (l'orgue enveloppant, le
piano mordant).
→ De belles choses dans les Silhouetten, quoique vraiment tradis.
(deux mains)
Schumann, R.:
Pedal Piano Music (Complete) -
Studies, Op. 56 / 4 Sketches, Op. 58 / 6 Fugues On B-A-C-H (par Martin
Schmeding, sur piano d'époque)
→ Rare disque sur un piano-pédalier d'époque. Pas forcément un plaisir
au demeurant : piano limité (et peu fiable, d'après le pianiste).
→ En sus, jeu très carré, pas très poétique.
♥♥
Liszt – Vallée d'Obermann –
Bolet
→ Toujours pas bouleversé par l'œuvre (souvent un peu univoque, le
piano de Liszt).
Peterson-Berger –
Improvisations au piano, mélodies – Peterson-Berger
→ Décoratif.
♥♥
Langgaard: Afgrundsmusik (Music
of the Abyss), BVN 169 – Berit Johansen Tange
→ Ces inclusions soudaines de motifs brefs complètement dans le langage
de Messiaen sont assez folles !
P. Airs de cour,
lieder & mélodies…
nouveautés
|
♥ STROZZI, B.: Ariette a voce sola /
Diporti di Euterpe / Sacri musicali affetti (La voce sola) (Dubinskaitė, Canto Fiorito)
(Brilliant 2021)
→ Pas le plus édifiant corpus de son siècle, mais joliment écrit et
très bien chanté.
♥♥♥ Schumann – Alle Lieder – Gerhaher,
Huber, Rubens, Landshammer, Kleiter, Lehmkuhl… (Sony 2021)
→ Magnifique somme regroupant les cycles Schumann de Gerhaher, parmi
les tout meilleurs qu'on puisse entendre et/ou espérer, et permettant
de tout entendre, avec bon nombre de nouveautés (tout ce qui n'avait
pas été enregistré, et même une nouvelle version de Dichterliebe). Il
manque une poignée de lieder présents dans l'intégrale Hyperion, mais
sinon, même les lieder en duo et les liederspiele à 4 y sont, tous !
→ Verbe au cordeau, variation des textures, mordant, tension, nuances,
c'est la virtuosité d'une expression construite qui impressionne
toujours autant chez lui !
→ Les artistes invités, ce n'est pas n'importe qui non plus, ces dames
figurent parmi les meilleures liedersängerin de leur génération
(Rubens, n'est-ce pas !). Les lieder prévus pour voix de femme sont
ainsi laissés aux interprètes adéquates.
→ De surcroît le livret contient des introductions, un classement clair
(même une annexe par poètes !) et les textes (monolingues, certes, mais
c'est toujours une base de départ confortable pour ceux qui veulent
ensuite des traductions).
♥ Duparc, Saint-Saëns, Fauré,
Chausson, Ibert, Ravel – Mélodies « Aimer à loisir » –
Boché, Durham, Fanyo,
Timoshenko (B Records 2021)
→ Issus de leur résidence Royaumont (interrompue par certain
perturbateur microscopique de votre connaissance), quatre mini-récitals
de duos piano-chant de jeunes artistes, où se distingue
particulièrement, sans surprise, Kaëlig Boché, exceptionnel diseur –
même si la voix est hélas peu phonogénique par rapport à son intérêt en
salle ! Pour entendre Axelle Fanyo à son meilleur, allez d'abord
entendre sa dernière Mélodie persane qui vient de paraître en couplage
avec La Princesse jaune !
♥♥ (Dinu) Lipatti, Enescu, (Violeta)
Dinescu – « Hommage à Dinu Lipatti », Cycles de
mélodies françaises (+ un lied de Dinescu) – Markus Schäfer, Mihai Ungureanu
(Drever Gaido)
→ Quelle belle surprise que ce disque, qui documente pour la première
fois les mélodies (on dispose que de quelques autres œuvres du disque)
de Lipatti !
→ Je croyais à une réédition de ses interprétations de Chopin, j'ai
failli passer mon chemin et puis j'ai vu le nom de Markus Schäfer,
interprète vivant… Bien m'en a pris !
→ Les Marot d'Enescu
(remarquablement naturels et riches à la fois) sont couplés avec les Verlaine de Lipatti (un peu plus
ouvertement complexes et appliqués, prosodiquement moins exacts, mais
très intéressants musicalement). Très belle découverte !
→ Hélas, sur le plan de la réalisation, il faut se contenter d'un
français à très fort accent, Schäfer
fait ce qu'il peut avec générosité, mais ce n'est clairement pas
équivalent à un grand disque de mélodiste aguerri.
→ La longue pièce de Dinescu
qui conclut est beaucoup plus ancrée dans le contemporain, mais très
vivante et d'une expression assez naturelle malgré les effets. Une
belle réussite.
♥♥♥ Miaskovski (Myaskovsky)–
« Œuvres vocales vol. 1 » : Livre Lyrique, 12 Romances d'après
Lermontov, Sonate violon-piano – Barsukova, Pakhomova,
Dichenko, Solovieva (Toccata Classics 2021)
→ Quelle belle surprise que ce corpus, dans le goût généreux, d'un
postromantisme enrichi, de ses premiers quatuors (on peut penser au
langage traditionnel mais évolué des 4 & 5 !), et très bien
servi. → Un très beau jalon du répertoire russe (soviétique en
l'occurrence, mais ce sonne plutôt russe).
|
♥♥♥
Hahn – Trois jours de vendange –
Théruel (YT)
→ L'idéal de la mélodie, l'idéal du chant aussi.
♥
Debussy – Mandoline, Le
Tombeau des Naïades –
Fleming,
Thibaudet (Decca)
→ Très intensément dits (comme peu l'osent !), avec un style étrange
(plein de changements de timbre, du glissando à tout va…).
Peterson-Berger –
Improvisations au piano, mélodies – Peterson-Berger
→ Décoratif.
Si vous suivez mon exemple, je devrais vous tenir occupés quelques
jours encore, le temps que je fournisse une notule digne de ce nom.
D'autant que beaucoup de ces disques (à 2 ou 3 cœurs) méritent
amplement d'être écoutés plus d'une fois ! Ainsi que ceux des
épisodes précédents.
Puissiez-vous, estimés lecteurs, jouir des beautés de la musique
retrouvée, tandis que l'Automne – et peut-être les Variants – s'empare
doucement de nos vies en extérieur.