Comme point final à notre cycle de l'année autour des nouveautés discographiques (qui sait quelle forme
l'entreprise prendra l'an prochain), le moment est venu d'une sélection
très courte, qui contraste avec les tentations d'exhaustivité que vous
avez pu observer dans l'année.
Mais comme 10, ce serait tellement peu et trop cruel… j'ai commis
plusieurs
tops 10. Pas un par
genre, μηδὲν ἄγαν, vous ne vous y retrouveriez pas.
Ce top 10 général (versions fulgurantes d'œuvres pas trop rabâchées) se
double ainsi d'un top 10 d'interprétations exceptionnelles d'œuvres
couramment jouées. Après une petite liste par genre des disques ayant
atteint la cotation maximale au cours de l'année, il sera triplé par
par les 10
disques hors nouveautés que j'ai le plus écoutés en 2021.
C'est parti !
A. Le grand top 10
(11, mais
Alcione a en
réalité paru en 2020, disponible par la suite en numérique, époque à
laquelle je l'ai écoutée, début 2021.)
1. Interprétation extraordinaire d'
Alcione,
issu des représentations à l'Opéra-Comique (qui m'avaient, étrangement,
un peu moins marqué). Orchestre composé de la fine fleur des musiciens
spécialistes de la tragédie en musique – en fait du Concert des
Nations, il y avait beaucoup de membres des principaux ensembles
baroques français, Thomas Dunford à l'archiluth en étant le
représentant le plus célèbre. Et surtout, Auvity et Mauillon dont la
singularité de timbre et l'expressivité verbale suprême magnétisent
chaque instant de leur présence.
Le commentaire que j'en avais fait :
Marais – Alcione – Desandre, Auvity,
Mauillon ; Le Concert des Nations, Savall (Alia Vox 2021)
→ Issu des représentations à l'Opéra-Comique, enregistrement qui porte
une marque stylistique française très forte : dans la fosse, sous
l'étiquette Concert des Nations propre à Savall, en réa:lité énormément
de musiciens français issus des meilleures institutions baroques,
spécialistes de ce style), et un aboutissement déclamatoire très grand
– en particulier chez Auvity et Mauillon (qui est proprement miraculeux
de clarté et d'éloquence).
→ Le résultat est donc sans rapport avec l'équipe catalane du fameux
enregistrement des suites de danses tirés de cet opéra (1993), non sans
qualités mais pas du tout du même naturel et de la même qualité de
finition (instrumentale comme stylistique).
→ Les moments forts de la partition (la chaconne initiale de Pélée,
l'interruption du mariage, le naufrage, le duo de révélation
Pélée-Alcione…) s'en trouvent formidablement mis en évidence, et
permettent de goûter pleinement le génie mélodique et harmonique de
Marais.
→ Le frémissement interne de l'orchestre, magnifié par la prise de son
Alia Vox, parachève cet objet incontournable pour les amateurs de
tragédie lyrique.
→ Sans comparaison avec le studio Minkowski, pas très bien chanté
(Smith-Ragon-Huttenlocher-Le Texier, ce n'est pas la folie…), beaucoup
moins coloré et mobile, même s'il s'y trouve de beaux moments de
continuo très poétique.
2. Une nouvelle version de
Drot og
Marsk, opéra politique de Peter Heise, un sommet du romantisme
mûr, très riche, aussi bien nourri du sens du drame verdien que de la
recherche musicale germanique, un peu le meilleur des deux mondes. Et
on ne croule pas sous les opéras en danois dans la discographie –
Lulu de Kuhlau se trouve en ligne
(bande radio sur YouTube), je ne saurais trop vous recommander cette
merveille en attendant une incertaine parution discographique. Superbe
version par ailleurs, meilleure que la précédente.
HEISE, P.A.: Drot og marsk (Royal
Danish Opera Chorus and Orchestra, Schønwandt) (Dacapo 2021)
→ Superbe drame romantique, dans la descendance tardive de Kuhlau,
remarquablement chanté et joué. Tout est fluide, vivant, inspiré, œuvre
à découvrir absolument ! (il en existait déjà une version pas trop
ancienne chez Chandos)
3. Tout à fait inattendus, ces motets d'un compositeur wallon, dans un
goût quelque part entre le Mozart de jeunesse et le meilleur Grétry.
L'air de ténor « Miles fortis », agile et épique (dans la veine de
Fuor del mar ou de
Se al impero, si vous voulez, mais
dans une ambiance harmonique et mélodique plus proche des airs de
Céphale ou Guessler), a tourné en boucle depuis sa découverte. Je ne
m'attendais pas à entendre du simili-
seria
sacré dans une région secondaire d'Europe produire un résultat aussi
jubilatoire !
Hamal – Motets – Scherzi Musicali,
Achten (Musiques en Wallonie 2021)
→ Pour moi clairement plutôt du genre cantate.
→ Musique wallonne du milieu du XVIIIe siècle (1709-1778), très marquée
par les univers italien et allemand, pas tout à fait oratorio façon
seria ,pas tout à fait cantate luthérienne, avec de jolies tournures.
→ Côté dramatique post-gluckiste quelquefois, très réussi dans
l'ensemble sous ses diverses influences.
