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dimanche 29 novembre 2015

Paul DUKAS – Musiques pour le Prix de Rome – Brussels Philharmonic, Niquet


rome dukas

Un volume supplémentaire pour la série menée par Bru Zane avec Hervé Niquet et le Philharmonique de Bruxelles (qu'on écrit désormais de façon standardisée, même en français ou en flamand : Brussels Philharmonic – inélégant, mais commode pour les recherches dans les bases de données). Après Saint-Saëns, Debussy, G. Charpentier, d'Ollone, tous de grandes réussites (Debussy et Charpentier particulièrement étonnants, d'Ollone excellent), voici Dukas.

Il faut souligner que la cantate Velléda avait déjà été gravée, il y a peu, par les couleurs chaleureuses de l'orchestre sur instruments anciens Les Siècles (dirigés par Roth) et avec une distribution difficile à surpasser : Santon, Dran, Candenot. Vous voyez le tableau.
L'œuvre avait déjà été introduite à l'époque (il y a un an et demi) sur Carnets sur sol, assortie d'extraits. Je confesse, d'une voix feutrée, ne pas avoir encore écouté la version de Niquet pour comparer – c'est en projet.

Les pièces secondaires (pour voix et/ou chœur, et orchestre, avec notamment une mise en musique de l'Hymne au soleil de Casimir Delavigne) sont dignes d'intérêt, même si elle documentent elles aussi un Dukas d'avant le Debussy – en revanche, la Villanelle pour cor (déjà documentée au disque, et que j'ai d'ailleurs, si vous voulez tout savoir, moi-même jouée en compagnie d'un ancien lecteur de CSS…) utilise les lumineux modes archaïsants qu'affectionne Koechlin dans ses finals (de la Sonate pour violon, du Quintette pour piano et cordes, de nombreuses pièces pour violoncelle…), et malgré toute sa simplicité, se rapproche déjà davantage des recherches de coloris de l'école d'avant-garde, là où les autres œuvres demeurent abouties, pas dénuées de complexité, mais très liées à l'esthétique académique. (L'histoire du concours montre de toute façon qu'il n'est pas possible, dans ces années, de le remporter sans se conformer à une forme de simplicité harmonique et de conception dramatique qui se situe même en deçà de Gounod, Saint-Saëns et Massenet. La cantate est de toute façon le test d'un opéra miniature, à écrire dans le format stylistique attendu pour être représenté à l'Opéra de Paris, en réalité.)

La cantate Sémélé est dans ce cas : elle n'a vraiment rien de Dukas, et semble une Cantate pour Rome comme toutes les autres, dans une sorte de Saint-Saëns ou Massenet sans la moindre touche de pittoresque, et sans la personnalité qui point chez ses contemporains (L. Boulanger et Ravel, au premier chef, mais aussi Laparra, Caplet, d'Ollone, Debussy ou G. Charpentier). Néanmoins, la fin impressionne, culminant sur un trio tétanisant de lyrisme – là aussi, plutôt de l'excellent Gounod ou Saint-Saëns (on songe aux ensembles de la fin de Faust, aux duos d'Henry VIII) que du proto-Debussy.
Velléda m'avait paru plus aboutie, avec davantage de recherche de couleurs, de climats, une écriture vocale plus déclamatoire qui correspond mieux à mon goût également, mais il faut attendre la réécoute, d'autant qu'on dispose d'une version par le même chef désormais.

Un bel ensemble (et passionnant d'un point de vue documentaire, bien sûr), mais qui me paraît le moins urgent à découvrir des cinq volumes parus à ce jour.

Pour prolonger, et peut-être avant même de se lancer dans la série Bru Zane (chez Glossa pour Saint-Saëns, Debussy et Charpentier, chez Singulares pour d'Ollone et Dukas), on peut se tourner du côté d'autres cantates.
  •  D'abord les réussites autonomes et majeures :
    • celles de Ravel (Alyssa surtout), par Plasson ;
    • Andromède de Lekeu (pour le Prix de Rome belge, reposant sur le même principe),  par Bartholomée ;
    • Faust et Hélène de Lili Boulanger par Tortelier ;
  • Puis les cantates romantiques de la première moitié du XIXe siècle, réunies par David Stern et interprétées par Opera Fuoco et Karine Deshayes : Circé de Cherubini, Ariane d'Hérold (1,2,3,4), Velléda de Boisselot.
  • Puis, davantage pour la documentation (réussie mais moyennement enregistrée), Caplet chez Naxos.
David Le Marrec

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