dimanche 8 juin 2008
Le théâtre : le texte ou la convention d'abord ?
Un débat assez excitant sur cette question est disponible sur le site de France Culture.

Guerre & Paix, Piotr Fomenko.
Bien entendu, on devinera aisément, vu nos dadas habituels, que la thèse de Florence Dupont, par trop excessive, ne nous est pas follement sympathique. Les tours d'Arlequin vaudraient mieux que n'importe quel texte écrit, le public aurait forcément raison (par quelle magie ?), etc.
Néanmoins, tout cela a le mérite de rappeler certains éléments qui nous sont chers eux aussi, comme le caractère très précieux de la convention. Florence Dupont désigne en effet comme l'essence du théâtre la préexistence de canevas attendus, que l'histoire racontée ne fait que mettre en oeuvre - un prétexte. C'est bien entendu tellement archaïque que même les théâtres les plus rudimentaires et non écrits ne sauraient souscrire, puisque les représentations mythiques n'ont pas pour seul objet de faire du théâtre ; pourtant, ces déclarations ont le mérite de remettre à l'honneur le principe de la variation et le mérite de la convention en art. La nouveauté et la subversion ne constituent pas le seul étalon du plaisir : le travail autour de séquences précodifiées est également très précieux.
A son crédit également, l'attention portée à la musique de scène (mais avec un discernement gustatif peut-être limité) et surtout aux théâtres
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Etonnamment, alors qu'on est censé y pourfendre l'aristotélisme déviant, la question du goût mimétique n'est pas abordée dans la première moitié du débat (la seconde nous reste à parcourir). Brailler plutôt que déclamer ; transposer sans cesse ; tenter de créer une illusion parfaite de réalité quitte à sacrifier l'esthétique ; toutes choses que la voie peut-être erronée du cinéma semble avoir communiqué au théâtre. L'illusion n'est plus le moyen du rêve, mais de la représentation la plus littérale possible de la réalité.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Littérature a suscité :
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