→ Le sommet du disque : l'air héroïque de ténor « Miles
fortis » qui clôt la cantate Astra Cœli, d'une agilité et d'une
vaillance parfaitement mozartiennes (augmentées d'une grâce mélodique
et harmonique très grétryste), et qui pénètre dans l'oreille comme un
véritable tube, ponctué par ses éclats de cor et ses violons autour de
notes-pivots…
→ Splendide interprétation des Scherzi Musicali, qui ravive de la plus
belle façon ces pages oubliées. Mañalich remarquable dans les parties
très exposées de ténor, à la fois doux, vaillant et solide.
→ Écouté 7 fois en quatre jours (pas très séduit en première écoute,
puis de plus en plus enthousiaste). Comme quoi, il faut vraiment donner
leur chance aux compositeurs moins connus, et ne pas se contenter d'une
écoute distraite pour décréter leur inutilité.
4. Les Quatuors d'Henri Vieuxtemps, ce sont (certes un demi-siècle plus
tard !) les quatuors égarés de Beethoven ! Sens remarquable de la
forme, mélodies un peu sévères mais marquantes, c'est à découvrir
absolument si l'on aime le gronchon idéaliste dont on a fêté
l'anniversaire jusqu'à la mi-saison : il faudrait regarder les
partitions de plus près, mais lors des premières écoutes, la qualité ne
m'a pas paru sensiblement moindre…
Vieuxtemps – Les 3 Quatuors à cordes
– Élysée SQ (Continuo Classics)
→ Nouveauté fondamentale : trois nouveaux quatuors de Beethoven
composés par Vieuxtemps.
→ Je n'aime pas trop le son un peu dépareillé de cet ensemble, mais peu
importe vu ce qu'il document ici d'inestimable – il n'existait aucun
quatuor de Vieuxtemps au disque. (Même sur YouTube, on pouvait trouver
deux mouvements pour dans un concert de conservatoire. Pas davantage.)
Merci les Élyséens !
5. L'intégrale de Svetlanov, très typée et d'apparence
sale,
ne donnait pas la pleine mesure de la singularité des symphonies de
Miaskovski, très différentes les unes des autres. Après la réussite de
la 21 en 2020, Vasily Petrenko récidive avec la 27, étonnamment intense
et lumineuse, et traitée avec un sens du style remarquable – le tout
servi par l'un des tout meilleurs orchestres du monde actuellement.
Miaskovski (Myaskovsky), Symphonie
n°27 // Prokofiev, Symphonie n°6 – Oslo PO, V. Petrenko (LAWO 2021)
→ Saveur très postromantique (et des gammes typiquement russes, presque
un folklore romantisé), au sein d'un langage qui trouve aussi ses
couleurs propres, une rare symphonie soviétique au ton aussi
« positif », et qui se pare des couleurs transparentes,
acidulées et très chaleureuses du Philharmonique d'Oslo (de sa
virtuosité aussi)… je n'en avais pas du tout conservé cette image avec
l'enregistrement de Svetlanov, beaucoup plus flou dans la mise en place
et les intentions…
→ Frappé par la sobriété d'écriture, qui parle si directement en mêlant
les recettes du passé et une forme d'expression très naturelle qui
semble d'aujourd'hui. L'adagio central est une merveille de
construction, comme une gigantesque progression mahlérienne, mais avec
les thématiques et couleurs russes, culminant dans un ineffable lyrisme
complexe.
→ Bissé Miaskovski.
6. Chansons inspirées par la geste napoléoniennes, particulièrement
abouties dans celles arrangées à trois voix. (Et le Tombeau de
Joséphine, palimpsestant le Bon Pasteur de Romagnesi, quelle merveille
!)
Sainte-Hélène, La légende
napoléonienne – Sabine Devieilhe ; Ghilardi, Bouin, Buffière,
Marzorati ; Les Lunaisiens, Les Cuivres Romantiques, Laurent
Madeuf, Patrick Wibart, Daniel Isoir (piano d'époque) (Muso 2021)
→ Chansons inspirées par la fièvre et la légende napoléoniennes,
instrumentées avec variété et saveur.
→ Beaucoup de mélodies marquantes, de pastiches, d'héroï-comique (Le
roi d'Yvetot bien sûr), et même d'hagiographie à la pomme de terre… Le
meilleur album des Lunaisiens jusqu'ici, aussi bien pour l'intérêt des
œuvres que pour la qualité des réalisations vocales.
7.
La Princesse jaune révélée
par cette nouvelle interprétation au sommet, mais l'album vaut surtout
par les
Mélodies persanes
dans leur version orchestrale, avec l'excellente idée de mandater six
chanteurs différents ! Je ne suis pas forcément convaincu par les
techniques des uns et des autres (on entend des limites dans l'ambitus,
le timbre, la diction…), mais l'investissement collectif et la beauté
de la proposition orchestrale (qui transfigure ce qui est déjà un
chef-d'œuvre au piano) réjouit totalement ! Beaucoup écouté.
Saint-Saëns – La Princesse jaune –
Wanroij, Vidal ; Toulouse, Hussain (Bru Zane 2021)
+ Mélodies persanes (Constans, Fanyo,
Pancrazi, Sargsyan, Estèphe, Boutillier…)
→ Ivresses. Des œuvres, des voix.
