Carnets sur sol

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lundi 23 novembre 2009

Point trop n'en faut - (L'Amant Jaloux)

On chante volontiers les louanges du Grétry sérieux par ici, puisqu'il le mérite, mais à la vue de la récente diffusion de l'Amant Jaloux, il faut bien redire que ses opéras-comiques ne sont assurément pas de la même trempe : de jolis couplets fades au milieu d'un texte terriblement banal - du moins jusqu'à l'affront, qui a l'originalité d'arriver tôt, et ce qui s'ensuit se montre plus attachant.
On débute avec un tuteur trompé et l'éloge de la galanterie des officiers français, le tout dans la plus grande platitude.

A part l'Ouverture, on peut passer son chemin, d'autant que la production Versailles / Favart ne semble pas particulièrement extraordinairement chantée (très correctement cependant, avec en particulier Magali Léger dans son incarnation la plus convaincante et du très beau ténorat). Oh, il y a bien quelques fulgurances comme ce flot de bois pour la petite morale à deux sur le veuvage, qui fait bellement écho à la cérémonie des noces à la fin de l'acte III des Nozze mozartiennes, mais elles sont furtives. Vraiment charmant, donc (comme le duo de dissertation sur amour et gloire), mais assez inoffensif ; il existe amplement aussi bien que cela dans le genre, y compris à cette date. C'est cependant supérieur à Zémire et Azor et bien sûr à Richard Coeur de Lion. Et une fois plongé dans l'atmosphère, on y prend un plaisir certain, mais disons que ce n'est pas tellement supérieur que ça à Fra Diavolo. Clairement l'ancêtre de l'opérette, disons : pour la musique, ce n'est pas vraiment ici qu'il faut chercher, ce n'est pas le propos - plutôt du théâtre léger familial.

On y reviendra peut-être cependant, parce que l'oeuvre progresse de façon vraiment réussie vers de jolis paroxysmes.

Bref, qu'on ne se méprenne pas sur notre propos très ciblé (des autres notules Grétry) : la tragédie lyrique tout entière réserve encore maint trésor, dont l'opéra-comique, à la vocation moins ambitieuse, sera sans doute plus avare. [Y compris Guillaume Tell, qui quoique sérieux, semble se traîner au vu des extraits récemments révélés par Les Nouveaux Caractères. Chimène ou le Cid d'Antonio Sacchini, quoique inégal, était de loin plus passionnant, avec un vrai relief dramatique. Pour en juger, rendez-vous sur le site Arte Liveweb où le concert est archivé pendant encore quelque temps.]

Pour la petite histoire, on a soudain dressé l'oreille devant un moment particulièrement saillant, avec un thème célèbre, lyrique, profond, touchant. Quoi ! du Grétry célèbre et consistant !

Suite de la notule.

dimanche 22 novembre 2009

De la musique savante avec n'importe quoi

Le téléphone portable est entré dans la vie des concerts. Je me souviens de la radiodiffusion mondiale d'un concert des Proms au Royal Albert Hall, où le basson solo du Philharmonique de Berlin, nouvellement dirigé par Simon Rattle (alors fort admiré du monde musical), était interrompu par une sonnerie aussi sonore que le soliste. Dans le silence recueilli et l'atmosphère solennelle, l'orchestre a dû recommencer, et le contrevenant à coup sûr vivre l'humiliation de toute une vie. Encore heureux qu'une caméra ne l'ait pas identifié, sans quoi il pouvait prendre son billet pour la Papouasie.

On sait que les compositeurs peuvent aimer s'emparer du quotidien, comme l'avait fait Bruno Mantovani pour son trio à cordes You are connected (1999), fondé sur le motif sonore de l'éphémère modem d'alors (56 kbps/s.), indiquant le progrès de la connexion à laquelle les profanes se trouvaient suspendus, et lassant les habitués blasés - à l'époque où l'acte de connexion était fréquent (l'illimité n'existant pas de façon très répandue).

Ils ont fait de même pour cet empêcheur de concerter en rond, le téléphone cellulaire omniprésent.

Suite de la notule.

vendredi 20 novembre 2009

Actualités vidéos de tragédie lyrique en ligne


On peut profiter des concerts des Arts Florissants à la Cité de la Musique et à la salle Pleyel, dont le tout dernier. Superlatif d'ailleurs, on en parlera au moins sous l'angle des oeuvres, où les typicités des compositeurs s'exhalaient à plein.
Tous ces concerts se trouvent en ligne pour deux mois !

Par ailleurs, demain se joue Céphale et Procris de Grétry à la Cour l'Opéra Royal de Versailles. C'est archicomplet depuis longtemps, réouverture oblige (et de toute façon hors de prix), mais l'oeuvre semble d'un intérêt presque comparable à Andromaque. En tout cas inspirée dans la meilleure veine de Grétry, avec tout ce que sa maîtrise technique lui permet lorsqu'il ne compose pas dans les genres les plus ingénus.

On pourra le voir demain en direct (puis un peu plus tard en différé pendant quelque temps) sur Arte Liveweb, mais d'ores et déjà les extraits du disque de Sophie Karthäuser avec l'excellent ensemble Les Agrémens, qui contient, outre des ballets, des ariettes de l'Aurore, permet de s'en faire une idée très prometteuse. On peut si besoin en écouter quelques extraits sur Amazon.fr.

Décidément, il n'est plus possible de considérer Grétry avec condescendance. Le pari de la réhabilitation par l'Année Grétry est amplement réussi ; il est rare qu'un compositeur puisse ainsi changer de dimension, mais c'est tout simplement qu'il était connu par une part très partielle de son travail et de son potentiel - un peu comme si Mozart n'était connu que pour ses Sonates pour piano.

mercredi 18 novembre 2009

No comment


On a dit : no comment.

(Via Patrick.)

jeudi 5 novembre 2009

L'Italie crucifiée par la CEDH

L'Italie a tout récemment été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, relativement à la liberté de conscience, et particulièrement des plus jeunes : en effet, on trouve non seulement des crucifix dans les tribunaux, comme une affaire célèbre l'a appris au monde inégnu et ébahi, mais de surcroît dans les écoles.

Il est vrai que, vu de France, la réaction furibarde des anciens communistes italiens, hurlant qu'on mutile leur identité, qu'il s'agit tout de bon de nier leur histoire en enlevant ces symboles - dont apparemment il est difficile de déterminer s'ils sont 'sécularisables' ou non [1] -, paraît assez étonnante. A l'Ouest des Alpes, un signe religieux est un signe religieux, historicisé ou non.

Mais laissons là cet émerveillement profond sur les abîmes du différencialisme culturel, et venons-aux choses sérieuses.

Hier ou avant-hier, sur France Culture, un journaliste a laissé échapper, avec un certain esprit volontaire ou involontaire :

Le Vatican ne s'est pas encore prononcé sur cette question épineuse.

Grünewald n'aurait pas dit mieux.


Le fameux retable de 1515, détail.
Réalisé pour les Antonins d'Issenheim, il est désormais conservé au musée d'Unterlinden à Colmar.


Notes

[1] Après tout, il est tout à fait possible de laisser échapper un Mon Dieu sans connotation religieuse - peut-être moins vrai pour Doux Jésus, mais pourquoi pas. Le vocabulaire est truffé de semblables références de toute façon.

David Le Marrec

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