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mercredi 12 mai 2010

Un tonnel, des tonals


Dans la lignée de notre petit guide d'usage, signalons quelques bizarreries dans le domaine du vocabulaire musical. Manière de dicter, comme à notre habitude, le bon ton.

Tout d'abord, le mot de départ :

tonalité

La tonalité désigne ce qui appartient au domaine des gammes traditionnelles et de leur utilisation harmonique. Dès ici, nous rencontrons une difficulté, puisqu'il est impossible, même en l'accentuant expressivement, de distinguer à l'oral la tonalité de son contraire, l'atonalité, ce qui est fâcheux. [1]

C'est d'autant plus idiot que si le mot provient, en dernier ressort, du grec, il a tout de même transité par le latin, et une autre composition aurait peut-être été possible pour éviter cette parfaite homonymie. Ici, on trouve la pensée atrocement ligotée par la langue, comme dans le newspeak d'Orwell.

Ce n'est pas la seule fantaisie de cette famille. Car tonalité caractérise ce qui est :

tonal.

Or, le pluriel de tonal est 'tonals' et non 'tonaux' - pluriel nouveau que certains attribuent même au jeu de mots laids de Pierre Boulez sur les néo-tonals devenus nés-aux-tonneaux ou quelque chose dans le genre. Cela sonne singulièrement à l'oreille, et même les diplômés les plus sérieux du CNSM (nous les avons observés sous serre, dans des conditions optimales de développement et de reproduction, pendant quelques années) continuent à employer 'tonaux', même après avoir été informés de la réalité des faits.

Aussi, l'incorrection est si fréquente que bien que non mentionnée par le Trésor de la Langue Française, on trouve 'tonaux' dans le Petit Robert (et pas 'tonals'...), qui doit, je suppose, prendre acte de la disparition définitive du pluriel originel.

Mais vous n'avez pas vu le plus drôle.

Car

si l'explosion d'un bruit de tonnerre détone,
celui qui perd la tonalité détonne.

Bienvenue chez les francophones, l'aire linguistique où le n'importe quoi reste normatif.

--

Ah oui, nous n'avons pas donné nos préconisations pour 'tonals' ou 'tonaux' ? Nous sommes très clients du TLF sur CSS, et en particulier de sa version informatisée, très lisible et complète, avec ses codes couleur et ses exemples tirés de textes littéraires historiques. Aussi nous le suivons très volontiers.

Mais en réalité, c'est un choix tout personnel.
A vous donc de déterminer si vous souhaitez être un prince de la correction ou de l'usage.

Notes

[1] Pour mémoire, on peut se reporter à notre série sur l'histoire, le principe, l'évolution et les définitions de l'atonalité et du dodécaphonisme sériel. Accès direct aux définitions ici.

David Le Marrec

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