→ Révélation pour ce qui est de la Princesse, pas aussi bien servie
jusqu'ici, et délices infinies de ces Mélodies dans une luxueuse
version orchestrale, avec des chanteurs très différents, et chacun
tellement pénétré de son rôle singulier !
8. Superbe orgue néerlandais dans du répertoire inédit du XVIIIe
français. C'est un peu l'idéal de ce que j'attends de la vie.
Guillaume Lasceux – Simphonie
concertante pour orgue solo – St. Lambertuskerk Helmond, Jan van
de Laar (P4Y JQZ 2020)
+ Jullien : suite n°5 du livre I, Couperin fantaisie en ré, Böhm,
Vater unser, Jongen Improvisation-Caprice, Franck pièce héroïque
→ Le disque contenant le plus de Gilles Jullien, et une version
extraordinairement saillante de la Pièce Héroïque de Franck.
→ Quel orgue fantastiquement savoureux !
9. Peut-être est-ce parce que j'ai une centaine d'heures sur le sujet
entre la préparation de la notice du disque, puis celle de la
notule, mais après une première écoute polie, j'ai
été totalement fasciné par cet univers très différent de ce que l'on
connaît du répertoire sacré allemand – ce chœur composé de deux
chanteurs ! ces récits reconstitués au moyen de patchworks
intertestamentaires !
Pfleger – Cantates « The Life and
Passion of the Christ » – Vox Nidrosiensis, Orkester Nord, Martin
Wåhlberg (Aparté 2021)
→ Musique du Nord de l'Allemagne au milieu du XVIIe siècle. Œuvres
inédites (seconde monographie seulement pour ce compositeur.
→ Plus ascétique que ses motets latins (disque CPO, plus expansif), je
vous promets cependant de l'animation, avec ses solos de psaltérion,
ses évangélistes qui fonctionnent toujours à deux voix, ses structures
mouvantes qui annoncent l'esthétique des Méditations pour le Carême de
Charpentier.
→ Par ailleurs, curiosité d'entendre des textes aussi composites
(fragments des Évangiles mais aussi beaucoup d'Ancien Testament épars),
ou encore de voir Dieu s'exprimer en empruntant les mots d'Ézéchiel et
en émettant des notes très graves (mi 1 - ut 1) sur des membres de
phrase entiers.
→ On y rencontre des épisodes peu représentés d'ordinaire dans les
mises en musique – ainsi la rencontre d'Emmaüs, ou la Cananéenne dont
la fille est possédée – écrits en entrelaçant les sources des
Évangiles, des portions des livres prophétiques, les gloses du XVIIe et
les chants populaires de dévolution luthériens, parfois réplique à
réplique…
→ De quoi s'amuser aussi avec le contexte (je vous en touche un mot
dans la notice de ma main), avec ces duels à l'épée entre maîtres de
chapelle à la cour de Güstrow (le dissipé Danielis !), ou encore
lorsque Pfleger écarte sèchement une demande du prince, parce que
lui sert d'abord la gloire de la musique et de Dieu. (Ça pique.)
→ Et superbe réalisation, conduite élancée, voix splendides et
éloquentes.
→
https://www.deezer.com/fr/album/213997932
10. Baroque centre-américain de première qualité, tout est ravissant et
entraînant ici !
Castellanos, Durón, García de Zéspedes, Quiros, Torres –
« Archivo de Guatemalá » tiré des archives de la cathédrale
de la ville de Guatemalá – Pièces vocales sacrées ou instrumentales
profanes – El Mundo, Richard Savino (Naxos 2021)
→ Hymnes, chansons et chaconnes très prégnants. On y entend passer
beaucoup de genres et d'influences, des airs populaires plaisants du
milieu du XVIIe jusqu'aux premiers échos du style de l'opéra seria (ici
utilisé dans des cantiques espagnols).
→ Quadrissé.
11. Une sorte de dernier Haendel (celui du Te Deum d'Utrecht, de The
Ways of Zion, du Messie…), plein de contrepoint très éloquent et
généreux – mais pragois.
Brixi – Messe en ré majeur, Litanies –
Hana Blažiková, Nosek Jaromír ; Hipocondria Ensemble, Jan Hádek
(Supraphon 2021)
→ Alterne les chœurs d'ascèse, finement tuilés, très beau contrepoint
qui fleure encore bon le contrepoint XVIIe, voire XVIe… pour déboucher
sur des airs façon Messie (vraiment le langage mélodique de Haendel !).
→ Splendides voix tranchantes et pas du tout malingres, orchestre fin
et engagé, Blažiková demeure toujours aussi radieuse, jusque dans les
aigus de soliste bien exposés !
… j'ai dû exclure d'excellents albums, comme la symphonie de Dobrzyński
sur instruments d'époque, la
Ferne
Geliebte de Nigl, le
Winterreise
pour sax, théorbe et récitant (!), et j'aurais dû le faire pour
Alcione et Lasceux-Jullien, car
bien que numérisés (ou simplement écoutés par moi) en 2021, ils avaient
été imprimés en 2020. Écoutez tout cela également (peut-être un peu
moins le
Winterreise, qui est
aussi déviant que vous pouvez vous le figurer), ce sont des merveilles.
