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mercredi 11 mai 2011

Un Tramway nommé Désir à la Comédie-Française (Lee Breuer, Anne Kessler)


[Bref écho du 29 avril.]

Une soirée d'abord étrange, et finalement magnétique.

L'oeuvre (dans la traduction très exacte d'esprit de Jean-Michel Déprats) est transposée dans un présent un peu plus proche (Mitch devient un blouson noir avec Harley-Davidson), mais dont le lieu et le contenu sont sensiblement identiques, avec le même dépaysement que dans l'original envers une époque proche et un quartier populaire de la Nouvelle-Orléans un peu lointain pour ceux qui lisent ou assistent à la pièce.

Il s'agit au passage d'un petit événement, puisqu'il s'agit du premier auteur hors Europe à être inclus au répertoire de la Comédie-Française.


D'abord gêné par la sonorisation très évidente. Que la vitrine de la déclamation française soit systématiquement sonorisée, même si d'une façon très virtuose (avec des variations très exactes lorsque les acteurs se déplacent, se tournent...), cela me chagrine beaucoup.
Je suis surpris que d'autres décrivent cela comme une nouveauté : bien que plus discrète d'habitude (un simple renforcement, mais très réel), la sonorisation est désormais la norme, pour ce que j'ai pu en juger sur place.

Néanmoins, cela permet en particulier à Anne Kessler, en Blanche, de développer un jeu vocal alternatif très intéressant. Elle parle de façon assez soufflée, en une forme d'affection un peu lassée, comme sa Blanche qui feint toujours sans avoir toujours l'énergie de cacher les coutures de ses postures. Ce type d'émission vocale n'est pas très sonore et pas très jolie, mais sur la longueur, les poses exténuées et les affèteries de l'intonation rendent le personnage d'une réalité et d'une exactitude assez hallucinante, à tous sens du terme.

Autre point fort considérable, la mise en scène de Lee Breuer, qui ne conserve que les éléments fondamentaux de l'appartement de Stella (la douche, et puis des meubles au fil des besoins), et les redistribue dans l'espace diversement, sans chercher à dicter une topographie précise. Ce caractère mouvement de l'espace (une partie de la scène est en outre surelévée) permet aux acteurs d'évoluer très librement, et de ne pas figer de façon littérale ou lassante le cadre de l'action... et pourtant, on ne se pose jamais la question, les lieux sont évidents et familiers. [Peut-être y a-t-il là, considérant la place dans l'imaginaire collectif de la version Kazan, de rendre une forme de souplesse cinématographique dans le tournoiement des points de vue offerts ?]
Même les éléments de ridicule, comme la perruque verte occasionnelle du Stanley ivrogne, sont intégrés de façon impressionnante au discours (cette étrangeté fait presque peur). Par ailleurs, le choix de la "normalisation" du personnage est assez étonnant et réussi, plus finaud que de coutume, plus joueur, plus amateur de demi-teintes dans ses affrontements que la bête instinctive qu'on lui associe souvent.

A cela, il faut ajouter, comme souvent dans les spectacles de la troupe, l'inclusion de séquences musicales très bien réalisées, et souvent amusantes (le cintre-archet sur le violoncelle).

Un moment très prenant.

--

Et pour les amateurs d'opéra, je signale que l'oeuvre d'André Previn (qui utilise le texte littéral, seulement abrégé, de Tennessee Williams) est tout à fait remarquable, et que le disque y voit Renée Fleming dans le type de profil vocal et dramatique où elle se trouve le plus en valeur.

David Le Marrec

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