vendredi 24 août 2012
Le lied en français - XXII - Der greise Kopf (Winterreise n°14)
Et voici l'un des plus beaux poèmes du cycle (musique à l'avenant), un de ceux où l'émotion est vive pour le traducteur.
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Poème
Der greise Kopf / La tête chenue
Der Reif hatt' einen weißen Schein / Un froid reflet des blancs frimas
Mir übers Haar gestreuet ; / A couvert le front de ma jeune tête.
Da glaubt [1] ich schon ein Greis zu sein / J'ai cru [2] être un vieillard déjà,
Und hab' mich sehr gefreuet. / Et sentais mon coeur en fête.Doch bald ist er hinweggetaut, / Hélas, le givre a tôt fondu,
Hab' wieder schwarze Haare, / Je reprends mes cheveux sombres,
Daß mir's vor meiner Jugend graut – / Et pleure mon âge perdu –
Wie weit noch bis zur Bahre ! / Si loin est donc ma tombe !Vom Abendrot zum Morgenlicht / Du crépuscule à l'aube d'or,
Ward mancher Kopf zum Greise. / Les têtes deviennent blanches d'âge.
Wer glaubt's? und meiner ward es nicht / La mienne hélas ne l'est encore,
Auf dieser ganzen Reise ! / Au terme du funeste voyage ! [3]
Notes :
[1] Le texte original de Müller dit : « Da meint' ».
[2] Malgré l'hiatus, l'appui prosodique de « j'ai cru » me paraît plus solide que « je crus », et plus intelligible aussi. Evidemment, il est très facile de substituer l'un à l'autre, selon les affinités de chacun. Je dois avouer que j'hésite assez pour la partition.
[3] L'expression me paraît plus élégante qu' « Après ce sombre / long voyage », même si elle précise sensiblement l'allusion funèbre - qui n'est de toute façon pas hors sujet.
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Partition
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Projet lied français a suscité :
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