Je signale aussi ces
splendeurs écoutées avec ravissement, mais issues de la Radio :
¶ Verdi, Boccanegra (Gerhaher, Luisi,
Operavision)
¶ Wagner, Lohengrin (Pintscher, YT)
¶ Wagner, Rheingold (Ph. Jordan, France Mu)
¶ Wagner, Parsifal en version harmonium et trois solistes (Avro)
¶ Debussy, Pelléas (Roth, France Mu)
¶ Schmitt, Salomé intégrale Altinoglu (YT Radio de Francfort)
Et deux créations contemporaines géniales qui méritent l'inscription au
répertoire :
¶ Connesson, Les Bains Macabres (France
Mu)
¶ Hersant, Les Éclairs (Operavision)
B. 10
interprétations majeures du grand répertoire
Là aussi, quelques exclus dignes d'un détour (les
Goldberg de Lang Lang, que je
n'attendais décidément pas là, ont été republiées en Deluxe avec des
compléments début 2021 mais avaient déjà été publiées au milieu de
2020) pour parvenir à cette sélection.
1. Intégrale inégale, mais les 1,2,4 et Roméo & Juliette sont
absolument électrisants, et assez neufs dans leurs choix (pas du tout
russes).
Tchaïkovski – Symphonies n°2,4 –
Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ La Cinquième par les mêmes ne m'avait pas du tout autant ébloui qu'en
salle (avec l'Orchestre de Paris) – un peu tranquillement germanique,
en résumé. Hé bien, ici, c'est étourdissant. D'une précision de trait,
d'une énergie démentielles !
→ On entend un petit côté « baroqueux » issu de ses
Beethoven, avec la netteté des cordes et l'éclat des explosions, mais
on retrouve toute la qualité de construction, en particulier dans les
transitions (la grande marche harmonique du final du 2, suffocante, qui
semble soulever tout l'orchestre en apesanteur !), et au surplus une
énergie, une urgence absolument phénoménales.
→ Gigantesque disque. Ce qu'on peut faire de mieux, à mon sens, dans
une optique germanique – mais qui ne néglige pas la puissance de la
thématique folklorique, au demeurant.
2. Moi qui pensais de
Mitridate qu'il
s'agissait d'une très belle œuvre de jeunesse où surnageaient surtout
quelques coups de génie (« Nel grave tormento » !), me voilà totalement
passionné par tout ce que j'entends dans cette version.
Mozart – Mitridate – Spyres, Fuchs,
Dreisig, Bénos, Devieilhe, Dubois ; Les Musiciens du Louvre,
Minkowski (Erato 2021)
→ Cet enregistrement ébouriffe complètement ! Distribution
exceptionnelle – en particulier Bénos, mais les autres ne sont pas en
reste ! – et surtout orchestre totalement haletant, le résultat
ressemble plus aux Danaïdes qu'à un seria de jeunesse de Mozart !
3. Mendelssohn sacré à un-par-partie par Bernius. Ce n'est plus de la
musique, c'est de la pornographie conçue pour DLM. Et ça tient ses
promesses de netteté, de tension, d'inspiration, de séduction.
Mendelssohn – Te Deum à 8, Hora Est,
Ave Maria Op.23 n°2 – Kammerchor Stuttgart, Bernius (Hänssler)
→ Bernius réenregistre quelques Mendelssohn a cappella ou avec discret
accompagnement d'orgue, très marqués par Bach… mais à un chanteur par
partie ! Très impressionnante clarté polyphonique, et toujours les
voix extraordinaires (droites, pures, nettes, mais pleinement timbrées
et verbalement expressives) du Kammerchor Stuttgart.
4. Nouvelle intégrale de référence pour Schumann. Il y a tout, Gerhaher
excelle particulièrement dans cet univers, et les autres chanteurs sont
aussi les meilleurs de leur génération (Rubens, Lehmkuhl…). Inégalé à
ce jour.
Schumann – Alle Lieder – Gerhaher,
Huber, Rubens, Landshammer, Kleiter, Lehmkuhl, Mitterrutzner… (Sony
2021)
→ Magnifique somme regroupant les cycles Schumann de Gerhaher, parmi
les tout meilleurs qu'on puisse entendre et/ou espérer, et permettant
de tout entendre, avec bon nombre de nouveautés (tout ce qui n'avait
pas été enregistré, et même une nouvelle version de Dichterliebe).
→ Verbe au cordeau, variation des textures, mordant, tension, nuances,
c'est la virtuosité d'une expression construite qui impressionne
toujours autant chez lui !
→ Les artistes invités, ce n'est pas n'importe qui non plus, ces dames
figurent parmi les meilleures liedersängerin de leur génération
(Rubens, n'est-ce pas !). Les lieder prévus pour voix de femme sont
ainsi laissés aux interprètes adéquates.
→ De surcroît le livret contient des introductions, un classement clair
(même une annexe par poètes !) et les textes (monolingues, certes, mais
c'est toujours une base de départ confortable pour ceux qui veulent
ensuite des traductions).
