samedi 10 février 2018
[Carnet d'écoutes n°118] – Nouveautés Hausegger : Barberousse, 3 Hymnes à la Nuit (Keller)

Hausegger – Barbarossa
Hausegger – 3 Hymnen an die Nacht
Begemann (baryton), Norrköping SO, Hermus
On peut écouter intégralement, gratuitement et légalement par ici – vous y trouverez l'intégralité des quatre enregistrements disponibles de Hausegger : trois disques CPO et un mp3 autoproduit par l'American Symphony Orchestra.
Le poème symphonique sur Barberousse n'est ni très figuratif, ni au sommet musicalement de Hausegger – on est loin de la Natursymphonie (Jedi-Sinfonie) ou des poèmes symphoniques du précédent album CPO (Variations sur un comptine, Fantaisie dionysiaque, Wieland le forgeron), vraiment réjouissants de bout en bout, débordant de contrechants très nourrissants, pour un postromantisme à la fois très dense, radieux et pas du tout opaque.
En revanche les 3 Hymnes à la Nuit, non pas sur du Novalis mais sur du Gottfried Keller (le poète fétiche des meilleurs cycles de Schoeck, celui du Notturno ou de Lebendig Begraben, par exemple), révèlent un aspect moins purement postromantique et plus subtilement décadent, plus chargé et inquiétants tout en conservant les mêmes qualités de lyrisme, exaltés de surcroît par le grain prégnant et la déclamation toujours splendide de Hans-Christoph Begemann (même en français, d'ailleurs).
Un cycle qui se classe sans peine parmi les plus beaux cycles de lieder orchestraux décadents (liste qui mériterait fort d'être mise à jour pour inclure quelques bijoux qui y font défaut, dont les Schoeck, précisément – et peut-être Casella).

Je précise tout de même que, contrairement au merveilleux Symphonique de Bamberg dans l'album ci-dessus déjà dirigé par Anthony Hermus, c'est cette fois le Symphonique de Norrköping qui officie – et malgré toute la science des ingénieurs du son de CPO (amplitude et transparence les meilleures du marché), Norrköping conserve son titre de cuivres les plus acides au monde. Même pour un fanatique de cuivres soviétiques, de spectres orchestraux norvégiens (toujours acidulés) et de trompettes baroques dans mon genre, les dents grincent quelquefois, tant la franchise de leur émission a quelque chose du citron frais, le sucre en moins.
Pour autant, très bel orchestre au spectre clair et au véritable engagement, comme toujours. Mais la caractéristique n'a pas changé depuis les enregistrements de Neeme Järvi il y a un quart de siècle… toujours un des orchestres les plus typés au monde, plus facile à reconnaître que Berlin ou le Concertgebouworkest.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Les plus beaux décadents - Carnet d'écoutes a suscité :
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