5. Une interprétation fulgurante de Mahler 8 – Jurowski parvient à
transmettre quelque chose de la typicité russe aux timbres du LPO, et
Fomina en soprano principale, quelle volupté permanente ! (Elle
ne cède sur rien…)
Mahler – Symphonie n°8 – Howarth,
Schwanewilms, Fomina, Selinger, Bardon, Banks, Gadd, Rose ; LPO
Choir, LSO Chorus, Clare College Choir, Tiffin Boys Choir ; LPO,
Jurowski (LPO Live)
→ Quel bonheur d'avoir des sopranos de la qualité de timbre de
Schwanewilms et Fomina pour cette symphonie où leurs aigus sont exposés
en permanence ! Barry Banks aussi, dans la terrible partie de
ténor, étrange timbre pharyngé, mais séduisant et attaques nettes,
d'une impeccable tenue tout au long de la soirée.
→ Par ailleurs, le mordant de Jurowski canalise merveilleusement les
masses – très beaux chœurs par ailleurs.
6. Approche très différente de l'ordinaire, pour un Schubert murmuré,
net, sans épanchements un peu gras, qui met la beauté à nu comme un
diamant taillé perd en masse mais gagne en irisation.
Schubert – Quintette à cordes –
Tetzlaff, Donderer... (Alpha 2021)
→ Couplé avec le Schwanengesang de Julian Prégardien que je n'ai pas
encore écouté.
→ Lecture d'une épure assez fabuleuse : absolument pas de pathos,
cordes très peu vibrées, des murmures permanents (quel trio du
scherzo ! ), et bien sûr une très grande musicalité.
→ Très atypique et pudique, aux antipodes de la grandiloquence
mélodique qu'on y met assez naturellement.
7. La meilleure version du Quatuor de Messiaen que j'aie entendue, tout
simplement. D'une simple éloquence, exactement dans le projet,
échappant aux expressions un peu solistes des versions de prestige
habituelles.
Messiaen – Quatuor pour la fin du
Temps – Left Coast Ensemble (Avie 2021)
→ Captation proche et très vivante, interprétation très sensible à la
danse et à la couleur, une merveille où la direction de
l'harmonie, le sens du discours apparaissent avec une évidence rare !
+ Rohde: One wing
Presler, Anna; Zivian, Eric
→ Très plaisante piécette violon-piano, congruente avec Messiaen,
écrite par l'altiste membre de cet ensemble centré autour de San
Francisco.
8. Je ne m'attendais pas à trouver ce programme de salon, pas les
œuvres qui me touchent le plus, dans ma propre sélection ! Mais
le choix des instruments d'époque et la finesse des interprètes
magnifie totalement ce répertoire, et l'illusion d'être invité à un
petit événement privé est parfaite !
Couperin (Barricades mystérieuses) //
Liszt-Wagner (Liebestod) // Chopin (Prélude n°15) // Fauré (Sonate n°1,
Après un rêve, Nocturne n°6) // Hahn (À Chloris)… – « Proust, le
concert retrouvé » – Théotime Langlois de Swarte, Tanguy de
Williencourt (HM 2021)
→ Inclut des transcriptions de mélodies. Très beaux instruments
d'époque, belle ambiance de salon. Je n'ai pas eu accès à la notice
pour déterminer la proportion de musicologie / d'érudition pertinente
dans le propos – souvenirs trop parcellaires de la Recherche pour le
faire moi-même.
→ Langlois de Swarte « chante » remarquablement À Chloris ou
Après un rêve, tandis que le surlié feint de Willencourt fait des
miracles dans Les Barricades Mystérieuses. La Sonate de Fauré est menée
avec une fraîcheur et un idiomatisme que je ne lui connaissais pas,
aussi loin que possible des exécutions larges et poisseuses de grands
solistes plutôt aguerris à Brahms et aux concertos.
9. À nouveau, un opéra que je tenais pour secondaire et qui révèle un
potentiel dramatique insoupçonné (le final du II !) dans cette
interprétation de feu – et la fête garantie pour tous les glottophiles,
vraiment du grand chant d'aujourd'hui ! (Étrangement sur un petit
label au réseau de distribution limité, il n'y a vraiment pas de quoi
vendre aux admirateurs de Bellini, Rebeka et Camarena, souvent des
collectionneurs pourtant ?)
Bellini – Il Pirata – Rebeka,
Camarena, Vassallo ; Opéra de Catane, Carminati (Prima Classics)
→ Disque électrisant, capté avec les équilibres parfaits d'un studio
(ça existe, une prise de studio pour Prima Classics ?), dirigé avec
beaucoup de vivacité et de franchise (Carminati est manifestement
marqué par les expérimentations des chefs
« musicologiques »), et magnifiquement chanté par une
distribution constituée des meilleurs titulaires actuels de rôles
belcantistes, grandes voix singulières et bien faites, artistes rompus
au style et particulièrement expressifs.
→ Dans ces conditions, on peut réévaluer l'œuvre, qui n'est pas
seulement un réservoir à airs languides sur arpèges d'accords parfaits
aux cordes, mais contient aussi de superbes ensembles et de véritables
élans dramatiques dont la vigueur évoque le final du II de Norma (par
exemple « Parti alfine, il tempo vola »).
10. Les pièces courtes post-debussystes de Stravinski regroupées dans
une très grande interprétation, suivie par une lecture très marquante
du Sacre… !
Stravinski – Feu d'artifice, Scherzo
fantastique, Scherzo à la Russe, Chant Funèbre, Sacre du Printemps –
NHK SO, Paavo Järvi (RCA 2021)
→ Splendide version très vivante, captée avec beaucoup de relief
physique, contenant quelques-uns des chefs-d'œuvre de jeunesse de
Stravinski (parmi ce qu'il a écrit de mieux dans toute sa carrière, Feu
d'artifice et le Scherzo fantastique…), ainsi qu'une version
extrêmement charismatique et immédiatement prenante du Sacre du
Printemps.
→ Järvi semble avoir tiré le meilleur de la NHK, orchestre aux couleurs
peu typées (même un brin gris, ai-je trouvé en salle), mais dont la
discipine et la solidité permettent ici une insolence et un aplomb
absolument idéaux pour ces pages.
C. Tour d'horizon
par genre
Pour information, voici les nouveaux enregistrements qui ont obtenu la
cotation maximale au cours de l'année, et que je recommande donc sans
réserve.
OPÉRA
Marais
– Alcione – Savall
Mozart – Mitridate – Minkowski
Bellini – Il Pirata – Carminati
Verdi – Boccanegra – Auguin
Heise – Drot og marsk – Schønwandt
Saint-Saëns – La Princesse jaune – Hussain
Schreker – Ferne Klang – Weigle
Lattès – Le Diable à Paris – Les Frivolités Parisiennes
RÉCITALS
Salieri & Beethoven – « In Dialogue » – Heidelberg Symphoniker
L
ULLY, Charpentier, Desmarest, Rameau – « Passion » –
Gens, Les Surprises, Camboulas
SACRÉ
Guatemalá
Hamal, motets, Achten
Brixi, Messe en ré
Pfleger
Montigny, Grands Motets
Mendelssohn, Te Deum à 8, Bernius
LIEDER ORCHESTRAUX
Mahler 8 LPO Jurowski
Saint-Saëns – Mélodies persanes – Hussain
Wagner, Mahler, Berg – Lieder – Harteros
Fried – Die verklärte Nacht – Gardner
POÈMES SYMPHONIQUES
Udbye, Thrane, Borgstrøm… Ouvertures d'opéras norvégiens
« Beethoven, si tu nous entends » (pot-pourri / recomposition)
Stravinski – Scherzos, Sacre – NHK, P. Järvi
SYMPHONIES
Mendelssohn Dausgaard
Tchaïkovski 2 & 4 P. Järvi
Saint-Saëns Măcelaru
Miaskovski 27 V. Petrenko
Maliszewski Symphonies
QUINTETTES
Schubert Quintette Tetzlaff Donderer
Lyatoshinsky, Silvestrov, Poleva – « Ukrainian Piano
Quintets » – Pivnenko, Yaropud, Suprun, Pogoretskyi, Starodub
(Naxos 2021)
Stanford, membres Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin
QUATUORS
Vieuxtemps, Élysée SQ
Rubinstein, Reinhold SQ
Messiaen Fin du Temps, Left Coast Ensemble
Saint-Saëns 1 & 2 Tchalik SQ
Haydn 76 n°1-3 Chiaroscuro SQ
TRIOS
Lazzari & Kienzl
Alnar, Tüzün, Baran, Balcı – Trios piano-cordes (turcs) – Bosphorus
Trio (Naxos)
VIOLON
Proust, le concert retrouvé
GUITARE
Roncalli, intégrale par Hofstotter
HARPE
Salzedo, « Christmas Harp » (X. de Maistre)
ORGUE
Arrangements de L
ULLY par Jarry à l'orgue de la Chapelle
Royale
Lasceux-Jullien – « Robustelly » – Jan van de Laar
Karg-Elert – Intégrale pour orgue, vol.12 : 3 Impressions, Hommage
à Haendel, Partita n°1 – Steinmeyer de la Marienkirche de Landau/Pfalz,
Stefan Engels (Priory 2020)
Eben, Momenti d'organo, Ludger Lohmann
PIANO
Samazeuilh, Piboule
Bach Goldberg, Lang Lang
Chopin Polonaise-Fantaisie, Eckardtstein
LIEDER, MÉLODIES
Schumann, intégrale des lieder, Gerhaher-Huber
Schumann, Frauenliebe und Leben // Brahms, lieder – Garanča (DGG)
Beethoven, Schubert, Britten …– I Wonder as I Wander – James Newby,
Joseph Middleton (BIS 2020)
Biarent, Berlioz, Gounod, Bizet, Saint-Saëns, Chausson – mélodies
orientales « La chanson du vent » – Clotilde van Dieren,
Katsura
Mizumoto
Miaskovski – « Œuvres vocales vol. 1 » : Livre Lyrique,
12 Romances
d'après Lermontov, Sonate violon-piano – Barsukova, Pakhomova,
Dichenko, Solovieva (Toccata Classics 2021)
CHANSONS
Sainte-Hélène, la légende napoléonienne
« Heut' ist der schönste Tag - Tenor Hits of the 1930s »
D. Hors nouveautés,
les 10 disques les plus écoutés de l'année
Nouveautés
J'ai laissé de côté les nouveautés précédemment évoquées, mais
Alcione de
Marais, les motets d'
Hamal, les Mélodies persanes
orchestrales de
Saint-Saëns,
les
chansons de l'album
Sainte-Hélène et les motets de
Pfleger
comptent assurément parmi les albums les plus écoutés de l'année.
Notules et répétitions
Auraient aussi pu figurer les disques énormément écoutés pour écrire
des notules (cantates de
Pfleger,
La mort d'Abel de
Kreutzer, les symphonies de
B. Romberg,
Cristina regina di Svezia de
Foroni,
Mona Lisa de
Schillings,
Das Schloß Dürande de
Schoeck) ou pour préparer du travail
en répétition (
Le Déluge de
Jacquet de La Guerre,
Le bon Pasteur de
Romagnesi,
Les Diamants de la Couronne d'
Auber)… Je me suis dit que c'était
une motivation
annexe, et
surtout que les notules vous avaient déjà laissé le loisir de prendre
connaissance de ces œuvres et de ces disques.
Quatuors
Beaucoup de découvertes assez fondamentale cette fin d'année en matière
de quatuors, que je vous recommande vivement au passage :
Schillings (CPO),
Kienzl (CPO),
Gade (surtout ceux en ré majeur et
mi mineur, CPO vol.5),
Vieuxtemps
(Quatuor Élysée chez un petit label),
Kabalevsky
(CPO),
Rubinstein (CPO)…
Et voici donc un mot sur la sélection.
1. Le cycle Graener de CPO, en particulier ce volume, et en particulier
les Variations sur la chanson populaire à propos de la victoire
d'Eugène de Savoie contre les Turcs. Le miroitement instrumental et la
motricité irrésisible de ces variations en rendent le procédé à la fois
limpide et intriguant… Pour de la griserie pure de la force de la
musique, je me le passe encore et encore, des dizaines de fois cette
année…
Graener – Variations orchestrales sur
« Prinz Eugen » – Philharmonique de la Radio de Hanovre, W.A. Albert
(CPO 2013)
→ On ne fait pas plus roboratif… mon bonbon privilégié depuis deux ans
que je l'ai découvert par hasard, en remontant le fil depuis le dernier
volume de la grande série CPO autour du compositeur (concertos par
ailleurs tout à fait personnels et réussis).
2. Parues l'an passé, une grande version des
Méditations pour le Carême, chef
d'œuvre absolu du XVIIe siècle français : fragments d'Évangiles et de
textes vétérotestamentaires, en petites scènes incitant à
l'identification, à la réflexion… À un par partie et non en chapelle
ici ; les trois chanteurs sont merveilleux.
Charpentier – Méditations pour le
Carême – García, Candela, Bazola ; Guignard, Galletier, Camboulas
(Ambronay 2020)
→ Avec Médée, le fameux Te Deum et le Magnificat H.76, on tient là la
plus belle œuvre de Charpentier, inestimable ensemble de dix épisodes
de la passion racontés en latin (et s'achevant au miroir du sacrifice
d'Isaac, sans sa résolution heureuse !) par des chœurs tantôt
homorythmiques tantôt contrapuntiques, et ponctués de récitatifs de
personnages (diversement sympathiques) des Écritures. Merveille absolue
de l'harmonie, de la prosodie et de la poésie sonore.
→ Ce que font Les Surprises est ici merveilleux, sens du texte et des
textures hors du commun, d'une noirceur et d'une animation dramatique
inhabituelles dans les autres versions de cette œuvre, et servi au plus
suprême niveau de naturel chanté. Un des disques majeurs du patrimoine
sacré français.
3. La musique de chambre d'Arnold Krug, représentant méconnu de l'école
allemande.
Arnold Krug – Sextuor à cordes,
Quatuor piano-cordes – Linos Ensemble (CPO 2018)
→ Sextuor lumineux et enfiévré, une merveille ! Entre le dernier
quatuor de Schoeck et le Souvenir de Florence de Tchaïkovski !
→ Quatuor piano-cordes tout aussi intensément lyrique, avec quelque
chose de plus farouchement vital, d'un romantisme qui ne se cache pas.
Splendidement tendu, une autre merveille qui vous empoigne, tendu
comme un arc dans le plus grand des sourires !
→ Une des mes grandes découvertes chambristes récentes !
4. De même pour Koessler. Je me suis biberonné à ces deux disques de
chambre pendant des semaines…
Koessler – String Quintet in D Minor /
String Sextet (Frankfurt String Sextet) (CPO 2007)
→ Très bien écrit ! Riche contenu d'un romantisme assumé, qui peut
rivaliser avec les grands représentants de second XIXe !
5. Le rondeau final du concerto de Hummel, le thème B du premier
mouvement de Dupuy, en qui l'on sent immédiatement le compositeur
dramatique… ineffables moments, qui ont fait plus d'un converti au
basson ces derniers mois ! Le meilleur bassonniste vivant est
accompagné par le meilleur orchestre de chambre actuel dirigé par le
meilleur hautboïste vivant.
Édouard Dupuy – Concerto pour basson –
van Sambeek, Swedish ChbO, Ogrintchouk (BIS 2020)
→ On peut donc faire ça avec un basson ! Cette finesse
(changeante) de timbre, cette netteté des piqués, cette perfection du
legato, j'ai l'impression de découvrir un nouvel instrument. J'aurais
aimé la Chambre de Suède un peu moins tradi de son (comme avec
Dausgaard), mais je suppose que le chef russe a été formé à un Mozart
plus lisse (ça ploum-ploume un peu dans les basses…).
→ Quand au Dupuy, c'est une petite merveille mélodique et dramatique
qui sent encore l'influence du drame gluckiste dans ses tutti
trépidants en mineur, une très grande œuvre qui se compare sans peine
aux deux autres ! Le thème B du premier mouvement (d'abord
introduit à l'orchestre par un duo clarinette basson), quelle émotion
en soi, et quel travail de construction au sein du mouvement –
l'emplacement formel, l'effet de contraste des caractères…
→ Un des disques les plus écoutés en 2020, pour ma part ! Le thème
lyrique et mélismatique du premier mouvement est une splendeur rare. Et
ces musiciens sont géniaux (meilleur bassoniste du monde, meilleur
orchestre de chambre du monde, dirigés par le meilleur hautboïste du
monde…).
6. Cette chaconne en ut, à la française, mais développé avec une
science allemande, a un pouvoir incroyable – elle est en réalité
reconstituée par Michael Belotti, l'un des organistes de l'intégrale.
Découverte en entrant pour la première fois à Saint-Robert de la
Chaise-Dieu, cet été. Ce qui suscita une
vaste notule.
Pachelbel – Complete Organ Works, Vol.
2 – Essl, Belotti, J.D. Christie (CPO 2016)
7. Là aussi, peut-être est-ce ma contribution à l'entreprise, mais
Raoul Barbe-Bleue mûrit en moi, et
ses tubes (comme Grétry écrit toujours magnifiquement pour les basses :
Guessler, Céphale, Raoul !) résonnent de plus en plus fréquemment dans
mes appartements.
Grétry – Raoul Barbe-Bleue – Wåhlberg
(Aparté 2019)
→ Voyez
la notule.
8. Grosse crise batave, et en particulier cycle Diepenbrock, dont
beaucoup d'enregistrements ont été collectés chez Etcetera au moment de
l'anniversaire, pour les 150 ans de sa naissance en 2012. Au sommet,
cet
Hymne aan Rembrandt (par
Westbroek !).
Diepenbrock – Anniversary Edition,
vol.4 – Westbroek, Beinum, Haitink, Spanjaard… (Etcetera 2021)
9. Le concert débute dans quelques instants. Je croise un visage connu.
« Vous savez, j'ai enfin retrouvé la trace d'une très belle symphonie
postclassique, d'un certain Jakub Goła̧bek. Je vous le recommande. »
Écoute le soir même. Énorme coup de cœur, écriture très vivante par un
ensemble sur instruments anciens très impliqué. Et couplé avec un des
miraculeux concertos pour clarinette de Karol Kurpiński, dans sa
meilleure version.
Golabek, Symphonies / Kurpinski,
concerto pour clarinette – Lorenzo Coppola, Orkiestra Historyczna
(Institut Polonais)
→ Absolument décoiffant, des contrastes qui évoquent Beethoven dans une
langue classique déjà très émancipée.
10. & 11. Deux versions merveilleuses, l'une historique et l'une
moderne, les deux complètement abouties, de ce chef-d'œuvre de lyrisme
plein d'élan et de finesses – pourquoi ne joue-t-on que l'aimable
Maskarade ? Je ne peux plus
m'en passer.
Nielsen – Saul og David – Jensen
(Danacord)
Nielsen – Saul og David – N. Järvi
(Chandos)
12. Une grande personnalité musicale découverte grâce aux judicieux
conseils de l'insatiable
Mefistofele. (Ne
cherchez pas en ligne, Hyperion ne fait pas de diffusion en flux, «
gratuite » comme payante.)
Cecil Coles – Fra Giacomo, 4 Verlaine,
From the Scottish Highlands, Behind the lines – Sarah Fox, Paul Whelan,
BBC Scottish O (Hyperion)
→ Belle générosité (Highlands à l'élan lyrico-rythmique réjouissant,
qui doit pas mal à Mendelssohn), remarquable éloquence verbale aussi
dans les pièces vocales. Bijoux.
13. Certes, on est en retard en Angleterre, mais en plus de ses très
beaux opéras réunissants les différents goûts européens, Macfarren a
aussi commis, au milieu du XIXe siècle, des symphonies très réussies
qui doivent beaucoup à Beethoven et Weber.
Macfarren – Symphonies 4 & 7 –
Queensland PO , W.A. Albert (CPO)
→ Écriture qui doit encore beaucoup à Beethoven et Weber, d'un très
beau sens dramatique, trépidant !
→ Orchestre un peu casserole (timbres de la petite harmonie vraiment
dépareillés), mais belle écriture romantique.
En attendant que les nouveautés refleurissent après cette brève trève,
ou simplement pour vous nourrir du suc du meilleur, voilà qui devrait
vous tenir occupés jusqu'à la prochaine publication ! La suite
des anniversaires peut-être ? L'écrasante génération 1872 nous
attend !
En 2022 nous les fêterons dignement. Veuillez donc rester vivants, s'il
vous plaît.